La mauvaise passe de l’économie française
Il y a des semaines à oublier. La dernière fait partie de cette catégorie. L’augmentation du chômage, la dégradation du climat des affaires, les mauvais résultats de la balance des paiements courants. Néanmoins, le moral des ménages qui s’était dégradé ces derniers mois a repris quelques couleurs en juin mais tout en restant en-dessous de sa moyenne.
La balance des paiements, l’indicateur clef de nos problèmes
La Banque de France a communiqué les résultats définitifs de la balance des paiements courants pour 2013. La balance des paiements courants est un bon indicateur pour mesurer la situation économique et financière d’un pays car elle prend en compte les échanges de biens et de services mais aussi les transferts financiers. Ainsi, en 2013, le solde des transactions courantes de la France a enregistré un déficit de 30,3 milliards d’euros représentant 1,4 % du PIB, contre 31,8 milliards (1,5 % du PIB) en 2012.
Sans surprise, les échanges de biens et services restent déficitaires de 24 milliards en 2013 contre 30 milliards en 2012. La réduction est imputable à un moindre déficit de la balance commerciale dont le déficit est passé de 67 à 61 milliards d’euros. Néanmoins, cette amélioration doit être relativisée car elle est avant tout liée à la diminution des importations de biens provoquée par la faiblesse de la demande interne et par la baisse de la facture énergétique. Les entreprises françaises n’ont pas réussi à gagner des parts de marché en 2013.
Les échanges de services ont connu une plus forte croissance que ceux des biens mais les importations ont augmenté de 9 % quand les exportations n’ont progressé que de 4 %.
Le tourisme constitue un important pourvoyeur de ressources, en effet, les voyages restent le principal poste excédentaire avec plus de 10 milliards d’euros.
Les autres composantes des transactions courantes, intérêts reçus ou versés notamment, se dégradent avec l’augmentation des encours de dette publique détenus par des non-résidents et également de la réduction de la détention de titres étrangers et de la baisse de leur rendement. Plus de la moitié de la dette publique est détenue par des non-résidents. De ce fait, le paiement des intérêts entraîne un flux financier en-dehors du territoire national et donc à un appauvrissement.
La « position extérieure », qui mesure le patrimoine national vis-à-vis de l’étranger devient plus débitrice, le solde étant de – 351 milliards à fin 2013 (soit 16,6% du PIB) contre -236 milliards à fin 2012.
La France à la recherche de la croissance perdue
L’INSEE a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2014. Elle ne devrait être que de 0,7 % au lieu du 1 % escompté. Cet écart de 0,3 point devrait naturellement augmenter le déficit budgétaire de 3 milliards d’euros. L’objectif de déficit public fixé à 3,6 % du PIB pour cette année sera encore plus difficile à atteindre avec une croissance en berne. Pour mémoire, en 2013, le déficit public a été de 4,3 %. La réduction du déficit est, depuis trois ans, en France sur un trend annuel de 0,3 point par an. Compte tenu des circonstances économiques, la France devrait au mieux revenir à 4 % en 2014. Pour 2015, l’objectif de 2,8 % apparaît, en l’état, surréaliste. La Commission européenne parie respectivement sur 4 et 3,9 %.
Cette révision à la baisse de la croissance est en phase avec les résultats de l’indicateur composite du climat des affaires de l’INSEE. Après avoir connu huit mois de stagnation, l’indicateur perd deux points au mois de juin et se situe, de ce fait, très en-deçà de sa moyenne de long terme. La dégradation concerne tous les secteurs à l’exception des services qui restent stables mais à un niveau faible. Ainsi, l’indicateur se dégrade d’un point dans l’industrie, de deux points dans le commerce de détail et de quatre points dans le bâtiment. Ce dernier secteur souffre malgré les très faibles taux d’intérêt. Les ménages reportent les investissements lourds dans l’immobilier et les collectivités publiques reportent les commandes en raison des incertitudes pesant sur leurs ressources et en raison des cycles électoraux (en périodes pré-électorales et postélectorales, les investissements des collectivités se contractent).
Chômage : un cinquième de la population active (hors fonction publique) en sous-emploi
Avec un climat des affaires dégradé, une croissance en berne, les résultats du chômage du mois de mai ne pouvaient pas être bons d’autant plus que l’activité a été hachée par les jours fériés. En outre, les dispositifs d’emplois aidés commencent à atteindre leurs limites. Certes, le Gouvernement a décidé d’augmenter le nombre d’emplois d’avenir et d’améliorer les contrats de génération mais les marges sont de plus en plus faibles tant pour des raisons budgétaires que pour des raisons économiques. Une entreprise n’embauchera pas même avec une aide à la clef si elle n’en trouve pas l’intérêt.
Au mois de mai, le nombre de demandeurs d’emploi a donc augmenté de 0,7 % et atteint le chiffre record de 3,388 millions soit +24 800.
Au total, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories A, B, C a franchi le cap des 5 020 200 en France métropolitaine fin mai 2014 (5 320 000 en France y compris Dom). Un sixième de la population active est à la recherche d’un emploi. En ne retenant que les salariés du secteur privé, c’est un cinquième de la population active qui est concerné…
C’est en Corse, en Ile de France et en Aquitaine que le chômage a augmenté le plus au mois sur un an. Il s’agit de régions qui avaient plutôt bien résisté à la crise qui sont, aujourd’hui, confrontées à la dégradation du marché du travail.
Consommation, en baisse de 0,6 % sur un an malgré un rebond au mois de mai
Les dépenses de consommation des ménages en biens ont augmenté de 1,0 % en volume mais cette hausse est imputable quasi-exclusivement à l’énergie avec une augmentation de 8 %. Les ménages ont reporté leurs commandes de fuel au printemps du fait de l’hiver clément et pour bénéficier d’un prix en baisse. Les autres postes de consommation sont stables voire en diminution. Il faut souligner que la consommation s’inscrit en baisse de 0,6 % sur un an.