Le Coin des Tendances
La transition énergétique, un casse-tête comptable
La transition énergétique suppose le passage d’une économie carbonée à une économie reposant sur des énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien, l’hydrogène et, un jour peut-être, sur la fusion nucléaire (projet Iter de Cadarache). L’objectif de stabiliser les émissions de carbone d’ici 30 ans et d’inverser la tendance pour revenir aux émissions du début de la période industrielle suppose un changement de grande ampleur et à l’échelle internationale des modes de production de l’énergie. Une telle mutation nécessite l’engagement important de capitaux et la mise à la casse d’équipements avant même leur amortissement. Conformément aux principes schumpetériens, la transition énergétique serait donc destructrice avant d’être créatrice de richesses. Près de 38 000 milliards d’euros d’actifs sont susceptibles d’être touchés par la transition énergétique dans les soixante prochaines années. Plusieurs secteurs sont concernés par ce processus de destruction de valeurs : l’énergie, l’automobile, le bâtiment, etc.
La révolution énergétique
Le secteur énergétique est un grand consommateur de capitaux. Les investissements nécessaires pour construire des raffineries, des centres électriques, des réseaux de distribution comptent parmi les plus importants. L’essor des énergies renouvelables pourrait assez rapidement rendre inutiles des investissements portant sur plus de 2 300 milliards de dollars. Dans le même temps, pour parvenir à réduire l’empreinte carbone et respecter les accords de Paris, des investissements portant sur plus de 3 500 milliards de dollars sont nécessaires. Les partisans de la transition estiment que les investisseurs privilégieront les entreprises investies dans les énergies renouvelables au nom de leur rentabilité à terme. Les entreprises spécialisées décarbonées seraient condamnées à péricliter en raison de l’importance de leurs équipements devenus inutiles et du refus des fonds de leur apporter leur soutien. Compte tenu du poids pris par les énergies renouvelables et de leur croissance, un point de rupture aurait été franchi. 14 % de l’électricité est produite en Europe à partir de sources d’énergies renouvelables. Près des deux tiers de l’augmentation de la production de l’énergie électrique en Europe provient de ces sources. Au fur et à mesure de leur montée en puissance, elles rendent obsolètes les anciens équipements. Certains estiment qu’ils peuvent néanmoins rester en activité en raison du caractère aléatoire de la production à partir des sources renouvelables. La valeur des installation électriques traditionnelles aurait perdu plus de 33 % de sa valeur. Les principales compagnies électriques pourraient être amenées à passer des provisions pour pertes se situant entre 300 et 500 milliards d’euros. La construction de nouvelles centrales à gaz est sujette à caution. D’ici le milieu du siècle, elles pourraient être inutiles et contraires aux normes environnementales. Même si les centrales nucléaires ont l’avantage de ne pas émettre de carbone, leur coût important est une source d’interrogations. En outre, ces centrales de très fortes capacités appartiennent à un système très vertical qui cède sa place en matière énergétique à un modèle plus horizontal, plus décentralisé.
Le risque de réputation pour les investisseurs est un autre facteur à prendre en compte. Les investisseurs, par crainte d’être accusés de favoriser des entreprises polluantes par des ONG et des mouvements écologistes, s’en détournent. Les entreprises charbonnières et pétrolières sont de plus en plus exclues du champ d’intervention des fonds d’actifs et sont dans l’obligation de servir des bénéfices importants réduisant d’autant leurs capacités d’investissement.
L’automobile, le grand chambardement
En 2018, au niveau mondial, 96 millions de voitures individuelles ont été vendues. Le secteur emploie au total plus de 3,5 millions de personnes. Face à la transition énergétique, l’industrie automobile est contrainte de revoir l’ensemble de son modèle de production. Dix-huit pays dont l’Allemagne, la Chine, les Pays-Bas et la France, ont décidé une élimination progressive des véhicules à motorisation fossile à compter de 2030. De nombreuses villes ont adopté des calendriers plus contraignants. La mairie de Paris a ainsi prévu l’interdiction des véhicules diesel pour 2024. Selon la Bank of Amerika, 40 % des voitures vendues en 2030 seront mues par des moteurs électriques. Entre 2030 et 2040, les voitures sans conducteur se développeront. En moins d’une génération, toute la filière de l’automobile sera révolutionnée. La rapidité de cette mutation peut être mesurée à l’aune de la durée de vie d’un bloc moteur thermique dans les catalogues des constructeurs, une trentaine d’années. Le bloc F de Renault a été ainsi commercialisé de 1982 jusque dans les années 2010. Le passage à l’électrique rend obsolète les unités de production, le réseau des stations essence et de nombreux garages. Rien qu’en Allemagne, la régression du moteur thermique devrait aboutir à la suppression de plus de 150 000 emplois.
