16 mars 2019

Le Coin des Tendances du 16 mars 2019

L’accès à la propriété, un chemin de croix pour les jeunes ménages à revenus modestes

Selon une étude de la Banque de France, l’accès à la propriété pour les jeunes ménages s’est, sans surprise, compliqué ces dernières années avec à la clef une montée des inégalités en fonction des revenus. Selon les enquêtes Logement (Insee), 32 % des jeunes ménages modestes étaient propriétaires en 1973, et seulement 16 % en 2013. Le taux de propriétaires au sein des jeunes ménages aisés est, quant à lui, passé de 43 % à 66 %. Le prix de l’immobilier et la situation du marché de l’emploi ne sont pas les seuls facteurs à prendre en compte. La multiplication des familles monoparentales a compliqué l’accès à la propriété surtout pour les ménages les plus modestes. La part de familles monoparentales est multipliée par 3 entre 1978 (9 %) et 2013 (29 %).

Les jeunes ménages sont moins portés sur l’achat d’un bien immobilier que leurs aînés. Plus mobiles et moins argentés, ils privilégient la location voire la location par choix ou par contrainte. Le fait que la naissance des enfants intervient de plus en plus tard au sein des ménages explique que les moins de 30 se portent moins souvent acquéreur d’un bien immobilier que leurs prédécesseurs. L’enfant reste l’élément déclencheur pour l’achat d’un logement. En 1978, 78 % des ménages modestes avaient au moins un enfant, contre 38 % en 2013. Par ailleurs, la multiplication des divorces et la moindre stabilité des ménages influent également sur la décision ou pas d’acheter un bien immobilier.

L’urbanisation croissante de la population ne favorise pas l’accès à la propriété. De moins en moins de jeunes couples vivent en milieu rural. Il est plus coûteux d’acheter un logement au sein des grandes métropoles qu’au sein des petites aires urbaines. En outre, l’existence de logements sociaux peut dissuader le passage à l’achat d’un bien immobilier. Entre le paiement d’un loyer relativement faible et la prise de risque générée par l’acquisition d’un bien immobilier, les jeunes ménages choisissent bien souvent le premier. Les ménages les plus modestes se concentrent en périphéries des grandes villes. La part des jeunes ménages modestes vivant en milieu rural a été divisée par 2 depuis 1978, chutant de 31 à 15 % au profit des villes de plus grande importance, Paris compris.

L’achat d’un bien immobilier donne lieu à d’importants soutiens familiaux pour les jeunes couples. L’augmentation des prix a réduit en valeur relative les apports des parents ou des grands-parents. Du fait d’aides insuffisantes, certains ménages ont été évincés du marché. La probabilité d’être propriétaire augmente nettement avec la réception d’une aide. Chez les plus modestes, les ménages n’ayant pas reçu d’aide ne sont que 4 % à être propriétaires, contre 28 % lorsqu’ils déclarent avoir reçu une aide. Les jeunes ménages aisés reçoivent le plus souvent des donations, près d’un quart contre 16 % pour les plus modestes au moment de l’achat. Au cours des années 2000, l’évolution de la fréquence des dons creuse l’écart entre les plus modestes et les plus aisés. Les ménages modestes ont un peu moins souvent bénéficié d’une aide (8 % en 2002 contre 7 % en 2013) et sont moins fréquemment devenus propriétaires. Entre 2002 et 2013, la part des jeunes ménages aisés aidés par leur famille passe de 20 % à 24 %, soit une augmentation de 20 %. En conséquence, leur probabilité d’accès à la propriété augmente de 9 points de pourcentage (passant de 57 % à 66 %) dont 13 % s’expliquent par les aides reçues.

La démocratisation d’Internet est une réalité à quelques exceptions près En 2018, 87 % de la population française a accès, à domicile, à Internet, et plus de 79 % au haut débit. En dix ans, la hausse est respectivement de 20 et de 18 points. Les moins de 30 ans sont désormais connectés à presque 100 % (98,7 %). En une décennie, le taux d’équipement a progressé en particulier chez les seniors. Avec l’arrivée des larges classes du baby-boom à l’âge de la retraite, il est assez logique que le nombre de personnes de plus de 60 ans ayant accès à Internet augmente. Chez les 60/74 ans, le taux d’équipement à Internet est de 82 % en 2018 contre 47 % en 2009. Pour le haut débit, les taux respectifs étaient de 71 et 43 %. Pour les plus de 75 ans, le taux d’équipement est désormais de 45 % contre 14 % il y a dix ans. Néanmoins, plus de la moitié des plus de 75 ans ne sont pas connectés, ce qui peut poser des problèmes pour les relations avec les administrations notamment fiscales

Données : INSEE

La mobilité l’a emporté sur le fixe

En 2018, 68 % des personnes résidant en France ont navigué sur Internet en dehors de chez elles, via un ordinateur portable, un téléphone portable, une tablette ou un autre appareil mobile ; elles n’étaient que 18 % neuf ans auparavant.

