18 septembre 2015

Les échos de la conjoncture

Petit benchmark mondial pour nous prouver que nous ne sommes pas si ridicules que cela

Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne, a publié une étude sur le poids de l’Union européenne par rapport aux grandes puissances économiques mondiales. Cette étude souligne que l’Union en tant que structure globale demeure une des principales puissances mondiales.

Au niveau démographique, 7 % de la population mondiale vit au sein de l’Union européenne. Avec 506 millions d’habitants en 2013, l’UE n’est dépassée que par la Chine (1 357 millions d’habitants, soit 19,1 % de la population mondiale) et par l’Inde

(1 252 millions, soit 17,6 %). Les États-Unis disposent d’une population de 316 millions d’habitants représentant  4,4 % de la population mondiale. L’Indonésie pèse 250 millions d’habitants soit 3,5 % de la population mondiale et le Brésil possède 200 millions d’habitants soit 2,8 % de la population mondiale.

Les projections démographiques indiquent que la population mondiale pourrait augmenter de près de 3 milliards au cours des prochaines décennies, passant de 7,1 milliards d’habitants en 2013 à près de 10,0 milliards en 2060. A cette date, l’Inde devrait compter 1 644 millions d’habitants, soit 16,5 % de la population mondiale, la Chine 1 313 millions d’habitants, soit 13,2 % de la population mondiale. D’ici à 2060, la plupart des membres du G20 devraient voir diminuer leur part dans la population mondiale. Au total, la population de l’ensemble des membres du G20 ne devrait plus représenter qu’un peu plus de la moitié de la population mondiale en 2060 (52,3 %), contre près des deux tiers en 2013 (64,3 %). Le poids de l’UE dans la population mondiale devrait lui aussi diminuer à l’avenir en passant de 7,1 % en 2013 à 5,3 % en 2060.

L’Europe est entrée dans un cycle rapide de vieillissement de sa population. En 2012, l’espérance de vie à la naissance atteignait 80 ans dans l’UE. Parmi les pays du G20 non-membres de l’UE, l’espérance de vie était la plus élevée au Japon (84 ans), en Australie (83 ans), au Canada (82 ans) ainsi qu’en Corée du Sud (81 ans), et la plus faible en Afrique du Sud (59 ans), en Inde (66 ans), en Russie (69 ans) et en Indonésie (71 ans).

L’Union européenne se caractérise par un taux de dépendance des personnes âgées élevé, le deuxième plus élevé après le Japon. La dépendance des personnes âgées, mesurée comme le rapport entre le nombre de personnes âgées (65 ans et plus) et le nombre de personnes en âge de travailler (de 15 à 64 ans), était de 40,5 % au Japon en 2013, de 27,5 % au sein de l’UE (27,5 %), de 22,2 % au Canada, de 21,5 % en Australie et de 21 % aux États-Unis. D’ici à 2060, tous les membres du G20 devraient connaître une hausse considérable du rapport de dépendance des personnes âgées. Ce dernier devrait dépasser 70 % en Corée du Sud et au Japon (respectivement à 73,5 % et 73,3 %), où la structure de population serait alors de 7 personnes âgées pour 10 personnes en âge de travailler. Dans l’UE, le taux de dépendance des personnes âgées devrait presque doubler d’ici à 2060, passant de 27,5 % en 2013 à 50,2 %.

En rassemblant 7 % de la population mondiale, l’Union européenne produit le quart du PIB mondial (23,7 %). Elle dépasse les Etats-Unis (22,2 %), la Chine (12,1 %) et le Japon (6,5 %).

En 2014, les États-Unis et la Chine ont également été les deux principaux partenaires commerciaux de l’UE, comptant respectivement pour 15,3 % et 13,8 % du commerce total des marchandises extra-UE ainsi que pour 28,5 % et 4,1 % du commerce total de services extra-UE.

En ce qui concerne la recherche et le développement, la Corée du Sud (4,04 %), le Japon (3,39 %), les États-Unis (2,79 %) et l’Australie (2,39 %) affichaient des parts de dépenses de R&D par rapport au PIB supérieures à celle de l’UE (2,02%).

