29 août 2015

Retour sur la semaine du 23 au 28 août

Un chômage chafouin en France

D’un côté, au mois de juillet, le nombre de demandeurs d’emploi, en catégorie A, a baissé de 0,1 % (soit 1 900 de moins par rapport au mois de juin), de l’autre côté, le nombre de demandeurs d’emploi toutes catégories a augmenté de 0,3 %. La France compte désormais 3 551 600 demandeurs d’emploi en catégorie A et 5 412 500 personnes sont inscrites à Pôle Emploi (catégories A, B, C).

Sur un an, la hausse est de 3,9 % pour les demandeurs catégorie A et de 6 % pour l’ensemble de demandeurs d’emploi. Depuis le mois de juillet 2012, la France compte 530 800 demandeurs d’emploi de plus soit une hausse de 17 %.

Les résultats du mois de juillet sont rarement bons en raison de l’inscription des jeunes en fin d’études au chômage et à la fin de nombreuses missions d’intérim ou de CDD. Cette année, la stabilisation du chômage au mois de juillet confirme la tendance enregistrée en ce qui concerne l’emploi marchant au cours du deuxième trimestre. En effet, l’emploi marchand dans le secteur non agricole a augmenté, de mars à juin, de 27 000. Si l’industrie et la construction sont à la peine, le secteur des services a renoué avec les créations d’emploi.

Au mois de juillet, il est à noter que le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a reculé de 0,7 %. En revanche, les actifs seniors sont toujours fortement touchés par les licenciements. 858 900 demandeurs d’emploi ont plus de 50 ans. Leur nombre est en hausse de 0,7 % en juillet et de 8,3 % sur un an. Les entreprises continuent à se délester des salariés les plus âgés. Il y a un réel problème avec l’emploi des seniors en France dont l’acuité s’accroît de mois en mois.

L’autre point noir du chômage, en juillet, reste l’augmentation de sa durée moyenne. Le nombre de demandeurs d’emploi de plus d’un an a progressé de 0,6 % sur un mois et de 9,9 % sur un an.

Au niveau des régions, la Corse reste de loin la région qui connaît sur un an la plus forte progression du chômage (catégories A, B, C), 10,7 % contre une moyenne nationale de 6,7 % (Pour la seule catégorie A, la hausse est de 6,2 %). Suivent l’Aquitaine et Rhône-Alpes avec des hausses respectives de 8,6 et 8,4 %. Parmi les régions connaissant les plus faibles progressions figurent le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie.

Compte tenu des aléas saisonniers, le résultat du mois de juillet n’est pas significatif. Le mois de septembre sera le véritable juge de paix d’une éventuelle amélioration du marché de l’emploi.

L’amélioration du taux d’utilisation des capacités de production pourrait déboucher sur des créations d’emploi dans les prochains mois. L’impact du CICE commence à se faire ressentir tout comme la baisse de l’euro qui améliore sensiblement la compétitivité des produits français à l’exportation. Par ailleurs, il ne faut pas négliger les départs à la retraite qui sont, en règle générale, plus importants au cours du second semestre, près de 700 000 départs à la retraite sont attendus cette année.

Un climat des affaires au top !

Si le climat des affaires est au plus haut, en revanche, les industriels français ne sont toujours pas enclins à  investir. Pire, selon une étude récente de l’INSEE, pour les 2015, ils ont revu en forte baisse leurs prévisions d’investissement. Elles passent de 7 % en avril à 2 % en juillet. Cette révision à la baisse concerne essentiellement les secteurs de la fabrication de matériel de transports avec un recul maqué pour l’automobile (de + 15 à +2 %). En revanche, les industriels de l’agro-alimentaire ont relevé de 4 points leurs prévisions d’investissement.

Cet optimisme est en phase avec les derniers résultats de l’industrie qui sans être exceptionnels démontrent que l’activité est soutenue par les exportations. En effet au mois de juin, le chiffre d’affaires des entreprises de l’industrie manufacturière s’il n’a progressé que de 0,1 % après une hausse en mai de 1,1 % a enregistré une hausse de 2,6 % à l’exportation. Cela semble confirmer que l’impact de la dépréciation de l’euro. ).Sur l’ensemble de l’industrie, le chiffre d’affaires est également quasi stable.

Sur l’ensemble du deuxième trimestre 2015, le chiffre d’affaires progresse dans l’industrie manufacturière de 0,8 % comme dans l’ensemble de l’industrie. Sur un an, la hausse est de 0,6 %.

La construction toujours à la traîne en Europe

A fin juin, la production dans le secteur de la construction était toujours à la peine. Elle a baissé de 1,9 % en juin par rapport au mois de mai au sein de la zone euro. Elle se situe 30 points en dessous de son niveau d’avant crise (décembre 2007).

Sur un an, de juin 2014 à juin 2015, la production dans le secteur de la construction est en recul de 2,3 %. Les baisses les plus fortes ont été enregistrées en Slovénie (-12,2 %), en France (-6,8 %), en Pologne (-4,7 %) mais aussi en Allemagne (-3,9 %). Les hausses d’activité les plus importantes ont concerné la Slovaquie (+24,1 %), les Pays-Bas (15,8 %) et la Roumanie (+13,1 %).

Le Royaume-Uni trace sa route

Le taux de croissance du Royaume-Uni a été, au deuxième trimestre, de 0,7 % soit le même taux qu’au premier. En base annuelle, la croissance dépasse 2,6 %. Cette croissance s’appuie sur une reprise de l’investissement des entreprises, +2,9 % toujours pour le deuxième trimestre. La production dans les services et dans l’industrie a progressé de 0,7 %. En revanche, dans la construction, la hausse n’est que de 0,2 %.

Le PIB britannique est désormais 5,2 % au-dessus de son niveau du premier trimestre 2008, avant la grande récession.

Etats-Unis, un pas devant, un pas de côté

Après révision, le taux de croissance a atteint 3,7 % au deuxième trimestre soit un gain de 1,4 point par rapport à la première évaluation. Le rebond espéré a donc bien eu lieu après le décevant premier trimestre, +0,6 %. Ce sont les consommateurs qui ont porté la croissance. La consommation représente les deux tiers du PIB aux Etats-Unis. Elle a progressé de 3,1 % au deuxième trimestre contre 1,8 % au premier. Les investissements qui étaient à la peine au premier trimestre ont progressé assez vivement au deuxième, + 3,2 %. Il est à noter que pour la première fois depuis 2012, les dépenses publiques sont en hausse, +2,6 %. Malgré l’appréciation du dollar, les exportations ont augmenté de 5,2 % mais il faut souligner qu’elles avaient été handicapées par la grève des dockers au cours du premier trimestre.

La croissance pour le troisième trimestre pourrait être de 2,5 %. Dans ces conditions, la FED augmentera-t-elle les taux au mois de septembre au cours de sa réunion du 16 et 17 ?

Certains considèrent que la FED après un long travail de teasing doit relever les taux afin de faire cesser les anticipations. Ils réclament la hausse des taux afin également de redonner des marges de manœuvre aux autorités monétaires. D’autres jugent, au contraire, qu’il faut différer cette hausse au moins jusqu’en décembre afin d’apprécier l’impact du ralentissement économique de la Chine et des émergents.

Les partisans du report de la hausse pourront s’appuyer sur la progression moins rapide que prévu de la consommation au mois de juillet. Elle n’a augmenté que de 0,3 % quand elle était attendue à +0,4 %. L’indice de confiance des consommateurs est, par ailleurs, en baisse à 91,9 en août contre 92,9 en juillet. Le consensus l’avait placé en très légère hausse à 93.