8 février 2015

Turquie, patron du G20

La Turquie est devenue au fil des années un acteur incontournable au niveau économique grâce à la puissance de son industrie et à son savoir-faire commercial.

En 2015, la Turquie est au cœur de l’actualité car elle préside le G 20. Dans le cadre de cette présidence, le pays souhaite mettre l’accent sur la réduction des inégalités et la hausse des investissements. Par ailleurs, d’importantes élections législatives sont prévues au mois de juin. En l’état actuel, le parti au pouvoir, l’AKP, a de fortes chances de les remporter renforçant d’autant le Président Recep Tayyip Erdogan.

Au niveau économique, la Turquie veut renforcer son positionnement de pays émergent situé entre l’Europe, l’Asie et le Moyen Orient. Le symbole de ce positionnement est l’essor, année après année, des aéroports d’Istanbul qui se placent au 4ème rang européen. En 2013 comme en 2014, leur croissance a été supérieure à 10 %. La compagnie Turkish Airlines a enregistré une croissance de plus de 13 % en 2014.

Sur le plan conjoncturel, la Turquie a souffert du ralentissement de la zone euro qui demeure son principal client et des guerres à ses frontières. Plus de 1,7 million de réfugiés vivent à proximité des frontières avec la Syrie. La forte inflation et la raréfaction des capitaux d’origine étrangère ont freiné la croissance en 2014. La baisse des cours des matières premières et de l’énergie constitue, en revanche, une aubaine afin d’améliorer le solde commercial.

Le taux de croissance qui s’élevait à plus de 8 % en 2010 et 2011 est redescendu à 3,3 % en 2014.

Le Président turc se bat pour obtenir de la Banque centrale une baisse des taux afin de relancer l’économie et cela le plus tôt possible afin de renforcer son parti à quelques mois des élections. Le maintien d’un fort taux d’inflation empêche une baisse rapide des taux  même si la Banque centrale a, le 20 janvier dernier, réduit son taux des prises de pension de 8,25 à 7,75%. Cette réduction de 50 points a été jugée insuffisante par plusieurs ministres d’autant plus que la Banque centrale a laissé inchangé son taux au jour le jour.

Le taux d’inflation a décéléré, au mois de décembre, à 8,17% contre 9,15% en novembre mais reste nettement au-dessus de l’objectif de 5% de la banque centrale.

Les autorités turques espèrent une croissance de 4,4 % en 2015 et supérieure à 5 % en 2016. Le FMI est un peu moins optimiste avec un taux de croissance de 3,4 %  pour les deux années. Le FMI a, en 2014, souligné que la Turquie, malgré ou à cause de sa forte croissance, était dans une situation de vulnérabilité, l’inflation et le déficit commercial menaçant l’équilibre économique du pays.

Les autorités turques ne croient plus à l’adhésion de leur pays à l’Union européenne. Les dirigeants critiquent de plus en plus la politique économique européenne qu’ils considèrent trop malthusiennes. Ils mettent également en avant l’absence de solidarité européenne.