C’est déjà hier – 29 avril 2017
France, une croissance contrariée par le commerce extérieur
Le PIB français n’a augmenté que de 0,3 % au premier trimestre 2017 faisant suite à une hausse de 0,5 % au dernier trimestre de l’année dernière. Plusieurs facteurs ont contribué à ce résultat décevant. La consommation a été en recul quand la production industrielle a nettement marqué le pas. Le solde extérieur a, de son côté, pesé lourdement sur la croissance française en raison de la contraction des exportations et de la vive augmentation des importations. Heureusement, l’investissement a en partie compensé l’impact du commerce extérieur.
Déception sur le front de la consommation
La consommation des ménages n’a progressé que de 0,1 % au cours du premier trimestre contre +0,6 % au 4e trimestre. Les ménages ont moins acheté de biens (-0,4 %) mais ont maintenu leur consommation de services qui progresse de 0,5 %.
Le relèvement des prix de l’énergie a pesé sur le pouvoir d’achat. Par ailleurs, les ménages face à la multiplication des incertitudes nationales et internationales ont maintenu un fort taux d’épargne.
La consommation d’énergie se replie fortement (−3,8 % après +3,7 %), les températures de l’hiver 2017 ont été plutôt douces pour la saison, après un automne 2016 frais. Les achats en biens fabriqués ralentissent (+0,4 % après +1,0 %), principalement du fait d’un repli des achats de véhicules. En revanche, la consommation alimentaire rebondit légèrement (+0,3 % après −0,3 %).
L’investissement, la bonne nouvelle du trimestre
L’investissement a vivement progressé au cours du premier trimestre, +0,9 % contre +0,6 % au 4e trimestre 2016. L’investissement des entreprises a augmenté de 1,3 %. Cette hausse concerne tous les domaines, Ainsi, la formation brute de capital fixe est en augmentation de 1,2 % pour les services marchands, de 0,3 % pour la construction et de 1,5 % pour la production manufacturière. Cette hausse de l’investissement est évidemment une bonne nouvelle. Elle ne peut que contribuer à fortifier la croissance. Elle est la condition sine qua non de l’amélioration de la compétitivité de l’économie française.
De son côté, l’investissement des ménages est de son côté, également en hausse de 0,9 %, soit le même rythme qu’au 4e trimestre 2016. Les achats immobiliers sont toujours en progrès et bénéficient des taux d’intérêt bas.
La contrainte extérieure se rappelle à la France
Le commerce extérieur est toujours le talon d’Achille de l’économie française. Le déficit de la balance commerciale qui a atteint 48 milliards d’euros en 2016 ne semble pas être sur le point de se résorber. En effet, au cours du premier trimestre, les exportations ont diminué de 0,7 % et les importations ont progressé de 1,5 %. De ce fait, e solde extérieur a pesé négativement de 0,7 point sur la croissance. La France n’arrive toujours pas à regagner des parts de marché du fait d’un positionnement trop gamme moyenne. L’amélioration du taux de marge des entreprises constatée depuis 2016 met du temps à se faire ressentir sur les exportations. Les entreprises ont avant tout amélioré leur profitabilité afin de pouvoir investir. En la matière, la progression de l’investissement pourrait permettre une amélioration du commerce extérieur d’ici à quelques mois.
La production en souffrance
La production totale de biens et services a faiblement augmenté au cours des trois premiers mois de l’année (+0,3 % après +0,6 %).
La production de biens s’est contractée de 0,6 %. La production industrielle française n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant crise. Elle peine à se redresser du fait du sous-investissement accumulé ces dernières années.
La production accélère dans la construction (+0,6 % après +0,2 %) et augmente de 0,6 % pour les services marchands.
