C’est déjà hier du 11 novembre 2017
Des entreprises en meilleure santé
En 2015, selon l’INSEE, l’ensemble des secteurs marchands non agricoles comptabilisait 4,0 millions d’entreprises au sens unités légales et entreprises profilées pour un chiffre d’affaires hors taxes global de 3 800 milliards d’euros. Leur valeur ajoutée a atteint 1 100 milliards d’euros, soit plus de 50 % de la valeur ajoutée de l’ensemble de l’économie française. Après plusieurs années difficiles du fait de la faiblesse de la demande tant intérieure qu’internationale, la valeur ajoutée des entreprises a renoué avec la croissance en 2015 avec un gain de 2,4 %.
En 2015, la valeur ajoutée médiane des entreprises de 250 salariés ou plus est de 33 millions d’euros. C’est 30 fois supérieur à celle des entreprises de 10 à 249 salariés, 300 fois supérieur à celles de 1 à 9 salariés et 2 000 fois supérieur aux unités sans salarié. Les plus petites entreprises sont très hétérogènes : on y trouve des artisans, des professions libérales, mais aussi des sièges sociaux, des sociétés civiles immobilières (SCI), des filiales de multinationales, etc. Un quart des entreprises sans salarié ne dégage quasiment pas de valeur ajoutée. Et, avec une valeur ajoutée médiane à 16 000 euros, 600 000 unités ne financent pas l’équivalent d’un SMIC (coût annuel à temps plein charges patronales comprises : près de 20 000 euros).
La reprise de l’investissement
Après deux années de recul, l’investissement a augmenté en 2015 avec un gain de 3,5 %. Du fait de l’augmentation de la valeur ajoutée, le taux d’investissement est resté orienté à la baisse jusqu’en 2014 et ne s’est redressé que de 0,2 point en 2015. Il retrouve le chemin de la hausse en 2016. Le rebond a été favorisé par le dispositif de suramortissement mis en place en avril 2015. Le vieillissement des équipements des entreprises imposait une remise à niveau facilitée par l’amélioration des résultats et une demande finale en hausse.
Des résultats financiers en progrès
Le taux de marge qui était orienté à la baisse depuis 2012 s’est redressé de 1,1 point. Cette augmentation est imputable aux mesures prises pour la réduction du coût du travail et pour l’amélioration de la compétitivité des entreprises. Les cotisations sociales ont augmenté moins vite que les salaires grâce à la montée en charge du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi et la mise en place du Pacte de responsabilité et de solidarité. Dans l’industrie, les transports et entreposage, l’immobilier et les services aux particuliers, le taux de marge a retrouvé un niveau supérieur à celui de 2010.
Le taux de marge qui rapporte l’excédent brut d’exploitation à la valeur ajoutée aux coûts des facteurs de production restait 1,5 point en retrait de son niveau de 2010. Les grandes entreprises ont enregistré le plus fort rebond en 2015 (+1,7 point) qui a été plus modéré pour les entreprises de 1 à 9 salariés (+0,7 point) et celles de 10 à 249 salariés (+0,6 point). En 2015, le taux de marge a augmenté dans cinq secteurs : l’industrie (+2,2 points), l’hébergement et restauration (+2,2 points), le commerce (+1,6 point), l’information et communication (+0,9 point) et les transports et entreposage (+0,6 point). Il est stable dans les autres secteurs.
La rentabilité financière et le taux d’autofinancement des entreprises se sont améliorés en 2015. Sur la période 2010 à 2013, ils étaient orientés à la baisse avant de se stabiliser en 2014. La mise en place du CICE en 2013 et la montée en puissance du pacte de compétitivité à partir de 2015 ont contribué à ce retournement de tendance.
Une forte croissance de la création d’entreprises
En 2016, dans l’ensemble de l’économie marchande non agricole, 554 000 entreprises ont été créées, soit 6 % de plus qu’en 2015. Il s’agit de la plus forte hausse depuis six ans. La France est un des pays de l’OCDE en pointe pour la création d’entreprises. Cette situation est liée à la simplicité du statut de micro-entreprise. Elle est également la conséquence du développement d’activités de service générées par les plateformes digitales. Les créations de sociétés augmentent (+10 %), de même que les créations d’entreprises individuelles classiques (+10 %). Les défaillances d’entreprises sont, quant à elles, en fort recul depuis la fin 2015. Début 2017, le nombre de 57 000 défaillances cumulées sur un an a retrouvé son niveau du début de l’année 2009.
Des exportations concentrées sur un nombre réduit d’entreprises
Selon l’INSEE, en 2014, les 50 entreprises ayant réalisé les plus fortes exportations concentrent 34 % des exportations. Les 500 premières en concentrent 60 % et les 5 000 premières 86 %. Cette situation s’explique par la structure de notre tissu économique duale comportant de grandes entreprises présentes sur les marchés mondiaux, un grand nombre de petites entreprises dans le secteur tertiaire et peu d’entreprises de taille intermédiaire.
