3 janvier 2015

L’éternel retour de la tragédie grecque

Sans surprise mais néanmoins avec déception, aucun candidat n’a réussi à obtenir une majorité qualifiée pour occuper le poste de Président de la République. De ce fait, des élections législatives anticipées seront organisées le 25 janvier prochain. En l’état des sondages, le parti d’extrême gauche pourrait sortir gagnant des urnes à la grande peur des responsables politiques européens et des investisseurs.

Le responsable de la coalition de gauche radicale, Syriza, Alexis Tsipras, a appelé à renégocier les conditions du plan d’aide des Européens et du Fonds monétaire international (FMI) à la Grèce. Certes, il a atténué ses propos ces dernières semaines en ne parlant plus de mettre un terme au plan d’aide ou de sortir la Grèce de l’euro. Afin de fixer le cadre du débat, le commissaire européen à l’économie, Pierre Moscovici, qui suit ce dossier a précisé dans un communiqué officiel qu’« avec ce processus démocratique [les élections législatives anticipées], le peuple grec va à nouveau décider de son futur. Un engagement fort pour l’Europe et un support large des électeurs et des leaders politiques grecs pour des réformes en faveur de la croissance sera essentiel pour prospérer à nouveau au sein de la zone euro ».

La Troïka (FMI, BCE et Union européenne) a suspendu le versement de la dernière tranche du deuxième plan d’aide qui devait intervenir au 31 décembre 2014. Les versements sont conditionnés à la réalisation de progrès dans la gestion publique et à la mise en œuvre de réformes structurelles. Avant même les derniers soubresauts politiques, la Commission de Bruxelles considérait que le gouvernement grec faisait preuve d’un optimisme excessif dans la réduction du déficit et qu’il différait les réformes structurelles. Bruxelles a accordé un délai de deux mois afin que les pouvoirs publics grecs donnent des gages de bonne volonté. Il faudra après négocier un nouveau plan avec l’octroi notamment d’une ligne de précaution de 10 milliards d’euros permettant de rassurer les investisseurs sur la solvabilité future de la Grèce. Par ailleurs, il conviendra de retraiter, à un moment ou un autre, la dette de la Grèce qui atteint 175 % du PIB et qui ne s’est pas réduite en valeur relative du fait de la contraction du PIB.

Les dirigeants européens espèrent que Syrisa ne pourra pas accéder seul au pouvoir et que ce parti soit contraint de constituer une coalition avec des partis modérés. Il n’est pourtant pas certain que les électeurs grecs, après des années de sacrifices, consentent à accorder leur confiance aux partis de gouvernement même si la situation conjoncturelle s’améliore avec la sortie de la récession. La croissance pourrait atteindre cette année 2,9 %. Le chômage a commencé à baisser mais il demeure au-dessus de 26 %. Le déficit budgétaire est repassé en-dessous de 3 % du PIB, un excédent budgétaire est possible en 2015. Les sorties de crise sont toujours délicates au niveau politique.