3 janvier 2015

Quand consommation rime avec déflation !

Depuis maintenant une vingtaine d’années, la diffusion d’Internet modifie en profondeur nos comportements. Nous accédons à un espace quasi-infini de données dont un grand nombre sont gratuites. Les réseaux et les plates-formes collaboratives déplacent les frontières des marchés. Il est possible d’échanger des biens et des services au sein de larges communautés. La gratuité et le travail collaboratif se multiplient avec comme symbole comme Wikipédia. Ainsi, par facilité, par goût ou par rationalité économique, la société du partage qui peut être lucratif se met en place. Mais comment la comptabiliser pour le calcul du PIB ?

Internet avec son principe du coût marginal décroissant change la donne économique. Le secteur de la musique a été le premier à être confronté à cette révolution avec la diffusion gratuite de millions de morceaux. Il en a résulté une chute des ventes de disques et une atrophie du chiffre d’affaires des majors avec en parallèle une explosion de l’écoute de la musique. La vidéo et le livre sont également concernés.  Le numérique permet aux producteurs de mettre en ligne pour un coût marginal nul ses créations.

Les technologies de l’information aboutissent à affaiblir de nombreux intermédiaires. Ainsi, les agences de voyage ont perdu de leur raison d’être. Le travail est réalisé par des plates-formes en ligne. Il en résulte une baisse du chiffre d’affaires au moment même où le marché du tourisme explose.

Le recours à des plates-formes dotées d’outils logiciels de calcul, de comparaison se développe. Le secteur de la banque et de l’assurance est aujourd’hui touché. Des sites offrent la possibilité à des Internautes d’accéder à des techniques qui étaient, jusqu’à maintenant réservées aux professionnels. En 2015, une jeune société, Anatec, proposera aux épargnants une gestion de portefeuille automatisée.

Les techniques d’information, de géolocalisation permettent à tout un chacun de devenir hôtelier, chambre d’hôte, d’être chauffeur de voiture, de prêter ses outils, de financer son voisin ou une Pme en Sibérie orientale. Les succès de AirBnB, de Blablacar, des sites de crowdfunding prouvent qu’il y a bien un changement d’attitude vis-à-vis de la consommation. La comptabilisation de ces nouvelles activités n’est pas évidente tout comme leur taxation, d’autant plus que ces sites n’ont pas toujours leur siège social en France.

Ce mouvement de consommation alternative aboutit à réduire la demande en biens traditionnels. Il peut être destructeur brut d’emplois. Certes, le pouvoir d’achat libéré ou créé par ses activités devrait générer un surcroît de demande. Or, ce n’est pas le cas. La consommation par habitant baisse en France depuis plusieurs années. La montée du chômage, les augmentations des prélèvements avec en parallèle le maintien d’un taux élevé d’épargne expliquent cette situation.