24 juin 2023

Le Coin des Tendances – Royaume-Uni – immobilier – endettement – inflation

Endettement, comment cela se terminera-t-il ?

Au sein des pays occidentaux, à de rares exceptions – l’Allemagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou encore la Suède – les États sont surendettés. Les États-Unis ont certes échappé à la banqueroute en relevant une nouvelle fois leur plafond de dettes mais le déficit de l’État fédéral a dépassé, en 2022, 8,5 % du PIB. Au sein de l’Union européenne, plusieurs États, dont la France, peinent à réduire le poids de leur dette publique. La Commission européenne est amenée à s’endetter, dans le cadre du plan Next Generation, afin de faciliter le financement de la transition énergétique. Le gouvernement japonais ne fixe plus de calendrier pour le rééquilibrage de son déficit primaire (déficit avant paiement des intérêts). Ce déficit dépasse 6 % du PIB en 2023. La hausse des taux d’intérêt grève de plus en plus les budgets des pays occidentaux. Pour la France, le service de la dette pourrait passer de 40 à 70 milliards d’euros de 2022 à 2027.

La politique budgétaire mondiale n’a pas seulement l’air imprudente, elle est également inadaptée aux circonstances économiques d’aujourd’hui. Une inflation élevée et un chômage faible signifient que le monde a besoin d’une politique stricte, et non pas lâche. Le 14 juin, la Réserve fédérale a maintenu les taux d’intérêt stables en attendant d’autres signaux sur la santé de l’économie. Mais avec une inflation sous-jacente supérieure à 5 %, rares sont ceux qui pensent qu’elle durera longtemps. Avec des salaires nominaux augmentant à un taux annuel de 6,5 %, la Grande-Bretagne est particulièrement exposée à la menace d’une spirale prix-salaires. C’est donc sans surprise, que la Banque d’Angleterre ait, ce 22 juin, décidé de relever son taux à 5 %  soit une hausse de 50 points de base, au lieu des 25 anticipés.

Face aux crises, les gouvernements ont réagi en augmentant les dépenses publiques. Dans le passé, seules les guerres avaient donné lieu à une telle dérive des comptes publics. Par ailleurs, lors des chocs économiques précédents, la réduction des déficits était assez rapide. Aujourd’hui, ceux-ci perdurent. La guerre en Ukraine a conduit, en Europe, au maintien de politiques de soutien aux ménages et aux entreprises, politiques initiées lors de la crise sanitaire. Après la guerre, la transition énergétique exigera également leur pérennisation. Les économies sont, de ce fait, en permanence sous respiration artificielle avec, en contrepartie, une hausse sans fin de la dette publique. Avec la résurgence de l’inflation, les banques centrales ont été contraintes de relever leurs taux directeurs amenant à une hausse des taux d’intérêt sur les titres publics. Pour chaque hausse d’un point de pourcentage des taux, les coûts du service de la dette du gouvernement britannique augmentent de 0,5  % du PIB en un an. Ce ratio s’applique également aux autres États européens. Les politiques de soutien ne favorisent pas la réduction de l’inflation. Ces dernières augmentent la demande et donc les prix. Elles entrent ainsi en opposition avec les politiques monétaires des banques centrales qui essaient, au contraire, de refroidir l’économie. Cette contradiction conduit à une hausse accrue des taux d’intérêt et donc des charges inhérentes à la dette.

Les gouvernements sont assez fatalistes vis-à-vis de l’endettement. Aux États-Unis, la dette publique pourrait atteindre 115 % du PIB d’ici 2033. Au Royaume-Uni, le plan de restauration des comptes promis en 2022 semble mis entre parenthèse, le gouvernement souhaitant abaisser les prélèvements. En France, le gouvernement entend revenir à moins de 3 % de PIB de déficit public d’ici 2027 mais le Haut Conseil des Finances Publiques comme la Cour des Comptes en doute. Les économies budgétaires de 10 à 15 milliards d’euros promises par le ministre de l’Économie pèsent peu au regard du déficit public qui dépasse 124 milliards d’euros, soit 4,7 % du PIB. En Italie, la diminution du ratio dette/PIB qui dépasse 150 % du PIB d’un point par an pendant plusieurs décennies nécessite des excédents avant paiements d’intérêts de 2,4 % du PIB, ce qui constitue un pari difficile à réaliser.

