Le Coin des Tendances du 6 avril 2019
Les entreprises françaises face aux défis du digital
En France, les sociétés sont aujourd’hui largement équipées en technologies de l’information et de la communication (TIC). Toutefois, les différences sont importantes selon le type de technologie. Ainsi, quasiment toutes les sociétés de 10 personnes ou plus sont connectées à Internet (99 % des sociétés) et 69 % disposent d’un site web. L’usage de technologies plus spécialisées, comme l’impression 3D ou la robotique, progresse mais reste minoritaire.
L’impression 3 D essentiellement dans les grandes entreprises industrielles
En 2018, en France, 4 % des sociétés de 10 personnes ou plus ont recours à l’impression 3D. L’impression 3D concerne 16 % des sociétés de 250 personnes ou plus. Elle est très marginale dans les sociétés de 10 à 19 personnes (2 %).
Lorsqu’elles utilisent l’impression 3D, plus de la moitié des sociétés se servent de leurs propres imprimantes 3D et plus de la moitié font appel aux services d’impression fournis par d’autres entreprises ; certaines cumulent donc l’impression 3D interne et l’impression 3D sous-traitée. L’impression 3D est avant tout un outil utilisé dans la conception de prototypes ou dans les processus de production des entreprises : 71 % des sociétés ayant eu recours à l’impression 3D l’ont fait pour réaliser des prototypes ou des maquettes destinés à un usage interne. 38 % l’ont utilisée pour créer des prototypes ou des maquettes destinés à la vente et 29 % pour des biens utilisés dans les procédés de production de l’entreprise. Seules 15 % ont recouru à l’impression 3D pour des biens à vendre autres que des prototypes ou des maquettes.
8 % des sociétés utilisent des robots industriels ou de service
En 2018, 8 % des sociétés de 10 personnes ou plus implantées en France utilisent un robot de type industriel ou de service. Elles ont davantage recours à des robots industriels (6 %) qu’à des robots de service (3 %). 22 % des sociétés de 250 personnes ou plus utilisent des robots industriels et 12 % des robots de service, contre une part négligeable des sociétés de 10 à 19 personnes.
Dans l’industrie, le taux d’équipement en robots atteint 21 %. Dans les services, les robots sont avant tout utilisés pour la gestion d’entrepôts (46 % des sociétés utilisant des robots de service. Parmi les autres usages des robots figurent le nettoyage, le traitement des déchets (26 %) et les travaux d’assemblage (16 %).
Un quart des sociétés envoie des factures électroniques dans un format automatisable
En 2017, un quart des sociétés a envoyé des factures dans un format structuré permettant leur traitement automatique. Plus de la moitié des grandes sociétés (250 personnes et plus) en a émis, contre un tiers des sociétés de 50 à 249 personnes et moins d’un quart pour les autres. Un tiers des sociétés du commerce de détail émettent de telles factures contre moins d’une société sur cinq dans le secteur de l’hébergement-restauration.
Malgré tout : deux tiers des sociétés déclarent avoir émis certaines factures uniquement au format papier. C’est un peu plus dans le commerce de détail (71 %) et un peu moins dans l’information-communication (55 %). Par ailleurs, près de deux tiers des sociétés ont envoyé des factures électroniques non structurées (par exemple par courriel ou au format PDF). Seules 5 % des sociétés émettent plus de la moitié de leurs factures dans un format structuré permettant un traitement automatique.
Pour plus de 33 % des sociétés, les factures électroniques reçues dans un format structuré peuvent être traitées de manière automatique. Pour les entreprises de plus de 250 salariés, ce taux est supérieur à 50 %.
Les entreprises françaises sont en retard par rapport à leurs homologues européennes en matière de digitalisation. Ce retard s’explique par le fait que la proportion de PME voire de TPE est plus importante en France. Par ailleurs, le poids de l’industrie y est plus faible, ce qui limite d’autant le nombre de robots qui est deux fois plus faible qu’en Allemagne.
Les Français plus heureux qu’il n’y paraît
Depuis 2010, l’INSEE mesure le bien être des Français à travers une série de questions. Cette enquête fait suite au rapport Stiglitz – Sen – Fitoussi visant à mettre en place un indicateur plus qualificatif que le PIB. Contrairement à certaines d’enquêtes d’opinion, soulignant leur pessimisme, l’étude de l’INSEE souligne que les Français éprouvent un réel sentiment de satisfaction en ce qui concerne leur vie.
En 2017, en France métropolitaine, les personnes âgées de 16 ans ou plus attribuent en moyenne une note de 7,2 sur 10 à la vie qu’elles mènent actuellement. Plus de la moitié des personnes déclarent un niveau de satisfaction de 7 ou de 8 ; 18 % des personnes attribuent une note de 9 ou 10 à leur vie et 20 % une note de 5 ou 6 sur 10. Seules 6 % des personnes donnent une note inférieure ou égale à 4.
