23 juin 2018

Le Coin des tendances du 23 juin 2018

Que se cache-t-il derrière le mot qualité ?

Le consommateur a comme objectif d’avoir le meilleur produit lui offrant la plus grande satisfaction et au moindre prix. Cette équation théorique est évidemment difficile à résoudre. Si les consommateurs des différents pays européens placent la qualité parmi les critères prioritaires pour le passage à l’achat, son appréciation diffère d’un pays à un autre. Les Allemands, les Français, les Japonais ou les Américains n’appréhendent pas obligatoirement la qualité de la même façon.

Selon une étude réalisée par le Crédoc, la qualité renvoie en priorité à la fiabilité pour les Français, les Allemands et les Américains. En revanche, pour les Japonais, plus férus de haute technologie, elle est synonyme de haute performance technologique. A la différence des trois autres pays, la France place la sécurité en deuxième position. À contrario, la performance et la facilité d’utilisation sont des critères moins déterminants en France que chez les trois autres partenaires.

Les consommateurs mettent la protection de l’environnement en 5e position parmi les critères importants quand les Allemands retiennent le caractère innovant du produit, les Américains la renommée de la marque, et les Japonais l’esthétisme.

Pour les produits alimentaires, la qualité passe par le bio et cela quel que soit le pays. En France, elle est également synonyme de bon goût, de label, de produits vendus sans intermédiaire. En Allemagne, un produit alimentaire de qualité se doit d’être cher, d’avoir été produit au niveau local et d’être bon pour la santé. Aux États-Unis, le produit alimentaire doit avoir du goût, être produit sans OGM et être frais. Au Japon, la sécurité et la production local, sans addictif priment.

En matière de services bancaires et d’assurance, les critères diffèrent sensiblement d’un pays à un autre. En France, un service financier de qualité repose sur des conditions tarifaires adaptées et sur une relation client de haut niveau. En Allemagne, le client exige une bonne rémunération de son épargne et un service professionnel. Aux États-Unis, la confiance, la réputation et l’amabilité constituent les points clefs pour apprécier la qualité d’une banque ou d’une compagnie d’assurances. De son côté, le Japonais privilégie les marques et la proximité géographique.

Pour la voiture, un véhicule de qualité se doit d’être confortable pour les Français, cher pour les Allemands et durable pour les Américains. Les consommateurs japonais mettent en avant la marque qui se doit d’être local et la faible consommation d’essence.

En matière d’hygiène et de produits de beauté, la qualité signifie efficacité en France, pour l’Allemand elle renvoie à un prix élevé, pour un Américain à un produit respectueux de l’environnement quand le Japonais attend un produit local et de marque.

La qualité avant les prix

Les Français privilégient la qualité sur le prix pour les produits alimentaires, la télévision, la Hifi, l’électroménager, les produits de beauté et les voitures. En revanche, le prix l’emporte sur la qualité quand il s’agit de services bancaires, d’assurances, d’équipements de loisirs, de réservations de voyages, de souscription d’un abonnement téléphonique ou à Internet. Au sein des trois autres pays, le classement est relativement identique. Malgré tout ; la qualité est un critère important dans la décision d’achat pour l’ameublement en Allemagne et aux États-Unis. Aux États-Unis, la priorité à la qualité domine en matière alimentaire. Les Japonais sont prêts à débourser plus pour obtenir une voiture de qualité.

Les traits de caractère des différents consommateurs ne sont pas sans lien avec leur perception de la société et leurs attentes. Ainsi, les Français mettent en avant le principe de précaution. Ils sont prêts à mettre le prix pour l’alimentaire et pour l’hygiène.  Les Allemands considèrent qu’un produit de qualité suppose un prix élevé. Ils privilégient les produits durables. Ils sont attachés à l’effet sur la santé des produits achetés. Les Américains sont sensibles aux marques tout comme les Japonais. La protection de l’environnement est également une priorité. Les Japonais ont un comportement insulaire avec une vision plus protectionniste de la qualité.

 

