10 juin 2023

Le Coin des Tendances – luxe – démographie – dénatalité – pétrole – brent

Le luxe tout un art !

Les marques de luxe ont réussi lors de ces trente dernières années à combiner exclusivité et vulgarisation. Les magasins des grandes marques sont tout à la fois visitées par les célébrités, les milliardaires et les touristes de la planète même si dans les faits les uns et les autres ne se croisent pas. Les marques de luxe ont réussi le pari de maintenir leur élitisme tout en se popularisant.

Le sac Birkin d’Hermès se vend 450 000 dollars. Il n’est pas possible de le commander sur Internet, ni même dans les boutiques classiques de la marque. Les acheteurs doivent attendre plusieurs mois voire années entre le moment de la commande et sa mise à disposition. Dans le même temps, les boutiques recèlent de produits bien plus accessibles qui ont néanmoins comme le sac Birkin de garantir à Hermès de solides marges. Chanel pratique de même en réservant certains parfums ne faisant l’objet d’aucune publicité à quelques privilégiés tout en rendant relativement accessible une large gamme de produits. Avec la crise sanitaire, le secteur du luxe a été ébranlé juste quelques semaines. Les grandes marques ont rapidement décidé de vendre en ligne quand quelques mois auparavant elles s’y refusaient. Après l’épidémie de covid, grâce à l’épargne constituée durant les confinements, les consommateurs se sont rués sur les produits de luxe provoquant une envolée sans précédent des ventes. Le Luxe ne connait pas la crise. L’an dernier, les bénéfices nets de Kering, qui possède des marques de mode telles que Gucci et Balenciaga, ont augmenté de 14 %. Celles de LVMH, propriétaire notamment de Céline, Tiffany ou Louis Vuitton, ont progressé de près de 25 %. LVMH est devenu la première capitalisation européenne avec plus de 500 Milliards d’euros. Hermès et Richemont, propriétaire entre autres de Cartier, ont chacun vu les leurs augmenter de plus d’un tiers. Ensemble, les quatre groupes ont engrangé plus de 33 milliards d’euros de bénéfices, sur des revenus combinés d’environ 130 milliards d’euros.

L’inflation et les pertes de pouvoir d’achat des ménages peuvent-elles remettre en cause le modèle de croissance du luxe ? Au mois de mai, les craintes d’un tassement des ventes a provoqué un recul de 7 % de la valorisation des entreprises de ce secteur. Celles-ci ne sont pas toutes confrontées de la même façon à la problématique de la hausse des coûts et à la diminution du pouvoir d’achat des ménages. Les marques qui sont à la frontière avec le segment inférieur (ventes haut de gamme mais pas de luxe) sont les plus exposées aux variations de prix. Ralph Lauren ou Armani doivent faire face à de fortes baisses de la demande. Les consommateurs arbitrent avec des marques moins coûteuses et ayant des qualités de production assez proche (Kenzo, Boss ou Paul Smith). En revanche, pour les sociétés présentes dans le très haut de gamme, les ventes ont continué à progresser grâce aux personnes à très hauts revenus. Seulement 5 % des acheteurs assurent plus 40 % des ventes mondiales de luxe.

Ces vingt dernières années, les marques de luxe ont investi le marché chinois en forte croissance. Celle-ci s’est interrompue avec le covid. Avec la fin de la politique du zéro covid, les marques de luxe ont espéré un rebond qui tarde à survenir. Le tassement de la croissance, les déclarations anti-occidentales des autorités chinoises pèsent sur les résultats de ces marques. Estée Lauder, un producteur de cosmétiques a réduit ses perspectives pour la région. Burberry, un fabricant britannique de manteaux a réalisé, en 2022, moins d’un tiers de ses ventes en Chine, contre 40 % avant la pandémie.

Les maisons de luxe cherchent de nouveaux relais de croissance, en particulier en Inde qui enregistre une forte progression du nombre de personnes riches. La forte croissance en Afrique subsaharienne a provoqué l’apparition d’une clientèle aisée qui souhaite accéder sur place aux produits de luxe. Chanel est devenue la première marque de luxe européenne à organiser un défilé de mode africain, à Dakar, au Sénégal. Le secteur du luxe se mondialise et essaie de contourner les problèmes géopolitiques.

L’essor du secteur du luxe constitue une aubaine pour la France qui dispose, avec l’Italie, du plus grand portefeuille de marques dans ce domaine. Plus d’un million d’emplois directs et indirects dépendent de ce secteur. Plusieurs milliers d’emplois devraient y être créés en 2023. Les exportations des produits de luxe représentent plus de 50 milliards d’euros et contribuent à atténuer l’important déficit commercial, plus de 150 milliards d’euros en 2022.