L’immobilier, un enjeu capitalistique majeur
La décarbonation du secteur du bâtiment est un défi encore plus important. En 2015, le marché de l’immobilier au niveau mondial était évalué à plus de 192 000 milliards d’euros, soit près de 2,7 fois le PIB mondial. Il représente 60 % des investissements d’actifs de l’économie mondiale. Actuellement, le parc immobilier évolue à vitesse lente. Le renouvellement par reconstruction ou rénovation est de 2 % par an. L’adoption de normes plus sévères pourrait contraindre à un réaménagement plus rapide avec, à la clef, une destruction de valeurs pour des biens non amortis. Du fait de l’importance de l’immobilier dans le portefeuille des ménages, les pouvoirs publics et des institutions financières s’engagent avec prudence sur le chemin du durcissement des normes environnementales.
La question du déclassement d’un montant important d’actifs combiné à la réalisation de nouveaux équipements constitue l’un des défis de la transition énergétique. Ce défi est d’autant plus important qu’il doit être résolu par de nombreux secteurs d’activité et dans tous les pays. Les conséquences sont d’ordre financier et humain. De nombreux emplois peuvent être amenés à disparaître ou à évoluer dans les vingt prochaines années. Les pays émergents et en voie de développement estiment que cette affaire est avant tout de la responsabilité des pays avancés responsables d’une grande partie des émissions de carbone depuis le début de la première révolution industrielle. Les lois du marché associées aux normes peuvent conduire à contraindre tous les acteurs à se plier aux exigences de la transition énergétique. Compte tenu des coûts, deux options sont imaginables : une augmentation des taux pour attirer les épargnants à financer la transition ou, au contraire, le maintien de très faibles taux pour la rendre supportable.
Classement des élèves, la France conserve son rang moyen
L’OCDE a rendu public le 3 décembre 2019 les résultats de son enquête PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis) sur le niveau des élèves. Publiée pour la première fois en 2000, l’enquête internationale étudie tous les trois ans les résultats des élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en culture scientifique. 600 000 jeunes de 15 ans scolarisés dans 79 pays et économies ont passé les tests PISA 2018 en compréhension de l’écrit, en sciences et en mathématiques. Une majorité des élèves étaient inscrits en seconde, mais certains étaient encore au collège, et d’autres, déjà en première.
La plupart des pays, en particulier développés, n’ont pas enregistré d’amélioration au cours des dix dernières années, malgré une progression des dépenses d’éducation de 15 % sur la même période. Plusieurs régions et territoires chinois ont participé aux tests et ont pris dès leur première participation la tête du classement En compréhension de l’écrit, les élèves de Beijing, Shanghai, Jiangsu et Zhejiang (Chine) et de Singapour ont ainsi obtenu des résultats sensiblement meilleurs que ceux des autres pays. Les pays membres de l’OCDE arrivés en tête sont l’Estonie, le Canada, la Finlande et l’Irlande. La France, de son côté, maintient, en 2018, la position moyenne qu’elle occupe depuis plusieurs années. Notre pays se caractérise toujours par l’existence d’importantes inégalités liées à l’origine des élèves. Le classement 2018 souligne que les incivilités en classe sont de plus en plus importantes en France, témoignant d’une dégradation d’un rapport à l’éducation inquiétant.
Selon l’OCDE, un élève sur quatre dans les pays de l’OCDE ne parvient pas à effectuer les tâches les plus simples en compréhension de l’écrit. Le pourcentage d’élèves ne possédant que des compétences très limitées en compréhension de l’écrit témoigne des difficultés que rencontrent de nombreux pays, y compris développés en matière d’éducation. La proportion des élèves médiocres, filles comme garçons, a augmenté en en moyenne depuis 2009. En moyenne dans l’OCDE, 25 % des élèves n’atteint pas le niveau de base en sciences (22 %) ou en mathématiques (24 %), ce qui signifie qu’il ne peut pas, par exemple, convertir un prix dans une autre monnaie.