Chez les moins de 25 ans, la consultation d’Internet sur la même période s’effectue, avant tout par le téléphone mobile. 92 % des 15/24 ans consultent tous les jours Internet via leur smartphone. Le mobile s’impose chez les jeunes mais aussi chez les actifs de moins de 45 ans. Le taux d’utilisation des mobiles pour Internet baisse à 46 % pour les 60/74 ans et à 16 % chez les plus de 75 ans. La montée en puissance du mobile a été très rapide au cours de ces dix dernières années grâce au développement de la 4G et de la diffusion des smartphones.

Les ruraux réduisent l’écart avec les urbains pour l’utilisation d’Internet

En 2010, la fréquence d’utilisation variait en fonction du lieu d’habitation. Les ruraux étaient de moindres adeptes d’Internet que les urbains. En dix ans, les écarts se sont réduits. 63 % des habitants des communes rurales se connectent tous les jours à Internet contre 75 % des habitants de la région parisienne, soit un écart de 12 points. En 2009, l’écart était de 30 points. Pour la consultation via un mobile, les pratiques se sont harmonisées quelle que soit la taille de l’air urbaine.



Données : INSEE

Les jeunes, fers de lance des achats en ligne

En 2018, dans les trois mois de l’enquête de l’INSEE, près de 60 % des Français ont consulté leurs comptes bancaires sur Internet. Ce taux était de 39 % il y a dix ans. 61 % des sondés ont réalisé au moins un achat sur Internet en 2018 contre 39 % en 2009. Ce sont les 30-49 ans qui sont les plus accros aux achats sur Internet (80 % ont effectué au moins un achat en 2018). À la différence des jeunes de moins de 25 ans, leurs revenus sont plus importants. Par ailleurs, du fait de leur activité professionnelle, les achats sur Internet sont une source de gains de temps. Enfin, contrairement à certain nombre de leurs aînés, la problématique technologique ne constitue pas un frein pour cette classe d’âges.

Un Français sur deux a effectué au moins un achat dans les trois mois précédent l’enquête.

Données : INSEE

Les ruraux adoptent l’achat en ligne

Même si les urbains sont les plus adeptes de l’achat sur Internet, plus de la moitié des ruraux ont admis avoir réalisé au moins un achat dans les douze derniers mois précédent l’enquête. Avec la réduction du nombre de commerce, la fermeture des agences bancaires dans les petites communes, les ruraux sont de plus en plus obligés de se connecter pour réaliser des achats ou consulter leurs comptes.

Données : INSEE

L’achat sur Internet une question de diplôme

Même si en 2019, les non-diplômés achètent plus sur Internet qu’en 2009, l’écart avec les diplômés reste conséquent. 85 % des diplômés de l’enseignement supérieur ont acheté au moins une fois dans l’année en ligne contre 27 % des personnes n’ayant pas de diplôme ou ayant un niveau CAP. Cet écart est également en lien avec le niveau de revenus.



Données : INSEE

Les cadres, les plus accros aux achats en ligne

Les différences d’utilisation d’Internet en fonction du diplôme se retrouvent au niveau des catégories socio-professionnelles. 92 % des cadres et des professions libérales recourent à Internet pour effectuer des achats contre 84 % des professions intermédiaires et 64 % des ouvriers. En dix ans, l’écart entre les cadres et les ouvriers s’est réduit passant de 40 à 28 points. Plus de 72 % des actifs ayant un emploi consultent régulièrement leurs comptes bancaires en ligne. Ce taux est de 85 % pour les cadres et les professions libérales.

Données : INSEE L’usage d’Internet s’est profondément démocratisé en une dizaine d’années. Les inégalités géographiques se sont estompées. En revanche, les facteurs d’inégalité liés aux revenus, aux diplômes et à l’âge demeurent avec un risque de ségrégation croissant d’une partie de la population qui ne peut pas accéder à Internet. La large diffusion des smartphones a facilité l’accès à Internet, le recours à l’ordinateur pouvait être une source d’anxiété pour une partie de la population. La généralisation de la consultation en ligne des comptes bancaires a eu une conséquence directe sur la fréquentation des agences bancaires entraînant l’engagement de plan de fermeture. Entre 2009 et 2016, 14,9% des agences bancaires ont disparu en France selon la Fédération bancaire française. En Belgique, BNP Paribas Fortis a annoncé la suppression de 267 agences sur 678 d’ici 2021.