Le Brent, c’est bientôt la fin !

Le marché du pétrole est guidé par deux indices, le WTI qui est utilisé par les États-Unis et le Brent qui s’applique aux deux tiers des 100 millions de barils de pétrole échangés chaque jour. Ces deux indices permettent de fixer le prix du baril vendu sur le marché pétrolier ainsi que le prix utilisé pour les millions de contrats à terme. Certains gouvernements ont recours à ces indices et, en particulier, au Brent (le prix du pétrole), pour fixer les taux d’imposition. Le Brent sert également à fixer le cours  du gaz naturel liquéfié. Cet indice est suivi de près par toutes les institutions monétaires et les centres de prévision économiques.

L’indice qui a 40 ans porte le nom d’un petit gisement se situant à environ 190 km au nord-est des îles les plus au nord de l’Écosse. Qu’il exerce encore une telle influence est à la fois une merveille et, de plus en plus, un danger. Les caractéristiques du pétrole issu de ce gisement servaient de référence pour étalonner les autres pétroles. Le problème est que ce gisement s’épuise. La production du champ éponyme a culminé en 1984. Maintenant seulement deux ou trois cargaisons par mois sont chargées. À partir de 2002, quatre mélanges d’autres champs (un Britannique, trois Norvégiens) ont été ajoutés au pool afin de générer un volume raisonnable au Brent. Les mélanges ainsi constitués diffèrent légèrement du Brent original, en densité et en teneur en soufre, nécessitant des ajustements afin de garder à l’étalon toute sa justesse. L’agence Platts qui relève notamment les prix du pétrole souligne que les transactions brutes de Brent  sont devenues de plus en plus rares, ce qui permet aux acteurs de marché d’influencer plus facilement les prix. L’agence Platts a décidé d’introduire un correctif dans l’établissement de l’indice. Pour les livraisons réalisés depuis le mois 2023, sont ajoutées des transactions de West Texas Intermediate (wti) Midland, un brut américain de qualité similaire au Brent, au pool de pétrole à partir duquel la référence est calculée. Ces ajours constituent une rupture. C’est la première fois qu’un pétrole provenant de l’extérieur de la mer du Nord sera inclus.

Les gisements de la Mer du Nord étant amenés à fermer progressivement, la survie de l’indice européen est en question. La fixation d’un nouvel indice de référence n’est pas aisée. En toute logique, un indice issu des gisements du Golfe persique pourrait être imaginé mais plusieurs problèmes se posent. Pour être crédible, un indice doit être associé à une production suffisante de brut ayant des caractéristiques stables dans le temps. Pour prolonger le Brent, certains avaient imaginé d’adjoindre dans le panier de pétrole retenu pour son calcul,  la production d’un champ norvégien Sverdrup prolifique, dans le panier de Brent. Sa haute densité et sa teneur élevée en soufre n’entraient pas en cohérence avec les autres pétroles. La production ne doit pas être, dominée par un seul acheteur ou vendeur afin de ne pas fausser la fixation du prix. Les gisements du panel ne doivent pas être éloignés les uns des autres pour ne pas intégrer un aléa transport. Les acheteurs et les vendeurs ne doivent pas être compromis par des régimes fiscaux ou être associés à des pays peu fréquentables au niveau du droit. À défaut du Brent, l’indicateur américain, le WTI pourrait s’imposer. Il a comme défaut d’être un indice intérieur étant associé aux livraisons livrées à Cushing dans l’Oklahoma, pour satisfaire le marché intérieur américain.

L’intégration dans l’indice Brent de pétroles issus des États-Unis n’est donc pas sans poser quelques interrogations. Jusqu’à présent, le marché semble accepter le changement. Du fait de l’affaiblissement de la production de Brent original, l’indice risque d’être de plus en plus dominé par le pétrole du Midland. Ce changement de composition du panel de pétroles pourrait également conduire à changer les teneurs de marché en faveur des cabinets américains comme Glencore ou Trafigura. Dans les faits, cette substitution s’est déjà passée il y a de nombreuses années. Dans les années 1980, les sociétés pétrolières européennes autrefois dominantes ont été supplantées par les puissantes maisons de commerce japonaises, elles-mêmes détrônées par les banques de Wall Street dans les années 2000.

