C’est déjà hier ! 2 février 2019
Croissance 2018, la France poussive, l’Italie en récession
La croissance de l’économie française s’est élevée à 1,5 % en 2018 contre 2,3 % en 2017. Les experts économiques avaient espéré, en début d’année dernière, une croissance de 1,7 %. Cette décélération n’est pas imputable exclusivement aux « gilets jaunes ». En effet, le ralentissement de l’économie s’est amorcé dès le premier semestre, et la reprise constatée au second n’a pas été suffisante pour compenser le retard accumulé. Malgré tout, la crise des « gilets jaunes » s’est fait ressentir sur la consommation du dernier trimestre et tout particulièrement sur celle de décembre. En 2018, le commerce extérieur a joué positivement sur la croissance. L’investissement, de son côté, a connu une moindre croissance en grande partie en raison des ménages qui ont ralenti leurs achats immobiliers.
Avec un taux de croissance de 1,5 %, la France renoue avec un rythme plus poussif qui est le sien depuis la crise de 2008. Il faut néanmoins signaler que ce résultat n’est pas catastrophique au regard du contexte français et international. Les tensions entre la Chine et les États-Unis, la hausse du cours du pétrole au premier semestre, les incertitudes européennes ont pesé sur les résultats économiques. Il n’en demeure pas moins que cette croissance est insuffisante pour permettre une décrue notable du chômage.
Une croissance au quatrième trimestre moins décevante que prévue
Du fait des blocages provoqués par les « gilets jaunes », certains s’attendaient à une croissance nulle au dernier trimestre. Or, cette dernière est restée stable par rapport à celle du troisième trimestre, +0,3 %. Ce résultat est d’autant plus remarquable que la consommation a été étale du mois d’octobre au mois de décembre.
La croissance de la consommation des ménages en léger recul
Sur l’ensemble de l’année, la consommation des ménages a moins progressé qu’en 2017, +0,8 % contre +1,1 %. Les ménages ont subi, au cours du premier semestre, une érosion de leur pouvoir d’achat provoquée par l’augmentation des prélèvements obligatoires et par la hausse des prix. Le rattrapage de la consommation attendu à la fin de l’année n’a pas eu lieu en raison du contexte social.
En 2018, la consommation en produits alimentaires et en énergie a reculé (respectivement -1,2 % et -0,8 %). Les achats de services sont, en revanche, restés dynamique (+1,5 % en 2018 contre +1,6 % en 2017) quand ceux des biens fabriqués se sont ralentis (respectivement 1,1 % et 2,6 %).
Pour le dernier trimestre, la consommation des ménages a été étale. Si elle est restée positive pour les services (+0,5 %), elle a diminué pour les biens fabriqués (-1,2 %). Les difficultés d’accès aux centres commerciaux peuvent expliquer ce résultat. Au cours du dernier mois de l’année, la consommation en biens des ménages a même reculé de 1,5 %. Sur le quatrième trimestre, le repli est de 0,7 %. Pour le mois de décembre, la baisse s’explique en partie par le recul des achats de produits énergétiques.
Essoufflement de la croissance de l’investissement
En 2017, l’investissement avait été un moteur de la croissance. En 2018, il s’est un peu essoufflé. En effet, son taux de croissance est passé de +4,7 % en 2017 à +2,9 % en 2018. Le repli a été plus marqué pour les ménages que pour les entreprises.
L’investissement des entreprises non financières a augmenté de 3,9 % contre 4,4 % en 2017. Au dernier trimestre, le résultat est assez moyen avec une progression de 0,3 %. Les dépenses d’investissement des administrations publiques ont cru de 0,7 % en 2018 contre 1,6 % en 2017. Comme trois-quarts des investissements publics sont réalisés par les collectivités locales, cette moindre progression peut s’expliquer par les difficultés budgétaires auxquelles elles sont confrontées. L’investissement public pourrait se ralentir en 2019 avec la proximité des élections municipales qui n’incitent pas les élus à s’engager dans des travaux.
