5 janvier 2019

Le Coin de la conjoncture 5 janvier 2019 – Année 2018 – France – Italie

Des voisins pas si différents que cela

Entre les gouvernements italien et français, a priori, peu de points communs et pourtant… Les politique économiques et sociales mises en œuvre, ces dernières semaines, sont assez convergentes, voire ressemblantes. Le Gouvernement italien entend distribuer davantage de revenus quand le Gouvernement français é prévu une augmentation du pouvoir d’achat. Le gouvernement italien réfléchit à l’instauration d’un revenu universel quand, en France, les pouvoirs publics augmentent la prime d’activité, qui est un revenu public destiné aux personnes gagnant autour du SMIC.

Les gouvernements français et italien veulent soutenir le revenu des ménages, des salariés aux revenus faibles. La situation des deux pays en matière de niveau de vie est assez différente. En France, le revenu disponible des ménages a, en euros constants, augmenté de 25 % depuis 1999. Il n’a baissé que de 2011 à 2015. En Italie, il est en 2019 inférieur de 2 points à son niveau de 1999. Il a diminué de manière constante de 2011 à 2017. Il a connu une légère hausse en 2018. En France, de 1999 à 2009, la hausse moyenne annuelle du revenu disponible brut était de 2 % quand en Italie, elle n’était que de 1 %.

Les deux pays se rejoignent par le fait que l’augmentation du salaire réel est constamment supérieure aux gains de productivité. De 1999 à 2018, le salaire réel a augmenté, en France de 23 % quand la productivité n’a progressé que de 17 %. En Italie, les salaires réels ont augmenté de 6 % mais la productivité a reculé de 3 points toujours sur la même période. Le partage des revenus s’est effectué en faveur des salariés mais comme il y avait eu ou pas de gains de productivité, cela a contribué à dégrader la compétitivité de l’économie. Il en a résulté une chute de la profitabilité qui dégrade l’investissement et accroît l’endettement des entreprises. Pour améliorer le revenu des actifs, le Gouvernement français a opéré un basculement de certaines cotisations sociales sur la CSG. Cette opération a provoqué une bronca chez les retraités, ces derniers ne profitant pas de la baisse des cotisations. Pour éteindre l’incendie social lié aux « gilets jaunes », le Président de la République a décidé d’augmenter la prime d’activité financée sur fonds publics. Le Gouvernement italien a également opté pour une augmentation des prestations conduisant comme en France à une hausse du déficit public. Le déficit devrait atteindre 3,5 % du PIB en France et 2,7 % en Italie en dégradation par rapport à 2016 et 2017. Le Gouvernement italien souhaite poursuivre dans cette voie avec le développement d’un revenu universel qui est au cœur de l’opposition avec Bruxelles.

La viabilité des politiques mises en œuvre de part et d’autre des Alpes pose question. La dette française pourrait franchir la barre des 100 % du PIB en 2019 quand celle de l’Italie dépasse déjà les 130 %. L’Italie est déjà confrontée à un écart de taux avec l’Allemagne significatif. Il atteint plus de 2,5 points. Pour le moment, la France échappe à la suspicion des marchés mais cette situation pourrait changer en cas de dérapage avéré du déficit budgétaire et de poursuite des violences sociales.

Les deux pays souffrent avant tout d’un faible taux d’emploi. Il est de 60 % en Italie et de 65 % en France quand il s’élève à plus de 70 % aux États-Unis, en Allemagne, en Suède ou au Japon. Un faible taux d’emploi pèse sur la croissance potentielle. Le moteur économique des deux pays est anémié. En outre, cela conduit à un volume important de dépenses sociales. En France, les prestations sociales représentent plus du tiers du PIB. En Italie, leur poids est de 30 %. La France et l’Italie doivent faire face au faible niveau de compétence de leur population active. Dans le classement PIAAC de l’OCDE, la France se classe au 21e rang et l’Italie au 25e rang loin derrière le Japon, les États d’Europe du Nord ou l’Allemagne. La France et l’Italie se caractérisent également par un nombre élevé de jeunes déscolarisés et sans travail. La proportion des jeunes de 15 à 29 ans non scolarisés et sans travail est de 25 % en Italie et de 17 % en France. Par ailleurs, les deux pays ont également en commun un recours important aux cotisations sociales. Elles atteignent 11,5 % du PIB en France et 8,5 % en Italie contre 6,5 % en Allemagne ou 8 % en Espagne.

L’Italie a perdu le temps d’une génération, 20 ans. Elle est le seul pays de la zone euro dans lequel la situation des ménages s’est dégradée depuis l’instauration de la monnaie unique. À la différence de la France, l’Italie doit faire face à un rapide déclin démographique avec un taux de fécondité de 1,4 % (contre 1,92 % en France). Ce déclin joue en défaveur de sa croissance. Les antagonismes régionaux constituent un autre handicap. La solidarité des régions riches vis-à-vis des régions pauvres est de plus en plus difficile à organiser. Au-delà de ces quelques différences, les deux pays doivent jouer sur l’augmentation du taux d’emploi et sur la progression des gains de productivité. L’accent devrait être mis sur l’investissement et l’innovation ainsi que sur les modalités de création d’emploi.

