Le Coin de la Conjoncture du 6 août 2016 – Economie française – tourisme
Le secteur touristique sous contraintes
Les activités touristiques représentent 7,5 % du PIB en France qui est le premier pays d’accueil de touristes étrangers. Plus de 1,3 million de personnes travaillent dans ce secteur. Les attentats, les grèves, le ralentissement des pays émergents… se font, depuis quelques mois, ressentir sur l’ensemble du secteur touristique. Le déficit en touristes américains et asiatiques réputés pour leur niveau élevé de dépenses est constaté tant en région parisienne que dans le sud de la France.
Même s’il faut en matière touristique se méfier de la température ressentie, la France devrait ne pas améliorer son record de 2015 année durant laquelle 84,5 millions de touristes étrangers s’y étaient rendus selon les chiffres du ministère des Affaires étrangères. Une progression de 0,9 % avait été enregistrée alors par rapport à 2014 (83,8 millions). La fréquentation internationale avait été portée par une augmentation des visiteurs asiatiques (+22,7 %). Les touristes chinois avaient alors effectué 1,1 million de nuitées supplémentaires à l’hôtel (+46,6%) ce qui constituait également un record. Le nombre de touristes américains avait également fortement progressé (+15,2 %), profitant d’un cours du dollar avantageux.
Les attentats ont un effet direct et rapide sur la fréquentation étrangère. Cette dernière s’était contractée de 3,1 % au dernier trimestre 2015 en raison des attentats du 13 novembre. Sur les seuls mois de novembre et décembre, les nuitées étrangères dans les hébergements collectifs ont baissé respectivement de 6,3 % et 16,5 %. Le parc d’attraction « Disneyland Paris », site touristique le plus fréquenté d’Europe, avait fermé ses portes durant quatre jours après les événements et enregistré des annulations de réservations.
Selon plusieurs sources (Atout France, ForwardKeys), le nombre de touristes étrangers seraient en baisse de 6 à 9 % cet été. Pour les touristes américains, la chute serait de 6 %. C’est le secteur hôtelier qui est le plus touché car 60 % des étrangers privilégient ce mode d’hébergement. Les restaurateurs sont également concernés au premier chef pour la même raison. A Paris et en Région parisienne, les sites classiques accueillant un grand nombre d’étrangers enregistrent de fortes baisses de fréquentation. Sont concernés le Louvre, Le Musée d’Orsay, la Tour Eiffel, le château de Versailles. Des destinations réalisables à la journée en venant de Paris, comme Giverny (Eure), les châteaux de la Loire, le Mont-Saint-Michel connaissent également une diminution sensible du nombre de touristes étrangers. A Chambord, l’administration indique une baisse générale de fréquentation de 6 % et un recul de 20 % pour la clientèle japonaise.
De quoi sera fait demain ?
Après un deuxième trimestre marqué par une stagnation du PIB, l’atteinte de l’objectif du taux de croissance de 1,5 % n’est pas impossible mais suppose que le second semestre soit dynamique. Compte tenu de l’acquis de croissance, il faudrait un taux de croissance de 0,3 % par trimestre. Les différents instituts de conjoncture tablaient après une pause au 2ème trimestre sur une accélération de l’activité au cours du second semestre.
La possibilité d’une légère reprise de la croissance suppose tout à la fois le maintien d’un fort niveau de consommation. Celle-ci a stagné après un très bon premier trimestre. La disparition des gains de pouvoir d’achat liés à la baisse des cours du pétrole ainsi que le chômage pèsent sur les dépenses de consommation des ménages. Au deuxième trimestre, les grèves et le mauvais temps ont pu jouer en défaveur de la consommation. Elle pourrait donc se redresser avec la rentrée. La hausse du crédit à la consommation pourrait également contribuer à l’accroître.
Le point le plus sensible reste l’investissement qui a reculé au deuxième trimestre de 0,4 %. Cette contraction était, pour certains, inévitable du fait de la forte hausse du premier trimestre, 1,3 %. Pour d’autres, elle témoigne de l’attentisme croissant des dirigeants d’entreprise face à la montée des incertitudes.
Parmi les incertitudes figure en bonne place le Royaume-Uni dont l’activité devrait se tasser dans les prochains mois. Le pétrole qui était censé augmenter a du mal à repasser au-dessus des 50 dollars le baril. C’est une bonne nouvelle pour les pays consommateurs comme la France mais une moins bonne pour les Etats-Unis ou les pays émergents producteurs. La situation économique de la Chine sera également scrutée dans les prochains mois. Une accentuation du ralentissement serait préjudiciable au commerce international.
Une période à forte intensité électorale
Nous entrons dans une intense période électorale. Si ces dernières années, les changements de gouvernement avaient une influence réduite sur le cours de l’économie, la crise de 2008 et la montée des populismes en tout genre ont changé la donne. Les élections peuvent déboucher sur des problèmes de gouvernance comme actuellement en Espagne ou à des changements de caps important (Brexit par exemple).
La fin de l’année sera évidemment marquée par l’élection américaine prévue le 8 novembre prochain avec une entrée en fonction le 20 janvier 2017. L’éventuelle élection de Donald Trump pourrait signifier une réorientation de la politique et internationale américaine même si les pouvoirs du Président aux Etats-Unis sont beaucoup plus faibles que ceux du Président français. L’année 2017 sera également cruciale pour plusieurs pays européens. En France, l’élection présidentielle est prévue pour le 1er tour le 23 avril et pour le 2ème tour le 7 mai. Pour les élections législatives, les dates qui ont été retenues sont les 11 et 18 juin. Des élections législatives sont également prévues en Allemagne et aux Pays-Bas. Il est possible que le nouveau Gouvernement au Royaume-Uni demande une dissolution des Communes afin de faire valider sa politique européenne…