Le Coin des tendances du 9 juillet 2016
L’Afrique, une nouvelle terre croissance ?
Avec le ralentissement des pays émergents d’Asie, tous les espoirs pour la progression de la croissance de l’économie mondiale se portent dorénavant sur l’Afrique et, plus précisément, sur l’Afrique subéquatoriale. Le potentiel de croissance de l’Afrique est élevé du fait de sa forte expansion démographique et des importants besoins que cela génère. Néanmoins, la forte dépendance aux matières premières, ainsi que les problèmes politique et sociaux constituent d’indéniables freins au développement de l’Afrique.
Depuis une dizaine d’années, l’Afrique bénéficie de l’arrivée sur le marché du travail de générations nombreuses de mieux en mieux formées. Par ailleurs, l’envolée des cours des matières premières, des produits agricoles et de l’énergie ont facilité le décollage économique du continent. La croissance moyenne a atteint pour l’Afrique subsaharienne 6,8 % de 2004 à 2008. En 2009, du fait de la Grande Récession, la croissance n’a été que de 4 %. Jusqu’en 2015, elle s’élevait en moyenne à 5 %. Avec la chute des cours du pétrole et des autres matières premières, la croissance s’est tassée en 2015 pour n’atteindre que 3,4 %. Pour 2016, elle pourrait être encore inférieure et ne s’élever qu’à 3 %. Une reprise est attendue en 2017 avec l’augmentation des cours.
Compte tenu de l’évolution démographique, le maintien d’un fort taux de croissance est indispensable faute de quoi les tensions déjà bien visibles au sein et entre les États africains ne pourront que s’accroître. Comme au Moyen Orient, ces dernières années, l’Afrique entre dans une zone à risques avec une population jeune, éduquée et qui voient les portes de l’immigration se refermer.
Le défi démographique
La population africaine qui était de 100 millions en 1900 et de 640 millions en 1990 dépasse, en 2016, 1,2 milliard. Elle sera supérieure à 2 milliards d’habitants d’ici le milieu du siècle et pourrait atteindre 4 milliards d’habitants en 2100. L’Afrique, longtemps sous-peuplée, deviendra le cœur démographique de la planète à la fin du 21ème siècle.
Aujourd’hui, quatre pays africains comptent plus d’habitants que la France (le Nigeria avec plus de 177 millions d’habitants, l’Éthiopie avec plus de 84 millions d’habitants, l’Égypte avec plus de 82 millions d’habitants et la République Démocratique du Congo avec plus de 73 millions d’habitants). D’ici trente ans, ce sera dix pays qui compteront plus d’habitants que la France.
Le problème de la gouvernance
Selon des études de la Banque mondiale, la moitié des pays d’Afrique subsaharienne ont un environnement politique et institutionnel relativement peu favorable à la réduction de la pauvreté et au développement. En 2015, seulement sept pays affichent de meilleures performances par rapport à 2014, tandis que douze pays ont eu leur note revue à la baisse. Le reste des pays maintient la même qualité institutionnelle depuis 2014. En haut de classement figure le Rwanda, qui a engagé une série de réformes et de politiques publiques, renforçant la qualité de ses institutions. Il est suivi du Cap-Vert, du Kenya, et du Sénégal.
Parmi les pays ayant réussi à améliorer leur contexte de gouvernance se situent le Ghana et les Comores qui ont enregistré des progrès dans leur gestion des finances publiques et des droits de propriété.
Après des années très difficiles, la Côte d’Ivoire connaît de réels progrès dans l’utilisation plus équitable de ses ressources publiques.
Parmi les pays mal classés figurent le Burundi, la Gambie, l’Érythrée et le Soudan. Ces pays doivent faire face à une dégradation de leur système de gouvernance. Ils disposent d’institutions politiques jugées peu favorables au développement économique.
La Banque mondiale souligne que l’escalade de la violence en Afrique, la multiplication des conflits politiques et ethniques sont des sources de fragilités et préconise un renforcement des institutions politiques. Les pays d’Afrique sub-saharienne sont évidemment fragilisés par la fin du cycle des matières premières. La Banque mondiale a mis en lumière les vulnérabilités de la structure des économies de ces pays qui doivent opter pour des politiques de diversification.