Les entreprises ont reconstitué leurs stocks
Après les fêtes, les entreprises ont reconstitué leurs stocks. De ce fait, la contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est de 0,6 point (après −0,2 point fin 2016). Elles augmentent notamment dans les matériels de transport et les autres produits industriels (chimie, pharmacie, plasturgie). Cette augmentation des stocks prouve que les entreprises ont confiance dans l’avenir et qu’elles pensent que la croissance se maintiendra dans les prochains mois à un niveau correct.
La croissance française demeure modeste. Malgré la publication de nombreux indicateurs de confiance encourageants, les derniers résultats concernant le nombre de demandeurs d’emploi et la production industrielle ne permettent pas d’anticiper une accélération de l’activité économique. La demande intérieure reste peu dynamique et nos capacités à accroître nos parts de marché à l’exportation sont, pour le moment, limitées. Le calendrier électoral ne permet pas en outre de lever rapidement certaines incertitudes. Il faudra, en effet, attendre, le second tour des élections législatives prévu le 18 juin pour connaître réellement les contours de la future politique économique française. L’objectif de croissance de 1,5 % fixé par l’actuelle majorité est ambitieux. Au rythme actuel, un taux de 1,1 à 1,3 % apparaît plus crédible.
L’économie américaine n’aime pas le premier trimestre
Depuis plusieurs années, le premier trimestre ne réussit pas aux Etats-Unis, L’année 2017 ne fait pas exception avec en prime une croissance qui est la plus faible depuis le premier trimestre 2014. Le taux a été de 0,7 % pour les trois premiers de l’année quand les conjoncturistes tablaient sur 1,2 %. Sont-ce les conditions climatiques, ou les erreurs statistiques ou l’amorçage d’un réel ralentissement, les experts penchent plutôt pour les deux premières explications.
Ce résultat peut surprendre étant donné que le un marché du travail est en situation de plein emploi et que la confiance du consommateur n’a jamais été aussi élevée depuis de nombreuses années.
La croissance des dépenses de consommation, qui représentent plus des deux tiers de l’activité économique, n’a été que de 0,3 % au premier trimestre, le taux le plus faible depuis le quatrième trimestre 2009, contre + 3,5% le trimestre précédent.
Un hiver doux, qui a pesé sur la demande de chauffage notamment, a affecté ces dépenses, tout comme une hausse de l’inflation, donnée à 2,4% suivant l’indice des dépenses de consommation des ménages (PCE), au plus haut depuis le deuxième trimestre 2011. Les ménages ont accru de manière assez surprenante leur effort d’épargne qui s’est élevé à 814,2 milliards de dollars au premier trimestre contre 778,9 milliards au dernier trimestre de 2016, Les dépenses publiques ont baissé de 1,7% durant le trimestre et les dépenses militaires, en particulier, se sont tassées de 4,0%, un pourcentage inédit depuis le quatrième trimestre 2014.
L’investissement des entreprises a, en revanche, augmenté. Ainsi, l’investissement en biens d’équipement a enregistré une hausse de 9,1 %, grâce à une hausse du nombre des forages pétroliers et gaziers. Les dépenses de prospection et de forage miniers ont connu une progression de 44,9 %, après une hausse de 23,7% au dernier trimestre de 2016, permettant à l’investissement en infrastructures non résidentielles de progresser de 22,1% au premier trimestre après un recul de 1,9% sur la période précédente.
L’investissement immobilier résidentiel a augmenté de 13,7 %. Les exportations ont, de ce fait, progressé de 5,8 % et les importations de 4,1 %, permettant au commerce extérieur de peser favorablement sur la croissance. En revanche, les variations de stocks des entreprises ont joué négativement.