Le bien-être des étudiants est également une problématique qui s’accroît. Un nombre croissant d’élèves déclarent ne pas être heureux durant leurs études. Malgré tout, deux élèves environ sur trois dans les pays de l’OCDE se disent satisfaits de leur vie. Dans quasiment tous les pays, les filles redoutent davantage l’échec que les garçons, en particulier parmi les meilleurs élèves. Dans les pays membres, un élève sur quatre se dit victime de harcèlement au moins quelques fois par mois.
Trois pays ont enregistré ces dernières années une forte progression de leurs résultats. Le Portugal, qui a pourtant été durement touché par la crise financière, s’est hissé au niveau de la plupart des pays de l’OCDE. La Suède a amélioré ses résultats dans les trois matières considérées par rapport à 2012, inversant ainsi la tendance précédente. La Turquie a également progressé tout en doublant le taux de scolarisation des jeunes de 15 ans.
L’éducation et l’équité
Les différences de niveau au sein des pays ont tendance à augmenter. L’écart entre les élèves de milieux socio-économiques favorisés et défavorisés est de plus en plus important. Le niveau à l’écrit des 10 % d’élèves des familles les plus riches équivaut à une avance de trois années scolaires environ par rapport aux 10 % d’élèves les plus pauvres. En France, en Allemagne, en Hongrie et en Israël, cet écart est de quatre années.
Les élèves dépassent la moyenne de l’OCDE dans 11 pays et économies, y compris en Australie, au Canada, en Corée, au Danemark, en Estonie, en Finlande, au Japon, en Norvège et au Royaume-Uni, alors que la corrélation entre le statut socio-économique et les résultats en compréhension de l’écrit est plus faible. Ces pays possèdent des systèmes scolaires les plus équitables où les élèves peuvent réussir, quelle que soit leur situation.
En moyenne dans les pays de l’OCDE, 13 % des élèves étaient issus de l’immigration en 2018, contre 10 % en 2009. Ils obtiennent en moyenne des résultats inférieurs en compréhension de l’écrit, équivalant à un retard d’une année scolaire environ. Pourtant, dans des pays comme l’Arabie saoudite, l’Australie, la Jordanie et Singapour, les élèves issus de l’immigration ont des scores supérieurs ou au moins équivalents à ceux de leurs camarades autochtones.
Les filles devancent les garçons, ces derniers restant plus ambitieux que les premières
En compréhension de l’écrit, les filles obtiennent des résultats nettement supérieurs à ceux des garçons dans les pays de l’OCDE, équivalent à une avance de près d’une année scolaire. À l’échelle mondiale, c’est en Argentine, à Beijing, Shanghai, Jiangsu et Zhejiang (Chine), au Chili, en Colombie, au Costa Rica, au Mexique, au Panama et au Pérou que l’écart est le moins prononcé. Les garçons dépassent légèrement les filles en mathématiques mais font moins bien en sciences. Filles et garçons ont des ambitions professionnelles très différentes. Parmi les bons élèves, plus d’un garçon sur quatre envisage une carrière d’ingénieur ou dans un domaine scientifique, ce qui est le cas de moins d’une fille sur six. Toujours parmi les bons élèves, près d’une fille sur trois mais seulement un garçon sur huit envisage de travailler dans le secteur de la santé.
La lecture, une perte de temps pour les jeunes
La dernière enquête PISA montre également à quel point les technologies numériques sont en train de transformer le monde à l’extérieur de l’école. Les élèves sont plus nombreux aujourd’hui à considérer la lecture comme une perte de temps (+5 points de pourcentage) et les garçons comme les filles sont moins nombreux à lire pour le plaisir (-5 points) que ne le faisaient leurs pairs en 2009. Ils passent également environ 3 heures par jour en ligne pendant la semaine – en hausse d’une heure par rapport à 2012 – et 3 heures et demie pendant le week-end.
France, des résultats stables et moyens
La France se situe au 23e rang pour la compréhension écrite, 25e pour les mathématiques et 24e pour les sciences. La France reste stable pour la compréhension de l’écrit mais est en baisse dans les deux autres classements.
Sur la compréhension de l’écrit (lecture et écriture), le score moyen des élèves français atteint 493 points, légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE (487 points). Le niveau des meilleurs a augmenté et celui des plus faibles a baissé, surtout entre 2000 et 2009. En mathématiques, les résultats français ont diminué pour les meilleurs comme pour les plus faibles, mais la baisse a surtout été enregistrée entre 2000 et 2006.
L’écart croissant entre les bons et les mauvais élèves
En France, le quart des élèves français les plus performants affichent un niveau comparable avec les pays les mieux classés (Japon, Corée, Finlande…), tandis que le quart des élèves les moins bons se classent au niveau des pays les plus en retard, comme la Turquie. La proportion de très bons élèves en France est, selon l’OCDE, « légèrement au-dessus de la moyenne » et elle est stable dans le temps.
