Le Coin des Tendance du 29 avril 2017
Quand la société de l’usage prend ses marques
Les entreprises comme les particuliers recourent de plus en plus à la location pour un certain nombre de biens. Un tel recours obéit non seulement à des considérations financières mais aussi à des objectifs de gestion des biens en phase avec les préceptes du développement durable. La société de l’usage s’impose progressivement tant pour les ménages que pour les entreprises. Cette évolution contribue à favoriser la montée en puissance du secteur de la location.
En 2015, la production de services de location s’est élevée, selon l’INSEE, à 37,7 milliards d’euros, assurée pour 33,8 milliards d’euros par des entreprises non financières et pour 3,9 milliards par des filiales financières des banques et assurances ou des constructeurs automobiles.
Les services de location comportent trois grands groupes d’activités :
- la location de machines et de biens d’équipement (50 %) ;
- la location de véhicules automobiles (39 %) ;
- la location de biens personnels et domestiques (11 %).
La location de machines et biens d’équipement (18,7 milliards d’euros en 2015) recouvre quatre types de biens : les machines diverses pour l’agriculture et l’industrie, les conteneurs et les wagons de chemin de fer (36 %) ; les matériels pour le bâtiment et le génie civil (32 %) ; les équipements informatiques et photocopieurs (20 %) ; les matériels de transport fluvial, maritime et aérien (12 %). Les clients sont des entreprises. Ce secteur est dominé par des entreprises spécialisées. Pour un dixième, il s’agit d’entreprises de la construction. Sinon, ce sont des entreprises de l’industrie, du commerce de gros ou des transports.
Pour la location de véhicules automobiles (14,6 milliards d’euros en 2015), les locataires sont essentiellement des entreprises (13,5 milliards), loin devant les ménages (1,1 milliard). La location de voitures en représente les quatre cinquièmes et la location de camions le cinquième. Les loueurs sont principalement des entreprises du secteur. Pour la location de longue durée, interviennent aussi des filiales spécialisées de banques ou de constructeurs automobiles, notamment dans la location avec option d’achat.
Pour la location de biens personnels et domestiques (4,4 milliards d’euros en 2015), les locataires sont surtout des ménages (4,2 milliards), et très marginalement des entreprises (0,2 milliard). Cette activité s’étend des articles de loisirs et de sport (cycles, skis, bateaux, etc.) aux matériels médicaux en passant par toute la gamme des appareils électroménagers et autres biens d’équipement.
Depuis 2009, la croissance de ce secteur d’activité ne progresse que très faiblement, 0,4 % par an en moyenne après avoir quasiment doublé entre 1995 et 2008 (de 20,7 à 38,9 milliards d’euros) et chuté de 8 % entre 2008 et 2009. Les composantes de ce secteur n’évoluent pas au même rythme. La baisse puis la stagnation de l’activité s’expliquent avant tout par le recul de la location d’automobiles. En revanche, la location des machines, des équipements ainsi que celle de biens personnels et domestiques, après avoir encaissé la crise, ont renoué, depuis, avec une vive croissance.
La location de véhicules fléchit depuis la crise
Depuis 2009, les entreprises ont tendance à réduire leurs flottes de véhicules ou à retarder leur renouvellement. Au nom de la réduction des coûts et du développement durable, le parc des voitures de fonction tend à se tarir. De même, la pratique de partage de voitures au sein des entreprises s’accroît. Les administrations publiques dans le cadre du processus de restauration des comptes ont fortement diminué sur ce type de dépenses. La crise a mis un terme à un processus d’augmentation des locations de véhicules. Les entreprises comme les administrations avaient dans les années 90 et 2000 abandonné la pratique de l’achat pour celle du leasing. Pour les entreprises et administrations, la location de véhicules avait été ainsi multipliée en valeur par 2,8 entre 1995 et 2008, alors que les investissements en matériels de transport l’ont été par 1,8. Depuis 2010, location et investissements stagnent, voire s’érodent.
Les ménages ont également au tournant du siècle pris le pli de la location de voitures qui a été multipliée par 1,4 en valeur entre 1995 et 2008, contre 1,1 pour les achats de voitures neuves. Tous les constructeurs, avec l’appui de structures financières, ont proposé des formules de location avec ou sans option d’achat. Depuis la crise la location de véhicules par les ménages stagne notamment sous l’effet de la location entre particuliers, avec Drivy par exemple, mais aussi de l’essor des modes de déplacement collaboratifs tel le covoiturage. Pour le Conseil national des professions de l’automobile, la location entre particuliers a représenté 3 % du total des locations en 2015, contre 1 % l’année précédente.
