14 avril 2018

Le Coin des Tendances du 4 avril 2018

Que font les adolescents quand ils ne sont pas à l’école ?

Selon le Conseil de l’enfance du Haut Conseil de la Famille de l’Enfance et de l’Âge, les enfants de 11 à 17 ans consacrent 32 % de leur temps d’éveil à l’activité scolaire, 30 % aux activités familiales et 25 % à des activités autres qualifiés non scolaires et non familiales. Figurent parmi ces activités les pratiques sportives, les pratiques artistiques et culturelles dont la lecture, les pratiques scientifiques et technologiques, les pratiques d’engagement (associations) et les vacances en-dehors du domicile.

Parmi les 11/17 ans, 8 enfants sur 10 pratiquent un sport mais les activités de bien être corporel sont moins développées que les pratiques orientées vers la compétition. Les filles ont un bien moindre accès que les garçons aux activités sportives. 41 % des jeunes auraient une licence sportive. 36 % des 15/18 ans participeraient à des compétitions sportives. Les pratiques en libre accès, notamment dans le cadre des « skate-parks » ou des « city stades », dépendent des équipements mis à dispositions par les municipalités. De grandes inégalités existent en la matière. Des villes comme Paris, Lyon, Lille, Strasbourg, Rouen, Caen ont relativement peu d’équipements extérieurs et petits terrains en accès libre rapportés à leur population. Par ailleurs, les régions des Hauts de France, de Bretagne, du Grand Est ou des Pays de la Loire ont un nombre inférieur d’au moins 30 % à la moyenne nationale.

La natation, le football, le vélo, le roller, la danse, la gymnastique et l’athlétisme sont les plus pratiqués chez les jeunes. La hiérarchie des sports les plus pratiqués est différente en fonction de l’âge et du sexe. Les pratiques du football, des arts martiaux, du ping-pong et du tennis sont plus présentes chez les garçons quand celles de la danse, de l’équitation, du ski ou de la randonnée sont féminines. Le vélo, l’équitation et le tennis sont des sports très majoritairement pratiqués en dehors du milieu scolaire. Chez les jeunes de plus de 12 ans, l’activité sportive répond avant tout à un objectif plaisir et de rencontre des amis. Pour 20 % des filles, la perte de poids constitue le premier motif de pratique.

Le Conseil de l’enfance estime que la pratique sportive est trop axée sur la performance. De ce fait, les jeunes ayant des résultats moyens ou étant peu assidus sont exclus de la pratique sportive hors temps scolaire. Compte tenu des enjeux de santé publique, un rééquilibrage de la pratique est souhaitable.

Les activités culturelles marquées par le recul de la lecture et la montée en puissance du numérique

Parmi les 11-17 ans près de 4 enfants sur 10 accèdent à une pratique artistique et culturelle régulière formelle ou informelle. Les pratiques artistiques développent surtout autour de 12-14 ans pour décliner après. Le collège joue un rôle clef dans la sensibilisation des jeunes adolescents à la culture. Avec l’âge, les jeunes se détournent progressivement des activités traditionnelles, lecture, théâtre, cinéma, musique, etc. À 17 ans, seulement 8 % des adolescents déclarent lire régulièrement et 10 % consulter un journal quand ces taux sont respectivement de 33 et 15 % à 11 ans (source Ministère de la Culture). Par ailleurs, la proportion de jeunes déclarant lire régulièrement s’effondre. Néanmoins, les sondeurs éprouvent des difficultés à apprécier la lecture sur Internet. Au niveau de la presse, la consultation de titres scientifiques et sportifs baisse moins rapidement que les autres.

La France est l’un des pays d’Europe les mieux pourvus en équipements culturels majeurs, lieux d’exposition, théâtres, cinémas, lieux de lecture publique, équipements de musique et de danse avec une moyenne nationale de 3,12 équipements pour 10 000 habitants. Ce résultat cache, comme toujours, des disparités territoriales très importantes. La région parisienne et les grandes agglomérations sont bien dotées à la différence des petites villes. L’Outre-mer a un taux d’équipement deux à trois fois inférieur à celui de la moyenne française métropolitaine. Si le milieu rural dispose d’un réseau de bibliothèques correct, en revanche, les points d’accès à Internet en haut débit sont rares. La France compte 16 300 bibliothèques et points de lecture. Toutefois, 55 % des communes n’ont pas de lieu de lecture à proximité, et, en la matière, l’Île-de-France et l’Alsace sont sous-équipées.

