Le Coin des Tendances du 16 avril 2016
L’obsolescence commerciale avant l’obsolescence programmée
Du fait d’une concurrence accrue et d’une tendance au vite vu, vite consommé, vite jeté, les cycles de vie des produits tendent à se raccourcir. Dans de nombreux, les distributeurs sont contraints d’accélérer le renouvellement de leur offre afin de s’adapter à cette exigence de changement continu. Certes, les modifications s’effectuent au fil de l’eau et sont programmées dès la conception initiale des produits. Les versions se succèdent de manière rapide sans pour autant amener de réelles ruptures. Les secteurs de l’information et de la télécommunication ont imposé leur rythme de vie aux autres secteurs d’activité. Apple se doit d’annoncer, deux fois par an, des nouveautés afin de prouver sa supériorité face à Samsung. Des marques de vêtements comme Zara ont construit leur succès en raccourcissant la vie commerciale de leurs produits. Il n’y a plus deux saisons pour les habits, il y en plusieurs par saison. Cela répond au besoin de changement des consommateurs. Par ailleurs, la personnalisation nécessite des séries limitées en volume et en temps. Les firmes automobiles sont contraintes de renouveler en permanence pour des raisons techniques et de marketing. Auparavant, un modèle pouvait durer douze ans avec une ou deux retouches intermédiaires. Aujourd’hui, cinq ou six ans constituent des durées de vie classiques. Par ailleurs, un constructeur généraliste proposait dans les années 80 quatre ou cinq gammes différentes (R5, R19, R20/30 et Espace pour Renault). Aujourd’hui, ils proposent plus de 10 gammes de véhicules comportant plus d’une centaine de modèles.
Economie circulaire, combien de légions ?
La notion d’économie circulaire a été introduite dans le droit français par la loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015. Elle couvre les process de production et de consommation ayant comme objectif de dépasser le modèle économique linéaire consistant à extraire, fabriquer, consommer et jeter. L’objectif de l’économie de circulaire est de limiter autant que possible tous les déchets tant durant la production que durant la consommation. Les entrants doivent être dans leur intégralité utilisés et recyclés tout comme les produits commercialisés.
L’économie circulaire repose sur le principe du découplage de la hausse de la consommation des ressources et la croissance du PIB. Pour mesurer la circularité d’une économie, l’indicateur idéal est de mesurer l’empreinte environnementale liée à la consommation finale, qui regroupe l’ensemble des consommations de ressources et des impacts environnementaux associés, en prenant en compte le cycle de vie complet de chaque bien et service, de l’extraction des ressources à la fin de vie et cela à l’échelle mondiale. L’externalisation de la production dans les pays émergents est ainsi prise en compte.
Si un Français consommait en moyenne environ 14 tonnes de matières par an durant les années 1990 et cela jusqu’à la crise de 2008, il n’en consomme plus que 12 tonnes en 2013. Ce résultat est la conséquence de la rupture économique intervenue en 2008/2009 s’accompagnant d’une rapide désindustrialisation et de la mise en place de process plus économes en matières premières. Les investissements développés ces dix dernières années commencent à porter leurs fruits.
Avec 14,4 kilogrammes de déchets par jour et par habitant en 2012, la France se situe au-dessus de la moyenne des pays de l’Union européenne. Les Allemands, les Britanniques et les Italiens produisent moins de déchets. La construction est responsable d’une grande partie des déchets, 70 % des déchets en France sont issus des activités de travaux publics et du bâtiment.
Un Français produit 1,3 kg de déchets ménagers par jour en 2012 contre 1,2 kg en 2004. En France, 60 % des déchets produits par les activités économiques ou les ménages sont valorisés, soit par recyclage de la matière, soit par incinération/récupération d’énergie. Ce ratio est très supérieur à la moyenne européenne (46 % en 2012) mais en deçà des performances allemandes (76 %) ou danoises (70 %). En 2013, 20 % des déchets municipaux sont recyclés, 32 % sont incinérés avec valorisation énergétique et 17 % font l’objet d’une valorisation organique par compostage ou méthanisation. 30 % des déchets qui sont mis en décharge ou incinérés sans valorisation énergétique. Ce taux s’est nettement réduit depuis 1995 où il atteignait 55 %. Les pays du nord de l’Europe valorisent plus de 90 % de leurs déchets municipaux
Les emplois liés à l’économie circulaire tendent à s’accroître même si le classement des emplois peut porter à débat. Les emplois dits circulaires étaient évalués en 2014 à près de 800 000 (Emplois en équivalent Temps Plein), soit plus de 3 % de l’emploi global. Plus de la moitié est employée par les éco-activités, le reste par la réparation, la location et le marché de l’occasion.
Le secteur de la réparation est le plus gros pourvoyeur d’emploi de l’économie circulaire, avec plus de 200 000 ETP, soit un quart des actifs. La réparation automobile y occupe une place centrale, soit un emploi sur deux. L’emploi y a néanmoins baissé parallèlement à la baisse des ventes d’automobiles depuis 2008, et ce d’autant que la fiabilité croissante des véhicules aurait allongé la période entre deux entretiens.