La fin du gisement britannique impose une modification de la composition de l’indice Brent qui devrait être plus américain dans les prochaines années traduisant le retour des États-Unis comme premier producteur mondial.

Le monde face à la panne des naissances

À l’échelle planétaire, une panne des naissances se diffuse à un rythme rapide avec la crainte d’un vieillissement bien plus rapide que prévu de la population mondiale. Le taux de fécondité par femme est passé de 2,7 à 2,3 dans le monde de 2000 à 2022. Les 15 pays les plus riches en termes de PIB ont tous un taux de fécondité inférieur au taux de remplacement (2,1), les pays d’Europe, les États-Unis bien évidemment mais aussi la Chine et l’Inde. D’ici 2030, plus de la moitié des habitants de l’Asie de l’Est et du Sud-Est auront plus de 40 ans. En dehors de l’Afrique, la population mondiale atteindra son apogée en 2050 avant de décliner. Même en Afrique, le taux de fécondité chute au point que la population mondiale pourrait commencer à décliner d’ici la fin du siècle. .

Quoi qu’en est pensé Malthus au XIXe siècle, l’économie n’est pas prête à faire face à une diminution de la population. Le premier problème à résoudre est le transfert de charges des actifs vers les inactifs. Les retraités se financent directement ou indirectement à partir du travail des actifs soit par l’intermédiaire de l’État ou des régimes sociaux, qui prélèvent des impôts ou des cotisations sur les travailleurs pour payer les pensions publiques, soit en encaissant les revenus de l’épargne constituée durant la période d’activité personnellement ou via des fonds de pension. Les prochaines années risquent de rimer avec hausses d’impôts, report de l’âge de départ à la retraite, pression à la baisse des pensions et moindre rendement de l’épargne.

L’Italie est le pays européen le plus touché par la dénatalité le plus fort au point qu’une publicité réalisée par une marque de couches met en scène, de manière ironique, en montrant des salles de classes à l’abandon et des maternités désertes, l’arrivée du dernier bébé italien de l’histoire programmé en 2050. Cette parodie traduit la baisse prévue du nombre des naissances qui devrait passer d’un million en 1964 à 346 000 en 2050. Le vieillissement rapide de nombreux pays génère des coûts impressionnant de retraite, de santé et de dépendance au moment même où les revenus, faute de travailleurs, diminueront. Un pays de seniors est, par ailleurs, moins ouvert au progrès technique, diminuant d’autant la croissance potentielle. Si l’Italie est beaucoup moins bien notée que la France en ce qui concerne sa dette souveraine, cela est dû en grande partie à son déclin démographique avancé.

L’Italie et le Japon sont les deux pays qui sont entrés les premiers dans l’ère du vieillissement de masse avec des taux de fécondité qui sont passés en-dessous du niveau du renouvellement des générations (2,1) dès les années 1970. L’âge médian, en Italie est de 47 ans, ce qui signifie que la moitié de la population a plus que cet âge et l’autre moitié moins. L’âge médian au Japon est de 49 ans. Il devrait rapidement dépasser 50 ans. Ces deux pays ont été, depuis, rejoints par de nombreux autres ; la Corée du Sud, les ayant même battu avec un taux de fécondité de 0,8, le plus faible du monde. La population de ce pays sera divisée au cours du XXIe siècle  par deux d’ici la fin du siècle. Sur la même période, la Chine connaîtrait une contraction de sa population de près de 30 % tout comme l’Italie. Ce ratio serait de 40 % pour le Japon.

En 2010, 98 pays et territoires avaient enregistré des taux de fécondité inférieurs à 2,1. En 2021, ce nombre était passé à 124, soit plus de la moitié des pays pour lesquels l’ONU collecte des données. D’ici 2030, ce nombre pourrait atteindre 136. Les 15 plus grandes économies du monde, dont le Brésil, la Chine, l’Inde et le Mexique, ont toutes des taux de fécondité inférieurs à 2,1. Au niveau mondial, la fécondité converge assez rapidement au-dessous de 2,1. Le taux de fécondité est de 1,3 en Thaïlande et de 1,6 au Brésil. Celui de l’Inde est tombé en dessous de 2,1.

Les femmes, quel que soit leur pays, aspirent à combiner vie professionnelle et vie familiale. La baisse de la fécondité a concerné dans un premier temps les femmes ayant le niveau d’études le plus élevé. Elle s’étend, dans un second temps, aux femmes avec un faible niveau d’études. Désormais, aux États-Unis, les femmes américaines qui n’ont qu’un diplôme de premier cycle ont, en moyenne, moins enfants que celles qui sont plus scolarisées. Les pays émergents suivent de près ceux de l’OCDE.

