Le coin des tendances
La bataille des batteries électriques est engagée
La transition énergétique que les gouvernements souhaitent accélérer dans le cadre des plans de relance prévus pour endiguer l’actuelle récession suppose une augmentation du stockage d’énergies renouvelables. Ce stockage est indispensable pour accroître l’autonomie des voitures électriques et pour disposer de réserves d’énergies quand les capacités de production ne sont pas disponibles en raison par exemple de l’absence de soleil ou de vent. Le renouveau de la filière de l’hydrogène est lié à cette problématique. En effet, pour éviter le maintien de centrales électriques au charbon ou au fioul, les électriciens doivent pouvoir disposer de réserves disponibles à tout moment. Le stockage peut prendre la forme de barrages hydroélectriques avec remontée de l’eau en période de surproduction, de batteries ou de fabrication d’hydrogène qui pourra être utilisée dans un second temps au sein de piles à combustible.
Selon de nouvelles prévisions de Bloomberg New Energy Finance (BNEF) publiées au mois de juillet 2020, le marché du stockage de l’énergie devrait être multiplié par 64 entre 2016 et 2030, et atteindre, au niveau mondial, une puissance totale de 125 gigawatts et une production de 305 gigawattheures. Toujours selon le rapport de Bloomberg, « avec autant d’investissements dans la technologie des batteries, la baisse des coûts et l’ajout significatif de la capacité éolienne et solaire sur tous les marchés, le stockage de l’énergie jouera un rôle crucial dans la transformation de l’énergie ». 103 milliards de dollars devraient être investis dans ce secteur. Les États-Unis devraient occuper la première place dans le stockage de l’énergie avec un quart du marché suivis par la Chine, le Japon, l’Inde, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Australie et la Corée du Sud. La France est pour le moment distancée en la matière du fait de l’importance de son parc nucléaire. Le principal mode de stockage des énergies renouvelables en France repose sur les barrages hydroélectriques.
Evolution des capacités de stockage des énergies renouvelables
Selon une étude réalisée par la banque Lazard, les coûts du stockage électrique devraient baisser de 19 à 36 % dans les cinq prochaines années grâce à l’émergence de nouvelles techniques, notamment les batteries à flux qui concurrenceront les batteries lithium-ion. Le développement des énergies renouvelables incite par ailleurs à la réalisation de nombreux investissements apportant des rendements d’échelle. Toujours selon ce rapport, « les coûts du cycle de vie complet (construction et fonctionnement) de projets renouvelables sont aujourd’hui inférieurs aux seuls coûts de fonctionnement de technologies conventionnelles comme le charbon ou le nucléaire. »
D’ici 2030, selon la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), au minimum 23 millions de véhicules électriques devraient être vendus. Le marché des batteries devrait ainsi passer de 7 milliards de dollars à 58 milliards de dollars entre 2020 et 2024 pour se rapprocher de 100 milliards dollars d’ici 2030. La Chine qui représente la moitié des ventes mondiales de voitures électriques impose aux constructeurs l’usage de batteries produites localement. De ce fait, ce pays dispose des deux-tiers des capacités mondiales de production de cellules. Le premier fabricant de cellules est le Chinois Contemporary Amperex Technology (CATL) qui, en 2018, a représenté 23 % de l’offre mondiale. Il devance le Japonais Panasonic (22 %) et un autre Chinois BYD (13 %). La Corée du Sud place deux fabricants, LG-Chem (10 %) et Samsung-SDI (5,5 %), selon le Center Automotive Research (CAR). De son côté, l’Europe n’assure que 1 % de la production mondiale. Malgré son succès, le poids de Tesla aux États-Unis est marginal à l’échelle mondiale. Pour rattraper leur retard, les Occidentaux devront investir des sommes conséquentes et cela sur plusieurs années.
