C’est déjà hier 4 mai 2019
La croissance française en mode étale
La croissance française a été de 0,3 % au premier trimestre 2019. Elle est stable depuis trois trimestres. Ce résultat est légèrement inférieur à la prévision de l’INSEE (0,4 %) mais en phase avec celui de la Banque de France. Le taux de croissance de l’économie française est également inférieur à celui de la zone euro prévu à 0,4 %.
Cette croissance a été portée par les dépenses de consommation des ménages qui ont augmenté de +0,4 % après +0,0 %. En revanche, l’investissement a connu une moindre progression (+0,3 % après +0,4 %). Les entreprises continuent à investir (+0,5 % après +0,4 %) quand l’investissement des ménages est toujours en repli pour le troisième trimestre consécutif (-0,3 % au premier trimestre 2019 après −0,2 % et -0,1 %). Cette baisse est liée à la réduction des achats de logements neufs.
Au total, la demande intérieure finale hors stocks accélère un peu : elle contribue à la croissance du PIB à hauteur de +0,3 point après +0,2 point le trimestre précédent.
Les échanges extérieurs ont contribué négativement à la croissance : -0,3 point contre +0,3 point au trimestre précédent. Si la progression des importations s’est légèrement ralentie (+0,9 % après +1,2 %), la décélération est plus nette pour les exportations (+0,1 % après +2,2 %). Le ralentissement du commerce international s’est fait ressentir au cours du premier trimestre. À l’inverse, les variations de stocks y contribuent positivement (+0,3 point après -0,1 point).
Le résultat de la croissance du premier trimestre traduit le fait que la France est entrée dans une phase de croissance modeste mais stable autour de 1,5 % en base annuelle. La reprise de la consommation était attendue après le mauvais dernier trimestre 2019. La reprise de la consommation au regard des injections de pouvoir d’achat (mesures du plan du Président de la République et baisse de l’inflation) aurait pu être plus importante. Les ménages ont tendance à renforcer leur poche d’épargne en ce début d’année par crainte d’une dégradation de la conjoncture ou d’une nouvelle hausse des prix. La longue sortie de la crise des « gilets jaunes » ne favorise pas la restauration de la confiance.
La croissance du premier trimestre ne permet pas de garantir l’atteinte de l’objectif fixé par le Gouvernement pour l’ensemble de l’année. Ce dernier a retenu un taux de 1,4 % pour 2019, en repli de 0,3 point par rapport à son scénario initial, dans son programme de stabilité budgétaire, Cette prévision est supérieure au chiffre attendu au sein de la zone euro (1,1 %, selon la Banque centrale européenne). L’OCDE et le FMI prévoient pour la France un taux de croissance de 1,3 %.
Le marché automobile français toujours incertain
Les immatriculations de voitures particulières neuves connaissent une évolution heurtée. Elles ont baissé de 1,1 % en janvier avant de rebondir de 2,1 % en février pour à nouveau se contracter de 2,3 % en mars. Le mois d’avril a été plutôt étale avec une hausse de + 0,4 %. En ne retenant que les ventes aux particuliers (hors flottes), les ventes sont en net repli (-10,7 %).
Avec 3 226 exemplaires écoulés, la voiture électrique a représenté 1,7 % des ventes de véhicules neufs. Avec 1 475 exemplaires écoulés, la Renault ZOE demeure la voiture électrique la plus vendue. Après 1 100 unités immatriculées en mars, la Tesla Model 3 réalise une performance bien plus modeste en avril avec 251 exemplaires écoulés. Les motorisations alternatives, hybride classique représentent 4,33 % du marché avec un total de 8 141 immatriculations et les hybrides rechargeables 0,70 % avec un total de 1 311 véhicules. Les véhicules à moteur diesel ne représentent plus que 33 % des ventes contre 73 % en 2012.
Comme le soulignent les dernières enquêtes de l’INSEE, les ménages répugnent à s’engager dans des achats durables et cela malgré les gains de pouvoir d’achat enregistrés depuis le début de l’année.