Les diplômés vivent entre eux
En un quart de siècle, la France a vécu sur le plan du niveau de formation de la population active une véritable révolution. Parmi les salariés de France métropolitaine âgés de 15 à 65 ans, la part des non-diplômés est passée de plus de 30 % en 1991 à moins de 20 % en 2011. Dans le même temps, la part des bacheliers est passée de 25 % à 50 % pour ceux de l’enseignement général. Par ailleurs, la proportion de titulaires d’un diplôme du supérieur a plus que doublé en 20 ans, passant de 14 % à 30 %.
Le poids des diplômés augmente sur tous les marchés du travail locaux mais concerne avant tout les grandes agglomérations. Les marchés du travail locaux de Lyon, Aix-en-Provence et Grenoble par exemple, où environ 15 % des salariés de 15 à 65 ans étaient diplômés du supérieur en 1991, ont enregistré des progressions de plus de 16 points. En revanche, les marchés du travail locaux plus agricoles de Bourgogne-Franche-Comté, de Normandie ou du Centre, qui avaient moins de 5 % de diplômés du supérieur en 1991, ont connu une croissance inférieure à 10 points. Cette croissance différenciée aboutit à une concentration des diplômés et plus particulièrement ceux de l’enseignement supérieur dans les très grandes villes.
La proportion la plus importante de diplômés de l’enseignement supérieur est enregistrée à Paris et sur le plateau de Saclay. Ils représentent près de 35 % des salariés, se trouvent notamment dans l’agglomération parisienne.
De grandes métropoles régionales, par exemple Grenoble, Montpellier, Lyon ou Toulouse, ont également en 2011 une part de diplômés du supérieur de plus de 30 %. Les zones où cette part est la plus faible en 2011 se situent dans les régions de Bourgogne-Franche-Comté, Normandie et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes.
Plus de diplômés mais des salaires relatifs orientés à la baisse
Le salaire relatif des diplômés du supérieur a diminué en France depuis 1991. Leur salaire était de 48 % supérieur à la moyenne de l’ensemble de la population en 1991. Cet avantage n’est plus que de 41 % en 2011. Cette réduction des inégalités de salaire est due à une diminution du salaire médian des diplômés du supérieur sur la période 1991-2011, pendant que le salaire des autres salariés restait stable.
Cette orientation à la baisse ne concerne pas les pôles économiques les plus importants où le salaire relatif des diplômés de l’enseignement supérieur a continué à augmenter. La baisse est, en revanche marqué dans les bassins d’emplois denses. Le gain des diplômés est passe de 43 à 38 % de 1991 à 2011.
La forte attractivité des grandes agglomérations
Plusieurs facteurs tendent à expliquer ces tendances. Les diplômés de l’enseignement supérieur convergent vers les grands centres car ils recherchent des conditions de vie en adéquation avec leurs attentes. Ils souhaitent tout à la fois un haut niveau de services et de loisirs et des établissements d’enseignement de qualité pour leurs enfants. Par ailleurs, les centres de recherche, les sièges sociaux et les administrations sont localisés au sein des grandes métropoles. Ayant besoin de cadres bien formés, ces zones d’activité offrent les meilleures rémunérations et les meilleures carrières. L’écart entre les différents bassins s’expliquent également par le fait que dans les zones à faible densité économique, le nombre des grandes entreprises est réduit. Enfin, les salaires des diplômés de l’enseignement supérieur de très haut niveau obéissent à des considérations de plus en plus internationales. Il en résulte un marché du travail à plusieurs vitesses.
La mutation digitale concourt aussi à cette tendance. Internet contrairement à quelques idées reçues ne facilite pas le développement des centres périphériques. Le développement du numérique suppose une convergence des compétences sur un même lieu. À la recherche de terrains à bas prix et de main d’œuvre bon marché, l’industrie s’est diffusée sur l’ensemble du territoire. Les services numériques moins gourmands en espace fonctionnent sur la logique des réseaux d’où l’intérêt d’une concentration des compétences sur un nombre de pôles réduits.