La Chine dispose d’un atout majeur dans la production de batteries en contrôlant les matières premières indispensables à leur fabrication (lithium, cobalt). Selon Bloomberg, les chinois Ganfeng et Tianqi disposent de 17 % et 12 % des capacités mondiales de production et traitement de lithium, notamment à travers les investissements réalisés dans des mines australiennes et sud-américaines. Ces dernières années, les entreprises chinoises ont multiplié les acquisitions dans le secteur minier afin de sécuriser leurs approvisionnements. Pout le cobalt, les entreprises chinoises contrôlent, selon Bloomberg, au moins la moitié du minerai extrait en République démocratique du Congo (RDC), d’où provient 70 % de l’offre mondiale. La Chine possède également 80 % des capacités de production chimique de cobalt affiné. Certains constructeurs automobiles ont été conduits à conclure des contrats de long terme avec les entreprises chinoises afin d’accéder aux batteries ou à leurs composants. Volkswagen a ainsi signé un contrat en 2019 avec Ganfeng pour garantir durant dix ans ses approvisionnements de lithium qu’elle pourra mettre à disposition de ses fournisseurs de cellules. Les Chinois privilégient la production locale de batteries en jouant sur le prix des matières premières. Le prix à l’exportation est plus élevé que celui du marché national afin d’inciter les entreprises étrangères à s’installer en Chine. Depuis quelques années, des entreprises ont néanmoins réalisé des usines au sein des pays avancés. La firme chinoise, CATL, construit à Erfurt (Allemagne) une usine qui fournira BMW dès 2022. Le constructeur bavarois a signé un contrat avec l’entreprise chinoise portant sur 4 milliards d’euros. Le Coréen, LG-Chem produit depuis 2018, en Pologne, des cellules pour Daimler, Volvo, Audi et Renault. L’autre fabricant sud-coréen Samsung-SDI a construit une usine en Hongrie. Parmi les rares producteurs européens de batteries figurent le suédois Northvolt qui a été créé par deux ex-cadres de Tesla et le Néerlandais Lithium Werks. Il n’en demeure pas moins que la dépendance de l’Europe et des États-Unis vis-à-vis de l’Asie est importante en ce qui concerne le stockage de l’énergie pour les véhicules.
La fabrication des batteries pose également une série de problèmes environnementaux et sociaux. L’Organisation des Nations Unies s’est inquiétée du travail des enfants au sein de la filière électrique. L’extraction des matières premières utilisées pour la production des batteries est concentrée dans un nombre réduit de pays (Congo, Chili, Chine, Australie). Au sein de plusieurs pays en développement, cette extraction donnerait lieu à l’exploitation de plus de 40 000 enfants au sein de pays en développement, en particulier au sein des mines du Katanga au Congo. Le gouvernement de ce pays s’est engagé d’ici 2025 à interdire le travail des enfants dans les mines. Les salariés des mines sont, par ailleurs, exposés à de nombreuses poussières et particules cancérigènes, certaines d’entre-elles étant radioactives. L’exploitation du cobalt libère des poussières d’uranium toxiques. Par ailleurs, les mines utilisent des quantités importantes d’eau. Ainsi, au Chili, l’extraction du lithium consomme 65 % de l’eau de la région de Salar de Atamaca, une zone désertique du pays.
Sur le terrain environnemental, le recyclage des batteries électriques demeure problématique. Les batteries ont des temps d’utilisation relativement courts. En moyenne, les batteries Li-ion perdent 2 % de leur capacité par an. Au bout de six ans, cela peut signifier qu’elles ont atteint la moitié de leur durée de vie utile. À 80 % de sa capacité initiale, la batterie est, en règle générale, retirée des véhicules. De nouveaux usages se font jour (stockage d’énergies issues des panneaux solaires ou des éoliennes, stockage d’énergie électrique au profit des serveurs informatiques, etc.) et de nombreuses recherches sont menées pour allonger la durée de vie des batteries. L’introduction d’additifs comme les zéolithes qui sont des éponges moléculaires sont étudiées afin de réduire les impuretés qui progressivement réduisent les capacités de charge des batteries. Pour réduire les polluants contenus dans les batteries, plusieurs équipes de recherche travaillent sur l’ajout d’aluminium afin notamment d’économiser du cobalt qui est en outre l’ingrédient le plus cher d’une batterie. L’objectif des fabricants est de porter la limite des batteries à un million de kilomètres, contre 240 000 actuellement avec une autonomie qui pourrait dépasser 600 kilomètres (actuellement autour de 400 kilomètres).
