C’est déjà hier (10 juin 2017)
Taux inchangés, croissance révisée à la hausse, inflation à la baisse
La Banque centrale européenne (BCE) a décidé, sans surprise, le jeudi 8 juin, de ne pas modifier ses taux. Le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, le taux de la facilité de prêt marginal et le taux de dépôt sont donc maintenus à respectivement 0,00 %, 0,25 % et -0,40 %. Le Conseil des gouverneurs a confirmé que les taux d’intérêt directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels sur une période prolongée, et bien au-delà de l’horizon fixé pour les achats nets d’actifs. Ces derniers, d’un montant de 60 milliards d’euros par mois, sont prévus jusqu’à la fin de l’année et pourront se poursuivre au-delà, si nécessaire. Le Conseil des gouverneurs se donne le temps d’observer un ajustement durable de l’évolution de l’inflation conforme à son objectif.
En l’absence de changement, Mario Draghi a souligné que « les risques sur les perspectives de croissance sont désormais globalement équilibrés », ce qui signifie que la situation en Europe se normalise. La BCE a profité de sa réunion de politique monétaire pour mettre à jour ses prévisions macroéconomiques. Pour cette année, elle table à présent sur une augmentation de 1,9 % du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro, contre +1,8 % jusqu’à maintenant. Les prévisions de croissance ont également été relevées de 0,1 point, à 1,8 % en 2018 et à 1,7 % pour 2019. Pour l’inflation, en revanche, elle a revu ses prévisions à la baisse. La BCE a retenu un taux d’inflation à 1,5 % en 2017, soit 0,2 point de moins qu’en mars. La prévision de hausse des prix est revue à 1,3 % pour 2018 contre 1,6 % en mars et à 1,6 % pour 2019 contre 1,7 % en mars. Cette correction fait suite à la baisse du prix du pétrole.
La retenue à la source se fera attendre
Mercredi 7 juin, le Premier Ministre, Édouard Philippe, a annoncé le report au 1er janvier 2019 de la retenue à la source qui devait s’appliquer à compter de 2018. Cette décision a été motivée par la nécessité de tester cette réforme qui pourrait générer un surcroît de charges de travail pour les PME. En réalité, elle vise surtout à éviter un télescopage avec la baisse des charges sociales, une promesse phare du Président de la République.
Ce report d’un an aboutit à supprimer l’année blanche 2017. De ce fait, tous les dispositifs de réduction d’impôt dont ceux relatifs à l’épargne retraite sont, cette année, opérationnels. 2018 sera donc une année blanche (sauf en ce qui concerne les revenus exceptionnels) à moins qu’un nouveau report intervienne entre temps ou que la réforme soit abandonnée.
Le report de la retenue à la source évite donc de brouiller le projet de suppression des cotisations d’assurance maladie (0,75 %) et des cotisations de chômage (2,4 %) compensées par la hausse de la CSG de 1,7 point. Au total, l’exonération de charges représente 3,15 % sur le salaire brut dans la limite de quatre fois le plafond de la sécurité sociale.
La hausse de 1,7 point de CSG étant calculée sur 98,25 % du salaire brut aboutit à une augmentation de 1,67 %. Le gain cotisations sociales / CSG serait donc, en moyenne, de 1,48 % pour un salarié dont les revenus se situent en-dessous de 4 fois le plafond de la Sécurité sociale. Concrètement :
- Un salarié rémunéré au SMIC améliore sa situation de 260 euros par an ;
- Une personne rémunérée à 3000 euros brut gagne 533 euros ;
- Une personne rémunérée 5000 euros brut gagne 888 euros.
Au-delà de quatre fois le plafond de la Sécurité sociale, soit 12.872 euros par mois en 2016, la baisse des cotisations sociales du fait du plafonnement est progressivement compensée par l’augmentation de la CSG qui n’est pas plafonnée.
Le gain de pouvoir d’achat est limité aux actifs. Les retraités, ne payant pas de cotisation chômage, supporteront la CSG sauf pour ceux qui en sont exonérés et ceux qui bénéficient du taux réduit de 3,8 %. Pour les travailleurs indépendants et les fonctionnaires qui n’acquittent pas de cotisation chômage, des mesures spécifiques seront prises afin qu’ils puissent bénéficier d’une revalorisation de leurs revenus.
Par ailleurs, la hausse de la CSG touchera toutes les autres formes de revenus, mobiliers et immobiliers. Néanmoins, l’introduction du prélèvement libératoire de 30 % pourrait neutraliser ce relèvement.
La retenue à la source entrera-t-elle réellement en vigueur ? Elle pourrait faire les frais de la série de réformes prévue par le Président de la République. Les tests que le Ministère des Finances devrait conduire pourraient conclure soit à son abandon, soit à sa modification. Le principe de l’individualisation de l’impôt que le candidat Emmanuel Macron a suggéré durant sa campagne pourrait s’imposer. Chez nos partenaires, la retenue à la source s’effectue dans la quasi-totalité des cas dans un cadre individuel et non conjugal comme cela a été prévu en France.
Le Royaume-Uni à la traîne, la Roumanie en haut de l’affiche
Au cours du premier trimestre 2017, tant dans la zone euro que dans l’Union européenne (UE), le PIB corrigé des variations saisonnières a progressé de 0,6 % par rapport au trimestre précédent.
En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le PIB corrigé des variations saisonnières s’est accru de 1,9 % dans la zone euro et de 2,1 % dans l’UE au premier trimestre 2017, après respectivement +1,8 % et +2,0 % au quatrième trimestre 2016. Au cours du premier trimestre 2017, le PIB des États-Unis a progressé de 0,3 % par rapport au trimestre précédent (après +0,5 % au quatrième trimestre 2016). Par rapport au même trimestre de l’année précédente, le PIB a progressé de 2,0 % (après +2,0 % également au quatrième trimestre 2016).
Parmi les États membres pour lesquels les données pour le premier trimestre 2017 sont disponibles, la Roumanie a enregistré le taux de croissance le plus élevé (+1,7 %), suivie par la Lettonie (+1,6 %), la Slovénie (+1,5 %) ainsi que la Lituanie (+1,4 %). Le Royaume-Uni a enregistré la plus faible croissance, +0,2 %. Parmi les pays mal classés, figurent la France et la Grèce (+0,4 % pour les deux).