Des résultats scolaires différents en fonction des origines des élèves
20 % des élèves favorisés sont parmi ceux qui ont les meilleurs résultats en compréhension de l’écrit, mais seulement 2 % des élèves défavorisés. L’écart de résultats entre les élèves les plus favorisés et les plus défavorisés est passé de 110 points en 2009 à 107 points en 2018 (contre 89 en moyenne dans l’OCDE). La France fait ainsi partie des pays les plus inégalitaires, avec le Luxembourg, Israël et la Hongrie. Une certaine fatalité semble se répandre chez les jeunes non favorisés. L’ascenseur social lié à l’école est remis en cause. En France, un élève défavorisé sur cinq qui a de bons résultats n’envisage pas de terminer ses études supérieures. Les élèves défavorisés ont aussi cinq fois plus de risques d’être en difficulté en compréhension de l’écrit que les élèves favorisés.
Les élèves français pointent du doigt la faiblesse de l’implication du corps enseignant. 57 % considèrent que les professeurs s’intéressent aux progrès de chaque élève, quand ce taux est de 70 % en moyenne dans l’OCDE. Les élèves les plus doués sont les plus critiques en indiquant qu’ils ne reçoivent pas de soutien pour améliorer leurs résultats. Plus de 25 % des élèves français contre 12 % en moyenne au sein de l’OCDE estiment aussi que les enseignants trop sévères. La France est, avec l’Argentine et le Brésil, « l’un des trois pays où les élèves font part des plus grandes préoccupations liées aux problèmes de discipline en classe ». Un élève français sur deux (contre un sur trois dans l’OCDE) déclare qu’il y a du bruit en classe dans la plupart, voire dans tous les cours. Et, pour plus de deux élèves sur cinq, le temps d’apprentissage est réduit en raison du bruit.
Le déclin de la lecture se poursuit en France. 55 % des élèves lisent avec plaisir en 2019 contre 61 % en 2009. La lecture est de plus en plus perçue comme inutile et est vécue comme un effort. Les garçons sont les plus réfractaires à ce qui est de plus en plus considéré comme un exercice.
La peur de l’échec est marquée en France. Seuls 59 % des élèves français contre 71 % pour la moyenne de l’OCDE ont confiance dans leurs capacités de réussite. Ils sont près d’un tiers (31 %) à se sentir comme un étranger à l’école (20 % en moyenne dans l’OCDE). 70 % se déclarent néanmoins satisfaits de l’enseignement reçu.
La France se trouve au même niveau que l’Allemagne, la Belgique ou le Portugal. Parmi ses partenaires européens, Le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède et les pays baltes, en revanche, améliorent sensiblement leurs résultats. L’Estonie, la Finlande, les Pays-Bas, la Pologne et l’Irlande sont les trois seuls pays européens à se placer au sein des dix premiers dans les différents classements de l’OCDE. Sept des dix premières places sont occupés par des États ou des régions asiatiques. Le Canada arrive à figurer parmi les meilleurs États dans les trois catégories.
L’arrivée à maturité d’Internet en France
L’année 2019 est marquée de plusieurs ruptures au niveau de l’utilisation par les Français des techniques de l’information et de la communication. À la lecture des données fournies par le CREDOC, l’équipement en matériels de communication et leur usage sont entrés dans l’ère de la maturité. La période de forte croissance semble être révolue. Cette saturation de l’équipement et de la connectivité n’empêche pas une évolution des pratiques. La période récente est marquée par la montée en puissance des abonnements de vidéo et de musique en streaming.
Le début de la fin pour le téléphone fixe
Depuis 2013, le taux d’équipement en téléphone fixe décline. Un nombre croissant de ménages ne s’abonne qu’à une offre mobile. Le taux d’équipement en téléphone fixe est ainsi revenu de 90 % en 2012 à 80 % en 2019 (source CREDOC). Seulement 19 % de la population utilisent quotidiennement le téléphone fixe (-12 points en quatre ans) quand 82 % recourent à son portable. La baisse d’équipement devrait logiquement s’amplifier. Au fur et à mesure des déménagements, les Français devraient abandonner leur abonnement au téléphone fixe. Les jeunes de moins de 40 ans ne voient plus l’utilité d’avoir un téléphone fixe à domicile. La présence de ce dernier augmente avec l’âge. 89 % des plus de 70 ans en ont un contre moins de 66 % pour les moins de 40 ans. Les personnes à revenus modestes sont moins abonnées que celles ayant des revenus élevés.