 

Et si 2018 était une bonne année 

Vue de France, 2018 n’est pas un bon cru, pour la croissance, le chômage, le pouvoir d’achat, les impôts, etc. La France est demeurée un des pays où la proportion de personnes ne croyant pas au système et en l’avenir compte parmi les plus élevées du monde. Mais, 2018 peut être lue d’une tout autre manière. La croissance de l’économie mondiale a été de plus de 3,5 %. Le taux de chômage n’a jamais été aussi bas depuis la crise de 2008. Plus d’une dizaine de pays de l’OCDE sont en situation de plein emploi.

Un environnement surveillé comme jamais

En matière de lutte contre la pollution et le réchauffement climatique, certains se désespèrent de la passivité des États mais sur la planète, jamais le poids des énergies renouvelables n’a été aussi élevé. Selon l’Agence internationale de l’énergie, près de 25 % de son électricité provient des énergies renouvelables en 2017, et ce chiffre devrait passer à 30 % dans les prochaines années. Si d’autres s’alarment, à juste titre, des rejets de plastique dans les océans, il faut souligner que de plus en plus de pays s’engagent à préserver les océans. Même en matière de biodiversité, des efforts ont été entrepris pour limiter les disparations d’espèces. Ainsi, le nombre de baleines grises, en voie de disparition en 2004, croît à nouveau. Leur population atteindrait 22 000. L’espèce est désormais classée comme « préoccupation mineure » pour les spécialistes de la biodiversité. Certes, la récente décision du Japon de reprendre la pêche à la baleine constitue un recul en la matière mais les dirigeants de ce pays l’ont justifié par le fait que le nombre de cétacés s’était accru.

Un taux de pauvreté en recul

Dans le monde, le taux de pauvreté recule d’année en année. Le nombre de personnes vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,90 dollar par jour et par personne) dans le monde a diminué d’un peu plus d’un milliard en trente ans, passant de 1,9 milliard en 1981 à 800 millions en 2013, selon la Banque mondiale. Avec la reprise de l’activité en 2017 et 2018, ce nombre a continué sa baisse. Une évolution d’autant plus positive que, dans le même temps, la population mondiale est passée de 4,5 à 7,2 milliards d’individus. Le taux d’extrême pauvreté a été divisé par 3,9. 10,7 % de la population mondiale vit aujourd’hui avec moins de 1,90 dollar par jour, contre 42,2 % il y a 30 ans. Le nombre de personnes menacées par la famine recule. 800 millions de personnes sont en sous-alimentation en 2018 contre plus de 900 millions il y a 15 ans. Le taux de pauvreté, en France, compte parmi les plus faibles de l’OCDE. Il reste, en France, stable depuis plusieurs années autour de 14 %.

L’accès à l’électricité et au portable de plus en plus mondialisé

87 % de la population mondiale avait accès à l’électricité en 2018 et le taux de diffusion d’Internet, de la téléphonie portable s’accroît même au sein des pays sous-développés. Dans les pays en voie de développement, la pénétration des abonnements mobiles atteint 98,7 % contre 127,3 % dans les pays développés.

Les enfants de plus en plus scolarisés

Les taux d’alphabétisation sont en hausse constante depuis des décennies et, même si cette hausse est limitée, une simple fraction de point de pourcentage peut faire une énorme différence. 60 millions d’enfants n’ont pas accès à l’éducation contre plus de 100 millions en 1999 quand bien même la population des moins de 15 ans s’est accrue en vingt ans.

L’espérance de vie augmente dans la quasi-totalité des pays. En 1950, au niveau mondial, l’espérance de vie était de 47 ans. Elle dépasse désormais 71 ans, selon les Nations Unies. L’espérance de vie a progressé de plus de vingt années en 65 ans. Les inégalités se sont réduites : les populations des régions en développement ont vu leur espérance de vie augmenter de 28 années entre 1950 et 2018, pendant que les pays riches gagnaient moitié moins. L’écart entre les populations des régions développées et celle des régions les plus pauvres a diminué : de 23 années en 1950 à 9 ans en 2017. En France, l’espérance de vie à la naissance figure parmi les plus élevées au monde. Elle s’élève à plus 84 ans pour les femmes et à plus de 79 ans pour les hommes.

Le ressenti des Français est tout autre. Selon une étude du groupe BVA, seulement 19 % des Français considérant que l’année 2019 sera meilleure que 2018, la France se classe à la 46e place des 50 pays interrogés. 80 % des Français estiment que les enfants devront vivre dans un monde plus dur que le leur. Plus de la moitié des Français pensent que la situation économique se dégrade.