C’était hier (8 avril 2017)
Etats-Unis, le plein emploi sans la croissance ?
Si le nombre d’emplois créés aux Etats-Unis en mars a été le plus faible depuis 10 mois, le taux de chômage s’est abaissé quant à lui à 4,5 %, soit son plus bas niveau depuis 10 ans.
Les créations d’emplois ont été de 98.000 le mois dernier et sont donc en retrait par rapport à celles des deux derniers mois (plus de 200000 en janvier et en février). Les conjoncturistes attendaient au moins 180 000 emplois. Il faut rester avec ce premier résultat qui peut donner lieu à des révisions importantes. Néanmoins, pour expliquer le recul des créations d’emploi, peut être mis en avant le mauvais temps qui a sévi dans le dans le nord-est du pays.
Le taux d’emploi demeure également à un niveau élevé, 63 % au mois. Ce taux prend en compte la proportion d’Américains en âge de travailler qui occupent effectivement un emploi ou qui en recherchent un.
Le taux de chômage est donc passé de 4,7 % à 4,5 %. L’économie se rapproche du plein emploi. Pour le moment, les conséquences sur le montant des salaires restent modestes. Au mois de mars, le salaire horaire moyen a augmenté de 0,2 % ramenant la hausse annuelle à 2,7 %, augmentation à relativiser compte tenu de la progression de l’inflation.
Le retour au plein emploi n’a pas empêché l’économie américaine de probablement ralentir au cours premier trimestre. Le modèle de nowcasting de la Fed d’Atlanta prévoit une croissance limitée, en rythme annuel, à 1,2 %. Pour en être certain, il faudra attendre la publication d’ici la fin du mois d’avril des résultats définitifs du PIB du 1er trimestre. La croissance serait pénalisée par la faiblesse de la consommation des ménages. En volume, elle a reculé en janvier et février. Les Américains sont attentistes et préfèrent épargner. Leur taux d’épargne est passé en ce début d’année de 5,2 % à 5,6 %.
Chômage, la France sur la crête des 10 %
Au mois de février, le taux de chômage au sein de la zone euro s’est élevé à 9,5 %, en baisse par rapport au taux de 9,6 % enregistré en janvier 2017 et à celui de 10,3 % de février 2016. Il s’agit toujours du taux le plus faible enregistré depuis mai 2009. Pour l’ensemble de l’Union européenne, toujours en février, le taux de chômage s’est établi à 8,0 %. Neuf ans après le début de la crise, de nombreux États membres n’ont pas effacé ses stigmates et cela concerne tout particulièrement l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce et la France.
Dix États européens sont aujourd’hui en situation de plein emploi avec un taux de chômage inférieur à 6 %. Les taux de chômage les plus faibles, en février 2017, ont été enregistrés en République tchèque (3,4 %), en Allemagne (3,9 %) ainsi qu’à Malte (4,1 %).
À l’opposé, sept États ont un taux de chômage égal ou supérieur à 10 %. Les taux de chômage les plus élevés ont quant à eux été relevés en Grèce (23,1% en décembre 2016) et en Espagne (18,0%).
Plusieurs pays connaissent des baisses rapides en relation avec des taux de croissance élevées. Il s’agit en particulier de la Croatie dont le taux de chômage est passé de 14,4 % à 11,6 %, de l’Espagne (de 20,5 % à 18,0 %), du Portugal (de 12,2 % à 10,0 %) et de l’Irlande (de 8,4 % à 6,6 %)
Le taux de chômage est resté stable en France de janvier à février à 10 %, en baisse de 0,2 point sur un an. La diminution du chômage en France est plus lente que celle enregistrée au sein de la zone euro, -0,8 point en un an ou au sein de l’ensemble de l’Union européenne (-0,9 point). Le chômage des jeunes reste très élevé avec un taux de 23,6 % contre 19,4 % pour la zone euro et 17,3 % pour l’ensemble de l’Union européenne. En Allemagne, le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est de 6,6 %.
Pour comparaison, en février, le taux de chômage aux États-Unis s’est établi à 4,7 %, en baisse par rapport au taux de 4,8 % enregistré en janvier 2017 et à celui de 4,9 % de février 2016.
Un marché du travail actif et moins précaire qu’il n’y paraît
Si plus de 80 % des salariés bénéficient d’un contrat à durée indéterminée, 80 % des nouveaux emplois proposés sont des CDD, des emplois en intérim ou des contrats aidés. Cette vision statistique est un peu réductrice car le nombre de CDD est important par le fait qu’il comprend une multitude de contrats d’une durée variant d’une à quelques journées. De même, un salarié en intérim peut être amené à réaliser de nombreuses missions chez différents employeurs. En étudiant les dernières statistiques de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du Ministère des Affaires sociales (DARES), il apparait que deux tiers des sortants pour reprise d’emploi occupent, en 2015, un emploi durable. Il s’agit dans la moitié des cas d’un emploi en CDI. Les contrats aidés, très majoritairement d’une durée de 6 mois ou plus, représentent 10 % des emplois occupés à la sortie. La part des emplois durables dans l’ensemble des reprises d’emploia augmenté de 7 points depuis 2007. Par ailleurs, 85 % des sortants pour reprise d’emploi sont toujours en activité trois mois après leur sortie. Pour 90 % d’entre eux, il s’agit du même emploi. En prenant en compte ces données, le marché du travail n’est donc pas aussi précaire que certains le prétendent.