La musique et la radio sont des activités de moins en moins prisées par les jeunes. Certes, plus de 50 % de ces derniers déclarent écouter de la musique chaque semaine et 33 % la radio mais ces taux sont nettement inférieurs à ceux de leurs aînés au même âge. L’écoute de la musique est plus forte chez les 14 ans que chez les 17 ans, à la différence de celle de la radio. La musique est de moins en moins un élément de différenciation avec les parents malgré la montée en puissance du rap. Par ailleurs, elle est de plus en plus associée aux vidéos et aux jeux vidéo.

La fréquentation des bibliothèques, des théâtres, des musées et des lieux de spectacle est très élevée en fin de primaire. Mais ces sorties diminuent (bibliothèques, musées, zoos) avec l’avancée en âge et évoluent en lien avec les intérêts adolescents (cinéma, matchs, concerts, etc.). La pratique culturelle qu’elle relève des parents ou de l’école entre 6 et 11 ans conditionne celle réalisée par les jeunes après 12 ans et surtout après 15 ans.

La France dispose de nombreux établissements d’accueils des jeunes afin qu’ils puissent s’adonner à ce type de pratiques. Le réseau des conservatoires et des théâtres ainsi que la présence d’un tissu associatif dense en la matière permet, surtout au sein des grandes agglomérations, d’offrir une large palette d’activités culturelles. Néanmoins, 25 % des 11-17 ans ne se sont jamais essayés à une pratique artistique.

Une minorité d’enfants sont membres d’une association artistique ou culturelle. La fréquentation tend à diminuer avec l’avancée en âge :

  • 12 % entre 11 et 17 ans font partie d’une association artistique ou culturelle (musique, théâtre, jardinage, photo, arts plastiques, etc.) ;
  • 6 % entre 15 et 18 ans.

Le cinéma reste l’activité culturelle la plus pratiquée. Plus de 75 % des 15-24 ans se rendent au moins une fois au cinéma par an et les 15-19 ans y vont en moyenne six fois par an (Ministère de la Culture – 2015). En revanche, 92 % des lycéens n’ont jamais assisté à un concert de musique classique.

L’érosion de la pratique traditionnelle correspond en partie à un transfert vers les pratiques numériques. La vie des adolescents est désormais rythmée par Internet.

Plus de 90 % des jeunes de moins de 24 ans utilisent plusieurs fois par semaine les réseaux sociaux (Facebook, YouTube, WhatsApp, Snapchat, etc.). Pour les 8-14 ans, la porte d’entrée dans le monde Internet passe par You Tube afin de regarder des vidéos.

Au début du collège, les jeunes pratiquent, de manière assidue, les jeux vidéo qui supplantent les activités en extérieur, la lecture et le sport. Dans la seconde moitié du collège, les réseaux tendent à prendre le dessus dans le cadre du développement d’une identité. Les demandes scolaires induisent un accroissement des recherches sur Internet.

À 17 ans, l’ordinateur est la première pratique quotidienne des jeunes (69 % des adolescents l’utilisent pour communiquer, télécharger des contenus culturels, ou pour des pratiques créatives et des recherches). Regarder la télévision est une pratique de plus en plus accessoire, limitée souvent à des moments de vie familiale. Le multi-équipement en écran des familles conduit à une diminution du temps passer devant un écran traditionnel de télévision.

La pratique d’activités technologiques et scientifiques est en déclin. Moins de 10 % des adolescents participent à ce type d’activités durant leurs loisirs. Les clubs technologiques sont de moins en moins nombreux tout comme ceux consacrés au modélisme. Même si le codage informatique est à la mode chez les jeunes, la pratique dans un cadre associatif reste limitée.

La France est très en retrait par rapport à ses partenaires de l’OCDE en ce qui concerne les activités extra-scolaires scientifiques. En France, 11 % des jeunes ont accès à des clubs scientifiques et 24 % à des clubs informatiques contre respectivement 21 et 60 % en Allemagne ou 76 et 85 % en Corée du Sud (source OCDE – 2013). La faiblesse de l’assiduité française s’explique en partie par le nombre limité des structures spécialisées. Elle a pour conséquence de peser sur les vocations aux métiers scientifiques et techniques. L’enseignement technologique est relativement peu développé en France par rapport à l’Allemagne ou aux États-Unis.