Les utilisateurs des services de location entre particuliers sont jeunes (44 % ont moins de 35 ans) et moins souvent dans la vie active que les clients des agences traditionnelles (70 % contre 83 %). Ils sont aussi moins aisés : 47 % font partie des catégories socioprofessionnelles supérieures contre 57 %.
La Direction générale des entreprises évalue à environ 700 millions d’euros les dépenses des ménages en covoiturage en 2014 ; ceci correspond aux trois cinquièmes de leur consommation auprès des loueurs privés (1,1 milliard).
Les loueurs deviennent des acteurs-clés du marché des voitures neuves. Leurs immatriculations en location-bail sont en effet passées de 232 000 véhicules en 1998 à 562 000 en 2015, soit de 12,2 % à 29,3 % du marché total.
Les entreprises recourent de plus en plus à la location de machines et équipements
En 2015, les entreprises et les administrations ont dépensé 20,3 milliards d’euros en location de machines et équipements, contre 12,6 milliards en 1995. Entre 1995 et 2015, la location et l’investissement en machines-équipements évoluent de façon parallèle, mais la location souffre moins de la crise. La progression de la location sur vingt ans est largement due aux matériels pour le bâtiment et le génie civil ; la conjoncture déprimée dans la construction jusqu’en 2015 a pu jouer en faveur de la location de machines et équipements dans ce secteur. La location se transforme aussi : celle de matériels informatiques s’étiole avec la baisse des prix des équipements et le recours à des prestations de cloud computing. À l’inverse, celle de machines de bureau, notamment de photocopieuses, s’accroît.
Les ménages de plus en plus adeptes de la location de biens personnels
En 2015, les dépenses des ménages en location de biens personnels et domestiques s’élèvent à 4,2 milliards d’euros. Le montant total de leurs achats de ce type de biens est de 32,5 milliards.
Les loueurs de ces biens sont très majoritairement (80 %) des entreprises spécialisées du secteur. Toutefois, celles-ci subissent de plus en plus la concurrence de la grande distribution, qui assure désormais plus de 15 % des locations. En effet, de plus en plus de distributeurs se lancent dans la commercialisation d’un usage plutôt que d’un produit, dans l’espoir d’attirer et de fidéliser des clients. Des banques rentrent elles aussi dans le mouvement : elles proposent la location de smartphones avec l’idée de vendre simultanément des services en ligne.
Entre 1995 et 2015, les locations de biens personnels et domestiques par les ménages sont passées de 1,7 à 4,2 milliards d’euros. Comme pour les entreprises, la location évolue : celle d’équipements sportifs et de loisirs fleurit, quand celle de DVD disparaît.
La location, un secteur créateur d’emplois
En vingt ans, le secteur de la location a créé 38 000 emplois salariés. En fin d’année 2015, l’effectif salarié du secteur de la location de biens est de 89 000, soit 38 000 créations nettes depuis 1995 (+ 75 %).
Pour le secteur dynamique de la location de biens personnels et domestiques, le nombre de salariés a plus que doublé (+ 132 %). En revanche, il a progressé moins vite (autour de + 50 %) dans les autres secteurs (automobile et biens d’équipements).
Des étudiants de plus en plus nombreux mais pas toujours heureux
Dans l’Union européenne (UE), la part des personnes âgées de 30 à 34 ans diplômées de l’enseignement supérieur continue d’augmenter. Elle est ainsi passée de 23,6 % en 2002 à 39,1 % en 2016. Cette tendance est encore plus significative pour les femmes (de 24,5 % en 2002 à 43,9 % en 2016, soit au-dessus de l’objectif fixé par la Commission européenne pour 2020) que pour les hommes (de 22,6 % à 34,4 %, soit toujours en-dessous de l’objectif global Europe 2020). L’objectif de la stratégie Europe 2020 est qu’au moins 40 % des 30-34 ans dans l’Union obtiennent, d’ici à 2020, un diplôme d’enseignement supérieur.
