18 octobre 2014

Les bourses n’aiment pas octobre

Ces accès de faiblesse automnale s’expliquent par la concomitance d’incidents conjoncturels, de failles structurelles dans un contexte propice aux arbitrages financiers. Au début du dernier trimestre de l’année, les investisseurs veulent réaliser leurs plus-values de l’année afin de conforter leurs résultats. Par ailleurs, les données macro-économiques, pour l’année en cours et pour l’année suivante, ont été affinées permettant d’avoir une vision plus précise de la situation économique. En outre, en octobre, de nombreuses entreprises communiquent leurs résultats annuels pour celles dont l’exercice se termine au 30 septembre et trimestriels pour d’autres. Il y a donc naturellement une plus grande nervosité durant le mois d’octobre. Enfin, désormais, les investisseurs, un peu superstitieux attendent toujours le mois d’octobre avec un peu d’appréhension.

Un contexte économique torturé

En 2014, les investisseurs tablaient sur une augmentation de la croissance de l’économie mondiale et sur une amélioration de la situation des pays avancés. La zone euro est, certes, sortie de la récession en 2013 mais pour entrer dans une phase de stagnation. L’Italie, la France mais aussi les Pays-Bas connaissent une croissance nulle voire négative. L’Espagne, le Portugal et l’Irlande ont renoué avec la croissance mais après plusieurs trimestres de récession.

Jusqu’à maintenant, au sein des pays avancés, trois pays tiraient leur épingle du jeu, le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Etats-Unis. Mais, depuis quelques mois, l’Allemagne est confrontée de plein fouet au ralentissement économique de ses clients, France, Italie mais aussi Chine. Par ailleurs, l’Allemagne est touchée bien plus que prévue par le conflit ukrainien.

Les Etats-Unis qui avaient connu un deuxième trimestre flamboyant marquent le pas. Les ventes de détail ont reculé en septembre. La faiblesse des augmentations salariales et des gains de productivité constituent des freins à l’expansion.

La Chine est confrontée à un ralentissement plus rapide que prévu de sa croissance. Les exportations à destination de l’Europe progressent moins vite qu’auparavant. Les possibilités d’accroissement de la production industrielle de la Chine sont de plus en plus limitées. La décision de développer le secteur tertiaire s’accompagne d’une érosion des gains de productivité et donc de la croissance. Par ailleurs, les tensions financières, compte tenu de l’endettement du secteur financier et des collectivités locales, constituent de sérieuses menaces.

L’Amérique Latine connaît également des difficultés. Le Brésil est en stagnation et doit gérer l’entre deux jeux (Mondial et Jeux Olympiques). Plusieurs pays d’Amérique Latine souffrent également de la chute des cours des matières premières.

Le ralentissement de l’économie mondiale se traduit par une chute rapide des cours des matières premières et de l’énergie d’autant plus que leur progression, depuis 2006, avait favorisé la réalisation de nombreux investissements. Avec le développement du gaz de schiste et du pétrole bitumineux, l’offre de gaz et de pétrole s’est fortement accrue. Les pays producteurs vont devoir se coordonner pour tenter d’éviter une chute du cours du pétrole autour de 80 dollars du baril. Ce qui est vrai pour l’énergie, l’est également pour de nombreuses matières premières comme l’or ou le cuivre.

A ce contexte délicat, il faut ajouter la crise sanitaire provoquée par Ebola qui pourrait pénaliser les secteurs du tourisme et des transports aériens. Cette maladie pourrait freiner les échanges avec l’Afrique qui connaissait une forte croissance depuis plusieurs années. La crise en Irak et en Syrie tout comme la persistance de celle en Ukraine ne sont pas non plus des facteurs positifs même si pour le moment la première n’a aucune incidence en ce qui concerne les prix du pétrole.

Les marchés financiers sont dans l’attente de l’éventuelle remontée des taux qui pourrait être décidée par les banques centrales américaine et anglaise. Les investisseurs trouvent, de plus, que la BCE met peu d’énergie à mettre en œuvre son plan anti-déflation du mois de septembre.

Avec le fort recul des bourses, jeudi 16 octobre, la BCE et la FED ont vite réagi. La FED a laissé entendre que le quantitative easing qui devait s’achever en octobre pourrait être prolongé au regard de l’évolution des prix et des derniers résultats économiques. La BCE a indiqué, de son côté, qu’elle achèterait rapidement des titres privés afin de favoriser le crédit.

Même si un rebond est intervenu vendredi, la tendance reste baissière. L’absence d’initiative forte de la part du G20 ou du Conseil européen en ce qui concerne la zone euro constitue une source d’inquiétudes pour les investisseurs. Les difficultés internes de la zone euro et les désaccords de plus en plus visibles entre les gouvernements français et allemand ne favorisent pas la restauration de la confiance.