L’apparition des fablabs dont le premier fut créé aux États-Unis à l’initiative du Massachusetts Institute of Technology, offre la possibilité aux jeunes de découvrir les nouvelles technologies avec une approche pratique. Les fablabs sont des espaces de partage de machines, de compétences et de savoirs axées sur les nouvelles technologies (robots, imprimeries 3D, logiciels de conception, etc.). La France compte plus de 100 fablabs qui permettent aux jeunes d’avoir accès à des cours pratiques et d’utiliser librement du matériel mis à disposition.

Les grandes entreprises d’Internet développent également des actions de sensibilisation et de formation à destination des jeunes. Ainsi, Google a créé des camps d’été virtuels (Maker Camps) pour les enfants âgés d’au moins 13 ans. Depuis plusieurs années, les structures qui forment les jeunes au codage se développent.

Des jeunes peu engagés dans la vie sociale de leur pays

Le 23 novembre 2015, le Conseil des ministres de l’Union européenne avait demandé aux États membres de « permettre et faciliter l’élaboration de processus de participation, tels que les conseils de la jeunesse, en étroite collaboration avec les autorités publiques locales et régionales en vue de donner aux jeunes la possibilité de faire entendre leur voix dans les processus de prise de décision aux niveaux local et régional ». Dans cet esprit, le Parlement français a, décidé d’encourager le développement des conseils de jeunes dans les collectivités territoriales avec la loi n°2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté,

Selon les estimations du Ministère de l’Education nationale, entre 50 000 et 100 000 jeunes participeraient au débat public de leurs communes via les 2 500 conseils municipaux jeunes. La quasi-totalité des régions se sont dotées de Conseils de Jeunes.

Au-delà de la participation à des instances au sein des collectivités territoriales, l’engagement citoyen des jeunes passe avant tout par la vie associative au sein des établissements scolaires. 40 % des jeunes ont ainsi eu leur première expérience associative (Bureau des élèves, bureau des sports, associations culturelles, etc.). Par ailleurs, dans chaque lycée, un conseil de vie lycéenne (CVL) doit être instauré. Dix lycéens par établissement élus au suffrage universel par l’ensemble de leurs pairs représentent leurs camarades et participent à la vie scolaire pour deux ans. Ce qui porte à 42 000 le nombre de représentants des lycéens en France. Ce dispositif a été dupliqué au niveau des collèges même s’il n’est pas obligatoire. Pour les collèges, la composition et les règles de fonctionnement sont fixées par le Conseil d’administration de l’établissement. Chez nos partenaires, les élèves des lycées sont plus souvent mis à contribution pour mener des actions sociales. Ainsi aux Pays-Bas, les élèves sont incités durant trois mois à mener des missions de soutien scolaire en faveur d’enfants défavorisés ou en faveur de l’environnement.

Un million de naturalisations en Europe en 2016

Les immigrés qui décident de s’installer durablement en Europe sont nombreux à demander leur naturalisation. Le régime de la double nationalité admis par de plus en plus de pays amplifie le nombre des demandes. En 2016, quelque 995 000 personnes ont ainsi acquis la nationalité d’un État membre de l’Union européenne contre 841 000 en 2015 et 889 000 en 2014. 88 % des naturalisations concernent des personnes provenant d’un État non membre de l’Union.

 

Les citoyens marocains constituent le plus grand groupe de nouveaux citoyens d’un État membre de l’Union (101 300 personnes, dont 89 % ont acquis la nationalité espagnole, italienne ou française). Ils devancent les citoyens de l’Albanie (67 500 personnes, dont 97 % ont acquis la nationalité italienne ou grecque), de l’Inde (41 700 personnes, dont près de 60 % ont acquis la nationalité britannique) et du Pakistan (32 900 personnes, dont plus de la moitié a acquis la nationalité britannique). Les Marocains, les Albanais, les Indiens, les Pakistanais, les Turcs, les Roumains et les Ukrainiens représentaient un tiers environ (33 %) du nombre total de personnes ayant acquis la nationalité d’un État membre de l’Union 2016.

Parmi les ressortissants membres d’un État de l’Union qui demandent leur naturalisation dans un autre État membre, figurent en tête les Roumains (29 700 personnes) et les Polonais (19 800). Est-ce en raison du Brexit mais le nombre de ressortissants britanniques devenus citoyens d’un autre État membre de l’Union a plus que doublé en 2016.

