C’est déjà hier
France, marché de l’emploi, une reprise relative
Le marché du travail en France est devenu assez flexible. Après avoir connu une forte dégradation durant le confinement, il connait depuis deux mois une amélioration. Ainsi, au mois de juin, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi n’ayant exercé aucune activité (catégorie A) a baissé de 204 700. Il n’en demeure pas moins qu’il se maintient à un niveau élevé (4 220 900) en France (hors Mayotte). Par ailleurs, cette diminution s’explique en grande partie par le passage de demandeurs d’emploi de la catégorie A vers les catégories B et C (personnes en en activité réduite). Pour ces deux catégories, au mois de juin, l’augmentation est de 236 200. Au total, l’effectif des catégories A, B et C augmente de nouveau en juin, mais à un rythme moindre qu’au cours des deux mois précédents (+31 500, après +61 000 en mai et +209 300 en avril).
Cercle de l’Épargne – DARES
Avec le déconfinement, cette hausse du nombre de personnes en catégories A, B, C intervient dans un contexte de rebond des entrées à Pôle emploi (+102 000 après -66 000 en mai) et de nouvelle augmentation des sorties (+132 400 après +82 800 en mai). Malgré ces évolutions, les entrées restent supérieures aux sorties, si bien que le nombre d’inscrits dans ces catégories s’accroît de nouveau en juin. La hausse des sorties concerne tous les motifs, notamment les reprises d’emploi déclarées et les entrées en stage ou en formation, qui retrouvent des niveaux similaires, voire supérieurs, à ceux de février.
Cercle de l’Épargne – DARES
Moins 204 700 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A
La baisse enregistrée au mois de juin pour les demandeurs d’emploi de la catégorie A concerne toutes les tranches d’âge.
- les moins de 25 ans : -4,6 % ;
- les 25-49 ans -5,0 % ;
- les 50 ans ou plus -3,7 %.
Les hommes enregistrent une plus forte diminution que les femmes, respectivement -5,8 % et -3,3 %. Cet écart est lié au fait qu’ils avaient été plus touchés par le chômage durant la période de confinement. Toutes les régions de France, à l’exception de la Guyane, encore confrontée à des mesures de restriction dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, connaissent une amélioration au niveau de l’emploi. La baisse des effectifs en catégorie A est plus marquée sur la façade Ouest de la métropole, ainsi qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse. Dans les Antilles et à la Réunion, la diminution est moins forte qu’en métropole, mais la hausse des effectifs en mars et avril avait également été moins accentuée. La reprise de l’activité touristique a commencé à faire ressentir ses effets à compter du mois de juin.
Évolution du nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A en juin 2020
La diminution du nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A s’observe pour tous les métiers recherchés par les demandeurs d’emploi. Elle est plus particulièrement portée par la baisse du nombre de ceux qui recherchent un métier dans la construction et le BTP, ainsi que dans l’hôtellerie et le tourisme. Dans ces deux derniers cas, il s’agit de la première diminution constatée depuis mars.
Au mois de juin, hausse du chômage au sein de l’Union européenne
En juin 2020, le mois pendant lequel les mesures du confinement liées à la Covid-19 ont commencé à être abrogées dans la plupart des États membres, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s’est établi à 7,8 % dans la zone euro, en hausse par rapport au taux de 7,7 % enregistré en mai 2020. Dans l’UE, le taux de chômage s’est établi à 7,1 % en juin 2020, en hausse par rapport au taux de 7,0 % de mai 2020. Ces chiffres sont publiés par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.
Eurostat estime qu’en juin 2020, 15,023 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’UE, dont 12,685 millions dans la zone euro. Par rapport à mai 2020, le nombre de chômeurs a augmenté de 281 000 dans l’UE et de 203 000 dans la zone euro.
Revenu, consommation, épargne et investissement en Europe au temps de la Covid-19
Selon Eurostat, au premier trimestre 2020, la consommation réelle des ménages par habitant a diminué de 3,0 % dans la zone euro, après une baisse de 0,4 % au trimestre précédent. Il s’agit de la baisse la plus marquée depuis le début de la série temporelle en 1999. Malgré les mesures de confinement et l’arrêt de certaines activités, le revenu des ménages par habitant a augmenté de +1,1 % en termes réels, au sein de la zone euro, au cours du premier trimestre, après une diminution de -1,1 % au quatrième trimestre 2019.
