16 août 2014

Quelles portes de sorties pour la stagnation ?

La stagnation n’est pas une fatalité comme le prouve le Royaume-Uni avec une croissance qui pourrait atteindre cette année 3,5 %. De même la reprise espagnole démontre qu’un assainissement peut conduire à un rebond. Certes, le chômage s’élève encore à 24 % et le niveau de richesse d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise.

Au sein de l’Europe, le débat risque d’être tendu dans les prochaines semaines. Le Gouvernement français a déjà commencé à demander un assouplissement des règles budgétaires afin d’éviter un approfondissement de la crise. Le Ministre de l’Economie, Michel Sapin, a souhaité l’engagement d’un plan de relance européen.

Or, aujourd’hui, la zone euro est surtout confrontée à un sous-investissement chronique et à une dégradation de sa compétitivité. Si effort, il y a, il devrait être centré sur l’investissement.

La question de la politique monétaire risque de se reposer. Au vu des résultats de l’économie américaine et de celle du Royaume-Uni, la politique de la Banque Centrale Européenne, peut apparaître trop timorée. Corsetée par son cadre réglementaire lui interdisant d’acheter des titres de dettes publiques sur le marché primaire, la BCE ne peut pas donner de l’oxygène aux économies européennes. Le recours à des outils non-conventionnels de manière plus massive s’impose. Il est fort à parier qu’au cours de la prochaine réunion de la BCE, de nouvelles mesures seront annoncées d’autant plus que l’Allemagne est désormais touchée par le ralentissement de la zone euro.

La France se trouve de plus en plus dans un corner. Sa croissance potentielle, la croissance que l’économie peut atteindre au regard de la situation des différents facteurs de production, baisse d’année en année. Elle se situe actuellement au mieux entre 1 et 1,5 %. Or, pour réduire le poids de la dette publique, un taux d’au moins de 2 % serait nécessaire.

Le faible taux d’emploi pénalise fortement l’économie. La population ayant un emploi se concentre sur les 30 – 55 ans, soit 25 ans. La précarité en début de carrière et le sous-emploi à partir de 55 voire 50 ans sont les règles de notre marché du travailPour accroître la croissance potentielle, des réformes structurelles s’imposent. Depuis l’adoption de l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013, la simplification du droit du travail est un peu au point mort, le gouvernement ayant mis l’accent sur les exonérations des charges sociales dont les effets ne se feront sentir qu’à compter de 2015.

L’hypothèque des 35 heures devrait un jour ou l’autre se reposer. Si les grandes entreprises ont pu s’accommoder des 35 heures à travers l’annualisation du temps de travail, il n’en est pas de même pour les PME.

Cette remise en cause des 35 heures devrait s’accompagner d’une refonte de la gouvernance des entreprises avec une montée en puissance de la cogestion. Il faut que les salariés soient associés à la conduite des entreprises. Un quart des sièges des conseils d’administration pourrait être réservé aux salariés. Il faut cesser d’opposer management – salariés- actionnaires. Il faut cesser de mettre en avant l’absence de maturité des syndicats pour rejeter la cogestion. C’est en avançant que la maturité viendra.

Une refonte du système de cotisation sociale pourrait également figurer sur la feuille de route. Le système actuel est mité de toute part et génère de multiples effets de seuil. L’instauration d’un abattement à la base sur les 500 premiers euros de salaires qui serait applicable au CDI et CDD mais pas au temps partiel et à l’intérim pour éviter des effets d’aubaine.

Sur la fiscalité, la réforme annoncée en début d’année devrait être reprise mais en mettant l’accent sur l’élargissement des assiettes, sur la suppression des niches avec en contrepartie une réduction des taux.

La France doit mettre sa législation d’ouverture des commerces et des activités culturelles en phase avec son statut de première destination touristique mondiale. Un effort d’investissement devrait être entrepris pour améliorer l’accueil des touristes (aéroports, gares…).