Chômage, quand cela ne veut pas…
La France continue à faire bande à part au sein de l’Europe. Si plusieurs pays dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, la République tchèque, sont en situation de plein emploi ou presque, le chômage en, France, reste toujours sur la crête des 10 %. Sur le premier trimestre 2017, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 1,2 % (+ 41 000) en France métropolitaine. Pour le seul mois de mars, la hausse est de 1,3 % (+43 700) portant le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi en catégorie A à 3,508 millions. Sur un an, néanmoins, ce nombre recule de 0,9 %. Toutes catégories confondues, le nombre de personnes recherchant un emploi et inscrites à Pôle Emploi s’élevait à 5,503 millions. Pour l’ensemble du pays (y compris DROM), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 765 300 pour la catégorie A. Sur trois mois, il augmente de 1,1 % (+1,2 % sur un mois et –0,9 % sur un an). Pour les catégories A, B, C, ce nombre s’établit à 5 805 200.
Ce mauvais résultat de l’emploi tranche avec les bons indicateurs économiques publiés ces dernières semaines. Si la confiance en l’avenir semble être de retour, elle ne se matérialise pas de manière concrète. La production industrielle est plutôt en recul et les exportations sont à la peine. La France est toujours confrontée à un problème de compétitivité. L’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi est peut-être à mettre sur le compte de l’attentisme pré-électoral. Les chefs d’entreprise ne souhaitent guère s’engager avant de connaître les intentions et les premiers actes du futur gouvernement. Dans ces conditions, la situation pourrait rester tendue sur le front de l’emploi encore plusieurs mois. De même, la croissance pourrait s’avérer plus faible que prévu pour le premier semestre.
L’Europe vient presque à bout des déficits publics excessifs
À la fin de l’année 2016, le déficit public moyen de la zone euro s’est élevé à 1,5 % du PIB ; pour l’ensemble de l’Union européenne, ce ratio est de 1,7 % du PIB. En 2013, les déficits publics étaient pour la zone euro et l’Union européenne respectivement de 3 et de 3,3 % du PIB.
12 États européens sont à l’équilibre ou dégagent des excédents budgétaires. Les pays ayant enregistré les soldes positifs les plus importants sont le Luxembourg (+1,6 % du PIB), Malte (+1 %), la Suède (+0,9 %) et l’Allemagne (+0,8 %). À souligner, la Grèce figure désormais parmi les pays ayant un excédent budgétaire (+0,7 % du PIB). Parmi les pays les moins vertueux figurent l’Espagne (-4,5% du PIB), la France (-3,4 %) et la Roumanie (-3 %).
La dette publique de la zone euro représentait, en 2016, 89,2 % du PIB contre 91,4 % en 2013 et 92 % en 2014. Pour l’ensemble de l’Union européenne, elle s’élevait à 83,5 % du PIB à la fin de l’année 2016 en recul de de 3,2 points par rapport à 2014. 11 États de l’Union européenne respectent un ratio de dette publique inférieure à 60 % du PIB. Figurent dans cette catégorie l’Estonie avec une dette publique de 9,5 % du PIB, le Luxembourg (20 %), la Bulgarie (29,5 %) et la République tchèque (37,2 %). 17 États ont enregistré des dettes publiques supérieures à 60 % du PIB dont la Grèce (179 %), l’Italie (132 %), le Portugal (130 %), Chypre (107,8 %) et la Belgique (105,9 %). A fin 2016, la dette publique s’élevait en France à 96 % du PIB.
Les dépenses publiques sont au sein de la zone euro en recul. Elles sont passées de 49,7 à 47,7 % du PIB de 2013 à 2016 (respectivement de 45,4 à 44,9 % pour l’ensemble de l’Union européenne). Le ratio de dépenses publiques est de 56,2 % du PIB en France ce qui constitue un record au sein de l’Union. La France devance la Finlande (54,2 %) le Danemark (52,7 %) et la Belgique (50,7 %).
