C’est déjà hier
L’industrie européenne retrouve quelques couleurs
Après avoir atteint un point bas historique en mai, l’industrie française retrouve progressivement son niveau d’avant crise. La production est revenue à 12 % de son niveau d’avant crise. L’automobile se situe 35 points en dessous de son niveau d’avant confinement. L’écart est de 20 points pour la métallurgie ou de 13,5 points pour le textile. L’agroalimentaire est, en revanche, proche de son niveau d’avant crise (-2,7 %) comme le raffinage (-5,2 %). Seule l’industrie pharmaceutique dépasse en juin son niveau de février (+3,5 %). L’Allemagne est dans la même situation que la France avec un écart de 12 % par rapport au niveau d’avant crise. Sa production industrielle a progressé de 8,9 % en juin confirmant le rebond du mois de mai (+7,4 %).
Au niveau du commerce extérieur, les exportations allemandes progressent à nouveau plus vite que les importations permettant un excédent de plus de 15 milliards d’euros au mois de juin, soit un niveau équivalent à celui de juin 2019. En revanche, en France, le déficit commercial a atteint un nouveau record, à près de 8 milliards d’euros. La consommation des Français est repartie bien plus rapidement que la production.
Pour l’ensemble de l’industrie européenne, la reprise est encourageante, mais après un rebond mécanique lié au déconfinement, dix points manquent pour retrouver le niveau d’avant crise. Cette production risque de buter sur la faiblesse du commerce international.
L’industrie, un rebond contrasté
La production industrielle manufacturière française a augmenté de +14,4 % en juin après une hausse de +22,2 % en mai. Pour l’ensemble de l’industrie, les augmentations ont été respectivement de +12,7 % et +19,9 %. Par rapport à février (dernier mois avant le début du confinement), la production reste néanmoins en retrait dans l’industrie manufacturière (-12,4 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (-11,0 %). Par rapport à juin 2019, la production est également en retrait de 12,5 % pour l’industrie manufacturière et de 11,7 % pour l’ensemble de l’industrie.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Au cours du deuxième trimestre, la production s’est contractée, par rapport au premier trimestre, de -18,9 % pour l’industrie manufacturière et de -17,1 % pour l’ensemble de l’industrie. Sans surprise, le secteur le plus touché est celui des matériels de transport (-40,8 %). La contraction et de 19,8 % pour les biens d’équipement. Les baisses sont moins marquées pour les industries extractives, énergie, eau (-6,9 %), les industries agro-alimentaires (-6,0 %) et la cokéfaction-raffinage (-6,3 %). Sur un an, la production manufacturière est en baisse de -25,3 % (-23,4 % pour l’ensemble de l’industrie). Sur cette période, la baisse de la production est abyssale pour les matériels de transport (-50,3 %) et la cokéfaction-raffinage (-37,8 %). Elle est également en net repli pour les biens d’équipement (-28,4 %). La baisse de la production est moins marquée dans les industries extractives, énergie, eau (-13,0 %) et dans les industries agro-alimentaires (-7,3 %).
L’industrie française est loin d’avoir retrouvé son niveau
d’avant la crise de 2008. En juin 2020, la production était inférieure de
22 % à celle de juin 2007.
Plus de 600 000 emplois perdus en six mois !
Entre fin mars et fin juin 2020, l’emploi salarié du secteur privé a reculé de – 0,6 %, soit 119 400 destructions nettes d’emploi, après déjà une perte de 497 500 le trimestre précédent. Sur un an, l’emploi salarié privé a diminué de -2,5 %, soit -480 800 emplois. La crise sanitaire a effacé deux ans de créations d’emploi.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
La baisse de l’emploi sur le premier semestre 2020 a été de -3,4 %, ce qui constitue la plus forte contraction depuis le début de cette série statistique (1970). À titre de comparaison, lors de la crise « des subprimes », l’emploi salarié marchand non agricole avait baissé de -1,7 % entre septembre 2008 et mars 2009. La France comptait à fin juin 2020, 19,1 millions d’emplois dans le secteur privé, contre 19,7 millions à la fin de l’année 2019.
Cercle de l’Epargne – données INSEE
Dans la construction, l’emploi salarié privé (hors intérim) est en hausse de +0,3 % au deuxième trimestre après -0,4 % au trimestre précédent (soit +3 700 après -5 600). Il retrouve donc pratiquement son niveau d’avant-crise. L’emploi industriel (hors intérim) continue à perdre des emplois avec une contraction de -0,8 % (soit -24 300 emplois) après -0,4 % (-12 100 emplois) au premier trimestre. Sur un an, la baisse dans l’industrie atteint -1,1 %, soit -35 200 emplois.
Dans les services marchands hors intérim, l’emploi salarié privé se contracte de nouveau fortement, -1,6 % après -1,3 % le trimestre précédent. La baisse de ce premier semestre 2020 annule les hausses des deux dernières années et l’emploi tertiaire marchand hors intérim retrouve ainsi son niveau de fin 2017.
L’emploi privé dans les services non marchands recule également sur le trimestre, -0,9 % (soit -22 800) après -0,5 % (soit -13 500). Sur un an il baisse de -1,2 % (soit -30 200 emplois).