Une baisse programmée de la population active

Du fait d’un nombre d’entrants de plus en plus faible, les populations actives vieillissent et se réduisent dans un nombre non négligeable de pays. En 2021, au sein des 124 pays ayant un taux de fécondité inférieur à 2,1, la population de 21 à 30 ans s’élevait, à 782 millions. En 2050, ce groupe qui rassemble le nombre potentiel d’entrants locaux sur le marché du travail, devrait avoir diminué d’un cinquième, à 619 millions. Dans les pays où le taux de fécondité est inférieur à 1,5, qui comprend la quasi-totalité de l’Asie de l’Est et une grande partie de l’Europe, la baisse sera plus extrême, la même cohorte se contractant de 37 %.

Pyramide inversée

De plus en plus de pays ont des pyramides démographiques inversées, sa base étant plus étroites que son milieu. En Chine, le nombre des 21 à 30 ans est ainsi passé de 232 millions à son apogée en 2012 à 181 millions en 2021. En 2050, ce nombre devrait être de 100 millions. La population européenne de la même tranche d’âge passera de son côté d’environ 85 millions à moins de 60 millions au cours de la même période.

Au-delà des tensions qu’elle génère, l’immigration est un des seuls moyens pour compenser la baisse de la population active. Néanmoins, au fil des décennies, le nombre de pays disposant d’importants surplus démographiques devrait baisser. La population indienne devrait atteindre son sommet en 2060. L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde qui semble susceptible de rester une source d’émigration pour les prochaines décennies. Mais même dans les pays de cette région, les  taux de natalité chutent plus vite que prévu. Compte tenu des besoins en population, les pays vieillissant se feront une concurrence féroce pour attirer les immigrés, sachant que les États-Unis devraient toujours bénéficier d’un afflux important.

Au sein de l’OCDE, il y a en moyenne trois personnes âgées de 20 à 64 ans pour une personne âgée de plus de 65 ans. D’ici 2050, ce ratio passera à moins de deux pour un. L’Europe, le Japon et la Corée du Sud sont les plus concernés par la dégradation de ce ratio.

Une diminution du nombre d’actifs et une augmentation de celui des retraités signifient plus de dépenses publiques et moins de prélèvements obligatoires. Elles sont également synonymes de moins de production et donc de création de richesses. Le déclin démographique a aussi des effets d’entraînement sur le capital et la productivité qui sont beaucoup moins bien compris par les économistes.

Des effets incertains sur l’inflation et les taux d’intérêt

Des économistes estiment qu’une population active en diminution s’accompagnera d’une baisse des taux d’intérêt en termes réels (c’est-à-dire après prise en compte de l’inflation), car il y aura moins d’opportunités d’investissement et un stock important d’épargne accumulé par les personnes à la retraite ou proches de la retraite. D’autres économistes  pensent que l’effet sera le contraire. Pour maintenir leur pouvoir d’achat, les retraités puiseront dans leur épargne. Il y aura moins de financement pour l’investissement, ce qui fera monter les taux d’intérêt réels. L’augmentation des dépenses publiques accroît les besoins de financement des pouvoirs publics. Pour le moment, les retraités ont tendance à maintenir un fort taux d’épargne.

Le vieillissement, un facteur de déclin de la productivité

Les faibles ratios actifs/retraités ne sont qu’un des problèmes liés à l’effondrement de la fécondité. La diminution du nombre de jeunes actifs constitue une réelle menace pour l’innovation et la productivité.. Les électeurs âgés ont tendance à privilégier la sécurité au détriment de la prise de risque. Ils sont favorables au protectionnisme et sont souvent averses au progrès technique. Au niveau de l’urbanisme, les populations âgées souhaitent le gel des constructions et plus globalement le statu quo.

La croissance économique dépend de la proportion de jeunes actifs qui sont ceux qui jouent le rôle clef dans la diffusion du progrès technique. Selon les psychologues, les jeunes trentenaires disposent d’une intelligence dite « fluide», se traduisant par une forte capacité à résoudre de nouveaux problèmes et à s’engager dans de nouvelles idées. Les personnes âgées ont plus « d’intelligence cristallisée », c’est-à-dire un stock de connaissances sur le fonctionnement des choses qui s’est accumulé au fil du temps.

