Le Coin des Epargnants du 23 décembre 2017
Le tableau économique et financier de la semaine
Résultats22 décembre 2017 | Évolutionsur 5 jours | Résultats31 déc. 2016 | |
CAC 40 | 5 364,72 | +0,29 % | 4 862,31 |
Dow Jones | 24 754,06 | +0,42 % | 19 762,60 |
Nasdaq | 6 959,96 | +0,34 % | 5 383,12 |
Dax Allemand | 13 072,79 | -0,23 % | 11 481,06 |
Footsie | 7 592,66 | +1,36 % | 7 142,83 |
Euro Stoxx 50 | 3 553,39 | -0,70 % | 3 290,52 |
Nikkei 225 | 22 902,76 | +1,55 % | 19 114,37 |
Taux de l’OAT France à 10 ans (20 heures) | 0,744 % | +0,108 pt | 0,687 % |
Taux du Bund allemand à 10 ans (18 heures) | 0,419 % | +0,117 pt | 0,208 % |
Taux du Trésor US à 10 ans (18 heures) | 2,488 % | -0,119 pt | 2,454 % |
Cours de l’euro / dollars(18 heures) | 1,1848 | +0,82 % | 1,0540 |
Cours de l’once d’or en dollars (18 heures) | 1 274,602 | +1,53 % | 1 154,570 |
Cours du baril de pétrole Brent en dollars (18 heures) | 64,960 | +2,75 % | 56,620 |
Entre la Catalogne et Donald Trump, que choisir ?
Contrairement à la tradition qui veut que les marchés soient orientés à la hausse avant Noël, les places d’Europe continentale ont perdu un peu de terrain. Par ailleurs, une petite tension sur les taux d’intérêt est apparue au point de faire repasser celui de l’OAT à 10 ans au-dessus de son niveau du 1er janvier. Est-ce l’effet du vote favorable aux indépendantistes en Catalogne, l’incapacité d’Angela Merkel à dessiner une coalition, un ajustement par rapport à la progression à venir des taux américains ou simplement un rallye de fin d’année ? Le fait que la hausse soit identique aux Etats-Unis, en Allemagne et en France ferait pencher la balance pour les deux dernières explications.
L’affaire catalane
La victoire des indépendantistes catalans rappelle aux Européens que le dossier espagnol n’est pas clos et qu’il a de fortes chances d’être au cœur de l’actualité dans les prochains mois. Le départ des sièges sociaux et le ralentissement de l’activité en Catalogne n’ont pas dissuadé les électeurs de confirmer leur volonté de vivre sans Madrid. Même si le parti centriste libéral Cuidadanos est arrivé en tête des suffrages avec 25 % des voix (37 sièges), le rassemblement « Ensemble pour la Catalogne », obtient la majorité des sièges au parlement régional – 70 sur 135. Le parti du Premier ministre, Mariano Rajoy, le Parti populaire, n’a recueilli que 4 % des voix et 3 sièges.
Le Gouvernement espagnol devra donc composer avec des indépendantistes dont les responsables sont pour le moment en prison ou en exil. Il pourra néanmoins mettre en avant la bonne organisation des élections et la forte participation (plus de 80 %). Quelle porte de sortie pour l‘Espagne et la Catalogne ? La mise en œuvre d’un nouveau statut prenant la forme d’une association entre la Catalogne et l’Espagne serait une piste mais suppose au préalable l’engagement d’une véritable négociation entre les différentes parties prenantes.
La question sera de savoir si le Premier Ministre en fonction sera à même de le négocier. Le parti populaire de Mariano Rajoy ne dispose que d’une faible majorité relative. Une alliance entre le Parti socialiste, Podemos et les partis régionalistes, pourrait mettre en minorité le Premier Ministre en cas de blocage sur l’affaire catalane, ce qui conduirait à de nouvelles élections. L’Espagne risque donc de vivre une année 2018 agitée. Pour le moment, les conséquences sur l’euro et les indices européens demeurent néanmoins faibles.
