La zone euro plombée
La zone euro a connu une toute petite croissance au deuxième trimestre de 0,2 %, identique à celle du premier trimestre. Si la croissance s’est accélérée en Espagne, elle a fortement diminué en Allemagne et est restée étale en France. Pour l’Italie, c’est le retour de la récession.
Personne n’attendait de miracle pour la croissance française au cours du deuxième trimestre. La croissance « zéro » est donc à peu près conforme aux prévisions de nombreux experts même si certains attendaient un taux autour de 0,1 %. La surprise est venue de l’Allemagne dont le PIB a reculé de 0,2 %. Parmi les grands Etats de la zone euro, seule l’Espagne tire son épingle du jeu avec une croissance de 0,6 %, l’Italie ayant enregistré une contraction de 0,2 %.
Les principaux clients européens de l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie, la France sont en récession ou encalminés dans une longue stagnation, les économies d’Asie doivent faire face à un ralentissement. Dans ces conditions, la croissance de l’Allemagne qui ne peut guère compter sur le dynamisme de son marché intérieur a connu un accès de faiblesse au deuxième trimestre avec un recul de 0,2 %. Cette contraction est essentiellement due aux exportations moins dynamiques que prévues mais aussi à l’investissement qui est en berne. Les entreprises allemandes deviennent de plus en plus prudentes.
Néanmoins, ce repli fait suite à une hausse de 0,7 % au premier trimestre. Le taux de chômage reste à un niveau historiquement faible à 6,7 %. Enfin, le budget est à l’équilibre. Ce recul du PIB devrait, en revanche, attiré l’attention du Gouvernement sur le fait que l’Allemagne n’est pas une île.
Au deuxième trimestre, le PIB est resté, en France, comme au premier trimestre, stable en volume. Compte tenu de l’augmentation de la population, le PIB par habitant recule traduisant un appauvrissement des Français.
Au deuxième trimestre, le mal est venu de l’investissement et non de la consommation. Cette dernière s’est reprise avec une augmentation de 0,5 % contre une diminution de 0,5 % au premier trimestre. L’investissement (la formation brute de capital fixe, FBCF) continue de diminuer ce qui est très inquiétant pour l’avenir. La FCBF s’est contractée de 1,1 % après un recul de 1,0 % au premier trimestre.
La demande intérieure finale progresse, de ce fait, faiblement et ne contribue à l’évolution du PIB que pour 0,2 point.
Au niveau de ses échanges extérieurs, la France est toujours confrontée à des problèmes de compétitivité. En effet, si la croissance des importations s’est légèrement ralentie avec une hausse de 0,4 contre 0,6 % au premier trimestre, les exportations n’ont pas augmenté. De ce fait, le solde extérieur contribue négativement à l’évolution du PIB (–0,1 point), après une contribution neutre le trimestre précédent.
De leur côté, les variations de stocks pèsent légèrement sur l’évolution de l’activité : –0,1 point après +0,5 point début 2014.
Au deuxième trimestre, la production totale de biens et services est quasi stable avec un léger repli de 0,1 % contre une hausse de 0,2 % au trimestre précédent.
La production de biens manufacturés a diminué de 1 %. Le secteur de la construction est particulièrement touché par la crise avec un recul de son activité de 1,5 % après une baisse de 1,6 % au premier trimestre.
Le Gouvernement, face à ce résultat, a révisé, à la baisse, sa prévision de croissance en la ramenant de 1 à 0,5 %. Ce n’est pas une surprise. L’INSEE comme la Banque de France jugeait irréaliste, depuis de nombreux mois, le taux de 1 %. En l’état actuel, en espérant une reprise au second semestre, le taux de 0,5 % peut être encore atteint.
Moins de croissance pour 2014 signifie moins de recettes fiscales et donc plus de déficit. La dérive se situe autour de 5 milliards d’euros. Compte tenu des résultats budgétaires du premier semestre et de la croissance, le déficit public devrait se situer autour de 4,2 % en 2014.
Pour 2015, la situation risque d’être assez complexe. Initialement, le Gouvernement avait prévu une croissance de 1,7 %. Or, au regard des résultats de 2014, la croissance aura toutes les peines à atteindre 1 %. De ce fait, le Gouvernement a fait une croix sur le retour du déficit en-dessous de 3 %. L’effort en termes d’économies ou d’augmentations d’impôts occasionnerait une récession de -1 à – 2 % du PIB ce que le Gouvernement veut éviter à tout prix au risque de mettre la France en danger à moyen terme compte tenu de l’évolution de la dette publique.