Le rééquilibrage des finances publiques, au sein de l’OCDE est d’autant plus difficile à réaliser que les besoins sont en forte augmentation : santé, retraite, dépendance, relocalisation, transition énergétique, défense, etc. Le maintien d’un fort niveau de dépenses publiques devrait conduire à une inflation plus élevée que celle constatée dans les années 2010. Par ailleurs, les gouvernements pourraient être contraints d’augmenter les prélèvements obligatoires afin de limiter la dérive des déficits publics.

La crise de l’immobilier a-t-elle déjà eu lieu ?

En France, jour après jour, les spécialistes de l’immobilier craignent un krach sur fond de hausse de taux d’intérêt et de ralentissement économique, oubliant que ces quinze dernières années le prix des logements a été multiplié par deux. Ces derniers restent, sur douze mois, toujours en augmentation, seuls ceux de Paris sont en baisse. La crise tant attendue se fait attendre. Dans d’autres pays, comme aux États-Unis ou en Australie, la contraction du prix des logements a commencé dès le début de l’année 2022 mais elle semble déjà s’achever.

En Australie, les prix de l’immobilier ont augmenté au cours des trois premiers mois de l’année 2023. Aux États-Unis, le marché immobilier semble à nouveau en hausse après plusieurs trimestres de recul. Le cours des actions des constructeurs de maisons a fait deux fois mieux que les autres valeurs. Chez les partenaires européens de la France, le marché immobilier semble stable. Les analystes de JPMorgan ou de Goldman Sachs estiment que l’apogée de la crise immobilière est derrière du moins pour les pays anglo-saxons.

Au sein des pays de l’OCDE, de 2017 à 2022, les prix de l’immobilier se sont accrus de plus de 40 %. La crise du Covid a entraîné une accélération de la hausse des prix. Depuis la crise financière, l’immobilier a connu une augmentation de plus de 65 %. Depuis le début de l’année 2022, les taux directeurs des banques centrales ont augmenté de plus de trois points de pourcentage à l’échelle mondiale, renchérissant le coût des emprunts immobiliers. L’augmentation des taux d’intérêt et le durcissement de l’accès aux prêts immobiliers ont entraîné une contraction des prix des logements, toujours pour les pays de l’OCDE, de 3 %. En termes réels, en prenant en compte l’inflation, la baisse se situe entre 8 et 10 %. Cette correction reste dans la moyenne constatée depuis la fin du XIXe siècle mais elle est inférieure à celles intervenant après une phase de hausses fortes.

Une crise immobilière classique se traduit généralement, pour les pays ayant connu une forte augmentation des prix de nature spéculative, par des chutes abyssales. Entre 1990 et 1994, les prix ont reculé à Paris de plus de 40 %. Après la crise financière, les prix de l’immobilier irlandais se sont réduit de 50 %. Les prix des maisons américaines avaient perdu de leur côté de plus de 20 %. En Espagne, la chute avait atteint 27 % en 2008.

Depuis deux ans, la hausse des taux n’est pas la seule responsable de la baisse des prix de l’immobilier. Si à San Francisco, les prix des maisons ont perdu 10 % de leur valeur, cela est avant tout la conséquence du départs de certaines entreprises des secteurs de la haute technologie et de la finance pour la Floride et le Texas. Malgré tout, le prix de l’immobilier à San Francisco demeure  élevé. Une maison y coûte en moyenne plus de 1,1 million de dollars, soit environ dix fois le revenu médian de la ville. Depuis quelques mois, les prix se sont d’ailleurs stabilisés. A contrario, en Floride, les prix continuent à progresser. En Floride, Mick Jagger a mis en vente une maison à 3,5 millions de dollars, maison achetée en 2020 à 1,9 million de dollars.

En Australie, après une forte hausse en 2020 et en 2021, les prix des logements ont connu une diminution de 7 % en 2022. Mais, depuis le début de l’année 2023, le marché se redresse. Les maisons dans les quartiers bourgeois du port de Sydney se vendent rapidement avec des prix toujours en hausse. Les seniors recherchent des logements bien équipés et près de la mer.

Les banques à la différence de la crise des subprimes en 2008/2009 restent assez confiantes sur la résilience du marché immobilier. Que ce soit aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande ou au Canada, le niveau de l’encours des crédits immobiliers n’est pas jugé problématique. Les défauts de paiements demeurent rares. Au Canada, la proportion des prêts hypothécaires susceptibles de ne pas être remboursés est proche d’un creux historique.

