7 janvier 2017

Le Coin des tendances du 7 janvier 2017

Les grandes communes ne font plus recettes

Au fil des décennies, la France est devenue un pays urbain (80 % de la population vit en ville en 2016 contre 60 % en 1960). La Région parisienne représente, à elle seule, 20 % de la population de la France métropolitaine. Les grandes métropoles ont aspiré une part croissante des résidents français. Mais cette métropolisation de la France se réalise par les marges. Les grandes villes ont tendance à perdre des habitants au profit des centres de plus petite taille. Cette évolution est liée à un renchérissement du foncier.

Les cœurs de métropole transformés en musée

Au 1er janvier 2014, les 35 868 (sources INSEE), communes françaises (hors Mayotte) rassemblent 65 906 986 habitants, soit 1 602 486 de plus qu’en 2009. De 2009 à 2014, la population a augmenté de 0,5 % par an en moyenne. Durant cette période, la population de nombreuses grandes communes, y compris Paris, a augmenté moins vite que la moyenne nationale. Ainsi, la population des cent communes les plus peuplées en 2014 n’a crû que de 0,3 % par an. En revanche, les plus petites communes bénéficient majoritairement d’une croissance démographique supérieure à la tendance nationale. Ainsi, sur la période 2009–2014, les cent premières communes contribuent pour 13 % à la croissance démographique nationale (216 000 habitants supplémentaires) alors que celles classées entre le 1 000ème  et le 10 000ème rang y contribuent pour 48 % (+ 768 000 habitants).

Pour 40 de ces 55 grandes communes, l’évolution de la population a été plus modérée entre 2009 et 2014 que durant la période 1990–2009. En particulier, la population diminue pour 27 d’entre elles sur la période récente. Elles connaissent une accentuation de la baisse de leur population ou passent d’une situation de croissance démographique à une décroissance.

Une diminution du poids des grandes communes dans la population depuis 1962…

En 2014, les cent communes les plus peuplées abritaient chacune plus de 55 817 habitants et regroupent au total un habitant sur cinq (21,5 %) en France. Cette proportion est en net retrait par rapport à 1962 (27,2 %). Cette diminution s’explique à part égale par la baisse de la prépondérance de Paris et par celle des 49 communes suivantes les plus peuplées. La population parisienne a, en effet, fortement baissé entre 1962 et 1990, passant de 2,8 millions d’habitants à moins de 2,2 millions, puis s’est stabilisée ensuite. Après plusieurs années de légère reprise, la capitale a recommencé à perdre des habitants. Entre 2009 et 2014, le nombre de Parisiens est passé de 2 234 105 à 2 220 445, soit 13 660 habitants de moins en cinq ans. Alors qu’en 1962, Paris abritait 5,9 % de la population vivant en France, elle ne pèse plus que 3,4 % en 2014.

La part de la population résidant dans les 49 communes qui suivent Paris est, de son côté, passée de 15,7 % en 1962 à 13,0 % en 2014 ; la diminution y a été plus régulière qu’à Paris au fil des décennies.

La baisse de la part de la population des plus grandes communes s’est surtout réalisée au profit des communes de taille intermédiaire, situées entre le 500ème et le 5000ème rang. Ces communes, qui regroupent de 2 100 à 18 500 habitants en 2014 contre 1 300 à 11 500 en 1962, bénéficient depuis cinquante ans de la forte croissance démographique de la périphérie des grands centres urbains. Le prix de l’immobilier et la qualité de vie constituent les deux raisons de leur essor démographique. Les villes de Vénissieux, Béziers, Vitry-sur-Seine et Cergy enregistrent, ainsi, ces dernières années, de forte hausse.

Le cœur des grands centres urbains est, de plus en plus, déserté par les habitants. Les bureaux, les commerces et les logements destinés à la location saisonnière diminuent et renchérissent les logements destinés à l’habitation permanente. Airbnb est accusée, en France tout comme à l’étranger, de vider les grandes villes de leurs résidents au profit de touristes de passage.

Les régions dominées par les métropoles et surtout par les communes s’y rattachant

Dans chaque région, les communes les plus peuplées concentrent une part importante de la population régionale : le poids démographique de la commune la plus peuplée varie de près de 4 % dans les Hauts-de-France à plus de 22 % en Guyane.

La concentration de la population régionale au sein de la capitale de région est la plus marquée dans les départements d’outre-mer et en Corse. Mais la concentration au sein des plus grandes communes est particulièrement importante dans les régions les plus peuplées. Ainsi, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Grand-Est et Hauts-de-France, 1 % des communes concentrent plus de 30 % environ de la population régionale, 5 % d’entre elles abritent plus de la moitié de la population régionale. À l’inverse, dans les régions Centre-Val de Loire, Pays de la Loire et surtout Bretagne, les 1 % des plus grandes communes ne concentrent qu’environ un quart de la population régionale.

