Le Coin des tendances du 2 juillet 2016 – Internet et Education
Les ménages prêts pour la révolution digitale ?
En 2015, plus de 80 % des habitants des économies avancées ont accès à Internet à haut débit. Par ailleurs, les ventes de smartphones ont dépassé celles des téléphones mobiles traditionnels. Au sein des pays de l’OCDE, le marché est en voie de saturation conduisant à une stagnation des ventes. Au niveau mondial, 43 % de la population mondiale accédaient régulièrement à Internet, tandis que 4 milliards de personnes ne le pouvaient. Le prochain milliard de personnes à accéder à l’Internet se connectera probablement par le biais de dispositifs mobiles. Le Danemark, l’Islande et la Norvège affichent les taux de connectivité les plus élevés – plus de 95 % de leur population adulte.
Les pays de l’OCDE affichent en moyenne 28,8 abonnements au haut débit fixe pour 100 habitants, avec des moyennes nationales qui s’échelonnent entre 11,2 % au Mexique et 50,5 % en Suisse. On compte en moyenne 85,5 abonnements au haut débit mobile pour 100 habitants dans les pays de l’OCDE, avec des chiffres allant de 34,4 % en Hongrie à 138,8 % en Finlande. Dans les pays de l’OCDE, la part de la fibre dans les abonnements au haut débit fixe s’élève à 17,9 %, contre 31,5 % pour le câble et 47,6 % pour la technologie DSL. La part de la fibre dans le total des abonnements au haut débit va de 0,2 % en Grèce à 72,6% au Japon.
L’équipement de masse en smartphone modifie en profondeur les modes de promotion et de distribution des biens et services. Ils permettent la multiplication des opérations commerciales et financières en ligne. Le recours au quotidien aux plateformes de services comme l’auto-partage ou la location de logements est intimement lié à la diffusion des smartphones au sein de la population. Le paiement en ligne sans support matériel est la nouvelle frontière à franchir.
Des progrès à réaliser dans le monde de l’entreprise
En 2014, près de 95 % des entreprises des pays de l’OCDE avaient accès au haut-débit, 76 % disposaient d’un site web et 50 % pratiquaient le commerce électronique. Parmi les entreprises de plus de 250 salariés, 40 % avaient recours au Cloud computing, contre moins de 30 % des PME. Plusieurs études de l’OCDE prouvent que le recours aux techniques avancées de gestion de l’information permet des gains de productivité. Elles montrent notamment que les entreprises qui exploitent et analysent les données collectées notamment à partir des capteurs placés sur les équipements peuvent accroître la productivité de la main-d’œuvre de 5 à 10 %.
L’OCDE souligne que trop peu d’entreprises utilisent des outils de gestion automatisée de la chaîne logistique. Les coûts d’accès aux infrastructures numériques et aux données, et les inquiétudes soulevées par les risques de sécurité ainsi que la protection de la vie privée sont autant de freins à l’investissement.
Au cours de la période 2001-13, les investissements des pays de l’OCDE dans les TIC, notamment les dépenses d’infrastructure, les investissements dans les installations de transmission et les dépenses logicielles des entreprises, ont chuté de 3,4 % à 2,7 % du PIB (passant de 14,8 % à 13,5 % de l’investissement total). Les études menées par l’OCDE au niveau des entreprises révèlent que, pour porter leurs fruits, les dépenses en TIC doivent s’accompagner d’investissements dans le développement des compétences ainsi que de dépenses connexes visant à intégrer les technologies numériques avancées aux modèles économiques et aux processus d’entreprise.
L’OCDE constatent que les Etats membres ne coopèrent que faiblement pour élaborer leur stratégie numérique Or une coordination accrue faciliterait la prise en charge de problématiques épineuses – sécurité, protection de la vie privée, obstacles réglementaires – qui brident l’essor des plateformes mettant en relation les particuliers ou des services tels que la télémédecine.
Selon le rapport « One Internet »de la Commission mondiale sur la gouvernance de l’Internet (GCIG), Internet, s’il est accessible et ouvert, générerait des revenus annuels de plusieurs milliers de milliards de dollars. En revanche, un Internet fragmenté pèserait sur l’investissement, les échanges et le PIB en entravant la libre expression et l’accès à la connaissance.
Investir dans l’éducation n’est pas la plus mauvaise des idées
La croissance, c’est une combinaison de travail, de capital et de progrès technique. Au-delà des composantes traditionnelles, la science économique, depuis des années, souligne l’importance de l’éducation afin de favoriser l’innovation et la diffusion des techniques. L’éducation permet l’ascension sociale et une plus grande homogénéité de la population ce qui est également favorable à la croissance.
Depuis le milieu des années 80, l’éducation est étudiée par les macro-économistes pour identifier son impact sur le progrès économique. Ainsi, en 2011, Hanushek et Woeßmann ont modélisé la relation entre le taux moyen de croissance et des mesures composites de qualité du capital humain. Appliqué à la France, ce modèle permet d’estimer l’effet sur la croissance d’une amélioration des résultats de son niveau d’éducation mesuré par les tests PISA de l’OCDE à travers deux scénarios. Le premier permettrait à la France de rejoindre le niveau PISA de l’Allemagne, le second celui de la Corée du Sud, qui, dans ce classement mondial, atteint les meilleurs scores. La croissance du PIB pourrait être accrue de respectivement 0,12 et 0,28 point par an d’ici 2050 et de 0,37 et 0,83 point par an entre 2050 et 2075. L’impact est cumulatif à travers une diffusion des connaissances et des process de générations en générations. Selon les travaux des économistes, une année d’étude supplémentaire, accroît, en moyenne, les salaires de 5 % à 20 %.
Ces évaluations supposent que des réformes soient mises en œuvre pour améliorer l’efficacité du système éducatif. Le facteur clef pour une augmentation du niveau est la réduction des inégalités. Ainsi, en France, l’écart moyen de performance entre le quart des élèves les plus défavorisés et le quart des plus favorisés représente 24 % de la moyenne nationale, révélant le poids des inégalités sociales et économiques sur les performances des élèves. En Allemagne, cet écart est de 16 %, en Corée du Sud, il est de 5 %. Il apparaît donc possible d’améliorer les scores PISA et d’atteindre les résultats de l’Allemagne et de la Corée du Sud tout en réduisant les inégalités scolaires d’origine sociale. Un effort sur le nombre d’élèves par classe et sur les méthodes d’enseignement pourrait générer une réelle amélioration tout comme une meilleure orientation post-bac afin de réduire le taux d’échec durant les études supérieures.