L’adoption de la réforme fiscale aux Etats-Unis
Mercredi 20 décembre, la réforme fiscale promise par Donald Trump, après des semaines de discussion au Congrès a été adoptée. Contrairement à la réforme Ronald Reagan de 1986, celle de 2017 n’a été votée par aucun démocrate. La majorité républicaine a porté seule l’engagement de campagne.
Sur 10 ans, les impôts fédéraux sur les sociétés et sur le revenu devraient être réduits de 1 500 milliards de dollars. Cette baisse d’impôt est censée être compensée par un accroissement de la croissance. Le texte prévoit également l’annulation de l’amende imposée par l’Obamacare aux personnes qui ne sont pas assurées et l’ouverture de terres protégées de l’Alaska à des forages pétroliers. L’adoption de cette réforme âprement discutée devrait conforter l’appréciation des cours boursiers. Elle posera néanmoins, à terme, la question du financement du déficit et de la dette publique qui dépasse 20 000 milliards de dollars soit 105 % du PIB.
L’économie américaine termine bien l’année
Toujours aux Etats-Unis, il faut souligner le prolongement des financements temporaires de l’Etat fédéral américain jusqu’au 19 janvier permettant d’éviter un « shutdown » des activités gouvernementales. Par ailleurs, les dépenses des ménages du mois de novembre ont progressé de 0,6 % contre 0,5 % prévu par le consensus. Les revenus des foyers américains ont augmenté en novembre (+0,3 %). Les ventes de logements neufs, ont également dépassé les prévisions du consensus, avec 733 000 unités en rythme annualisé en novembre, contre 655 000 attendues, et 624 000 le mois précédent.
La pierre, toujours la pierre !
À fin septembre, les ventes de logement ont atteint 952 000, ce qui laisse supposer que la barre du million sera dépassée avant la fin de l’année. Sur douze mois à fin septembre, la hausse atteint 15,5 % selon les représentants des notaires de France. Les prix continuent d’augmenter. Ainsi, au troisième trimestre, le prix des appartements anciens a progressé de 5,1 % sur un an, tandis que celui des maisons anciennes a gagné 3,1 %.
En province, Bordeaux profite toujours du triple effet : réhabilitation du centre-ville, nouvelle Ligne à Grande Vitesse et dynamisme économique. Elle est devenue après Paris l’une des villes les plus chères de France. Les appartements anciens s’y négocient autour de 3 590 euros le mètre carré (en hausse de 12,1 % sur un an) Elle est suivie de Nice, Lyon, Lille et Nantes. À l’opposé, au sein des grandes villes, Dijon, Saint-Etienne et Le Havre figurent parmi les plus accessibles, le prix des appartements anciens étant même orienté à la baisse. À Paris, les prix des appartements anciens ont augmenté de 7,8 % sur un an au troisième trimestre, soit 8 940 euros le mètre carré. Le prix moyen devrait dépasser 9 000 euros du mètre carré au début de l’année 2018 selon les projections de l’indice notaires-Insee. Les écarts de prix entre arrondissements se réduisent, en outre, les hausses les plus fortes ayant été enregistrées cette année dans les 3e, 11e et 18e arrondissements.
Près de 6 % des transactions de logements anciens en métropole sont le fait d’acheteurs étrangers en vue de se constituer une résidence principale ou secondaire. Les Britanniques représentent un tiers des acquéreurs étrangers non-résidents, suivis des Italiens (14 %) et des Belges (12 %). Paris compte 3 % d’acquéreurs étrangers non-résidents.
Selon l’INSEE, l’investissement des ménages en forte progression depuis deux ans devrait se stabiliser dans le courant de l’année 2018. Pour 2017, la progression pourrait excéder 5 %, son plus haut taux depuis 1999. En 2018, un ralentissement des transactions et de la hausse des prix est attendu en raison des mesures fiscales (IFI) et de la modification du Pinel et du prêt à taux zéro.