L’Europe gagne des points dans sa bataille pour l’emploi
La Commission européenne a fixé aux États membres de l’Union un objectif de taux d’emploi de 75 % pour 2020. Un taux d’emploi élevé s’impose afin de faciliter le financement des dépenses sociales et notamment de retraite et d’accroître la croissance potentielle des différentes économies. En jouant sur l’âge de départ à la retraite et en facilitant le travail des femmes, les pays de l’Union européenne ont, depuis dix ans, réalisé d’importants efforts en la matière. Ainsi, en 2016, le taux d’emploi de la population âgée de 20 à 64 ans dans l’Union européenne (UE) s’est établi à 71,1 %, en hausse par rapport à 2015 (70,1 %). La crise de 2008 avait eu pour conséquence d’abaisser ce taux d’emploi. Pour les hommes, leur taux d’emploi s’est élevé à 76,9 % en 2016, en hausse par rapport à 2015 (75,9 %) mais toujours inférieur à son niveau de 2008 (77,8 %). S’agissant des femmes, leur taux d’emploi a constamment augmenté depuis 2010 pour culminer à 65,3 % en 2016.
Le taux d’emploi des 55-64 ans dans l’UE n’a cessé de croître au cours des dernières années, passant de 38,4 % en 2002 à 55,3 % en 2016.
Un quart des États membres ont déjà atteint leur objectif Europe 2020 en matière d’emploi. Des taux d’emploi supérieurs à 75 % ont été enregistrés en Suède (81,2 %), en Allemagne (78,7 %), au Royaume-Uni (77,6 %), au Danemark (77,4 %), aux Pays-Bas (77,1 %), en République tchèque (76,7 %), en Estonie (76,6 %) ainsi qu’en Lituanie (75,2 %). En revanche, le taux d’emploi le plus faible a été observé en Grèce (56,2 %), suivie de la Croatie (61,4 %), de l’Italie (61,6 %) ainsi que de l’Espagne (63,9 %).
Les taux d’emploi des femmes et des hommes ont continué à varier considérablement dans de nombreux États membres en 2016. L’écart entre les taux d’emploi des femmes et des hommes de 20 à 64 ans était le plus faible en Lituanie (74,3 % pour les femmes contre 76,2 % pour les hommes, soit un écart de -1,9 point de pourcentage – pp), en Lettonie (-2,9 pp) et en Finlande (-3,3 pp). À l’autre extrémité de l’échelle, l’écart le plus large a été observé à Malte (55,5 % pour les femmes contre 83,1 % pour les hommes, soit -27,6 pp). Des écarts importants ont également été enregistrés en Italie (-20,1 pp), en Grèce (-19,0 pp) et en Roumanie (-17,6 pp). Au niveau de l’UE, l’écart entre le taux d’emploi des femmes (65,3 %) et celui des hommes (76,9 %) âgés de 20 à 64 ans était de -11,6 pp en 2016, contre -17,3 pp en 2002.
Le taux d’emploi de la France, 70,4 % est inférieure à la moyenne européenne. Cela est dû à un faible taux d’emploi des hommes (74,2 %) quand celui des femmes est supérieur à la moyenne européenne (66,8 %).
Depuis 2002, le taux d’emploi des 55-64 ans dans l’UE a augmenté régulièrement pour atteindre 55,3 % en 2016, contre 38,4 % en 2002. La croissance a été plus forte chez les femmes (de 29,1 % en 2002 à 48,9 % en 2016) que chez les hommes (de 48,2 % en 2002 à 62,0 % en 2016). En conséquence, l’écart entre le taux d’emploi des femmes et celui des hommes de 55 à 64 ans dans l’UE s’est réduit, passant d’une différence de 19,1 points de pourcentage en 2002 à 13,1 pp en 2016. En 2016, plus de la moitié des 55-64 ans avait un emploi dans quinze États membres de l’UE.
Le taux d’emploi le plus élevé pour ce groupe d’âge a été observé en Suède (75,5 %), devant l’Allemagne (68,6 %) et le Danemark (67,8 %). À l’inverse, les taux d’emploi les plus bas ont été enregistrés en Grèce (36,3%), en Croatie (38,1%), en Slovénie (38,5%) et au Luxembourg (39,6 %). En France, le taux d’emploi des 54/65 ans est de 49,9 % quand il était de moins de 40 % il y a quinze ans.