Pour l’ensemble de l’Union européenne, la consommation réelle des ménages par habitant a diminué de -2,9 % au premier trimestre 2020, après une diminution de -0,2 % au trimestre précédent. Il Le revenu réel des ménages par habitant a augmenté de +1,2 % au premier trimestre 2020, après une diminution de -1,0 % au quatrième trimestre 2019.
Au cours du premier trimestre, le revenu disponible brut ajusté des ménages a augmenté de +0,9 % dans la zone euroet de +1,2 % dans l’Union. La réduction des impôts et des cotisations sociales nettes a joué positivement en faveur du revenu disponible brut, tandis que la contribution des prestations sociales a été plus élevée que d’habitude. Ces facteurs ont compensé la baisse des salaires et des revenus professionnels des indépendants.
Toujours au cours du premier trimestre, le taux d’épargne des ménages a augmenté de +4,3 points de pourcentage par rapport au quatrième trimestre 2019, tant dans la zone euro que dans l’Union. Il a augmenté dans tous les États membres. Les hausses les plus élevées ont été observées en Belgique, au Danemark et aux Pays-Bas. Ces hausses sont imputables à la contraction des dépenses de consommation. Les baisses de ces dépenses les plus fortes ont été constatées en Italie, en Espagne, en Belgique et en France, quatre pays qui ont été lourdement touchés par la crise sanitaire et qui ont adopté des mesures strictes de confinement.
Du fait de la mise à la cape des économies, au premier trimestre 2020, le taux d’investissement des ménages a diminué de 0,2 point de pourcentage dans la zone euro et de 0,3 point de pourcentage dans l’Union. Parmi les États membres, la baisse du taux d’investissement des ménages a été la plus élevée en Espagne, en France et en Belgique. Néanmoins, sept États membres ont enregistré une augmentation du taux d’investissement des ménages. Les hausses les plus marquées ont été observées en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark, des pays qui n’ont pas appliqué de confinement strict.
Source : Eurostat
Inflation, petite accélération post confinement
Sur un an, les prix à la consommation en France augmenteraient de +0,8 % en juillet 2020, après +0,2 % le mois précédent, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois. Cette hausse de l’inflation résulterait d’un rebond des produits manufacturés, en lien avec le décalage des soldes d’été, et d’une moindre baisse des prix de l’énergie. En revanche, les prix de l’alimentation et – dans une moindre mesure – des services et du tabac, ralentiraient. Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de +0,4 % après +0,1 % le mois précédent. Les prix des services accéléreraient de manière saisonnière en période estivale, et ceux du tabac augmenteraient après avoir été stables le mois dernier. En revanche, les prix des produits alimentaires baisseraient davantage et les prix de l’énergie ralentiraient. Enfin, les prix des produits manufacturés se stabiliseraient après avoir baissé le mois dernier.
Pour la zone euro, le taux d’inflation annuel a été estimé à 0,4 %, contre 0,3 % en juin selon une estimation rapide publiée par Eurostat. S’agissant des principales composantes de l’inflation, l’alimentation, alcool & tabac devrait connaître le taux annuel le plus élevé en juillet (2,0 %, comparé à 3,2 % en juin), suivie des biens industriels hors énergie (1,7 %, comparé à 0,2 % en juin), des services (0,9 %, comparé à 1,2 % en juin) et de l’énergie (-8,3 %, comparé à -9,3 % en juin).
Interrogations multiples sur le pic de mortalité d’avril
Entre le début du mois de mars et la fin avril, la crise sanitaire a enregistré un grand nombre de victimes en France ainsi qu’au sein de plusieurs États européens. En France, la semaine du 30 mars a été la plus meurtrière. Avec la Belgique, l’Espagne et l’Italie, la France est le pays qui a connu le plus fort pic de mortalité.