Le règne du téléphone mobile
Selon l’étude du CREDOC de 2019, 95 % de la population française est dotée d’un téléphone mobile, soit 15 points de plus par rapport à l’équipement en téléphone fixe. En 1997, seulement 4 % des Français avaient un téléphone mobile. Ce taux était de 75 % en 2007. Depuis 2015, la progression est faible, +1 point par an. La saturation du marché a été atteinte. Concernant l’équipement en smartphone, l’augmentation a été très rapide. En effet, en 2019, 77 % de la population en dispose d’un quand ce taux était de 17 % en 2011. 81 % des personnes ayant un abonnement à téléphone portable utilisent un smartphone.
99 % des jeunes de 18 à 24 ans ont un téléphone mobile contre 86 % pour le plus de 70 ans. Ces derniers réduisent année après année leur retard. Ainsi, leur taux d’équipement a augmenté de 27 points en six ans. Les jeunes de 12 à 17 ans sont presque tous dotés d’un téléphone portable (90 %). L’âge demeure un critère important pour la possession d’un smartphone. Ainsi, si les 18/24 ans sont équipés à 98 %, ce taux est de 44 % pour le plus de 70 ans. Les 12/17 ans sont moins équipés (86 %) car les parents essaient de limiter l’accès aux applications, notamment aux jeux. 85 % des personnes à revenus élevés sont équipés contre 72 % pour les bas revenus. 87 % des diplômés du BAC ou de l’enseignement supérieur utilisent un smartphone contre 46 % des non-diplômés.
Le taux d’équipement en smartphone est plus élevé en milieu urbain qu’en milieu rural, (86 % en région parisienne contre 71 % dans les communes rurales). Cet écart s’explique par l’âge plus élevé de la population dans les petites communes, par une proportion de diplômés moins importante et par une moindre facilité de connexion (zone blanche).
La stabilisation de la population connectée
En 2005, plus de la moitié de la population utilisait Internet. Ce taux est monté à 89 % en 2018. En 2019, une très légère baisse est constatée avec un taux de pénétration de 88 % pour Internet. Depuis 2015, ce taux est assez étale.
100 % des jeunes de 18 à 24 ans se déclarent connectés à Internet quand les plus de 70 ans ne sont ne le sont qu’à 58 %. Les habitants des villes de 2000 à 20 000 sont connectés à 83 %, contre 92 % pour ceux résidant en région parisienne. Le taux de pénétration varie également en fonction des revenus et des diplômes. La connectivité est en recul chez les retraités (66 % en 2019 contre 71 % en 2008) et chez le personnes inactives (75 % contre 83 %). Plusieurs aspects entrent en ligne de compte pour expliquer la stagnation globale du taux de pénétration et son recul au sein de certaines catégories de la population. Un effet de saturation peut jouer tout comme un problème de coût et d’usage. Des personnes, faute de moyens ou estimant ne pas en avoir besoin, renoncent à se connecter.
Les digital natives prennent le pouvoir
38 % de la population française s’est connectée à Internet la première fois avant 20 ans. 26 % se sont connectés entre 20 et 39 ans. 6 % l’ont fait après 60 ans. 45 % des plus de 70 ans ont connu Internet après 60 ans. Les jeunes de 12 à 17 ans ont été connectés dès leur plus jeune âge (97 %). Ce taux est de 46 % pour les 25/39 ans. Dans les années 90 et 2000, le premier contact avec Internet était lié à l’activité professionnelle quand, désormais, il se fait via le monde des loisirs. En 2019, 68 % des internautes sont connectés depuis plus de dix ans. Le nombre d’années d’utilisation moyen est de 14 ans en 2019 quand il était de 11 ans en 2011. La proportion de personnes âgées découvrant Internet pour la première fois est de plus en plus faible, 8 % des plus de 70 ans ont ainsi découvert le réseau en ligne lors de ces cinq dernières années. Les nouveaux adeptes d’Internet se trouvent chez les jeunes qui y accèdent de plus en plus jeunes.