L’argent ne fait pas toujours le bonheur mais cela peut aider
Sans surprise, le sentiment de satisfaction dans la vie dépend des conditions de vie matérielles. Plus la situation matérielle est élevée, plus le taux de satisfaction l’est également. Ainsi en 2017, les personnes sans aucune difficulté matérielle attribuent une note de 7,8 à la vie qu’elles mènent actuellement contre 6,8 pour celles confrontées à 4 à 6 difficultés. La note moyenne attribuée est nettement plus basse (4,8) pour les personnes confrontées à au moins 12 difficultés, qui représentent 3,0 % de la population. De même, le niveau de satisfaction croît très fortement avec le niveau de vie. La variation de satisfaction moyenne est forte au sein des 30 % de ménages les plus modestes (en 2017, la satisfaction passe en moyenne de 6,5 à 7,0 entre le premier et le troisième décile de niveau de vie), alors qu’elle est plus modérée au sein des 30 % de ménages les plus aisés (elle passe de 7,5 à 7,6 entre le huitième et le dernier décile de revenu).
Entre 2014 et 2017, la satisfaction dans la vie des déciles les plus aisés se tasse légèrement quand a contrario elle progresse légèrement pour les déciles médians et les premiers déciles.
Le travail contribue à l’optimisme
Les personnes au chômage sont évidemment plus pessimistes que celles qui ont un emploi. Les premières attribuent une note moyenne de 6,3 à leur satisfaction dans la vie, contre 7,4 pour celles en emploi et 7,7 pour les étudiants.
Restons jeunes pour être heureux ou soyons à la retraite
La satisfaction dans la vie est maximale pour les plus jeunes (7,7 pour les 16-24 ans), puis elle diminue avec l’âge jusqu’à 50-54 ans (7,0). En revanche, l’indice de satisfaction augmente légèrement chez les retraités et atteint son maximum entre 65 et 69 ans (7,3) avant de décroître pour les âges avancés du fait de l’augmentation des problèmes de santé (6,6 pour les 85 ans ou plus). Les personnes qui vivent en couple, qu’elles aient ou non des enfants, ont un niveau de satisfaction sensiblement plus élevé (plus de 7,5 avec enfants et 7,4 sans enfant) que celles qui ne sont pas en couple (6,6 pour les personnes à la tête d’une famille monoparentale et 6,7 pour les personnes seules).
La santé, un facteur déterminant
Les personnes jugeant leur état de santé « très bon » attribuent une note moyenne de 8,0 à leur vie en général, contre 5,6 pour celles l’estimant « mauvais » ou « très mauvais ». Les évènements de la vie personnelle influent également sur le moral des Français : décès dans la famille ou les proches, l’isolement, le stress, les divorces. En revanche, le genre n’est pas un facteur déterminant : les hommes et les femmes attribuent en moyenne la même note de satisfaction à leur vie.
Urbains, ruraux, rurbains, même combat
Le niveau de satisfaction ne dépend pas du lieu de son logement. Ainsi, en moyenne, entre 2014 et 2017, la note varie entre 7,2 en zone rurale, dans les villes de plus de 100 000 habitants et dans l’agglomération parisienne et 7,0 dans les villes de 50 000 à 99 999 habitants. La proportion de personnes insatisfaites est plus importante dans les communes isolées ou dans les petites agglomérations non reliées à une métropole. Près d’un cinquième de la population de ces territoires se déclare mécontent de sa vie quotidienne.
Les résultats de l’enquête de l’INSEE tranchent avec ceux du sondage IPSOS réalisé au mois de novembre 2018 juste avant les évènements des « gilets jaunes ». 81 % des personnes interrogées se déclaraient pessimistes. Mais ce sentiment est avant tout lié à la situation du pays et non à leur vie quotidienne. Il y a une insatisfaction collective qui n’empêche pas de considérer que la vie en France est agréable. Ainsi, moins d’un Français sur cinq estime que le pays « va dans la bonne direction ». 86 % des foyers modestes sont pessimistes. Ce taux est malgré tout de 79 % des Français considérés comme aisés. En 2018, le taux de pessimistes a progressé essentiellement parmi les catégories sociales supérieures (+17 points en 2 mois). Parmi les 28 pays de l’OCDE qui participent à cette enquête de l’IPSOS, la France figure à la dernière place en matière d’optimisme. Les Français sont également les plus nostalgiques en Europe. Ainsi, 69 % des plus de 60 ans, comme 69 % des 35-59 ans pensent que la situation s’est dégradée lors de ces vingt dernières années. Ce sentiment est également partagé par plus des deux tiers des moins de 35 ans (67 %) qui n’ont pas connu l’« avant ».