Cependant, depuis 1962, dans toutes les régions comme au niveau national, la part de la population habitant dans les 1 % des communes les plus peuplées est en baisse. Le recul est particulièrement marqué en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Guyane. En 2014, les populations parisienne et marseillaise ne représentent plus que 18 % et 17 % de celles de leur région respective contre 33 % et 28 % en 1962.

Ce transfert de la population en banlieue pose immanquablement le problème des transports. Le Grand Paris constitue un début de réponse à cette évolution. Au-delà des transports, c’est toute la vie sociale qui doit être repensée. Les équipements publics ont été souvent concentrés dans la ville centre contraignant les banlieusards à d’importants trajets. En outre, les activités économiques sont plus concentrées que ne le sont les hébergements ce qui imposent également des contraintes en matière de transports d’autant plus qu’en fonction des changements d’emploi ou des changements de localisation des activités professionnelles, il est de plus en plus difficile de résider à proximité de son travail.

L’instauration des métropoles, des communautés urbaines, des agglomérations constitue également un élément de réponse institutionnelle au problème démographique et économique auquel sont confrontées les grandes villes. Devant assurer de nombreux services, elles tentent en jouant sur les agglomérations de trouver de nouvelles ressources. Cette réorganisation du territoire autour des grandes villes entre en concurrence avec l’échelon départemental qui puise sa légitimité dans l’aide aux communes rurales.

 La longue route du défi énergétique

Pour tenter de limiter le réchauffement climatique, la réduction de la consommation d’énergie fossile constitue, pour le moment, la meilleure réponse. A cette fin il convient d’améliorer l’efficience énergétique de la croissance en diminuant le volume d’énergie nécessaire pour accroître le PIB. Par ailleurs, la substitution en faveur des énergies non fossiles doit être accélérée.

Depuis 1980, des efforts importants ont été entrepris pour améliorer le contenu de la croissance en énergie. Il faut 40 % d’énergie de moins qu’en 1983 pour obtenir un point de croissance. Le ratio consommation d’énergie / PIB décroît de 1 % par an en moyenne . La tertiarisation de l’économie aide à cette évolution tout comme les efforts réalisés au niveau industriel surtout durant les périodes d’énergie chère.

Si elles ont baissé de 1980 à 2000, les émissions de CO2 par rapport à la consommation d’énergie ont enregistré une forte hausse jusqu’en 2010. La forte croissance des pays émergents (avec pour corollaire l’ouverture de nombreuses centrales électriques au charbon) explique cette évolution en dent de scie. Toute chose étant égale par ailleurs, une croissance potentielle mondiale de 2,5% par an conduit donc, en tendance, à une hausse de 1,5% par an des émissions de C02

En 1981, l’énergie produite était d’origine pétrolière à 43,6 %, le charbon représentait 27,8 %, le gaz naturel, 19,8 8, l’hydraulique 5,8 %, le nucléaire 2,8 % et les énergies renouvelables 0,1%. En 2016, le poids du pétrole a reculé (32,8 %). Cette source d’énergie est concurrencée par le charbon (28,7 %) et par le gaz naturel (24,1 %). Ces deux dernières sources ont augmenté leur poids relatif. L’hydraulique a légèrement augmenté à 6,1% quand le nucléaire représente 4,5 %. Cette source a atteint son maximum en 1997 avec une part de marché de 6,5 %. Les accidents de Fukuyama et de Tchernobyl ont stoppé sa progression. Les énergies renouvelables représentent 2,7 % de l’énergie produite à l’échelle mondiale (Source Agence Internationale de l’Energie).

Le charbon bitumineux et le lignite constituent les sources d’énergie les plus émettrices de CO2 (respectivement 0,94 et 0,98 kg CO2 par kWh) quand les émissions du gaz sont bien plus faibles (0,55 KgCO2 par kWh). Or, la part de l’électricité produite à partir du charbon s’est accrue ces 25 dernières années (40 % en 2015 contre 37 % en 1990). Sur la même période, la part du  gaz naturel est, par ailleurs, passée de 14,7 à 24,1 %.

D’ici à 2050, pour réduire de 50 % les émissions de CO2 (-1,3 % par an), il faudrait que le ratio émissions de CO2 / consommation d’énergie diminue de 2,8% par an. En retenant le principe d’une croissance potentielle de l’économie mondiale de 2,5 % par an, pour respecter les objectifs climatiques, la part des énergies fossiles devrait passer de 82 % en 2016 à 25 % en 2050 (à structure de consommation inchangée) ou à 33% (avec le remplacement du charbon par le gaz naturel).

En l’état et en absence d’innovations technologiques de grande ampleur, l’atteinte de cet objectif apparaît difficile à réaliser. Les besoins énergétiques des pays émergents sont importants. Le décollage des énergies renouvelables reste lent et faible. Une taxation des énergies fossiles à l’échelle internationale apparaît souhaitable avec une régulation des prix pour éviter des substitutions au profit des énergies les plus polluantes comme cela a été constaté, ces dernières années, avec la chute du prix du pétrole.