10 ans après, les stigmates de la crise s’effacent doucement
Dix ans après la crise de 2008, les entreprises commencent à en effacer les stigmates. À la différence de certains pays européens, les coûts salariaux n’ont pas diminué du fait de la rigidité des salaires à la baisse. La période 2010/2013 a été marquée par une augmentation des charges et des impôts. À partir de 2013, un nouveau cycle s’est ouvert avec la mise en place du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. De 2008 à 2017, les faillites ont épargné les grands groupes même si des restructurations ont concerné plusieurs d’entre eux. Si la crise de 2008 a, par sa nature, mis en difficulté certaines sociétés financières, les années qui suivirent révélèrent les faiblesses d’entreprises industrielles en particulier dans les secteurs du textile, des transports et de l’automobile (Alstom, PSA, Air France, STX, etc.). Les faillites ont concerné avant tout les sous-traitants et les entreprises de taille intermédiaire. Le paysage économique français a changé avec la poursuite de la tertiarisation, la concentration de l’activité au sein des grandes agglomérations et la poussée du digital.
Le bel été français
La saison estivale 2017 a été un bon cru pour le tourisme français. Au troisième trimestre, selon l’INSEE, la fréquentation dans les hébergements collectifs touristiques, (exprimée en nuitées) augmente de 4,1 % par rapport à la même période de 2016. Cette progression résulte du retour de la clientèle étrangère qui avait fui notre pays en raison des attentats. La clientèle non résidente progresse en effet de 5,0 % quand l’augmentation pour les résidents français n’est que de 3,7 %. C’est le quatrième trimestre consécutif de hausse, effaçant ainsi les baisses précédentes. Désormais, le nombre de nuitées du trimestre dépasse de 2,5 % celui du troisième trimestre 2015 et le seuil des 200 millions de nuitées est franchi pour la première fois.
La situation s’est nettement améliorée au troisième trimestre pour les hôtels. Ils enregistrent une hausse de leurs nuitées de 5,2 % en glissement annuel. La progression de la clientèle étrangère est nette avec un gain de +8,7 %. L’Île-de-France a enregistré une forte croissance mais qui ne permet pas de compenser la diminution subie après les attentats. La fréquentation hôtelière augmente également sur le littoral (+4,1 %), dans les zones urbaines de province (+3,7 %) et plus modérément dans les autres espaces. Elle fléchit légèrement dans les massifs de haute montagne. Le taux d’occupation des hôtels a atteint 68,8 % (+3,4 points sur un an).
Pour les campings, la hausse de fréquentation est plus modérée (+2,5 % en un an, +3,5 % sur deux ans). En effet, contrairement aux hôtels, la chute de la fréquentation de 2016 ne les a pas concernés. Par ailleurs, en 2017, ils ont souffert de la météo qui a été médiocre dans le Nord de la France. Les vacanciers privilégient de plus en les hébergements haut de gamme en matière de camping (+10,0 % pour les 4-5 étoiles) et pour les emplacements équipés (+5,9 %).
Petit trou d’air pour l’emploi en France
Les économistes s’étonnaient que, durant l’été, le nombre de demandeurs d’emploi augmente malgré le retour de la croissance. L’explication provient Il apparaît à la lecture des premières estimations de l’INSEE publiées le vendredi 10 novembre, au troisième trimestre, l’emploi salarié privé a réalisé une contreperformance avec une croissance de +0,2 % (après +0,4 %, soit 29 700 créations nettes d’emploi après 81 500 au deuxième trimestre). Sur un an, l’emploi salarié privé s’accroît néanmoins de 1,3 % (soit +240 900). Hors intérim, il augmente de 0,2 % sur le trimestre (soit +28 200) et de 0,8 % sur un an (+152 800).
L’emploi salarié privé baisse légèrement dans l’industrie (−0,1 %, soit −3 600) ainsi que dans l’agriculture. Il continue d’augmenter dans la construction (+0,5 %, soit +6 700, après +0,4 %). Sur un an, l’emploi privé diminue de 15 700 dans l’industrie, tandis qu’il s’accroît de 18 100 dans la construction.
Au troisième trimestre 2017, dans les services marchands, les créations ont augmenté : +0,3 % (soit +31 000), après +0,6 % au deuxième trimestre. Hors intérim, le ralentissement est moins prononcé : +0,3 %, après +0,4 %. L’emploi intérimaire est quasi stable au troisième trimestre 2017 (+0,2 %, soit +1 500), après avoir fortement augmenté au trimestre précédent (+4,1 %). Sur un an, il reste en très forte hausse (+14,0 %, soit +88 100). L’ajustement par rapport au trimestre précédent s’explique donc par un moindre recours à l’intérim durant la période estivale.
De son côté, l’emploi non marchand privé se replie sur le trimestre (−0,2 % après +0,2 %) du fait de l’arrêt de certains contrats au sein des collectivités territoriales mais augmente sur un an (+0,5 %, soit +12 500).
Une amélioration est attendue au cours du 4e trimestre en raison du maintien d’un bon taux activité et d’une reprise de l’intérim.