78 % de la population indiquent se connecter tous les jours à Internet. Ce taux est en recul de deux points par rapport à 2018. Cette baisse marque une inflexion à relativiser cependant en raison de sa faiblesse. Les sondés peuvent oublier de déclarer qu’ils se sont connectés car cela devient un réflexe conditionné. Malgré tout, la stabilisation du taux de connexion traduit l’arrivée à maturité de ce moyen de communication. Sans surprise, ce sont les retraités (51 %) qui se connectent le moins quotidiennement et les non-diplômés (42 %). Les personnes ayant connu Internet avant 20 ans sont 95 % à se connecter tous les jours.
La montée en puissance du très haut débit
Le taux d’abonnement à Internet à domicile s’est stabilisé depuis 2015. Il atteint 86 % en 2019 comme en 2018. Il était de 4 % en 1998 et de 55 % en 2007. 96 % des cadres ont un abonnement de ce type quand ce taux est de 85 % chez les ouvriers. 73 % des retraités ont un abonnement. Pour les plus de 70 ans, ce taux tombe à 65 %.
29 % de la population a accès au câble ou à la fibre en 2019 contre 5 % en 2009 et 10 % en 2014. Dans l’agglomération parisienne, la proportion de personnes ayant un abonnement en très haut débit atteint 58 %. Dans les communes de 2000 à 20 000 habitants, ce taux n’est plus que de 7 %. L’écart entre les populations urbaines et rurales ne se réduit pas ; il a même tendance à s’accroître.
Les Français utilisent de plus en plus leur smartphone pour se connecter à Internet à domicile en recourant au réseau mobile (4G par exemple). En 2019, ils sont 57 % à le faire contre 35 % en 2014. 74 % utilisent leur ordinateur branché au réseau ou en wifi et 65 % privilégient leur smartphone connecté en wifi. À domicile, l’ordinateur décline depuis cinq ans au profit des équipements légers. La connexion via l’ordinateur se rencontre essentiellement parmi les revenus élevés, les diplômés et les indépendants ainsi que chez les habitants de la région parisienne. La consultation exclusive d’Internet par le smartphone est avant tout le fait des Français à revenus modestes. Il est bien souvent le seul équipement technologique possédé par cette catégorie sociale. La pratique d’Internet via le mobile s’impose de plus en plus en relation avec la multiplication des applications. Le smartphone est tout à la fois utilisé pour consulter ses comptes bancaires, effectuer ses courses, jouer et régler des problèmes administratifs.
Les zones blanches, en milieu rural mais aussi en ville
14 % de la population éprouvent des difficultés pour téléphoner ou envoyer un message. Ce taux monte à 25 % en zone rurale et descend à 10 % dans les agglomérations de plus de 20 000 habitants.
L’ordinateur ne fait plus rêver
En 2019, le taux d’équipement en ordinateur est, pour la première fois, inférieur à celui des smartphones. L’équipement massif en ordinateur est intervenu à compter de 1996. Le taux d’équipement était alors de 17 % et a atteint son sommet en 2011 (83 %). Depuis, il décline ; il n’est plus que de 76 % en 2019. La concurrence du smartphone conduit les ménages à renoncer à l’ordinateur. Il conserve néanmoins une image de sérieux. 74 % des sondés jugent ce produit utile quand ce taux n’est que de 62 % pour la tablette ou de 69 % pour le smartphone. L’ordinateur reste l’apanage des Français ayant des revenus élevés (taux d’équipement de 92 %). Le coût plus important de l’ordinateur joue contre sa possession. Il demeure néanmoins très présent chez les jeunes de 12/17 ans (91 %) et chez les 40/59 ans (83 %). Pour les premiers, son usage est d’ordre scolaire quand pour les seconds, il est de nature professionnel. Les jeunes actifs se caractérisent, en revanche, par un moindre taux d’équipement (76 %). Les retraités sont, en revanche, mieux équipés en ordinateurs qu’en téléphone portable.
Les tablettes concurrencées par le smartphone
Après avoir connu un essor important en 2012 et 2016, les tablettes sont en recul. Elles sont possédées par 42 % des résidents français en 2019 contre 44 % en 2016 et 8 % en 2012. Elles sont concurrencées directement par les smartphones dont la taille des écrans s’est agrandie. Ce sont les adultes qui ont le taux de possession le plus élevé. La tablette est à la fois utilisée à des fins professionnelles et de loisirs. Il est un substitut d’ordinateur pour la lecture du mail ou de la télévision pour regarder des vidéos. Pour des raisons de prix, la tablette est avant tout possédée par les personnes à forts revenus et par les diplômés.