La croissance espagnole résiste
Après avoir connu entre 2009 et 2012 une crise sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale, l’Espagne rattrape le temps perdu avec une croissance nettement supérieure à la moyenne de la zone euro. Au premier trimestre, l’Espagne devrait rester dans le trio de tête des pays à forte croissance de la zone euro. En effet, son PIB s’est accru de 0,7 %, selon les chiffres provisoires publiés mardi par l’Institut national de la statistique (INE). En glissement annuel, la croissance est de 2,4 %, contre 2,3 % au trimestre précédent, une accélération allant à l’encontre des prévisions tablant sur une décélération progressive de l’économie espagnole.
Pour 2019, le Gouvernement et la Banque d’Espagne prévoient une croissance de 2,2 %, après 2,6 % en 2018 et une progression supérieure à 3 % entre 2015 et 2017.
Le chômage continue à refluer. Après s’être approché des 27 % au plus fort de la crise fin 2013, il est désormais de 14, 7 %. Il demeure le deuxième plus élevé de la zone euro après celui de la Grèce. Sur un an, la croissance a entraîné la création de 510 000 emplois équivalent temps plein, annonce l’INE.
Chômage : les régions ultramarines françaises en grande difficulté
Dans la zone euro (ZE19), le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s’est établi à 7,7 % en mars quand il s’élevait à 8,5 % un an auparavant. Il s’agit du plus faible taux enregistré dans la zone euro depuis septembre 2008. Au sein de l’Union européenne, le taux de chômage s’est établi à 6,4 % en mars, en baisse par rapport au taux de 7,0 % de mars 2018. Il s’agit du plus faible taux enregistré dans (répétition) l’Union depuis le début de la série mensuelle sur le chômage en janvier 2000.
Douze États sur les vingt-huit de l’Union européenne ont un taux de chômage inférieur à 5 %. Parmi les États membres, les taux de chômage les plus faibles en mars figurent la République tchèque (1,9 %), en Allemagne (3,2 %) et les Pays-Bas (3,3 %). Les taux de chômage les plus élevés ont quant à eux été relevés en Grèce (18,5 % en janvier 2019), en Espagne (14,0 %) et en Italie (10,2 %).
Au sein des États membres de l’Union européenne, il y a un rapport de 1 à 10 entre le taux le plus faible et le plus élevé. Les écarts sont encore plus marqués entre les régions. Les taux les plus faibles ont été enregistrés dans les régions de Prague (1,3 %) et Sud-Ouest (1,5 %) en Tchéquie ainsi qu’en Moyenne-Franconie (1,8 %). À l’autre extrémité de l’échelle, les taux de chômage les plus élevés ont été relevés à Mayotte (35,1 %) à Ceuta (29,0 %), une ville autonome espagnole et dans la région de Macédoine occidentale (27,0 %) en Grèce.
taux de chômage
Parmi les dix régions ayant le plus fort taux de chômage, quatre sont espagnoles, trois sont françaises et trois sont grecques. Avec des taux supérieurs à 20 %, les régions d’outre-mer françaises sont confrontées à un problème structurel de chômage de masse qui, à plus ou moins court terme, pourrait déboucher sur une crise sociale de grande ampleur. Ces régions dépendent massivement des prestations sociales, ce qui conduit la population à demander leur revalorisation, rendant le retour sur le marché du travail de plus en plus difficile. La situation est d’autant plus préoccupante que le taux de chômage des jeunes atteint des niveaux extrêmement élevés. Ainsi, à Mayotte le taux de chômage des moins de 25 ans est de 61 %, celui de la Guadeloupe est supérieur à 55 % quand la moyenne européenne est de 15,2 %. Les plus faibles taux de chômage des jeunes ont été relevés notamment dans la région Haute-Bavière (4,0 %) en Allemagne et Sud-Ouest (4,1 %) en Tchéquie ainsi que dans les deux régions allemandes Stuttgart et Weser-Ems (4,3% chacune). Hormis les deux régions françaises précédemment citées, le chômage des jeunes des moins de 25 ans est le plus élevé dans les régions de Melilla (66,1 %) et de Ceuta (62,4 %) en Espagne.