Les deux types d’intelligence sont utiles pour les entreprises, mais les deux ne sont pas de valeur équivalente en matière d’innovation. Dans une étude publiée en 2021, les économistes Mary Kaltenberg et Adam Jaffe et la psychologie Margie Lachman, ont en utilisant une base de données de 3 millions de brevets déposés sur plus de 40 ans, constaté que la proportion de brevets déposés culmine à la fin de la trentaine et au début de la quarantaine. Les innovations de rupture sont réalisées par les jeunes actifs, autour de la trentaine.

La déclin de la productivité est un problème majeur pour les économies. Entre 1947 et 1973, la croissance de la productivité représentait 60 % de l’augmentation de la production par travailleur au sein de l’OCDE. Les États-Unis ont connu un taux de croissance plus rapide que celle des autres pays de l’OCDE grâce à des gains de productivité plus importants.

Comme la baisse de la fécondité est générale, la productivité pourrait s’éroder à l’échelle mondiale. Ce phénomène semble avoir commencé et s’être accéléré avec la crise de covid-19. L’économiste et démographe chinois, James Liang, a démontré que l’entrepreneuriat est plus faible dans les pays plus âgés. La proportion d’adultes créant leur entreprise diminue de 2,5 points quand l’âge médian augmente de 3,5 ans. Aussi étrange que cela puisse paraître, le taux de création d’entreprises parmi les jeunes de 18 à 35 ans recule dans les pays qui enregistrent un vieillissement accéléré de leur population. Ce phénomène est marqué au Japon. James Liang analyse cette diminution par la perte de dynamisme du tissu économique. Le vide d’entrepreneurs s’autoalimente.

L’inversion difficile de la courbe de la natalité

Les gouvernements sont largement impuissants à inverser la baisse des taux de natalité. La baisse de la fécondité est un phénomène mondial. Elle accompagne l’enrichissement des sociétés. Les politiques familiales ont peu d’effets sur le nombre d’enfants par femme. De nombreux pays d’Europe de l’Est ou du Sud ont, ces dernières années, institué des aides pour les familles sans que cela ne provoque une réelle hausse pérenne de la natalité.

Plusieurs pays d’Europe tout comme les États-Unis compensent la dénatalité par un recours à l’immigration. Or compte tenu de la baisse mondiale de la fécondité signifie que, d’ici le milieu du siècle, la pénurie de main-d’œuvre se diffusera à l’ensemble de la planète.

Les tentatives faites dans divers pays pour inciter les femmes à avoir plus d’enfants ont généralement donné de maigres résultats. L’abandon de l’enfant unique en Chine a été suivi d’un rebond de la natalité mais qui a été éphémère. En Hongrie et en Pologne, les gouvernements ont institué des crédits d’impôts et des prestations sociales en faveur des femmes ayant des enfants. Pour le moment, aucune remontée tangible du taux de fécondité a été constatée. Singapour a créé des allocations aux parents de nouveaux enfants (11 000 dollars singapouriens pour les deux premiers enfants et à 13 000 dollars singapouriens pour les autres) auxquels s’ajoutent, en plus des abattements fiscaux et des subventions pour la garde d’enfants. Les parents sont également prioritaires dans les programmes de vente d’appartements subventionnés. Toutes ces mesures ont eu peu d’effet, le taux de fécondité restant bloqué à 1.

Pour relever la productivité, les gouvernements peuvent jouer sur le niveau de formation. Ils peuvent également compter sur la technologie pour faire face aux changements démographiques. De la télémédecine au recours croissant à l’automatisation dans l’agriculture, l’industrie et les services devraient permettre de compenser, du moins en partie, la baisse de la population active. L’intelligence artificielle offre des possibilités importantes pour réduire les besoins en main-d’œuvre.

Pour compenser les effets du vieillissement et contrecarrer les pénuries grandissantes de main-d’œuvre, l’élévation du niveau de formation est indispensable. Les deux tiers des enfants chinois vivent encore en milieu rural et ne suivent qu’un formation sommaire. En Inde, deux tiers des 25 à 34 ans n’achèvent pas le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. En Afrique, la situation est encore plus délicate.  

Quoi qu’il arrive, l’économie mondiale devra faire avec moins de jeunes et compter sur le progrès technique pour gérer d’ici la fin du siècle deux milliards de retraités.

L’humanité a grâce aux progrès de la productivité réussi à donner tort à Malthus qui prévoyait la maintien de grandes famines en raison de la progression de la population. Aujourd’hui, elle est menacée non pas d’un excès de bébés mais d’un manque de bébés. Le génie humain arrivera-t-il à relever ce nouveau défi ?

.