La petite percée de l’enceinte connectée
Seulement 10 % de la population s’est, pour le moment, équipée d’une enceinte connectée. Aux États-Unis où ce produit est arrivé quatre ans plus tôt qu’en France, le taux d’équipement est de 25 %. 14 % des jeunes de 12 à 24 ans disposent d’une telle enceinte pour seulement 6 % de plus de 60 ans. 18 % des cadres ont opté pour ce produit. Ce dernier est avant tout présent par les férus de technologie qui possèdent tous les autres équipements (tablette, ordinateur, smartphone).
Les Français encore sceptiques face aux objets connectés
16 % des Français ont acheté un équipement connecté (par exemple, un réfrigérateur, un système de domotique, une balance, montre, etc.). Pour 59 % des sondés, ce genre d’objets n’a aucun intérêt quand seulement 25 % pensent l’inverse. Chez les jeunes de 12 à 17 ans, le taux d’équipement monte à 31 %.
Le triomphe du e-commerce, sauf chez les retraités
Le e-commerce commence à atteindre un niveau de maturité, du moins en ce qui concerne la proportion de la population qui le pratique. 62 % des Français et 71 % des Internautes ont effectué des achats en ligne lors des 12 derniers mois. La croissance du nombre d’adeptes n’a progressé que de 2 points en 4 ans, et de 1 point sur un an. Cette stagnation depuis trois ans du e-commerce s’expliquerait par la hausse continue de la population internaute intégrant une proportion croissante de personnes âgées, moins portées sur l’utilisation d’Internet pour réaliser des achats. En revanche, cette stabilisation des consommateurs ne réduit pas la croissance en valeur des achats. La fréquence des achats augmente également. En 2018, 35 % des Français réalisaient au moins un achat par mois contre 29 % en 2016.
Le e-commerce réalise ses meilleurs scores chez les adultes de moins de 40 ans. Ils sont devenus le quotidien des jeunes. 87 % des 18/24 ans et des 25/39 ans effectuent régulièrement des achats en ligne. Le taux est beaucoup plus faible chez les retraités (36 %) mais chez les 60/69 ans une forte hausse a été constatée en 2018. Pour la première fois, le nombre d’acheteurs dépasse la barre des 50 % (51 %). La pratique du e-commerce augmente également chez les non diplômés (+11 points).
L’e-administration, un problème pour les retraités ?
Pour le CREDOC, plus d’un Français sur deux (56 %) estiment que les relations avec l’administration publique se sont modifiées avec Internet, contre 41 % qui estiment qu’elles sont restées identiques. Parmi ceux qui ont observé des changements, une part plus importante des répondants, 37 %, expriment que les relations avec l’administration publique se sont complexifiées depuis quelques années, tandis que 19 % déclarent qu’elles se sont simplifiées.
Avec le développement des démarches administratives en ligne, 44 % des retraités estiment que les relations avec les administrations se sont complexifiées. Ils ne sont que 12 % à penser le contraire et 41 % à estimer que cela n’a rien changé. Les retraités sont plus perplexes que la moyenne de la population.
Si un tiers des Français (32 %) déclarent ne pas connaitre de frein à l’utilisation de l’e-administration, une grande majorité rencontre des problèmes. La complexité des démarches (25 % des réponses cumulées) est la première cause évoquée, suivie d’un manque général d’aisance avec l’informatique et Internet (20 %). Viennent ensuite le manque d’interlocuteurs disponibles pour porter assistance dans la réalisation des démarches en ligne (18 %) et une mauvaise conception des sites des institutions publiques (18 %). 13 % des Français considèrent être mal informés sur les démarches qu’il est possible de réaliser en ligne, tandis que 9 % font état de difficultés à gérer leurs comptes, identifiants et mots de passe. La fracture numérique concerne en premier lieu les plus âgés. Ainsi, 41 % des plus de 60 ans mentionnent qu’ils ne sont pas à l’aise pour effectuer des démarches en ligne. Afin de contrecarrer ce problème d’accès, 44 % des retraités demandent de l’aide à leurs proches pour utiliser Internet. Ce taux est 9 points supérieur à la moyenne nationale. Les retraités souhaitent, par ailleurs, avoir accès à un appui en extérieur au sein d’un service administratif qui pourrait les épauler dans leurs démarches.
À l’opposé, les personnes n’ayant eu « aucun frein » à la réalisation de leurs démarches administratives en ligne sont les plus jeunes (41 % des 18-24 ans et 42 % des 25-39 ans), les catégories sociales supérieures (46 % des cadres et 39 % des membres des professions intermédiaires) et les titulaires des hauts revenus (41 %, +9 points par rapport à l’ensemble de la population).
