19 octobre 2019

C’est déjà hier

L’inflation repasse en-dessous de 1 % en France et au sein la zone euro

En septembre 2019, l’indice des prix à la consommation s’est contracté de 0,3 % sur un mois contre +0,5 % en août. Ce repli résulte de celui, saisonnier, des prix des services (-1,3 % après +0,4 % en août) et, dans une moindre mesure, de celui des prix alimentaires (-0,5 % après +0,5 %). En revanche, les prix des produits manufacturés accélèrent (+1,5 % après +0,9 % en août) et ceux de l’énergie augmentent de 0,3 % après une stabilité le mois précédent. Enfin, les prix du tabac sont stables sur le mois. Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation sont stables sur un mois, après +0,1 % en août et en juillet. Sur un an, les prix à la consommation augmentent de +0,9 % contre 1 % en août et 1,1 % en juillet. Cette légère baisse de l’inflation résulte d’un ralentissement des prix de l’alimentation et de l’énergie, en partie compensé par une accélération des prix des services. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) servant de référence marque un repli de 0,4 % ; sur un an, il augmente de 1,1 %, après +1,3 % le mois précédent. L’inflation sous-jacente (hors prix alimentaires et énergie) passe, en septembre, de 0,7 à 0,9 % sur un an. Si cette tendance de baisse de l’inflation se confirmait dans les prochains mois, le taux du Livret A, selon la nouvelle formule, devrait passer au 1er février 2020 à 0,5 %.

L’inflation à moins de 1 % en zone euro

Le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est établi, selon Eurostat, à 0,8 % en septembre 2019, contre 1,0 % en août. Un an auparavant, il était de 2,1 %. Pour l’Union européenne, le taux d’inflation a été de 1,2 % en septembre 2019, contre 1,4 % en août. Un an auparavant, il était de 2,2 %. Les taux annuels les plus faibles ont été observés à Chypre (-0,5 %), au Portugal (-0,3 %) ainsi qu’en Grèce (0,2 % tous). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Roumanie (3,5 %), en Slovaquie (3,0 %) et en Hongrie (2,9 %).

Légère augmentation du taux de pauvreté en France

En 2018, selon les premières estimations de l’INSEE, le taux de pauvreté aurait légèrement augmenté en France. Il aurait ainsi progressé de 0,6 point, pour s’établir à 14,7 % de la population. Ce taux de pauvreté est calculé par rapport au seuil fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian. En 2018, 9,3 millions de personnes seraient ainsi en situation de pauvreté monétaire. Cette première estimation doit être considérée avec prudence. En effet, si elle tient compte de la baisse des allocations logement (APL), elle n’intègre pas de la réduction de loyer de solidarité (RLS) destinée à la compenser, qui n’entre pas, par définition, dans la mesure des niveaux de vie. En excluant cette diminution de 5 euros par mois des APL, la hausse du taux de pauvreté au seuil de 60 % serait plus modérée (+0,2 point en 2018) et 9,1 millions de personnes seraient en situation de pauvreté monétaire.

Toujours selon l’INSEE, les inégalités auraient augmenté l’année dernière. L’indice de Gini qui les mesure serait en hausse de 0,005 point pour s’établir à 0,294. Ce serait la plus forte hausse depuis 2010, mais le niveau de 2018 resterait en dessous du sommet atteint en pleine crise des dettes souveraines en 2011. Le rapport entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % de personnes les plus aisées et celle détenue par les 20 % les plus modestes augmenterait légèrement (0,1 point) pour s’établir à 4,4 (après une quasi-stabilité depuis 2013). À l’inverse, le rapport interdécile, indicateur moins sensible aux extrémités de la distribution, resterait quasi stable à 3,5 en 2018. Il demeurerait l’un des plus faibles au sein des pays de l’OCDE.

La légère montée des inégalités aurait été provoquée par l’augmentation, après impôts, des revenus issus des dividendes dont la distribution est concentrée dans le haut de la distribution. Cette augmentation est également le résultat de la mise en œuvre du Prélèvement Forfaitaire Unique. À l’inverse, certains revenus du patrimoine moins concentrés dans le très haut de la distribution auraient diminué, comme les revenus de placement à revenu fixe en liaison avec la baisse des taux d’intérêt. La non-indexation de certaines prestations sociales a, par ailleurs, conduit à l’accroissement des inégalités.