Pour ce qui est des finances publiques, le ratio le plus élevé en 2013 de la dette des administrations publiques par rapport au PIB a été relevé parmi les membres du G20 par le Japon (243,2 %), loin devant les États-Unis (104,2 %), le Canada (88,8 %) et l’UE (85,4 %). À l’opposé, les taux les plus faibles ont été enregistrés en Arabie saoudite (2,7 %), en Russie (13,9 %), en Indonésie (26,1 %) et en Australie (28,6 %).

Moins de 20 % de la population déclarante a utilisé internet en 2013 en Inde (15 %) et en Indonésie (16 %), contre plus de 80 % de la population concernée au Canada et au Japon (86 % chacun), en Corée du Sud (85 %), aux États-Unis (84 %) et en Australie (83 %). Dans l’UE, la part d’utilisateurs d’internet s’élevait à 77 %.

Dans les pays du G20 non-membres de l’UE, le nombre de voitures particulières par millier d’habitants variait, en 2013, de moins d’une pour dix personnes en Inde (20 ‰), en Indonésie (77 ‰) ainsi qu’en Chine (91 ‰) à plus d’une pour deux dans l’UE (567 ‰), au Japon (603 ‰), au Canada (635 ‰), en Australie (722 ‰) et aux États-Unis (790 ‰).

L’UE figure parmi les chefs de file du G20 en matière d’environnement et d’énergies renouvelables. En ce qui concerne l’environnement, l’UE a enregistré 7,4 tonnes d’émissions de dioxyde de carbone par habitant en 2012. L’Australie (17,5 tonnes), les États-Unis (17,1), l’Arabie saoudite (17,0 en 2010), le Canada (15,8), la Corée du Sud (12,5), la Russie (11,6), le Japon (10,0) et l’Afrique du Sud (9,0 en 2010) ont tous généré plus d’émissions par habitant que l’UE.

Produisant 27,8 % de l’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables et de déchets, l’UE figurait également parmi les membres du G20 affichant les meilleurs résultats en matière d’énergies renouvelables; seuls le Brésil (82,5 %) et le Canada (63,3 %) ayant des proportions plus élevées.

 La Chine tombera-t-elle toute seule ?

Le ralentissement de la Chine et des pays émergents génèrent une série de conséquences pour les autres pays. En effet, l’intégration économique et financière entraîne des réactions en chaîne. Les différents Etats ou zones économiques ne sont pas impactés de la même façon. Les principales victimes de la diminution de la croissance des pays émergents d’Asie sont les pays émergents d’Asie eux-mêmes, le Japon et la Russie ainsi que l’Australie. Arrivent ensuite, presque à égalité la zone euro et les Etats-Unis.

Le ralentissement des émergents qui s’accompagne d’une dépréciation de leur monnaie devrait peser sur les importations. Or, l’Europe exporte plus que les Etats-Unis et devrait être donc plus pénalisée. Le poids des émergents et de la Chine dans les exportations est, en effet, deux fois plus élevé dans la zone euro qu’aux Etats-Unis. Cette situation prévaut également pour les importations des pays producteurs d’énergie et de matières premières. Le recul de la croissance dans les pays émergents et en Chine a conduit à un recul de la consommation mondiale de matières premières et à un recul des prix des matières premières. L’Europe tire davantage profit que les Etats-Unis de cette baisse des cours d’autant plus que pour ces derniers, la chute des coûts du pétrole induit une contraction de l’investissement du secteur de l’énergie.

La situation des pays d’Amérique Latine est assez contrastée. Le Brésil qui exporte beaucoup en Chine serait pénalisé. Les pays exportateurs de pétrole comme la Colombie ou le Venezuela sont impactés par la chute des cours du pétrole. L’Argentine ou le Chili peuvent tirer profit de la baisse des cours de l’énergie mais sont touchés par la diminution des prix des produits alimentaires ou de ceux des matières premières (cuivre par exemple). La perte de croissance est évaluée à un quart de point au Brésil à près de 0,75 point au Japon. Pour l’Europe, la croissance serait amputée en 2016 et 2017 de près de 0,3 point.

