La Grèce apprend l’art du compromis
Les négociations auront été finalement assez courtes. La Grèce qui avait besoin d’une nouvelle tranche d’aide ne pouvait guère jouer la montre. De son côté, les représentants de la Troïka rebaptisé « les Institutions » ne souhaitaient pas un pourrissement du dossier au moment où l’Europe commence à sortir la tête de l’eau. Le point clef était d’éviter l’humiliation d’une des parties. Si le Gouvernement grec a dû accepter les conditions des Ministres des finances de la zone euro, il peut se prévaloir d’avoir obtenu une liberté relative dans le choix des réformes structurelles à mettre en œuvre. La Grèce a ainsi obtenu l’extension pour quatre mois du programme de financement. Elle est conditionnée par l’obtention, d’ici la fin du mois d’avril, d’un accord sur les réformes à appliquer. Ce dernier permettra le versement de l’aide financière européenne en suspens : 1,8 milliard d’euros du FESF et 1,9 milliard d’euros de la BCE. Le versement des 3,5 milliards d’euros du FMI nécessitera une négociation spécifique.
Les autorités grecques ont dû s’engager à poursuivre les réformes structurelles. Mais, désormais, elles ont le choix des mesures à prendre. Les réformes à mettre en œuvre restent soumises à approbation des Institutions. Le Gouvernement grec a promis de ne pas abroger les réformes adoptées depuis 2010.
Le programme électoral de Syriza sera, dans ces conditions, différé ou enterré (hausse du salaire minimum, baisse des impôts, augmentation des pensions les plus modestes).
La situation de la Grèce est d’autant plus compliquée que d’ici le mois d’avril elle doit rembourser 1,5 milliard d’euros au FMI et que l’accès au Fonds Hellénique de Stabilité Financière est soumis à l’accord de la BCE. Mais, si à court terme, la Grèce devra faire face à de nombreuses contraintes, le nœud coulant pourrait se desserrer après le mois d’avril. En effet, les banques grecques pourraient accéder à nouveau aux opérations de refinancement de la BCE. En outre, avec cet accord, les fuites de capitaux qui ont atteint depuis le mois de décembre plus de 20 milliards d’euros pourraient se réduire.
D’ici le mois de juin, il faudra également se mettre d’accord sur le niveau de l’excédent primaire Le Gouvernement grec souhaite fixer un objectif entre 1,5 et 2 % du PIB quand les Institutions proposent 4 à 4,5 % du PIB. La première option impose une aide accrue de l’Europe et une restructuration de la dette. Logiquement, en vertu de l’accord de 2012, il est prévu de ramener la dette publique en 2020 à 124 % du PIB contre 175 % du PIB actuellement.
Aléxis Tsípras doit, dans les prochaines semaines, faire accepter par sa majorité le compromis en soulignant les avancées obtenues par la Grèce en termes de marges de manœuvre et de calendrier. Cet exercice permettra de vérifier ma solidité de la coalition Syriza et Anel avant de se lancer dans de nouvelles discussions.