« It’s only rock’n roll » but they like it

Dans les années 2000, le marché du disque a subi un choc sans précédent. En effet, avec l’apparition en 1999 du logiciel « Napster », le téléchargement via Internet de fichiers musicaux a provoqué la chute des ventes de disques. En deux ans, Napster compte plus de 60 millions d’utilisateurs dans le monde. Napster popularise le peer-to-peer (P2P) et les échanges de fichiers musicaux sur Internet. En juillet 2001, après une longue bataille judiciaire, Napster est contraint de fermer son site, mais l’apparition d’autres logiciels, comme Gnutella ou Kazaa, permet la poursuite des échanges de fichiers musicaux entre internautes. L’industrie du disque ne se relèvera pas de cette mutation technologique. Depuis 2003, les ventes de disques ont été divisées par deux. La montée du streaming ne compense que marginalement le manque à gagner. Face à cette évolution, le secteur de la musique a replacé au cœur de son activité les concerts. Servant initialement de rampes de lancement des disques, ils sont devenus des centres de profits. Ce changement de paradigme a entraîné la professionnalisation du monde des spectacles avec l’apparition de multinationale comme Live Nation ou Anschutz Entertainment Group (AEG). Elles gèrent toute la chaîne des spectacles, de la sélection des artistes, de la conception des décors jusqu’à leur organisation pratique en passant par les billets, les stands de boisson, les ventes de produits dérivés, les places de parking, les droits de diffusion, la publicité, le sponsoring, etc. Les artistes qui collaborent avec ces multinationales du divertissement peuvent se voir proposer un grand nombre de dates tout autour de la planète. Ces entreprises achètent tout à la fois des festivals, des salles de concert et passent sous contrats les artistes de renom international. Live Nation organise près de 30’000 concerts et 100 000 spectacles par an dans une quarantaine de pays. Jay-Z, Madonna ou encore Christophe Willem font partie des artistes sous contrat avec l’entreprise. La billetterie avec Ticketmaster apporte plus de 20 % de ses revenus. Il commercialise également des tickets pour d’autres organisateurs. Live Nation possède ou gère des salles comme The Fillmore à San Francisco, le Heineken Music-Hall à Amsterdam ou l’Arena O2 à Dublin. Son concurrent direct AEG possède que le Staples Center de Los Angeles ou l’02 Arena à Londres, et assure les tournées par exemple des Rolling Stones. Ces derniers ont été longtemps en relation avec Live Nation dont ils étaient actionnaires. AEG intervient également dans le milieu sportif en rachetant des équipes ou des stades. La compagnie possède le Los Angeles Galaxy, 50 % des Kings de Los Angeles. La société a également investi également dans le patinage artistique

En France, les deux multinationales américaines doivent faire face à la présence d’acteurs nationaux et à l’hostilité des pouvoirs publics. Elles sont accusées de profiter de capter une partie des subventions accordées au monde du spectacle. Le 13 avril dernier, la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen a fait part de son inquiétude au sujet de la concentration qui s’est accélérée ces dernières années, notamment dans le spectacle vivant. La polémique est née avec le rachat par le groupe américain AEG de « Rock en Seine » qui bénéficie de subventions locales.

Parmi les concurrents des deux compagnies américaines figure Fimalac Entertainment, de Marc Ladreit de La Charrière. Cette société est propriétaire d’une vingtaine de salles de spectacles, dont sept à Paris (Pleyel, Théâtre de la Porte Saint-Martin, Théâtre Marigny, etc.) et de dix sociétés de production (Auguri, Encore, Gilbert Coullier, TS3, Anteprima…). Par ailleurs, une autre société, Lagardère Live Entertainement, a racheté le Bataclan, le Casino de Paris, les Folies Bergère, et pris des parts dans le Zénith de Paris.

Face à cette évolution, le numéro 1 des disques, Universal Music essaie de développer sa structure de gestion des spectacles. Possédant de longue date l’Olympia, elle essaie d’acheter de nouvelles salles et des festivals. Elle ainsi racheté le Brive Festival en Corrèze, le Live au Campo dans les Pyrénées-Orientales, le festival des Déferlantes à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) et négocie la prise de contrôle de Garorock.

 Deux acteurs nationaux demeurent en matière d’organisation de concerts, Gérard Drouot Production et Jackie Lombard. Gérard Drouot, assez proche d’AEG, produit des artistes comme Patricia Kaas, Native, Gérald de Palmas, Kassav’, Axelle Red, U2, AC/DC, Joe Satriani, Bruce Springsteen, etc. En 2015, il signe la tournée évènement de la reformation du groupe de rock français Téléphone sous le nom « Les Insus » et en 2016 la tournée en France de Jean Michel Jarre.

Jackie Lombard organise des concerts depuis la fin des années 70. Elle a vendu fin 2007, 51 % des parts de Jackie Lombard Productions à Live Nation Entertainment. Elle fut progressivement évincée par la société américaine ce qui l’a conduit à créer une nouvelle société de production. Durant sa carrière, elle a notamment produit les tournées en France de Beyoncé, U2, les Bee Gees, Rod Stewart, Lionel Richie, George Michael, Barbra Streisand, Adele, Céline Dion ou encore Prince. Elle organise le concert des Rolling Stones avec Gérard Drout le 26 juin à Marseille.

Le modèle économique du secteur de la musique reste fragile. Le marché est porté par des grands groupes de rock internationaux arrivant en fin de carrière. Ces derniers transcendent les générations et génèrent une forte rentabilité, le public étant prêt à débourser des sommes importantes pour les voir. Les places des Rolling Stones peuvent atteindre pour certaines d’entre-elles plus de 300 euros quand il y a vingt ans elles se vendaient autour de 30 euros. Pour les nouvelles générations, la musique est un accompagnement et non pas un mode de vie. Elle est liée aux jeux vidéo ou à des évènements festifs gratuits ou peu onéreux. Le développement de la musique électronique qui a été consacrée par la présence de DJ dans la cour d’honneur de l’Élysée le 21 juin dernier à l’occasion de la fête de la musique n’est pas sans conséquence pour les entreprises de spectacles qui doivent rentabiliser des structures et faire face à des charges non négligeables.