Contrairement au sentiment largement partagé sur les réseaux sociaux, le pouvoir d’achat a relativement bien résisté depuis le début de la vague inflationniste. En France, la baisse est inférieure à 1 %. Cette résistance du pouvoir d’achat évite l’engagement d’une spirale de baisses de prix sur le marché immobilier. En outre, ce marché est porté essentiellement par les ménages les plus aisés. Aux États-Unis, les conditions d’accès aux crédits ont été durcies après la crise des subprimes, réduisant les risques de défauts. Les ménages sont moins exposés que dans le passé aux variations de taux. Au sein de l’Union européenne, de 2011 à 2021, la part des prêts immobiliers à taux variable est passée de près de 40 % à moins de 15 %. Même si les taux ont augmenté, le ratio moyen des paiements des intérêts par rapport au revenu est inférieur en 2023 à son niveau de 2019. La pandémie a, par ailleurs, amené les ménages à se constituer une réserve d’épargne. Pour l’ensemble des pays de l’OCDE, cette cagnotte « covid » se chiffre à plus de 1000 milliards de dollars. Si aux États-Unis, elle a été en grande partie consommée, dans les autres, elle reste, en revanche,  intacte permettant de financer le surcoût généré par la hausse des taux d’intérêt. Une étude de Goldman Sachs souligne une corrélation positive entre les pays ayant un stock d’épargne important et la résilience des prix de l’immobilier. Les Canadiens ont ainsi accumulé une épargne importante pendant la pandémie et les prix des maisons se maintiennent à un niveau élevé, la baisse ayant été de courte durée. En Suède, les ménages ont moins épargné que la moyenne ; en contrepartie, le marché de l’immobilier souffre davantage.

Le marché immobilier est, au sein des États membres de l’OCDE, soutenu par une forte demande de la part des ménages qui aspirent à des logements plus grands, plus modernes et dotés par exemple d’une terrasse. La crise sanitaire a provoqué une réévaluation des besoins. De nombreux ménages souhaitent privilégier un appartement voire une maison à proximité de la nature sachant que l’essor du télétravail permet d’en profiter plus longuement. Selon la Banque d’Angleterre, ces nouveaux besoins expliqueraient la moitié de la hausse des prix constatée entre 2020 et 2022 au Royaume-Uni. La progression du célibat et des familles monoparentales conduit également à une demande de logements plus importante que dans le passé. La pierre demeure en outre une valeur refuge. En période troublée comme actuellement, les ménages privilégient ce placement au détriment des placements financiers de long terme.

Le secteur de la construction craint une forte chute de l’activité. Si une baisse est constatée au sein de plusieurs pays de l’OCDE, elle demeure limitée et témoigne plutôt d’un retour au niveau d’avant la crise sanitaire. Les travaux de réhabilitation en lien avec la transition énergétique augmentent, en revanche, fortement. Lors des précédentes crises immobilières, la chute de la construction était plus nette. Aux États-Unis, les créations d’emploi dans le secteur du bâtiment sont en hausse de 2,5 % pour le premier trimestre 2023. En Nouvelle-Zélande, le nombre de postes vacants dans ce secteur reste à un niveau élevé. En Corée du Sud, une baisse de 2,5 % des emplois a été enregistrée sur douze mois entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023 mais le nombre total d’emplois reste supérieur à celui d’avant 2020. La résistance du secteur de la construction s’explique par le maintien d’une forte demande. Les migrations internes et externes jouent un rôle important en la matière. En France, la population continue à se concentrer au sein des grandes agglomérations et à proximité du littoral. En Australie, plus de 100 000 immigrés s’installent chaque année dans le pays. Au Canada, le nombre des arrivées sur le territoire dépasse 200 000. À Londres, malgré le Brexit, le prix des locations a augmenté, en 2022, de 16 % du fait de l’afflux des demandes.

La crise immobilière semble se faire attendre. La hausse des taux d’intérêt n’est pas assez marquée pour provoquer un krach. Les taux réels demeurent négatifs. Si les salaires poursuivent leur mouvement de hausse, le pouvoir d’achat des acheteurs de biens immobiliers pourrait ne pas être aussi atteint que certains le prétendent. Le marché immobilier au sein de l’OCDE est avant tout marqué par une pénurie de logements. Les législations adoptées dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique accentuent cette situation. Si dans les prochains mois, les prix de l’immobilier repartaient à la hausse, leur déconnexion avec les revenus serait de plus en plus importante ce qui pourrait assez rapidement déboucher sur des tensions sociales et une véritable crise.

La spirale prix/salaire, une menace fantôme ?

