22 novembre 2014

Le Japon, le tout pour le tout !

 

L’abenomics bat de l’aile. La politique économique mise en œuvre par le Premier Ministre japonais, Shizo Abe, ne tient pas toutes ses promesses. Cette politique reposant sur trois axes appelés «  flèches » avait comme objectifs, le retour à une inflation à 2 % grâce à des injections de liquidités et la dépréciation du yen, la diminution des déficits publics avec une hausse de la TVA et une libéralisation de l’économie avec la mise en œuvre de réformes structurelles.

La hausse de 3 points de la TVA intervenue au mois d’avril dernier a eu un impact beaucoup plus fort que prévu. Le ralentissement de l’économie a été rapide et important. Au 3ème trimestre, le PIB s’est contracté de 0,4 % par rapport au trimestre précédent, après une chute de 1,9 % au deuxième trimestre. Le Japon est ainsi de nouveau en récession. La demande intérieure souffre de la baisse du pouvoir d’achat des Japonais, les salaires augmentant moins vite que les taxes. Néanmoins, le Japon a enregistré une augmentation de ses exportations, +1,3% au 3ème trimestre. Sur un an, leur hausse atteint 7,4 %. Elles profitent de la reprise des échanges au sein de la zone Asie et de la dépréciation du yen.

L’expérience japonaise est intéressante pour ceux qui seraient tenter en France de porter la TVA de 20 à 23 voire 25 % sachant qu’au Japon, la TVA est simplement passée de 5 à 8 %.

Face à la dégradation de la situation économique, la Banque centrale a décidé d’intensifier sa politique d’assouplissement quantitatif. De son côté, le Gouvernement a annoncé le report de la hausse de 2 points de TVA. Par ailleurs, il a provoqué des élections législatives anticipées pour le mois de décembre 2014. Le consensus à la japonaise s’effrite en matière de politique économique. Le Gouvernement qui doit assurer le financement de la dette publique qui dépasse 235 % du PIB souhaite le maintien des achats par la Banque centrale quand cette dernière souhaiterait que la hausse de TVA soit maintenue afin de favoriser une réallocation des capitaux vers le financement des entreprises. Le Premier Ministre entend différer la hausse de TVA prévue au mois d’octobre 2015 à 2017. Le rééquilibrage des comptes interviendrait en 2020.

La campagne électorale devrait également se dérouler sur fond de redémarrage des centrales nucléaires. Aujourd’hui, le Japon est pénalisé par le coût de la facture énergétique qui a généré un déficit commercial.

La croissance devrait rester très faible en 2015 autour de 0,3 %. Seules les exportations pourraient contribuer à la croissance. Compte tenu des choix opérés par les pouvoirs publics, la Banque centrale devrait continuer à acheter des titres publics au-delà de 2016 même en cas d’atteinte de l’objectif d’inflation fixé à 2 %.