5 janvier 2019

Le Coin des Tendances du 5 janvier 2019 – digital – monnaie

De la fin du billet de 500 euros à la monnaie digitale

À compter du 27 janvier 2019, 17 pays sur les 19 que compte la zone euro arrêteront l’émission de nouveaux billets de 500 euros. Les deux autres, l’Allemagne et l’Autriche ont obtenu une dérogation de quelques mois et feront de même au mois d’avril prochain, leur population ayant une forte appétence pour les coupures élevées. Au mois de mai 2016, la Banque centrale européenne avait décidé l’arrêt de la production de billets de 500 euros. Ces mesures ont été prises dans le cadre de lutte contre les activités illicites comme le terrorisme ou le trafic de drogue. Les coupures de 500 euros actuellement en circulation, environ 521 millions, resteront « légales et pourront par conséquent continuer à être utilisées comme moyens de paiement », a souligné la BCE. En outre, elles garderont de manière permanente leur valeur et pourront être échangées auprès des banques centrales de la zone euro sans limite de temps. Il n’y a donc pas de retrait immédiat de billets de 500 euros. Simplement, ces coupures disparaîtront au fur et à mesure de leur usure.

Au-delà du cas particulier des billets de 500 euros, la monnaie fiduciaire constituée des pièces et des billets est amenée à diminuer voire à disparaître au profit de la monnaie électronique. En la matière, certains pays comme la Suède sont en avance.  Le recours au cash a été divisé par deux en dix ans. Certains commerçants refusent déjà les pièces et les billets.

 

La suppression de la monnaie fiduciaire vise à lutter contre les fraudes fiscales et sociales ainsi qu’à lutter contre le crime organisé même si les réseaux plus ou moins mafieux ou terroristes, ont déjà envahi le monde de l’argent numérique via le darkweb. Ces derniers utilisent toutes les failles du système. Les nouveaux moyens de paiement leur permettent d’opérer à l’échelle mondiale rendant leur traque plus difficile. L’autre motif de suppression est la réduction des coûts de gestion de la monnaie. Imprimer des billets, émettre des pièces, réaliser leur acheminement, tout cela a un coût. La monnaie numérique est moins chère à gérer. Sur ce sujet, en 2016, à Davos, le Président de la Bundesbank avait annoncé que « le cash n’existera plus dans dix ans. Ce n’est pas quelque chose de nécessaire, c’est terriblement inefficace et cher ». De la part du Président de la Banque centrale d’un pays dont les habitants apprécient les grosses coupures, une telle affirmation était la preuve que cette mutation est certainement incontournable.

Pour autant, au niveau mondial, les pièces et les billets dominent encore le monde des transactions. Selon une étude de MasterCard, 85 % des opérations commerciales seraient réalisées en utilisant un moyen de paiement fiduciaire. Si en France, le poids de la carte de paiement est prédominant en valeur, l’argent liquide est utilisé dans deux tiers des opérations commerciales.

Malgré tout, la révolution numérique devrait mettre un terme à plus de 3 000 ans d’histoire. Les premières pièces de monnaie métallique auraient vu le jour dans le Royaume de Lydie où régna le fameux Crésus. Ce sont les Chinois, il y a plus de 2 000 ans, qui ont émis les premiers billets.

Cartes de paiement avec ou sans contact, paiement par l’intermédiaire du smartphone, prélèvement, virement, paiement en ligne, recours aux monnaies virtuelles, de nombreux moyens existent pour remplacer la monnaie fiduciaire et le chèque. Selon une étude réalisée par BNP Paribas et Cap Gemini, les opérations électroniques à l’échelle mondiale atteindront en 2020 plus de 720 milliards contre 433 milliards en 2015. L’effondrement du Bitcoin marque peut-être une étape, le passage de témoin entre les apprentis sorciers et les professionnels de la monnaie. Le Bitcoin comme de nombreuses monnaies virtuelles souffraient de leur faible transparence, de leur caractère spéculatif et de leur faible régulation. Désormais, les grandes banques centrales travaillent à la création de monnaies virtuelles officielles. Pour la Présidente du FMI, Christine Lagarde, les monnaies virtuelles en ayant recours aux techniques du blockchain disposent d’un fort potentiel de croissance. Sans risque de règlement, sans délai d’autorisation, sans registre central, sans intermédiaire pour la vérification des comptes et des identités, elles apparaissent comme des moyens de paiement fiables et peu coûteux sous réserve que les règles d’émission et de gestion soient connues de tous. Selon un rapport du FMI, plus de quinze États étudieraient la possibilité de développer leur propre crypto-monnaie.

