Grèce, Antigone a-t-elle perdu ?
Le nouveau gouvernement grec aurait aimé se draper dans les habits d’Antigone mais le retour aux dures lois de la réalité l’a emporté et semble donner raison à Créon qui pourrait être, en 2015, de nationalité allemande…
Le Ministre de l’Economie grec, Yanis Varoufakis, a dû accepter en grande partie les conditions de l’Eurogroupe et en particulier celles défendues par le Ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble.
L’Eurogroupe a accepté une prolongation jusqu’en juin du double «plan de sauvetage» négocié en 2010 et 2012 mais sous réserve de la fixation par le gouvernement grec d’un calendrier de réformes et avec la mise en place de vérifications strictes. Par ailleurs, les 7 milliards d’euros de rallonge espérés par la Grèce ne sont pas débloqués dans l’immédiat. Athènes devra adresser à l’Eurogroupe d’ici lundi une «première liste» de réformes et de projets confirmant les engagements pris par les gouvernements précédents. Une seconde liste, plus exhaustive, devra être élaborée au plus tard en avril. Entre temps, après examen probant à Bruxelles, les fonds pourront être libérés.
Le gouvernement de Tsipras peut mettre en avant le fait que la Grèce a obtenu un peu de temps pour présenter les projets de réforme. Même si les engagements passés devront être respectés, le nouveau gouvernement peut décider de proposer de nouvelles mesures plus en phase avec ses engagements. Néanmoins, les marges de manœuvre apparaissent faibles pour le nouveau pouvoir qui va devoir expliquer à ses députés et à son opinion qu’il a fait le maximum sans entrainer le pays dans le chaos.
Les négociations se sont déroulées sur fond de chantage. Les menaces de sortie de la Grèce visaient à mettre le nouveau gouvernement devant ses responsabilités. Ce dernier savait également que le prix à payer pour les pays membres de la zone euro de la sortie de la Grèce était élevé. En effet, au-delà du risque d’effacement des 321 milliards d’euros de dette grecque, les pays membres auraient dû prendre de nouvelles mesures pour se prémunir d’une éventuelle contagion et pour faire face au problème du précédent. Si l’Europe n’était pas capable de sauver un soldat qui pèse moins de 3 % du PIB de la zone, comment pourrait-elle sauver un pays dont le poids économique serait supérieur ? Le bras de fer semble avoir tourné en faveur des créanciers. L’arrêt des plans d’aide de la Troïka aurait placé automatiquement la Grèce en état de banqueroute et au banc des nations. Le non-paiement des fonctionnaires et le non versement des prestations sociales auraient provoqué une situation politique et sociale des plus complexes.