En 2015, 5 720 000 sorties des catégories A, B, C des listes de Pôle emploi enregistrées en France métropolitaine, soit en moyenne 476 600 sorties par mois, (7,9 % des demandeurs d’emploi présents en fin de mois sur les listes de Pôle emploi en catégories A, B, C) sortent le mois suivant de ces catégories, qu’ils restent, ou non, inscrits sur ces listes. La crise de 2008 a contribué à ralentir les sorties. Le taux est plus faible en 2015 de 4,6 points par rapport à 2007.
Les perspectives de reprise d’emploi diminuent fortement avec l’âge : en 2015, le taux de reprise d’emploi est de 5,8 % pour les moins de 25 ans, 3,5 % pour les 25-49 ans et de seulement de 1,7 % pour les 50 ans ou plus. Ces taux de sortie pour reprise d’emploi restent, en 2015, bien en dessous de leur niveau d’avant-crise.
Les perspectives de reprise d’emploi diminuent aussi fortement avec l’ancienneté passée sur les listes : les demandeurs d’emploi inscrits depuis moins d’un an en catégories A, B, C ont deux fois plus de chance de sortir pour reprise d’emploi (4,5 %) que ceux dont l’ancienneté est plus importante (2,2 %).
Le taux de sortie pour reprise d’emploi augmente avec la qualification de l’emploi recherché : il est plus élevé pour les demandeurs d’emploi recherchant un emploi de technicien, agent de maîtrise ou de cadre (respectivement 3,9 % et 4,0 % en 2015) plutôt que d’ouvrier ou d’employé qualifié (3,3 % et 3,6 %), ou d’ouvrier ou employé non qualifié (2,8 % et 2,9 %). Les demandeurs d’emploi recherchant des emplois d’ouvrier, qualifié ou non, ont vu leur taux de reprise d’emploi divisé par plus de deux entre 2007 et 2015. De façon liée, le taux de sortie pour reprise d’emploi croît avec le niveau de formation. En 2015, il varie entre 2,1 % pour les demandeurs d’emploi n’ayant atteint que le premier cycle de l’enseignement secondaire et 4,4 % pour ceux d’un niveau de formation supérieur ou égal à bac +2. Depuis 2007, le recul général du taux de sortie pour reprise d’emploi a davantage pesé (en termes relatifs) sur les personnes aux niveaux de formation les plus faibles.
En 2015 comme en 2014, deux tiers des sortants pour reprise d’emploi occupent un emploi durable. Il s’agit dans la moitié des cas d’un emploi en CDI (34 % des sortants). Les contrats aidés, très majoritairement d’une durée de 6 mois ou plus, représentent 10 % des emplois occupés à la sortie. La part des emplois durables dans l’ensemble des reprises d’emploi a augmenté de 7 points depuis 2007. 85 % des sortants pour reprise d’emploi sont toujours en emploi trois mois après leur sortie. Pour 90 % d’entre eux, il s’agit du même emploi.
Signes que les emplois trouvés ne sont pas ceux souhaités par les demandeurs d’emploi, parmi les sortants qui ont repris un emploi salarié, 36 % se disent insatisfaits de leur salaire, 26 % de la durée de leur contrat de travail, 24 % de leur contrat de travail, 17 % de leur temps de travail et 14 % de la distance entre leur domicile et leur lieu de travail. Au total, 54 % expriment une insatisfaction par rapport à un ou plusieurs de ces aspects. En 2015, 38 % des sortants pour la reprise d’un emploi salarié déclarent avoir continué à chercher un emploi depuis leur sortie. Cette part a augmenté de 4 points depuis 2007.
Mauvaise passe pour l’industrie française
Sur un an, la production manufacturière en reculede 0,5 %, ce qui contraste avec les bons indicateurs de confiance publiés ces dernières semaines. L’industrie française peine toujours à l’exportation
En février, selon l’INSEE, pour le troisième mois consécutif, la production de l’industrie manufacturière a reculé. La contraction a été de 0,6 % faisant suite à celle de janvier qui avait été de 0,9 %. Pour l’ensemble de la production industrielle, la chute est encore plus lourde au mois de février (−1,6 % après −0,2 %).
Au cours des trois derniers mois, la production baisse légèrement dans l’industrie manufacturière (−0,3 % par rapport aux trois mois précédents) ainsi que dans l’ensemble de l’industrie (−0,2 %). Sur cette période, la production décroît dans les industries agroalimentaires (−1,0 %) et dans les biens d’équipement (−0,8 %). Elle diminue fortement dans la cokéfaction et raffinage (−7,0 %). En revanche, elle augmente légèrement dans les matériels de transport (+0,4 %). Elle est stable dans les « autres industries » ainsi que dans les industries extractives, énergie, eau.
Dans l’industrie manufacturière, la production des trois derniers mois diminue par rapport aux trois mêmes mois un an plus tôt (−0,5 %). Elle est stable dans l’ensemble de l’industrie.
Les industries agroalimentaires enregistrent toujours un net recul avec une baisse de la production de 1,9 % en relation avec les mauvaises récoltes et les difficultés de certaines filières (porc, foie gras…). La production s’accroit néanmoins dans les industries extractives, énergie, eau (+3,5 %) et dans les matériels de transport (+2,3 %).