Le kaléidoscope du travail à temps partiel en France
En France, selon l’INSEE, en 2018, 18,4 % des salariés du secteur privé (hors apprentis) travaillent à temps partiel. Au sein de la fonction publique, ce taux monte à 20,3 %. Une grande partie des temps partiels sont féminins, pour des raisons personnelles, familiales notamment. Le travail à temps partiel est, de manière non négligeable, subi. 78 % sont des femmes. 91 % des salariés à temps partiel dans le secteur privé sont employés dans des activités tertiaires. Le travail à temps partiel est un des facteurs importants de précarité. 1,9 million de salariés à temps partiel travaillent moins de 24 heures par semaine. La loi du 14 juin 2013, dite « loi de sécurisation de l’emploi », a fixé une durée minimale hebdomadaire de 24 heures pour le travail à temps partiel afin de lutter contre une précarisation de la population active. Ce seuil s’applique en l’absence d’accord de branche définissant un seuil différent mais les dérogations sont nombreuses. Le travail à temps partiel, surtout quand il est associé à l’intérim, impose de nombreux trajets en transports, source de coûts et de perte de temps.
30 % des emplois à temps partiel sont dits « courts » et sont caractérisés par des durées de travail hebdomadaires réduites et des contrats à durée limitée. 29 % des temps partiels, dits « atypiques », concernent des salariés travaillant le samedi, le dimanche, le soir ou encore la nuit de manière régulière. 41 % des emplois à temps partiel sont dits « stables ». Ils se composent principalement de contrats à durée indéterminée.
Les emplois à temps partiel « court » sont par nature une source d’instabilité pour leurs titulaires. La durée des emplois compte parmi les plus faibles et des statuts d’emploi instables 57 % travaillent moins de 15 heures. Près de la moitié des salariés à temps partiel « court » ont un contrat à durée limitée (48 %). Leur travail s’effectue pour 55 % d’entre eux sur 3 jours ou moins. 47 % de ces salariés sont en situation de sous-emploi et demandent à travailler plus. Plus du tiers de ces salariés (36 %) ont connu une période de chômage ou d’inactivité (hors études) d’au moins un mois au cours de l’année passée. Un cinquième travaillent en intérim, ce qui augmente le risque de précarité. La rémunération de leur contrat à temps partiel est d’environ 600 euros. 18 % d’entre eux complètent ce salaire en travaillant simultanément pour plusieurs employeurs, que ce soit pour effectuer le même métier ou un autre. Concentrés dans le secteur des services aux particuliers (principalement dans les activités de nettoyage), les salariés à temps partiel « court » représentent 47 % des emplois à temps partiel de ce secteur. Ces emplois à temps partiel « court » sont également plus fréquents dans la fonction publique.
Les salariés à temps partiel « atypique » travaillent la nuit ou le week-end ainsi que les jours fériés. 65 % des salariés à temps partiel « atypique » travaillent le samedi et 39 % le dimanche, 63 % ont travaillé au moins une fois le soir ou la nuit durant les quatre semaines précédant l’enquête. Ces horaires tardifs s’accompagnent souvent d’horaires irréguliers. 70 % des salariés à temps partiel « atypique » ont des horaires variables d’une semaine à l’autre ou plus rarement alternants. Ces horaires atypiques ne s’accompagnent pas forcément de semaines de travail courtes. 59 % des salariés à temps partiel « atypique » travaillent plus de 24 heures par semaine et, pour un de ces salariés sur deux, le temps de travail est réparti sur 5 jours ou plus. 85 % des salariés à temps partiel « atypique » sont en CDI. Une partie de ces salariés cumulent plusieurs activités. Ces salariés se retrouvent avant dans secteurs de l’hébergement-restauration et de la grande distribution. Ces emplois constituent pour une partie de leurs titulaires un appoint. Les étudiants occupent une part importante de ces emplois qui leur permettent de suivre leurs cours. Ces emplois sont également nombreux dans le secteur de la santé qui exige une continuité de service. 53 % des emplois à temps partiel dans les hôpitaux publics sont ainsi « atypiques ».