Une progression du nombre de diplômés au Nord et à l’Est
En 2016, la proportion des personnes âgées de 30 à 34 ans diplômées de l’enseignement supérieur a augmenté dans tous les États membres par rapport à 2002. En 2016, au moins la moitié de la population âgée de 30 à 34 ans avait achevé des études supérieures en Lituanie (58,7 %), au Luxembourg (54,6 %) et à Chypre (53,4 %). À l’autre extrémité de l’échelle, les proportions les plus faibles ont été observées en Roumanie (25,6 %), en Italie (26,2 %) et en Croatie (29,5 %).
Treize États membres ont déjà atteint ou dépassé leur objectif national pour 2020 en ce qui concerne cet indicateur: la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Grèce, l’Italie, Chypre, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, l’Autriche, la Slovénie, la Finlande et la Suède. En 2016, la part des personnes âgées de 30 à 34 ans qui ont achevé des études supérieures est sensiblement plus élevée pour les femmes que pour les hommes dans tous les États membres, à l’exception de l’Allemagne.
La part des diplômés chez les 30 / 34 ans est passée en France de 31,5 % à 43,6 % de 2002 à 2016. Notre pays est au-dessus de la moyenne européenne et fait mieux que l’Allemagne (33,2 %) mais moins bien que le Royaume-Uni (48,1 %). Il est à souligner que l’objectif assigné à la France par la Commission est d’atteindre un ratio de 50 % pour le nombre de diplômés d’ici 2020.
Si en 2002, l’écart entre les hommes et les femmes était faible, il s’est considérablement accru en 14 ans passant de 5 à 10,7 points ce qui met, en la matière, la France au-dessus de la moyenne (9,5 points). Le ratio de diplômés a progressé de 14 points pour les femmes contre 9 points pour les hommes de 2002 à 2016. La scolarisation des jeunes garçons surtout au sein des quartiers difficiles constitue un problème indéniable en France qui pèse sur leur insertion professionnelle ultérieure.
Le nombre de décrocheurs en baisse
Le nombre de décrocheurs parmi les étudiants recule. En effet, la part des jeunes (âgés de 18 à 24 ans) ayant quitté prématurément l’éducation et la formation a régulièrement diminué dans l’Union passant de 17,0 % en 2002 à 10,7 % en 2016. Les jeunes femmes (9,2 % en 2016) sont moins affectées par ce phénomène que les jeunes hommes (12,2 %). L’objectif Europe 2020 est de réduire les taux de décrochage scolaire dans l’UE à moins de 10 % d’ici à 2020.
Par rapport à 2006, la proportion de jeunes ayant quitté prématurément l’éducation et la formation a diminué en 2016 dans tous les États membres à l’exception de la République tchèque, de la Roumanie et de la Slovaquie.
En 2016, les proportions les plus faibles de jeunes ayant quitté prématurément l’école ont été observées en Croatie (2,8 %), en Lituanie (4,8 %) et en Slovénie (4,9%), tandis que les taux les plus élevés ont été enregistrés à Malte (19,6 %), en Espagne (19,0 %) et en Roumanie (18,5 %). Treize États membres ont déjà atteint leur objectif national pour 2020 sur cet indicateur: la Belgique, le Danemark, l’Irlande, la Grèce, la France, la Croatie, l’Italie, Chypre, la Lituanie, le Luxembourg, l’Autriche, la Slovénie et la Finlande.
En 2016, la part des jeunes ayant quitté prématurément l’éducation et la formation a été plus faible pour les femmes que pour les hommes dans tous les États membres de l’UE, à l’exception de la Bulgarie, de la République tchèque et de la Roumanie. Ainsi, en France, le nombre de décrocheurs parmi les étudiants est de 8,8 % (10,1 % pour les hommes et 7,5 % pour les femmes). La France fait mieux que l’Allemagne, le Royaume-Uni ou l’Italie.
L’angoisse du diplôme
L’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur joue un rôle croissant pour la bonne insertion dans la vie professionnelle. La pression sur les jeunes est, de de ce fait, plus importante ce qui peut être contreproductif en matière de résultats. L’OCDE, dans le cadre de son enquête PISA, a publié un rapport, sur le bien-être des élèves. Ce rapport analyse pour la première fois la volonté des élèves de bien travailler à l’école, leurs relations avec leurs camarades et leurs enseignants, leur vie à la maison et ce qu’ils font en dehors de l’école. Les résultats se fondent sur une enquête réalisée auprès de 540 000 élèves dans les 72 pays.