La progression du taux de pauvreté a été également provoquée par l’accroissement du niveau de vie médian provoqué par la croissance économique, +1,7 % en 2018. Plus la croissance est forte, plus le risque d’une augmentation du taux de pauvreté est élevé, les actifs profitant davantage de l’augmentation des ressources que ceux qui sont en inactivité.

En 2018, plusieurs mesures ont atténué les effets de hausse du taux de pauvreté : suppression progressive de la taxe d’habitation, basculement des cotisations sociales sur la CSG, extension du crédit d’impôt pour l’emploi de salariés à domicile aux retraités, revalorisation de l’allocation de solidarité aux personnes âgées ainsi que de l’allocation aux adultes handicapés. 

L’INSEE publiera au mois de septembre 2020 une analyse plus précise de l’évolution des inégalités en 2018 en intégrant en particulier la suppression de l’ISF et les mesures sociales sur les tarifs d’électricité.

Près de 22 % de la population européenne menacés d’exclusion ou de pauvreté

Eurostat a publié son étude annuelle sur la pauvreté au sein des pays de l’Union européenne. L’institut européen ne reprend pas les mêmes définitions que l’INSEE d’où des statistiques différentes. La population menacée d’exclusion ou de pauvreté concerne des personnes affectées par au moins une des trois conditions suivantes : être en risque de pauvreté après transferts sociaux (pauvreté monétaire), être en situation de privation matérielle sévère, ou vivre dans des ménages à très faible intensité de travail. Cette définition est par nature plus large que celle du taux de pauvreté qui prend en compte la population dont le niveau de vie est inférieur à un pourcentage du revenu médian (50 ou 60 % selon les classements).

Pour Eurostat, en 2018, 109,2 millions de personnes, soit 21,7 % de la population européenne, étaient menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale. Ce ratio qui avait atteint 25 % en 2012 après trois années consécutives de hausses est depuis continuellement en baisse. Il a retrouvé un niveau inférieur à celui enregistré en 2008 au moment de la survenue de la crise. 8,2 millions de personnes sont sorties du risque de pauvreté ou d’exclusion sociale par rapport au niveau de référence 2008. Ce résultat est inférieur à l’objectif fixé par l’Europe pour 2020, à savoir une diminution de 20 millions de personnes du risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.

Le taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale est le plus élevé en Bulgarie, et le plus faible en République tchèque. Dans trois États membres, le taux dépasse 30 %. Il atteint près de 33 % en Bulgarie et s’élève à 32,5 % en Roumanie (32,5 %) et à 31,8 % en Grèce. En République tchèque qui se caractérise par un taux de chômage inférieur à 3 %, le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale ne concerne que 12 % de la population. Ce ratio est de 16 % en Slovénie et en Slovaquie. La France arrive en 7ème position avec un taux de 17,4 %. Elle devance l’Autriche, la Suède et l’Allemagne.

Au sein de l’Union européenne, en 2018, 5,8 % de la population étaient en situation de privation matérielle sévère, ce qui signifie que leurs conditions de vie étaient limitées par un manque de ressources, comme par exemple le fait de ne pas être en mesure de régler leurs factures, de chauffer correctement leur logement ou de prendre une semaine de vacances en dehors de leur domicile. Cette proportion est en baisse depuis plusieurs années. Pour mémoire, en 2008, 8,5 % de la population était concernée. Elle différait fortement selon les États membres, s’échelonnant entre 20,9 % de la population en Bulgarie en situation de privation matérielle sévère et moins de 1,3 % au Luxembourg.

Concernant l’indicateur de faible intensité de travail, 9,0 % de la population âgée de 0 à 59 ans dans l’Union vivait dans des ménages où les adultes avaient utilisé moins de 20 % de leur potentiel total de travail au cours de l’année précédente. Cette proportion a baissé par rapport à 2017 (9,5 %) et est également plus basse que le niveau de 2008 (9,2 %). Ce taux est le plus élevé en Irlande et en Grèce (plus de 14 %) et est le plus faible en République Tchèque (4,5 %).