Christine Lagarde a souligné que l’argent n’échappera pas à la digitalisation, et qu’il est amené à changer. Ces changements, dit-elle, se concrétisent naturellement par la diminution de l’argent liquide dans les transactions. Les nouveaux moyens de paiement offrent à ses yeux l’espoir d’offrir une valeur plus stable et plus sûre ainsi que des règlements plus rapides et moins coûteux. Arrivent ensuite les nouveaux moyens de paiement numériques. Dans le cadre de cette révolution monétaire, le rôle des banques centrales est de mettre en place une régulation de ces nouveaux moyens monétaires, seule manière de donner confiance en ces monnaies, selon Christine Lagarde. Les raisons de la création d’une monnaie virtuelle par les banques centrales seraient nombreuses, selon la Présidente du Fonds Monétaire International. Elles sont les seules à pouvoir garantir une inclusion financière, c’est-à-dire permettre à tous, de manière égale et transparente, de disposer de ces nouveaux moyens de paiement. Les banques centrales ont la capacité d’atteindre toutes les personnes et les entreprises même dans des régions lointaines et marginalisées. Elles peuvent également assurer la sécurité et le contrôle des opérations et fixer des règles d’anonymat. La Présidente du FMI juge indispensable de conserver des règles de confidentialité dans les échanges. La levée du secret des transactions ne pourrait intervenir en cas de suspicion avérée d’activités terroristes ou criminelles. Le développement de monnaies virtuelles par les banques centrales pourrait remettre en cause le rôle des banques classiques qui sont aujourd’hui des intermédiaires clef pour l’alimentation de leurs clients en liquidités. Leurs activités seraient amenées à évoluer en se spécialisant dans les services financiers.

 

Smartphone, vidéo à la demande, les grands succès de 2018

Les Français ont définitivement opté pour la mobilité. Les lignes fixes poursuivent leur recul. Quand elles demeurent, la communication passe par Internet. Orange a annoncé la fin de la téléphonie classique. Depuis le mois de novembre 2018, l’opérateur historique bascule l’ensemble de son réseau de téléphonie sur IP. En 2018, selon le baromètre du Secrétaire d’État au numérique, 94 %des Français disposent, de toute façon, d’un l’équipement mobile. 75 % possèdent un smartphone, une proportion en  progression en 2018. Pour 46 % des Français de plus de 12 ans, ce dernier est le terminal le plus utilisé pour accéder à Internet quand le taux d’utilisateurs préférant se connecter à Internet grâce à un ordinateur a diminué, en 2018, de 3 points et s’établit désormais à 35 %. Le développement des abonnements incluant la 4G a permis cette évolution. En 2018, 61% des détenteurs d’un téléphone mobile se connectent à internet grâce aux réseaux 4G (+20 points en deux ans). À domicile, les Français recourent de plus en plus à la 4G pour se connecter et délaissent le filaire.

 

La mise en œuvre du règlement européen sur l’itinérance (« Roam like at home ») permettant de se connecter sans surcoût dans l’ensemble des pays de l’Union européenne a abouti à un recours accru du smartphone dans le cadre des déplacements, qu’ils soient touristiques ou professionnels. 80 % des voyageurs utilisent leur téléphone mobile lors de déplacements dans l’Union européenne (+9 points par rapport à 2017).

La télévision délaissée au profit de la vidéo à la demande

Selon le baromètre 2018 du Secrétaire d’État au numérique, les Français regardent de plus en plus la télévision en ayant recours au câble ou à Internet. Ils délaissent la TNT. 71 % de la population utilisent les réseaux fixes pour regarder la télévision, soit une progression de 14 points en 4 ans. Le taux d’accès déclaré à la TNT sur le poste principal recule de 10 points sur la même période. Les ménages sont moins multi-équipés en poste de télévision qu’auparavant. Ils conservent un grand écran dans la pièce centrale, la consommation de la télévision passant de plus en plus par les smartphones, les tablettes ou les ordinateurs. 33 % des Français ont regardé la télévision en replay et autresvidéos sur un téléphone, une tablette ou un ordinateur au cours des 12 derniers mois, et ce taux s’établit à 75 % chez les jeunes adultes.