En moyenne dans les pays de l’OCDE, 59 % des élèves signalent qu’ils s’inquiètent souvent de la difficulté des examens qu’ils vont devoir passer et 66 % se disent angoissés par les mauvaises notes. 55 % des élèves se disent très angoissés par les examens, même s’ils les ont bien préparés. Dans tous les pays, les filles se disent plus angoissées par le travail scolaire que les garçons. Pour autant elles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons.
Les élèves plus épanouis signalent généralement des relations positives avec leurs professeurs. Les jeunes qui fréquentent des établissements où le niveau de satisfaction à l’égard de la vie est supérieur à la moyenne nationale signalent que leurs professeurs les soutiennent plus que ceux des établissements où le niveau de satisfaction est inférieur à la moyenne.
Les parents aussi ont un rôle essentiel à jouer. Les élèves dont les parents déclarent « passer du temps uniquement à parler avec leur enfant », « manger le repas principal attablé avec leur enfant » ou « discuter de l’école avec leur enfant » sont systématiquement (entre 22 % et 39 %) plus susceptibles de signaler un niveau de satisfaction élevé à l’égard de la vie. Les conséquences sur le plan scolaire sont également importantes : les élèves qui passent du temps à parler avec leurs parents affichent une avance en sciences équivalant à deux tiers d’une année scolaire, et même après avoir pris en compte le statut socioéconomique, leur avance reste équivalente à un tiers d’année scolaire.
L’enquête a révélé que les brimades à l’école constituaient un problème majeur, une forte proportion d’élèves interrogés s’en dit victimes. En moyenne dans l’ensemble des pays de l’OCDE, 4 % environ des élèves disent être frappés ou poussés au moins quelques fois par mois, pourcentage qui varie de 1 % à 9.5 % selon les pays. Un élève sur cinq s’estime injustement traité par ses professeurs au moins quelques fois par mois (il est sanctionné sévèrement ou se sent offensé ou ridiculisé devant ses camarades).
Dans les pays membres, la plupart des élèves de 15 ans se disent néanmoins heureux à l’école, avec en moyenne un niveau de 7,3 sur une échelle de satisfaction à l’égard de la vie allant de 0 à 10, mais il existe de grandes disparités selon les pays : moins de 4 % des élèves aux Pays-Bas déclarent ne pas être heureux, alors qu’ils sont plus de 20 % dans ce cas en Corée et en Turquie.
Les filles et les élèves de milieux défavorisés sont moins susceptibles que les garçons et les élèves de milieux aisés de signaler des niveaux élevés de satisfaction à l’égard de l’existence.
Les filles sont plus susceptibles que les garçons de déclarer qu’elles veulent obtenir de bonnes notes à l’école et qu’elles veulent pouvoir choisir entre les meilleures options possibles après l’obtention de leur diplôme. Les filles risquent moins que les garçons d’être victimes d’agressions physiques, mais elles risquent davantage de faire l’objet de rumeurs malveillantes.
En moyenne dans les pays de l’OCDE, 44 % des élèves de 15 ans espèrent obtenir par la suite un diplôme universitaire. En Colombie, en Corée, aux États-Unis et au Qatar, plus de trois élèves sur quatre sont dans ce cas. Les attentes des élèves au regard des études supérieures sont influencées par les politiques éducatives en vigueur, en particulier le degré de répartition des élèves par filière.
Environ 6,6 % des élèves dans l’ensemble des pays de l’OCDE ne pratiquent aucune activité physique modérée ou intense en dehors de l’école, et les filles sont plus souvent dans ce cas que les garçons (1,8 point de plus). Les élèves qui pratiquent une activité physique risquent moins que les autres de faire l’école buissonnière, de se sentir étrangers à leur école, d’être très anxieux à propos du travail scolaire ou d’être souvent victimes de brimades.
En moyenne dans les pays de l’OCDE, les élèves passent plus de deux heures en ligne après une journée d’école ordinaire, et plus de trois heures le week-end. Entre 2012 et 2015, le temps passé en ligne en dehors de l’école a augmenté de 40 minutes par jour pendant les jours d’école comme pendant le week-end. L’étude ne précise malheureusement pas quel est l’effet de l’augmentation du nombre d’heures passées devant des écrans sur le niveau scolaire.