Après une baisse de -40,4 % au premier trimestre, l’intérim connait un rebond de +23,1 % au second trimestre, soit +108 500 emplois. L’emploi intérimaire a commencé à se redresser dès mai, et augmente encore nettement en juin, après de fortes baisses en mars et avril. À la fin du mois de juin, il reste toutefois inférieur de 27,1 % (soit -214 800 emplois) à son niveau un an auparavant.
Pour le moment, le chômage partiel et les prêts garantis par l’État ont joué leur rôle d’amortisseurs. À la rentrée, plusieurs experts voire même le gouvernement craignent une forte détérioration de la situation. A ce stade, la reprise ne s’enraye pas avec un niveau correct de consommation et encore un petit déficit au niveau de la production.
Le commerce des voitures électriques en plein essor
En 2019, l’Union européenne a exporté pour 8,2 milliards d’euros de voitures électriques et de voitures électriques hybrides pouvant être conduites en combinaison avec un moteur à essence ou diesel. Les importations de voitures électriques et hybrides électriques représentaient, de leur côté, 7,1 milliards d’euros. L’Union européenne dégage donc un excédent commercial de 1,1 milliard d’euros. Cet excédent est à relativiser car les batteries représentent en moyenne 40 % du coût des véhicules électriques, batteries majoritairement achetées en Chine ou au sein des pays émergents.
Au sein du poste des voitures électriques et hybrides, les voitures électriques représentaient 69 % de la valeur des importations de l’Union et 56 % de la valeur des exportations de l’Union. Les voitures hybrides représentaient 31 % des importations et 44 % des exportations.
Les exportations progressent rapidement. En 2019, la hausse a été de 54 % contre 24 % en 2018. Les importations ont, de leur côté, plus que triplé en 2019 (+208 %) après avoir doublé en 2018 (+104 %). Cette évolution traduit la forte progression de la demande en 2019 avec une incapacité pour les producteurs européens de pouvoir la satisfaire.
Au cours des premiers mois de 2020, les exportations de voitures électriques et hybrides ont augmenté par rapport à l’année précédente (2,9 milliards d’euros en janvier-avril 2020, 2,5 milliards d’euros en janvier-avril 2019). Le mois d’avril 2020 a été une exception, les exportations se sont effondrées à seulement 0,3 milliard d’euros (contre 0,8 milliard d’euros en avril 2019) en raison de l’épidémie. En revanche, les importations ont continué à progresser durant la période, y compris en avril même si le taux de croissance est plus faible qu’en 2019.
Les principales destinations des exportations de l’Union en 2019 étaient le Royaume-Uni (26 % des exportations en valeur), la Norvège (22 %) et les États-Unis (19 %). Les importations dans l’Union provenaient principalement des États-Unis (43 % des importations en valeur), de la Corée du Sud (23 %) et du Royaume-Uni (17 %).
Retour à la normale du commerce de détail en Europe
En juin 2020, un mois marqué dans de nombreux États membres de l’Union européenne par un certain assouplissement des mesures de confinement liées à la Covid-19, le volume des ventes du commerce de détail corrigé des variations saisonnières a augmenté de +5,7 % dans la zone euro et de +5,2 % au sein de l’Union par rapport à mai 2020, selon les estimations d’Eurostat. En mai 2020, un rebond avait été constaté avec une progression de +20,3 % dans la zone euro et de +18,3 % dans l’Union.
Que ce soit au sein de la zone euro ou de l’Union européenne (UE), les volumes des ventes du commerce de détail sont revenus aux niveaux du mois de février 2020, avant l’introduction des mesures de confinement des populations. En juin 2020, par rapport à juin 2019, l’indice corrigé des effets de calendrier des ventes de détail a même augmenté de +1,3 % dans la zone euro ainsi que dans l’UE.
En juin, par rapport à mai, le volume des ventes du commerce de détail dans la zone euro a augmenté de +20,4 % pour les carburants et de +12,1 % pour les produits non-alimentaires, tandis que le volume a reculé de -2,7 % pour le secteur « alimentation, boissons et tabac » qui avait connu une forte progression durant le confinement.
Parmi les États membres, les plus fortes hausses du volume des ventes du commerce de détail ont été observées en Irlande (+21,9 %), en Espagne (+16,5 %) et en Italie (+13,8 %). La hausse a été de +9,4 % en France. Des baisses ont été enregistrées en Autriche (-2,5 %) et en Allemagne (-1,6 %). Ces deux pays avaient enregistré des baisses moindres durant la période de confinement.
En juin 2020, par rapport à juin 2019, le volume des ventes du commerce de détail dans la zone euro a augmenté de +3,9 % pour les produits non-alimentaires et de +1,2 % pour le secteur « alimentation, boissons et tabac », tandis que le volume a diminué de -13,6 % pour les carburants. Toujours sur un an, parmi les États, les plus fortes hausses annuelles du volume des ventes du commerce de détail ont été enregistrées en Irlande (+10,2 %), en Estonie (+6,6 %) et au Danemark (+6,5 %). Les baisses les plus marquées ont été observées en Bulgarie (-18,1 %), à Malte (-8,4 %) et au Luxembourg (-7,7 %).