Tous les États membres, sauf trois, ont octroyé la nationalité à plus de personnes en 2016 qu’en 2015. La hausse relative la plus importante a été observée en Croatie (en 2016, elle a octroyé la nationalité à trois fois plus de personnes qu’en 2015, passant de 1 196 à 3 973 personnes, soit +232 %), en Grèce (où ce nombre a plus que doublé, passant de 13 933 à 33 210 personnes, soit +138 %) et à Malte (de 646 à 1 495 personnes, soit +131 %). Le nombre de naturalisations octroyées a chuté dans trois États membres en 2016, la plus forte baisse ayant été enregistrée en Irlande.

Le taux de naturalisation est le rapport entre le nombre de personnes ayant acquis la nationalité d’un pays au cours d’une année et le stock de résidents étrangers dans le même pays au début de l’année. En 2016, les taux de naturalisation les plus élevés ont été enregistrés en Croatie (9,7 octrois de nationalité pour 100 résidents étrangers), en Suède (7,9) ainsi qu’au Portugal (6,5), puis en Roumanie et en Grèce (4,2 chacune) ainsi qu’en Finlande et en Italie (4,1 chacune). À l’autre extrémité de l’échelle, des taux de naturalisation inférieurs à 1 octroi de nationalité pour 100 résidents étrangers ont été relevés en Autriche, en Lettonie et en Slovaquie (0,7 chacune), en Estonie et en Lituanie (0,9 chacune) ainsi qu’en République tchèque (1,0). Les pays d’Europe de l’Est ont tendance à durcir les conditions de naturalisation afin de limiter les flux de migrants.

 

L’aide au développement en baisse à cause des réfugiés ?

 L’aide extérieure dispensée par les pays donateurs a atteint 146,6 milliards de dollars en 2017 selon l’OCDE, en léger recul de 0,6 % en termes réels par rapport à 2016. La diminution s’explique par une contraction des dépenses consacrées aux réfugiés. En revanche, les transferts au profit des pays les moins avancés ont progressé. En excluant le coût des réfugiés dans les pays donneurs, les apports nets d’aide publique au développement ont augmenté de 1,1 % en termes réels.

Depuis 1988, les organismes internationaux autorisent les États à comptabiliser dans l’aide publique au développement certaines dépenses consacrées aux réfugiés sur leur territoire pendant la première année qui suit leur arrivée. Plusieurs pays comme l’Australie, la Corée et le Luxembourg, s’opposent à cette comptabilisation. Neuf pays ont affecté aux réfugiés en revanche, plus de 10 % de leur aide. Parmi eux, l’Allemagne, la Grèce, l’Islande et l’Italie ont employé plus de 20 % de leur aide à la prise en charge du coût des réfugiés sur leur territoire. Malgré tout, les aides à l’accueil des réfugiés par les pays donneurs ont chuté de 13,6 %, pour s’établir à 14,2 milliards de dollars en raison de la baisse des arrivées de réfugiés principalement en Europe. Les réfugiés dans les pays donneurs représentent 10 % de l’aide aux pays en développement.

L’aide bilatérale (de pays à pays) aux pays les moins avancés a augmenté de 4 % en termes réels. Elle a atteint 26 milliards de dollars après plusieurs années de réduction. L’aide à l’Afrique a augmenté de 3 % pour s’établir à 29 milliards de dollars. L’Afrique subsaharienne reçoit une grande partie de cette aide, plus de 25 milliards de dollars. L’aide humanitaire a connu une forte hausse en 2017 (+6,1 %) et s’est élevée à 15,5 milliards de dollars. L’aide publique au développement représente plus des deux tiers du financement extérieur affecté aux pays les moins avancés. L’APD est principalement acheminée sous forme de dons, mais le volume de prêts accordés à des pays en développement a cependant augmenté en 2017, de 13 %. Pour certains donneurs, les prêts concessionnels ont représenté plus du quart de l’APD bilatérale.

L’aide au développement a représenté à peine 0,31 % du revenu national brut (RNB) des pays avancés soit très loin de l’engagement de 0,7 % fixé par les Nations Unies.

En 2017, l’aide publique au développement s’est accrue dans 11 pays, les hausses les plus fortes ayant été enregistrées en France, en Italie, au Japon et en Suède. Cette aide a baissé dans 18 pays, souvent en raison de la baisse des arrivées de réfugiés. Les replis les plus marqués ont été constatés en Australie, en Autriche, en Espagne, en Grèce, en Hongrie, en Norvège, en Slovénie et en Suisse.

Seuls cinq pays ont, en 2017, respecté l’objectif de l’ONU des 0,7 % : le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni. Après avoir atteint l’objectif en 2016, l’Allemagne est repassée en 2017 au-dessous du seuil fixé, rejoignant les 24 autres donneurs dont la France.