Au niveau financier, l’inversion des flux de capitaux profite davantage aux Etats-Unis. L’éventuel relèvement des taux d’intérêt et la bonne tenue de la croissance américaine entraînent des transferts de capitaux quand l’Europe pâtit de son manque d’unité et des tensions à ses frontières ainsi que du problème grec. Le marché « actions » est, dans ces conditions, sur moyenne période, mieux orienté aux Etats-Unis qu’en Europe.

 Perte de pouvoir d’achat pour les salariés en 2013

L’INSEE vient de publier les résultats définitifs de l’évolution des salaires en 2013. Ils soulignent que les salariés ont enregistré cette année-là une perte de pouvoir d’achat qui fait suite à celle de 2012. La suppression du dispositif d’exonération des heures supplémentaires a également contribué à la dégradation du pouvoir d’achat des salariés les plus modestes.

En 2013, les salariés du secteur privé ou d’une entreprise publique (hors apprentis et stagiaires) ont gagné en moyenne en équivalent temps plein 2 912 euros bruts par mois et 2 202 euros nets des prélèvements à la source). En euros courants, le salaire brut moyen augmente de 1,3 % par rapport à 2012 et le salaire net de 0,6 %, Cet écart entre rémunération brute et nette s’explique principalement par l’abrogation du dispositif d’exonération de cotisations salariales des heures supplémentaires dans le cadre de la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (TEPA). Cet écart est particulièrement prononcé pour les ouvriers, qui sont davantage concernés que les cadres et les professions intermédiaires par la prestation d’heures supplémentaires. Il s’explique aussi, mais dans une moindre mesure, par la hausse du taux de cotisations salariales pour la branche vieillesse au 1er  janvier 2013 (+ 0,1 point).

En 2013, le salaire net moyen en euros courants progresse moins vite qu’en 2012 (+ 0,6 % après + 1,6 %). L’inflation baisse également : en 2013, les prix à la consommation ont augmenté, en moyenne, de 0,9 %, après + 2,0 % en 2012. De ce fait, en euros constants, le salaire net moyen diminue de 0,3 % en 2013, soit à peu près autant qu’en 2012 (– 0,4 %).

En euros constants, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, le salaire net moyen baisse dans le tertiaire (– 0,6 %), mais progresse dans la construction (+ 0,5 %) et dans l’industrie (+ 0,4 %). Dans les services aux entreprises, dont relève l’intérim, le salaire moyen recule de 0,4 %. Hors intérim, il diminue plus nettement (– 1,9 % en euros constants), comme chez les intérimaires (– 1,8 %) : en effet, la part des intérimaires, dont les salaires sont en moyenne plus faibles, recule en moyenne annuelle, ce qui soutient le salaire moyen de l’ensemble des services aux entreprises.

Les revalorisations du SMIC ont permis une progression des salaires des catégories les moins qualifiées. Le SMIC a été revalorisé de 2 % (dont 0,6 % de « coup de pouce ») au 1er juillet 2012, puis de 0,3 % au 1er janvier 2013. En moyenne annuelle, le SMIC a augmenté de 1,3 % en euros courants. Néanmoins, l’évolution du SMIC n’a pas compensé, pour les ouvriers notamment, les effets de l’abrogation de la loi TEPA.

En 2013, le salaire net moyen des ouvriers diminue de 0,3 % en euros constants (après – 0,4 % en 2012). Il baisse de 0,4 % pour les ouvriers non intérimaires et de 2,0 % pour les ouvriers intérimaires. Le salaire net moyen des ouvriers qualifiés diminue légèrement (– 0,2 %), tandis que celui des ouvriers non qualifiés est en net repli (– 1,3 %). La part des emplois ouvriers les moins qualifiés diminue cependant tendanciellement, ce qui freine la baisse du salaire moyen des ouvriers.

Les cadres ne sont pas à la fête

En 2013, le salaire net moyen des cadres diminue davantage que celui des autres catégories (– 1,1 % en euros constants), et plus fortement qu’en 2012 (– 0,8 %). Contrairement à celui des autres catégories socioprofessionnelles, le salaire brut des cadres est également en baisse : il diminue de 0,5 % en euros constants. Ce recul peut s’expliquer en partie par l’évolution du volume d’heures supplémentaires (pour les cadres au forfait heure) et par celle des éléments variables de rémunération liés aux résultats de l’entreprise, comme les primes ou l’épargne salariale. Cette dernière est soumise au forfait social à la charge de l’employeur, dont le taux a augmenté de 8 % à 20 % en août 2012, modification qui joue pour la première fois en année pleine en 2013.