En Europe, la baisse du chômage a occasionné une diminution de la pauvreté en particulier dans les pays entrant dans la sphère d’influence allemande et qui sont devenus des sous-traitants industriels de cette dernière. C’est en particulier le cas de la République tchèque et de la Slovaquie ainsi que de la Slovénie. À l’inverse, des pays d’Europe de l’Est comme la Bulgarie ou la Roumanie mais aussi des pays latins comme la Grèce ou l’Italie éprouvent des difficultés à réduire leur taux de pauvreté. La France reste quant à elle parmi les pays à faible taux de pauvreté et d’exclusion malgré la situation dégradée de son marché du travail.

Les Européens chargés de famille

En 2018, parmi les 308 millions de personnes âgées de 18 à 64 ans vivant dans l’Union européenne, 34 % (soit 106 millions de personnes) ont fait état de responsabilités familiales. L’institut statistique Eurostat définit les « responsabilités familiales », par le fait pour une personne de s’occuper de ses propres enfants âgés de moins de 15 ans ou de ceux de son partenaire (89 millions de personnes), de membres de sa famille en état d’incapacité (13 millions), ou bien à la fois d’enfants et de membres de la famille en état d’incapacité (4 millions). Ce concept dépasse donc celui des responsabilités parentales qui se rapportent au fait d’avoir des enfants présents dans le ménage ou de prendre soin de ceux ne vivant pas dans le ménage.

38 % des Français déclarent avoir des responsabilités parentales. 34 % ont des responsabilités au titre des enfants dont ils ont la charge et 4 % au titre de personnes de leur famille dépendantes (hors enfant). Si la proportion liée aux charges familiales est supérieure à la moyenne européenne (30 %), elle est identique pour les personnes dépendantes. L’Irlande se caractérise par une forte proportion de personnes ayant des responsabilités parentales (42 %). A l’opposé, seuls 29 % des Bulgares sont dans cette situation. Les pays à faible natalité comptent, en règle générale, moins de personnes ayant des responsabilités familiales. C’est ainsi le cas en Allemagne où le taux de personnes concernées est de 26 %. La proportion de personnes devant s’occuper de proches dépendants est élevée en Suède (7,7 %) ou en Grèce (8 %). Les pays ayant des populations âgées sont confrontés plus fortement à la question de la dépendance. Assez étrangement, seuls 2,1 % des Allemands déclarent s’occuper d’un proche dépendant. Or, ce pays a une proportion élevée de personnes âgées.

Le recours aux services de garde d’enfants variables selon les pays

En 2018, 28 % des personnes ayant des responsabilités parentales ont déclaré avoir recours à des services de garde d’enfants pour tous les enfants, la proportion étant plus élevée chez les personnes en emploi (31 %) que chez les chômeurs (19 %) et les inactifs (14 %). Le taux de recours à des gardes d’enfant est très élevé en Hongrie (60 %) et au Danemark (59 %) Il est également important en Lettonie, en Slovénie et au Luxembourg. Il est, en revanche, faible à Malte (12 %), en Roumanie (16 %) et en Espagne (17 %). La France se situe en-dessous de la moyenne en matière de recours aux gardes d’enfants. Ce moindre recours s’explique par une forte scolarisation des enfants à partir de trois ans.

L’adaptation du travail pour la prise en charge des enfants et des personnes dépendantes

Dans l’Union Européenne, 27 % des personnes en emploi ayant des responsabilités parentales ont adapté leur travail afin de mieux assumer ces responsabilités en 2018. Les adaptations peuvent prendre la forme d’une diminution du temps de travail (10 % des personnes occupées ayant des responsabilités parentales), d’un changement d’emploi ou d’employeur, d’une demande de congé familial (3 % chacun), d’un changement de travail afin d’augmenter les revenus (2 %), d’une demande de tâches moins exigeantes au travail (1 %) ou d’autres changements (10 %). Parmi les États membres, la part des personnes en emploi ayant adapté leur travail pour mieux assumer leurs responsabilités parentales varie considérablement. Elle est comprise entre 7 % en Roumanie, 9 % en Slovaquie et 10 % en Croatie, d’une part, et 50 % aux Pays-Bas et 54 % en Suède, d’autre part. Les dernières données d’Eurostat soulignent l’évolution des obligations parentales qui sont de plus en plus liées à la dépendance. Elles indiquent également de forte différence d’approche selon les pays européens. Les familles des pays latins sont plus impliquées dans la gestion de leurs proches que celles des pays nordiques. Les différences dépendent également de l’évolution démographique de chacun des États membres.