Internet utilisé de plus en plus pour l’envoi de messages
Les applications de messagerie liées ou pas aux réseaux sociaux connaît toujours un vif succès. 62 % des Français échangent ainsi des messages. Cela pourrait être bientôt la première utilisation d’Internet en devançant la consultation de sites (68 % des Français). Deux tiers de la population détenant un smartphone envoient au moins un message par jour. Les messages instantanés via les applications remplacent progressivement les sms. Les jeunes recourent plus aux premières qu’au second. En revanche, 71 % des plus de 70 ans utilisent avant tout les SMS. 1 % des Français passe par des applications pour appeler au téléphone et non plus par son opérateur de télécommunication. Ce taux était de 12 % en 2014.
Une majorité de Français fréquente les réseaux sociaux
Au cours des douze derniers mois, 60 % des Français et 68 % des Internautes indiquent avoir participé à un réseau social. Ce taux est de 94 % pour les 18/24 ans contre 19 % pour le plus de 70 ans. 80 % des 12/17 ans sont des adeptes des réseaux sociaux. Ce taux relativement faible s’explique par le fait que la minorité digitale a été fixé à 15 ans par la loi relative à la protection des données individuelles. L’inscription à Facebook n’est possible qu’à partir de 13 ans. Par ailleurs, les jeunes délaissent les réseaux classiques et privilégient ceux en lien avec les jeux ou les vidéos en ligne.
La vidéo à la demande, une formidable croissance
Plus d’un tiers des Français disposent d’un abonnement permettant de regarder des vidéos à la demande, des séries ou des films (canal Play, Amazon, OCS, AppleTv, Netflix per exemple). En un an, la progression a été de plus de 11 points. Ce sont les 12/40 ans et les familles avec enfants qui ont le taux d’abonnement le plus important. Le taux est de 66 % chez les 18/24 ans. 53 % des familles comptant 4 personnes sont abonnées. 55 % de la population regardent sur un poste de télévision classique en replay des émissions ou les vidéos commandés à la demande. 34 % le font via un smartphone, une tablette ou ordinateur. Les moins de 40 ans privilégient ces derniers supports au détriment de la télévision.
Internet, incontournable pour s’informer sauf pour les retraités qui préfèrent la presse écrite
63 % de la population et 72 % des internautes ont utilisé Internet pour s’informer lors des douze mois précédent l’enquête du CREDOC. Ces chiffres sont en augmentation de 4 points pour les deux populations depuis 2016. 85 % des jeunes de 18 à 24 ans suivent l’actualité par Internet. Ce taux est de 83 % pour les 25/39 ans. Ce taux tombe à 35 % chez les plus de 70 ans. Les retraités utilisent, moins que les autres catégories d’âge, Internet pour s’informer. Ils ne sont que 40 % à recourir aux sites en lignes pour le faire contre 63 % pour l’ensemble de la population. Ce taux est de 85 % chez les 18/24 ans. Les retraités privilégient les autres médias, presse écrite, radio et télévision. Pour 59 % des retraités, la télévision est de loin le premier canal pour l’information. Ce taux n’est que de 29 % chez les jeunes. Ces derniers ne citent pas la presse écrite comme canal d’accès à l’information. Il reste pour 16 % des retraités le moyen privilégier pour bien suivre l’actualité.
Des risques de fractures numériques
Internet a profondément modifié la pratique des loisirs en France. La photographie fut la première des activités concernées, suivie par la musique et l’information. L’essor des sites de diffusion des films et des séries a parachevé un processus qui s’est engagé dans les années 90. Le e-commerce qui s’est arrogé 10 % de la consommation française est devenu un canal de distribution incontournable. Si le nombre d’e-acheteurs atteint des limites, il est fort probable que le chiffre d’affaires en ligne continue encore de progresser pour atteindre, dans les prochaines années, 15 %. Cette montée en puissance pose non seulement la question de la restructuration de nombreux centres commerciaux mais aussi celle du maintien de commerces de détail en centre-ville. Dans la vie quotidienne, le recours à Internet est de plus en plus incontournable notamment pour les démarches administratives ou pour la souscription de contrats d’électricité ou de gaz. La digitalisation et la dématérialisation sont des sources de fractures sociales pour les citoyens peu amènes avec les technologies de l’information et de la communication. Ainsi, un nombre non négligeable de retraités rencontrent des problèmes pour la déclaration de leurs impôts ou pour accéder à un certain nombre de services et prestations sociales.