Le salaire net baisse cependant plus fortement que le salaire brut, du fait également de la fin des exonérations de cotisations salariales des heures supplémentaires et de la progression des autres cotisations salariales.

Le salaire médian baisse aussi

Le salaire net médian qui partage les salariés en deux groupes d’effectifs égaux, est de 1 772 euros par mois. Il est inférieur de 19,5 % au salaire net moyen et baisse de 0,1 % en euros constants, soit un peu moins que le salaire moyen (– 0,3 %). Les baisses de salaire sont plus prononcées à la fois dans la moitié basse et tout en haut de l’échelle salariale.

Les 10 % de salariés les moins bien rémunérés perçoivent un salaire net mensuel inférieur à 1 200 euros. Ce 1er décile (D1) est en baisse de 0,6 % en euros constants par rapport à 2012 (– 0,3 % chez les femmes et – 0,9 % chez les hommes). Tous les déciles de la moitié basse de l’échelle salariale reculent en euros constants. Ceux de la moitié haute restent stables, sauf le dernier qui recule de 0,2 %.

Les 10 % de salariés les mieux rémunérés perçoivent un salaire net mensuel supérieur à 3 544 euros (9ème décile). Les 1 % de salariés les mieux rémunérés perçoivent un salaire net mensuel supérieur à 8 061 euros (99ème centile). L’évolution du 99ème centile (– 0,5 % en euros constants) est négative pour les hommes (– 0,6 %), mais positive pour les femmes (+ 0,1 %).

Le rapport interdécile (D9/D1) entre les 9ème et 1er déciles de salaire progresse aussi légèrement (à environ 2,95). La part de masse salariale brute perçue par les 1 % des salariés les mieux rémunérés, un autre indicateur d’inégalité, continue de se replier légèrement en 2013. Elle atteint 6,1 %, après 6,2 % en 2012 et 6,3 % en 2011. Ce niveau est comparable à celui de 2004, mais reste supérieur à celui du milieu des années 1990.

En 2013, le salaire net moyen est stable pour les femmes tandis qu’il diminue pour les hommes (– 0,4 % en euros constants). À tous les niveaux de l’échelle salariale, les évolutions de salaire sont plus favorables aux femmes qu’aux hommes. Cela est dû tout d’abord à la hausse tendancielle de la part de cadres parmi les femmes salariées, ainsi qu’à une évolution du salaire moyen des femmes plus favorable que celle des hommes chez les employés et les cadres. Ainsi, entre 2012 et 2013, le salaire moyen des femmes employées augmente en euros constants (+ 0,2 %) alors qu’il stagne chez leurs homologues masculins. Le repli du salaire moyen des femmes cadres est nettement moins prononcé que celui des cadres hommes (– 0,6 % contre – 1,3 %). Pour les professions intermédiaires, les salaires diminuent de 0,2 % chez les femmes et de 0,3 % chez les hommes. Chez les ouvriers, en revanche, l’évolution des salaires en euros constants est plus favorable pour les hommes que pour les femmes (écart de 0,1 point au détriment de ces dernières).

Dans l’ensemble, l’écart salarial moyen entre femmes et hommes, en pourcentage du salaire des hommes, continue de baisser depuis 2008. Il diminue de 0,2 point entre 2012 et 2013, mais reste important. En 2013, une salariée gagne en moyenne, en EQTP, 19,0 % de moins que son homologue masculin. Cet écart varie de 8,0 % pour le 1er décile à 22,0 % pour le 9ème décile et 34,6 % pour le 99ème centile. Une partie de cet écart résulte d’effets de structure. À secteur d’activité, âge, catégorie socioprofessionnelle, condition d’emploi (temps complet, temps partiel) donnés, l’écart de salaire entre femmes et hommes diminue également entre 2012 et 2013 : il passe sous les 10 % (9,9 % en 2013).