L’instauration d’une spirale prix/salaire est le cauchemar que les économistes et les responsables publics ne souhaitent pas subir dans les prochains mois. Une telle spirale rend difficile la maîtrise de l’inflation et nécessite des politiques de rigueur peu populaires. Une telle spirale s’était produite dans les années 1970 au sein des pays de l’OCDE. Il avait fallu plusieurs années pour en venir en bout, en particulier en France. Depuis la résurgence de l’inflation en 2022, cette menace est scrutée de près. Aux États-Unis, les autorités monétaires ont décidé d’agir vite quand ils ont constaté que les salaires horaires augmentaient de 6 %, la plus forte augmentation annuelle de ces quarante dernières années. Au Royaume-Uni, les salaires hors primes ont également connu une hausse de près de 7 %. Le 14 juin dernier, Jerome Powel, le Président de la Réserve fédérale a décidé de ne pas relever les taux directeurs tout en soulignant que si les salaires reprenaient le chemin de la hausse, il n’hésiteraient pas à les augmenter à nouveau.

Le parallèle avec les années 1970 est difficile à réaliser. L’économie occidentale, il y a 50 ans, a connu non pas un choc mais plusieurs. À la fin de la décennie, elle sortait à peine du premier choc pétrolier qu’elle en a connu un deuxième. La forte croissance des années 1960 générait des hausses de prix et de salaires. Celles-ci se sont amplifiées dans les années 1970 au moment même où les gains de productivité diminuaient. Des mécanismes d’indexation existaient à l’époque favorisant une transmission rapide des prix au salaire. Ces mécanismes ont été en grande partie démantelées depuis. En France, seul le SMIC et certaines prestations sociales bénéficient d’une clause d’indexation.

Selon une étude réalisée par des économistes du FMI, le risque de spirales est assez limité. Les précédentes vagues d’inflation sont relativement courte, celle de 1973/1980 étant plutôt une exception. A contrario, les économistes Gadi Barlevy et Luojia Hu, de la Fed de Chicago, indiquent que les salaires sont, en grande partie, responsables de l’inflation. Les gains salariaux nominaux ont largement dépassé la croissance de la productivité au cours de l’année écoulée contraignant les entreprises à relever leurs prix. Ils estiment néanmoins que le relèvement des prix a anticipé les augmentations de coûts salariaux. Les employeurs ont peut-être été en avance sur la courbe en anticipant les effets d’un marché du travail tendu. Cette situation pourrait amener à une accalmie assez rapide pour l’inflation. L’économiste Adam Shapiro, de la Fed de San Francisco, souligne dans une note publiée en mai que la hausse des coûts de main-d’œuvre n’était qu’un petit moteur de l’inflation des services hors logement et un facteur négligeable dans l’inflation plus large. Comme ses collègues de Chicago, il a conclu que la croissance des salaires suivait l’inflation.

Face à la résurgence rapide de l’inflation, aux États-Unis comme dans les autres pays de l’OCDE, les anticipations sont restées modérées. Les investisseurs ont dès le départ parié sur un épisode relativement court. Dans un article publié en mai pour la Brookings Institution, Ben Bernanke, ancien président de la Fed, et Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du FMI, ont décomposé les moteurs de l’inflation après l’épidémie de covid. Ils ont conclu qu’un triumvirat de chocs (pics des prix des matières premières, forte demande de biens et pénuries d’approvisionnement) était à l’origine de la majeure partie du dépassement de l’inflation depuis 2020. Les revendications salariales sont demeurées relativement faibles jusqu’à présent. Les salaires ont progressé simplement parce que la demande a dépassé l’offre de travail. Les plans de relance et les liquidités abondantes ont nourri l’inflation sans pour autant générer de véritables spirales inflationnistes.

Les doutes sur l’enclenchement d’une spirale prix/salaire ne doivent pas masquer la réalité de l’inflation dont les sources sont multiples : augmentation des prix des produits agricoles et des matières premières, transition énergétique, vieillissement de la population.

Le Royaume-Uni, la nouvelle terre promise de l’intelligence artificielle ?

Près de deux ans et demi après l’entrée en vigueur officiel du Brexit, le Royaume-Uni tente de tourner la page. Le Premier Ministre Rishi Sunak entend placer son pays parmi ceux en pointe en matière de haute technologie. Il ainsi déclaré récemment que « le pays sera une superpuissance scientifique et technologique » et a insisté afin qu’il devienne une référence en matière de super-calcul et d’intelligence artificielle. À l’opposé de certains pays de l’Union européenne, le Premier Ministre britannique souhaite le développement des applications d’intelligence artificielle afin de doper la productivité. Le pari de l’intelligence artificielle que défend Rishi Sunak vise à reproduire les effets du Big Bang dans les années 1980 qui avait fait de Londres le centre financier de l’Europe.