La consommation en hausse ne fait pas le bonheur du Livret A
Au mois de novembre, les dépenses de consommation des ménages en biens ont progressé de 2,2 % en volume faisant suite à une contraction de 2,1 % en octobre. La consommation d’énergie est en forte hausse, dopée par des températures moyennes plus faibles qu’habituellement (à l’inverse d’octobre). Les achats de textile-habillement sont en hausse tout comme la consommation alimentaire. Seuls les achats de matériels de transport sont en baisse. Ce rebond de la consommation a conduit les ménages à mettre moins d’argent de côté. La collecte du Livret A et du Livret de Développement Durable et Solidaire a tout juste été positive au mois de novembre, + 30 millions d’euros faisant suite à deux mois de décollecte. Le Livret A a pâti des annonces du Gouvernement du mois de septembre et en particulier de celle concernant le gel de son taux pour les deux prochaines années. Le nombre important de mesures concernant l’épargne conduit également les Français à opter pour un prudent attentisme. Par ailleurs, du fait du dynamisme retrouvé de l’activité économique, les ménages sont tentés de réduire leur épargne de précaution dont le Livret A est un des principaux éléments. L’amélioration, certes légère mais réelle, du marché du travail est une source d’optimisme et favorable à la consommation.
L’assurance-vie et l’épargne retraite au rapport
Comme au début du quinquennat de François Hollande, la nouvelle majorité entend modifier les règles de l’épargne et notamment de l’assurance-vie. Il y a cinq ans le rapport Berger/Lefebvre soulignait la nécessité de réorienter l’épargne des Français en faveur de l’économie réelle. Il a débouché sur la création de deux nouveaux produits, le fonds « eurocroissance » et le contrat vie-génération. Aucun de ces deux produits n’a trouvé sa place. Par ailleurs, après avoir menacé de changer de fond en comble la fiscalité de l’assurance-vie, l’ancienne majorité s’était alors contentée de durcir les droits de succession pour les contrats les plus importants.
Nouveau Président, nouveau Gouvernement, nouvelle majorité mais mêmes objectifs, favoriser l’épargne longue. Dans cette perspective, un rapport rédigé par le député Modem Jean-Noël Barrot et par Alice Zagury, la présidente et cofondatrice de la structure d’accompagnement d’entreprise The Family, a été présenté le 21 décembre au Ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire.
Ce rapport met l’accent sur la nécessité pour les Français d’épargner davantage à long terme. À cette fin, les auteurs préconisent une simplification de l’offre en matière d’épargne retraite. Ils suggèrent que tous les produits actuels soient remplacés par deux, le premier reposant sur un contrat collectif (entreprises) et le second sur un contrat individuel. Ils seraient respectivement baptisés « compte avenir individuel » et « compte avenir d’entreprise ». Afin d’encourager les Français à abonder le compte individuel, les auteurs du rapport se prononcent pour la mise en place en franchise fiscale de passerelles entre certains supports d’épargne, y compris l’assurance-vie et ces nouveaux comptes. Cette méthode a déjà été utilisée pour faciliter le transfert des actifs des contrats mono-supports vers des contrats multi-supports (amendement « Fourgous ») et plus récemment en faveur de « l’eurocroissance ». Les entreprises seraient également incitées à abonder les plans d’épargne collectifs, par exemple grâce à un relèvement des plafonds de versement ou à une baisse du forfait social.
Les auteurs du rapport souhaitent également modifier le fonctionnement de l’assurance-vie. Ainsi, ils avancent l’idée d’une modulation de la garantie en capital des fonds euros avec la création d’un « fonds euro bonifié » qui offrirait une garantie en capital croissante avec le temps. Ce serait une façon de réinventer les fonds « eurocroissance ». La garantie ne deviendrait complète qu’au bout de huit ans ou plus. Les rapporteurs suggèrent de revenir sur certaines dispositions fiscales qu’il s’agisse de la franchise d’impôt sur les retraits au-delà de huit ans ou des abattements sur les droits de succession. L’octroi des avantages fiscaux serait lié au temps de détention des actifs sous-jacents au contrat et non plus simplement en fonction de la date de souscription de ce dernier.