L’écart entre les décès toutes causes confondues survenus durant les quatre premiers mois de l’année 2020 et la moyenne sur la même période en 2016-2019 a suivi une dynamique similaire dans les différents pays européens. Pendant les premières semaines de l’année 2020, jusqu’à la fin du mois de février, la mortalité a été globalement inférieure à celle enregistrée en moyenne entre 2016 et 2019en raison de la faiblesse de la grippe saisonnière. À la différence des années précédentes, la mortalité n’a pas commencé à baisser à partir du mois de mars 2020. Durant la semaine du 30 mars 2020, le surcroît de mortalité a approché 50 % en Europe. Ce surcroît a atteint 60 % en France, 155 % en Espagne, 91 % en Belgique (avant 107 % la semaine du 6 avril) et 67 % en Italie (après 88 % la semaine précédente puisque le pic a été atteint une semaine plus tôt en Italie). L’excédent de mortalité s’est estompé progressivement pour retrouver son niveau moyen à partir du mois de mai.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
84 % de la surmortalité observée en Europe sont imputables à l’Espagne, à l’Italie et à la France. La part de ces pays atteignant quasiment le double de leur part habituelle dans les décès globaux (44 % pour la même période de 2016-2019). À l’inverse, en Allemagne, pays le plus peuplé en Europe, la surmortalité est beaucoup plus faible (4 % sur la même période). C’est aussi le cas des pays d’Europe centrale et orientale
Nombre de décès entre le 2 mars et le 26 avril 2020 rapporté à la même période de 2016-2019
Dans tous les pays européens, la surmortalité n’est pas uniforme. Certaines régions ont été plus touchées que d’autres en raison de la densité de la population, de l’existence de clusters et de leur ouverture sur l’extérieur (flux important de circulation). Ainsi, en France, entre le 2 mars et le 26 avril 2020, la surmortalité par rapport à la moyenne 2016-2019 est comprise entre 100 % et 150 % dans cinq départements (Haut-Rhin, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Val-d’Oise). À l’inverse, l’arc atlantique englobe des départements (Finistère et Landes) dans lesquels on enregistre une baisse du nombre des décès en 2020 par rapport à la moyenne de 2016-2019. Plusieurs provinces espagnoles et italiennes ont enregistré une surmortalité supérieure à 150 %. Dans les provinces espagnoles (Ciudad Real, Guadalajara, Madrid et Segovia) et italiennes (Bergamo, Brescia, Cremona, Lodi et Piacenza) les plus touchées, le nombre de décès a été multiplié par plus de 3 (soit un supplément de plus de 200 %) entre le 2 mars et le 26 avril 2020 comparativement à la même période en moyenne sur 2016-2019. La façade Sud-ouest de la péninsule italienne a été peu touchée par la crise sanitaire.
L’excédent des décès a touché légèrement plus les hommes que les femmes et selon une temporalité différente
Pour la période du 2 mars au 26 avril 2020, en Europe, ainsi qu’en France dans une moindre mesure, ces décès supplémentaires ont un peu plus touché les hommes que les femmes (respectivement +7 % et +3 % d’écart sur l’ensemble de la période). L’accélération des décès jusqu’au 30 mars (pic de l’épidémie) a atteint en majorité les hommes. Le ratio de mortalité hommes/femmes atteint en France un maximum de 1,07 au cours de la dernière semaine de mars (soit une semaine avant le pic de mortalité) et de 1,06 en Europe. En Europe, la situation s’inverse à partir de début avril : l’excédent de mortalité affecte alors davantage les femmes que les hommes. Le ratio de mortalité hommes/femmes atteint un minimum la semaine du 13 avril, avant de retrouver un seuil proche de 1 en France et un peu inférieur à 1 en Europe.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Entre le 2 mars et le 26 avril 2020, le surcroît de mortalité touche davantage les personnes de 50 ans ou plus, tant en France qu’en Europe. Pour les hommes comme pour les femmes, cette surmortalité affecte, en France et en Europe, plus particulièrement les personnes âgées de 70 ans ou plus (dont 59 % sont des femmes tant en France qu’en Europe). En France, la surmortalité dépasse 40 % chez les hommes et approche 35 % chez les femmes de 70 à 74 ans et de 90 ans ou plus, par rapport à la moyenne 2016-2019. En Europe, cette surmortalité, tant pour les hommes que pour les femmes, est la plus élevée chez les 90 ans ou plus (soit 1 % de la population totale, dont 73 % sont des femmes), où elle atteint respectivement 50 % chez les hommes et 43 % chez les femmes.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
En l’état actuel de connaissances de l’épidémie, les écarts constatés entre les régions donnent lieu à de multiples interprétations. La forte densité de population, l’importance des emplois exposés, la non-application des gestes barrières, la prévalence de l’obésité, l’existence préalable de foyers de contamination, la non-réalisation de test de diagnostic en nombre suffisant, sont autant de facteurs mis en avant.