Le temps passé devant la télévision continue à diminuer. Il est de 18 heures par semaine (-2 heures par rapport à 2016) tandis que le temps passé à regarder des vidéos sur Internet progresse.

Les Français plébiscitent les plateformes de service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD). 25 % de la population dispose désormais d’un abonnement permettant de regarder des vidéos, des séries ou des films en illimité (+5 points par rapport à 2016). 3,5 millions de ménages se sont abonnés à Netflix en France sur un total mondial de 140 millions.

Stabilisation du nombre d’internautes mais progrès chez les plus de 70 ans

Le nombre d’Internautes se stabilise. En 2018, 89 % de la population est internaute (+1 point par rapport à 2017) et 80 % des personnes se connectent quotidiennement (+4 points par rapport à 2017). Si les plus de 70 ans demeurent moins connectés que les plus jeunes (60 % contre 100 % des 18-24 ans), ils sont de plus en plus nombreux à franchir le pas. En 2018, la progression est de 7 points chez les plus de 70 ans après une hausse de 5 points en 2017 et de 10 points en 2016. De la même manière, les plus de 70 ans sont 45 % à se connecter à Internet tous les jours (+7 points en 2018, +7 points en 2017 et +9 points en 2016). L’augmentation du nombre de connectés chez les plus de 70 ans est en partie générée par un effet noria. Les nouveaux entrants dans cette catégorie d’âge étant déjà des Internautes augmentent la proportion des Internautes et cela d’autant plus qu’il s’agit des larges classes d’âge issues du baby-boom.

La santé un motif important de consultation d’Internet

Une personne sur deux utilise Internet pour rechercher des informations sur sa santé ou celle de ses proches (+9 points en 3 ans). Le recours à l’e-médecine est admis par un nombre croissant de Français. 37 % de la population (46 % des 18-24 ans) est prête à améliorer ses habitudes de vie, à communiquer avec son médecin ou à contrôler son état de santé grâce au numérique. Les marges de développement des usages numériques en santé sont donc importantes, en particulier chez les jeunes adultes

Des acheteurs en ligne de plus en plus fréquents

61 % des Internautes réalisent des achats en France. Ce taux est resté stable en 2018 par rapport à 2017. En revanche, la fréquence des achats augmente. La part de ceux qui achètent au moins une fois par semaine est passée de 29 à 35 % entre 2016 et 2018.

Début de repli pour les réseaux sociaux

La participation aux réseaux sociaux s’est stabilisée à 59 % mais elle est en recul chez les 12-17 ans (-8 points) et chez les 18-24 ans (-3 points). Les jeunes générations se détournent des réseaux comme Facebook et préfèrent les services de messagerie instantanée.

Un tiers des Français rencontrent des problèmes d’utilisation d’Internet au quotidien

Parmi les non-internautes, 31 % estiment qu’Internet est trop compliqué à utiliser, en baisse de 14 points depuis 2017. 36 % des Français éprouvent une inquiétude à l’idée d’accomplir la plupart de leurs démarches administratives en ligne. L’obligation de passer par Internet pour toutes les démarches fiscales génère une inquiétude pour les plus de 70 ans et pour les Français les plus modestes. Un tiers des Français se jugent incompétents pour utiliser les sites administratifs. Face à des problèmes de connexion ou de compréhension des sites, 43 % des Français font appel à des proches pour les aider. 8 % renoncent à se connecter en raison de problèmes techniques ou de compréhension. Parmi ceux qui rencontrent des difficultés en utilisant des outils informatiques, près de 40 % d’entre eux souhaitent pouvoir être formés principalement sous la forme d’une courte formation gratuite pour être autonomes sur ces outils (33%). 7 personnes sur 10 connaissent au moins un lieu (médiathèques, espaces publics numériques, maisons de services au public…) près de chez elles, où peuvent être proposés un accompagnement dans les démarches en ligne et un apprentissage numérique mais elles n’ont que très rarement recours à ces structures en cas de difficultés.