Quels sont les atouts du Royaume-Uni par rapport aux autres pays européens ? Ce pays abrite plusieurs sociétés d’intelligence artificielle importantes, principalement à Londres comme Google DeepMind. Il possède d’excellentes universités et accueille des chercheurs étrangers hautement qualifiés dont les entreprises ont besoin. L’accès de données est plus facile qu’au sein de l’Union européenne. L’État facilite leur accès. Aucun autre pays dispose d’un éventail de données sanitaires aussi important. Les dossiers de santé sont gérés par une seule entité, le National Health Service (NHS). Ils sont particulièrement complets.

L’essor des entreprises d’intelligence artificielle au Royaume-Uni n’est pas gagné d’avance car le pays doit surmonter quelques faiblesses. Avec le Brexit, le marché intérieur est devenu étroit. La concurrence américaine est forte. La grande majorité des entreprises implantées au Royaume-Uni le sont également outre-Atlantique où elles bénéficient d’un écosystème favorable. Ces entreprises américaines privilégient de plus en plus l’Union européenne dont le marché intérieur est bien plus vaste. Même si Oracle dispose d’un centre de traitement des données graphiques nécessaires pour former les application d’intelligence artificielle générative, aucun des géants du cloud-computing n’a encore choisi la Grande-Bretagne comme base de développement. Le Royaume-Uni manque d’ingénieurs et d’informaticiens pour crée un réel réseau d’entreprises spécialisées dans l’intelligence artificielle. Il doit encore clarifier sa législation qui se situe au milieu du gué entre celle, complexe, de l’Union européenne et celle, beaucoup plus libérale, des États-Unis. L’objectif serait d’instituer un ensemble de règles pragmatiques assurant la sécurité et la libre utilisation des données. Rishi Sunak a annoncé, au début du mois de juin, lors d’une réunion à la Maison Blanche avec le président Joe Biden qu’il organiserait un sommet mondial sur la réglementation de l’intelligence artificielle durant le prochain automne. Il entend d’ici là abandonner tout lien avec la réglementation de l’Union européenne. Le gouvernement britannique doit néanmoins tenir compte des réticences de la population et des Organisations Non Gouvernementales concernant l’exploitation des données personnelles, en particulier dans le domaine de la santé. Les entreprises britanniques comme celles installées sur le continent européen souffrent d’un accès compliqué aux microprocesseurs de haute technologie. La création de centres de production prend du temps. Le développement des centres de recherche en charge de l’intelligence artificielle pourrait pâtir de ces goulets d’étranglement.

Comme au sein de l’Union européenne, le gouvernement britannique multiplie les subventions pour favoriser l’implantation et de centres de production spécialisés dans les microprocesseurs ou l’intelligence artificielle. Jeremy Hunt, le chancelier, s’est engagé à financer à hauteur de 1,1 milliard d’euros un supercalculateur à Édimbourg. Ce montant est malgré tout faible au regard des sommes investies par les GAFAM. Amazon dépense chaque année 25 milliards de dollars pour la gestion de ces données. Les contribuables britanniques ne peuvent pas suivre le rythme du secteur privé. Le gouvernement britannique devrait centrer ses aides sur les infrastructures, sur la formation d’ingénieurs et sur la recherche fondamentale. Il devrait s’assurer d’un approvisionnement fiable en énergie propre et abordable car l’intelligence artificielle en consomme des quantités importantes. Si la Grande-Bretagne n’a pas d’approvisionnement en électricité bon marché, elle aura du mal à persuader quiconque d’y installer de grands centres d’unités de traitement graphique. La file d’attente pour obtenir une connexion au réseau britannique freine les investisseurs potentiels.

Pour décarboner son économie, le gouvernement britannique souhaite encourager la captation du CO2 et son enfouissement. Les projets vise à stocker dans les gisements de pétrole et de gaz jusqu’à 78 milliards de tonnes de CO2. 20 milliards de livres d’investissements, en partie publique, auraient été prévus pour financer des investissements de stockage.

Le gouvernement britannique souhaite transformer son pays en startup nation à l’image d’Israël. Ce choix est également celui de la France voire de l’Allemagne. Les concurrents sur ce terrain sont donc nombreux. Pour attirer les investisseurs, le Premier Ministre, dans le prolongement des promesses de Boris Johnson, propose de transformer le Royaume-Uni en zone franche bénéficiant d’une législation libérale. Cette politique risque de rencontrer l’hostilité de l’Union européenne qui ne veut pas d’un cheval de Troie à ses frontières.