L’investissement des ménages n’a progressé que de 2 % après une hausse de 5,6 % en 2017. Les deux derniers trimestres de l’année ont même été marqués par un recul (-0,1 % au troisième et -0,4 % au quatrième). Les ménages ont réduit leur effort pour l’immobilier du fait des prix de plus en plus élevés, de la rareté de l’offre et en raison de la montée des incertitudes. Ils ont privilégié les placements financiers. Le Livret A et surtout l’assurance vie ont profité de ce changement de comportement.
Le commerce extérieur a été porteur en 2018
Le commerce extérieur a contribué positivement à la croissance à hauteur de 0,6 point en 2018 contre +0,1 point en 2017. Les exportations ont augmenté de 3,1 % contre +4,6 % en 2017 mais dans le même temps la croissance des importations a décéléré (+1,1 % contre +3,1 %). Comme les années précédentes, les résultats du commerce extérieur dépendent des livraisons de matériels de transports (avions en particulier).
L’Italie en récession
Avec un deuxième trimestre consécutif de recul de son PIB, l’Italie est entrée en récession à la fin de l’année dernière. L’Italie est donc la première grande puissance économique mondiale à retomber en récession. Le PIB du pays a reculé de 0,2 % au quatrième trimestre, selon des données provisoires faisant suite à une contraction de 0,1 % le trimestre précédent. Pour l’institut statistique italien, Istat, l’économie a souffert du ralentissement allemand et chinois ainsi que de la détérioration marquée de la performance du secteur industriel. Pour certains économistes italiens, la récession pourrait se poursuivre jusqu’à la fin du premier semestre. Le Gouvernement italien accuse l’Europe d’être responsable de cette récession en pointant du doigt la montée des taux d’intérêt générée par les tensions budgétaires que la Commission de Bruxelles aurait favorisées.
La France au-dessus de la moyenne de la zone euro au quatrième trimestre
Au cours du quatrième trimestre 2018, le PIB corrigé des variations saisonnières a, selon Eurostat, augmenté de 0,2 % dans la zone euro et de 0,3% dans l’Union européenne par rapport au trimestre précédent. Au cours du troisième trimestre 2018, le PIB avait également progressé de 0,2 % dans la zone euro et de 0,3 % dans l’Union. Selon une première estimation du taux de croissance annuel pour 2018, le PIB a progressé de 1,8 % dans la zone euro et de 1,9 % pour l’ensemble de l’Union européenne. Sur l’ensemble de l’année 2018, la France affiche, en revanche, un résultat en retrait par rapport à la moyenne européenne et de la zone euro.
De 2018 à 2019, le poids des fondamentaux et des incertitudes
Compte tenu des fondamentaux de l’économie française (démographie, gains de productivité, investissement de ces dernières années), le taux de croissance de 1,5 % constatée en 2018 n’est pas anormale même s’il n’est pas satisfaisant. Certes, au regard du retard accumulé depuis dix ans, il peut être jugé décevant. Il ne permet pas de compenser les manques à gagner accumulés. L’économie française est toujours pénalisée par l’étroitesse de son secteur productif et le taux d’emploi demeure faible en France (65 % contre 76 % en Allemagne). Le positionnement moyenne gamme de la production française constitue toujours un handicap au regard de ses coûts élevés en liaison avec un niveau record à l’échelle européenne de dépenses publiques.
Pour 2019, l’économie française devrait bénéficier d’un regain de la consommation, rendu possible par le ralentissement de la hausse des prix et par le plan sur le pouvoir d’achat décidé par le Président de la République Emmanuel Macron au mois de décembre (voir article ci-dessous sur l’impact de ce plan). La diminution du cours du baril devrait également favoriser la consommation et diminuer le coût des importations. En revanche, le ralentissement de la Chine et surtout celui de l’Allemagne, s’il était confirmé, seraient préjudiciables à la croissance française. Il faudra également prendre en compte éventuellement l’impact d’un Hard Brexit. L’agroalimentaire, l’industrie des transports et celle des médicaments risquent d’être pénalisés en cas d’absence d’accord entre l’Union européenne et le Royaume-Uni d’ici le 29 mars.