Autre sujet d’inquitéude dans les régions d’outre mer française, le chômage de longue durée est la règle. Près de 82 % des demandeurs d’emploi le sont depuis plus d’un an à Mayotte. C’est également le cas pour 71 % des chômeurs guadeloupéens. En moyenne, dans les régions européennes, le chômage de longue durée concerne 43 % des demandeurs d’emploi. Les plus faibles proportions de chômage de longue durée ont été enregistrées dans la région de Gloucestershire, Wiltshire et Région de Bristol/Bath au Royaume-Uni (12,1 %), dans la macro-région méridionale Silésie en Pologne et dans la région suédoise Norrland supérieur (12,5 % chacune).
L’acuité de la question du développement économique des régions d’outre-mer françaises qui rassemblent plus de 2,1 millions d’habitants ne pourra que s’accroître dans les prochaines années. Pour le moment leur appartenance à l’Union européenne et l’harmonisation des prestations avec la métropole garantissent une égalité relative de traitement mais n’a pas permis l’émergence d’une croissance équilibrée et pérenne nécessaires à un rattrapage économique.
Repli des demandes d’asile en Europe
Après avoir connu une forte augmentation dans les années 2014/2017, le nombre de demandeurs d’asile poursuit son repli au sein des États membres de l’Union européenne. Près de 333 400 demandeurs d’asile ont été enregistrés en 2018, un chiffre en baisse de près de 40 % par rapport à 2017 (533 000). En plus de ce nombre, les États membres de l’Union ont accueilli plus de 24 800 réfugiés réinstallés. Les principaux bénéficiaires d’une protection ont été les citoyens de Syrie (96 100 personnes, soit 29 % du nombre total de personnes ayant obtenu un tel statut dans les États membres de l’Union), suivis par les citoyens d’Afghanistan (53 500, soit 16 %) et ceux d’Irak (24 600, soit 7 %).
L’Allemagne, premier pays d’accueil
L’Allemagne reste de loin le premier pays d’accueil pour les demandeurs d’asile (40 % du total, soit 139 600). Ce pays est suivi de l’Italie (47 900) et de la France (41 400). Parmi l’ensemble des personnes ayant obtenu une protection en 2018 dans l’UE, 163 800 se sont vu octroyer le statut de réfugié (49 % de toutes les décisions positives), 100 300 une protection subsidiaire (30 %) et 69 300 une autorisation de séjour pour des raisons humanitaires (21 %).
Le taux d’acceptation de la demande varie en fonction des nationalités. Parmi les vingt premières nationalités des demandeurs d’asile sur lesquelles ont été prises des décisions en première instance en 2018, les taux de reconnaissance était 5 % pour les citoyens de la Géorgie à 88 % pour les Syriens et 83 % pour les Erythréens.
Près de 20 000 mineurs ont déposé une demande d’asile en 2018
En 2018, 19 700 demandeurs d’asile sollicitant une protection internationale dans les États membres de l’Union européenne étaient considérés comme étant des mineurs non accompagnés. Ce chiffre est en baisse de 33 % par rapport à celui de 2017 (31 400). Il revient ainsi à un niveau inférieur à celui enregistré en 2014 (23 100). Entre 2008 et 2013, le nombre de demandes était relativement constant, autour 12 000 par an.
En 2018, au niveau de l’Union, les mineurs non accompagnés représentaient 10 % de l’ensemble des demandeurs d’asile âgés de moins de 18 ans en 2018. En 2018, ces mineurs non accompagnés étaient majoritairement des garçons (86 %). Trois-quarts étaient âgés de 16 à 17 ans (soit 14 800 personnes), tandis que ceux âgés de 14 à 15 ans représentaient 17 % des mineurs non accompagnés (3 400 personnes) et ceux de moins de 14 ans, 7 % (1 400 personnes). Plus de la moitié des demandeurs d’asile considérés comme mineurs non accompagnés dans l’UE en 2018 étaient citoyens d’un des 6 pays suivants : Afghanistan (16 %), Érythrée (10 %), Pakistan et Syrie (7 % chacun) ainsi que Guinée et Irak (6 % chacun).
21 % des mineurs non accompagnés ont effectué leur demande en Allemagne et 20 % en Italie. Les Afghans constituaient la principale nationalité des demandeurs d’asile considérés comme mineurs non accompagnés.