Les salariés à temps partiel « stable » bénéficient d’un CDI et d’horaires réguliers d’une semaine sur l’autre. 65 % de ces salariés travaillent 24 heures ou plus par semaine, réparties sur des semaines de travail relativement longues. 37 % travaillent 4 jours par semaine et 54 % travaillent 5 jours et plus. Plus de la moitié de ces salariés expliquent leur emploi à temps partiel par des raisons personnelles ou familiales (56 % des temps partiels « stables »). Leurs conditions d’emploi sont relativement similaires à celles des salariés à temps complet, en termes de contrat de travail, d’ancienneté dans l’entreprise ou d’accès à la formation. En moyenne, leur rémunération mensuelle nette (primes comprises) s’élève à 1 229 euros, soit plus que le SMIC mensuel d’un salarié à temps complet. Elle est la plus élevée parmi les salariés à temps partiel (contre, respectivement, 1 093 euros pour les temps partiels « atypiques » et 602 euros pour les « courts »). Elle demeure cependant inférieure à la moyenne des rémunérations des salariés à temps complet (2 165 euros). Les salaires horaires, en revanche, sont proches pour les différents types de temps partiels et sont inférieurs au salaire horaire à temps complet (en moyenne, 11,8 euros contre 13,8 euros). Ces emplois « stables » représentent 78 % des emplois à temps partiel dans le secteur financier et 77 % dans les activités de sécurité sociale, tandis qu’ils n’en représentent que 27 % dans le secteur de l’hébergement et la restauration.
Le temps partiel est particulièrement développé chez les femmes (31 % contre 18 % dans l’ensemble des salariés du secteur privé), chez les jeunes actifs (24 % des moins de 26 ans) et chez les seniors (28 % des 55 ans et plus).
Les temps partiels « courts » plutôt stables concernent davantage les seniors (40 % de 55 ans ou plus). De leur côté, les jeunes de moins de 26 ans sont surreprésentés parmi les temps partiels « courts » plutôt instables cumulant les facteurs de précarité. Les emplois à temps partiel « atypique » recouvrent une première forme d’emploi qui concentre davantage de jeunes actifs. De nombreuses femmes sont surreprésentées dans cette catégorie, en particulier pour le travail en horaire tardif (restauration et nettoyage). Les emplois à temps partiel dits stables avec plus de 24 heures de travail par semaine sont occupés à 87 % par des femmes.
Dans cette catégorie, les femmes ont choisi le travail à temps partiel afin de pouvoir concilier vie professionnelle et vie familiale. 80 % ont ainsi demandé de ne travailler que quatre jours sur cinq. 48 % ont entre 40 et 54 ans, et 60 % sont en couple et ont des enfants (deux enfants pour un tiers des femmes à temps partiel « stable »). Plus de la moitié de ces femmes ont plus de 10 ans d’ancienneté dans leur emploi actuel. Elles sont surreprésentées dans le secteur de l’activité financière et immobilière.
Les femmes à temps partiel « atypique » travaillent le plus souvent 5 jours ou plus par semaine, en tant qu’employée auprès de particuliers et employée de commerce. 24 % occupent des emplois d’aide à domicile, aide-ménagère ou de travailleuse familiale, et 9 % sont caissières de magasins. Les raisons avancées par ces femmes pour exercer leur activité à temps partiel sont plus diverses que dans le cas des temps partiels « stables ». Pour certaines, l’emploi à temps partiel est motivé par des raisons familiales ; pour d’autres, les caractéristiques professionnelles (diplôme, secteur d’activité…) jouent davantage.
Les jeunes les plus diplômés occupent avant tout des emplois à temps partiel « atypique » Les jeunes à temps partiel « atypique » sont plus souvent des étudiants, des jeunes diplômés, vivant seuls. Pour les jeunes, ces emplois à temps partiel « atypique » constitueraient une étape pour s’insérer sur le marché du travail. D’après les enquêtes Génération 1998 à 2004, un jeune sur trois travaille à temps partiel au moins une fois au cours de ses sept premières années de vie active. Ce phénomène concerne plus souvent les hommes, indépendamment de leur niveau de diplôme, et, parmi les jeunes femmes, les plus diplômées. Près d’un salarié sur quatre est serveur ou commis chez les moins de 26 ans, à temps partiel « atypique ». Dans cette catégorie figurent des médecins hospitaliers sans activité libérale, des médecins salariés non hospitaliers, ou encore des internes en médecine, odontologie et pharmacie.
Les salariés de 55 ans ou plus à temps partiel « stable » ou « court » travaillent majoritairement comme employés. À leur demande ou à celle des entreprises, les seniors peuvent travailler à temps partiel soit dans l’attente de leur retraite ou dans le cadre d’un cumul emploi/retraite. Les plus de 55 ans demandent d’être à temps partiel soit pour raisons de santé (52 %), soit pour s’occuper de leur famille, petits-enfants ou conjoints (46 %). 25 % déclarent que l’objectif est également financier.