Rebond de la confiance des ménages au mois de janvier
Après s’être nettement dégradée en fin d’année 2018, la confiance des ménages dans la situation économique a, selon l’INSEE, augmenté de 5 points pour retrouver son niveau de novembre 2018. À 91, il demeure toutefois bien au-dessous de sa moyenne de longue période (100). Ce sursaut est peut-être imputable aux annonces du Président de la République concernant le pouvoir d’achat. Ainsi, en janvier, la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants se redresse nettement. Le solde correspondant gagne 10 points après en avoir perdu 15 en décembre. Il reste cependant au-dessous de sa moyenne de longue période. Concernant leur situation financière future, les ménages sont plus optimistes. L’indice qui la mesure gagne 8 points mais demeure inférieur à sa moyenne de longue période. De même, le solde d’opinion des ménages quant à leur situation financière passée augmente : il gagne 4 points mais reste, lui aussi, inférieur à sa moyenne sur longue période.
En janvier, la part des ménages qui considèrent que le niveau de vie futur en France s’améliorera au cours des douze prochains mois augmente de manière marquée : le solde augmente de 10 points, même s’il demeure au-dessous de sa moyenne.
Le solde d’opinion des ménages sur le niveau de vie passé en France augmente quant à lui plus légèrement (+2 points). Il est également bien au-dessous de sa moyenne de longue période.
En janvier, l’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne s’améliore. En effet, le solde correspondant à la capacité d’épargne future gagne 7 points et retrouve son niveau de novembre 2018, tandis que celui correspondant à la capacité d’épargne actuelle est stable. Ces deux soldes demeurent néanmoins au-dessous de leur moyenne de longue période.
La part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner augmente également : le solde correspondant gagne 5 points mais demeure, lui aussi, nettement au-dessous de sa moyenne.
En revanche, sur le front de l’emploi, les ménages sont plus pessimistes. En effet, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage augmentent à nouveau en janvier : le solde correspondant gagne 2 points (après +3 points en décembre +22 points en novembre). Il se situe désormais légèrement au-dessus de sa moyenne de longue période.
En janvier, les ménages estimant que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois sont très nettement moins nombreux que le mois précédent. Le solde correspondant diminue de 23 points. La baisse du cours du pétrole semble avoir été perceptible. De même, les ménages sont nettement moins nombreux à estimer que les prix vont augmenter au cours des douze prochains mois : le solde correspondant perd 16 points et se situe désormais au-dessous de sa moyenne
Le taux de chômage en baisse de 0,7 point en zone euro en un an
Dans la zone euro, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s’est établi à 7,9 % en décembre dernier, stable par rapport à novembre et en baisse par rapport au taux de 8,6 % de décembre 2017. Il demeure le taux le plus faible enregistré dans la zone euro depuis octobre 2008. Pour l’ensemble de l’Union européenne, le taux de chômage s’est établi à 6,6 % en décembre, également stable par rapport à novembre et en baisse par rapport au taux de 7,2 % de décembre 2017. Là encore, ce taux constitue le plus faible enregistré dans l’Union depuis le début de la série mensuelle sur le chômage en janvier 2000.
Parmi les États membres, les taux de chômage les plus faibles en décembre ont été enregistrés en Tchéquie (2,1 %), en Allemagne (3,3 %), en Pologne (3,5 %) et aux Pays-Bas (3,6 %). Plus de dix États européens ont un taux de chômage inférieur à 5 %.
Les taux de chômage les plus élevés ont quant à eux été relevés en Grèce (18,6 % en octobre 2018), en Espagne (14,3 %), en Italie (10,3 %) et en France (9,1 %). Le chômage de masse concerne essentiellement les États latins se caractérisant par une forte activité touristique et une préférence marquée pour la pierre.
Sur un an, le taux de chômage a baissé dans tous les États membres, à l’exception de la France où il est resté stable. Les baisses les plus marquées ont été observées en Grèce (de 21,0 % à 18,6 % entre octobre 2017 et octobre 2018), en Espagne (de 16,5 % à 14,3 %) et en Croatie (de 9,7 % à 7,7 %).
Pour mémoire, en décembre le taux de chômage aux États-Unis s’est établi à 3,9 %, en hausse par rapport au taux de 3,7 % de novembre 2018 mais en baisse par rapport aux taux de 4,1 % de décembre 2017.