C’est déjà hier
Des ménages en proie au doute en octobre
Avant les annonces de reconfinement prononcées par le Président de la République, la confiance des ménages dans la situation économique s’érodait. L’indicateur de l’INSEE mesurant cette confiance a perdu un point en octobre par rapport à septembre. À 94, il retrouve son niveau de juillet et août et demeure en-dessous de sa moyenne de longue période (100).
Cercle des Épargne – données INSEE
En octobre, les ménages sont moins optimistes sur leur situation financière future. L’indicateur est en baisse de trois points et repasse en dessous de sa moyenne de longue période. En revanche, le solde d’opinion des ménages relatif à leur situation financière passée est stable et se maintient au-dessus de sa moyenne de longue période.
Par ailleurs, la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants est stable. Le solde correspondant est malgré tout inférieur à sa moyenne de longue période.
En octobre, la part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner est en baisse. Le solde correspondant perd deux points, mais demeure très au-dessus de sa moyenne de long terme. Le solde d’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne future baisse quant à lui légèrement. Il perd un point et se maintient bien au-dessus de sa moyenne de longue période.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
En octobre, la part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France va s’améliorer au cours des douze prochains mois diminue. En revanche, la part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France s’est amélioré au cours des douze derniers mois reste stable.
Les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage s’accentuent un peu en octobre. Le solde correspondant augmente de deux points et demeure très au-dessus de sa moyenne de longue période.
Après la période l’estivale, les ménages commençaient, courant octobre, à prendre conscience de l’arrivée de la deuxième vague. Au regard de la situation sanitaire et économique, le moral des Français mesuré par l’INSEE peut apparaître comme relativement correct. Les mesures de soutien décidées par les pouvoirs publics peuvent expliquer cet état d’esprit qui néanmoins s’accompagne d’une forte défiance à l’égard de ces derniers.
Calme plat sur le front des prix
Selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois., sur un an, et pour le deuxième mois consécutif, les prix à la consommation seraient stables en octobre 2020, Par rapport à ceux du mois de septembre, les prix de l’alimentation seraient plus dynamiques sur un an, alors que ceux des services augmenteraient moins. Les prix de l’énergie et des produits manufacturés baisseraient moins que le mois précédent.
Sur un mois, les prix à la consommation reculeraient de 0,1 %, après -0,5 % le mois précédent. Les prix de l’alimentation et de l’énergie rebondiraient après une baisse en septembre. Ceux des services baisseraient moins que le mois précédent. Les prix du tabac seraient stables. Ceux des produits manufacturés ralentiraient fortement après un rebond le mois dernier.
Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé serait stable pour le deuxième mois consécutif. Sur un mois, il baisserait de 0,1 %, après -0,6 % le mois précédent.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
La consommation faiblit en septembre
Au mois de septembre, selon l’INSEE, les dépenses de consommation des ménages en biens ont diminué de 5,1 % en volume après +2,2 % en août. Après avoir rebondi à la sortie du confinement, la consommation des ménages en biens repasse ainsi en dessous de son niveau de février (–0,5 %), pour la première fois depuis mai. Ce repli provient de la baisse importante des achats de biens fabriqués (–6,8 %) et de biens alimentaires (–4,8 %), et dans une moindre mesure des dépenses en énergie (–0,9 %). Les effets liés au report des dépenses dû au premier confinement se sont estompés en septembre quand, dans le même temps, les mesures prises pour endiguer la deuxième vague ainsi que le contexte global ont pesé sur les dépenses de consommation.
Cercle de l’Epargne – données INSEE
En septembre, la consommation de biens fabriqués a diminué de –6,8 % après +3,5 % en août, principalement du fait du repli des dépenses en habillement-textile (–15,9 % après +22,0 %). Le recul des achats de biens durables a atteint –5,1 % après –1,5 %.
En septembre, les dépenses en biens durables ont baissé de –5,1 % pour le troisième mois consécutif, du fait du nouveau recul marqué de la consommation de matériel de transport (–6,0 % après –5,6 %). Les achats d’équipement du logement (appareils ménagers, produits électroniques) se replient de –5,8 % après avoir connu plusieurs mois de hausse ( +6,3 % en août). Ceux-ci restent toutefois supérieurs de 9,5 % à leur niveau de février.
Les dépenses en habillement-textile se replient de –15,9 % en septembre après +22,0 % en août). Ce contrecoup est notamment lié au décalage des dates des soldes d’été, fixées cette année du 15 juillet au 11 août. Les dépenses en habillement-textile sont cependant, en septembre, supérieures de 2,4 % à leur niveau de février.
La consommation alimentaire a diminué de –4,8 % après +2,4 %. En septembre, les dépenses correspondantes sont inférieures de 3,2 % à leur niveau de février. Les Français ont renoué avec la restauration à l’extérieur de leur domicile en septembre d’autant plus que le temps était clément.
Sur l’ensemble du troisième trimestre 2020, le repli de la consommation alimentaire s’accentue nettement (–3,3 % après –0,5 % au deuxième trimestre), repassant sous son niveau du troisième trimestre 2019 (–0,9 %).
En septembre, la consommation d’énergie baisse de nouveau (–0,9 % après –1,3 %). La consommation de gaz et d’électricité se replie franchement (–2,0 % après +0,4 % en août). En revanche, la consommation de carburants rebondit légèrement (+0,4 % après –3,6 %), mais reste inférieure de 6,7 % à son niveau de février.
Sur l’ensemble du troisième trimestre 2020, la consommation d’énergie rebondit (+16,9 % après –11,7 % au deuxième trimestre), mais ne retrouve pas encore son niveau du troisième trimestre 2019 (–1,5 %).
Quatre fois moins d’agriculteurs exploitants qu’il y a quarante ans
En 2019, en France, environ 400 000 personnes en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) sont, dans leur emploi principal, agriculteurs exploitants, soit 1,5 % de l’emploi total. Parmi eux, 7 % effectuent des activités liées à l’exploitation de ressources naturelles, mais ne possèdent pas d’exploitation agricole ; ils sont entrepreneurs de travaux agricoles, exploitants forestiers, patrons pêcheurs ou aquaculteurs. En près de quarante ans, la proportion des agriculteurs exploitants a fortement diminué. En 1982, la France comptait 1,6 million d’agriculteurs, soit 7,1 % de l’emploi total. Dans le même temps, le nombre d’ouvriers agricoles, rattachés au groupe social des ouvriers, a lui aussi baissé, mais dans une moindre mesure, de 310 000 en 1982 à 250 000 en 2019.
Cercle de l’Epargne – données INSEE
En 2019, près des trois quarts des agriculteurs exploitant n’emploient aucun salarié. 69 % sont à leur compte sans avoir de salarié et 5 % sont des aides familiaux . Quand ils sont employeurs, les agriculteurs exploitants ont souvent peu de salariés : dans 53 % des cas, ils en ont un seul et dans 33 % des cas ils en ont entre deux et quatre ; seuls 5 % ont au moins dix salariés. En 2019, près de 40 % des agriculteurs exercent leur activité dans le cadre d’une société.
Une population majoritairement masculine
En 2019, 73 % des agriculteurs exploitants sont des hommes, contre 52 % de l’ensemble des personnes en emploi. La proportion d’hommes atteint 90 % chez les entrepreneurs de travaux agricoles, exploitants forestiers indépendants, patrons pêcheurs et aquaculteurs. Les femmes qui sont agricultrices dans leur emploi principal ont plus souvent que les hommes le statut d’aide familial (12 % contre 2 %).
En 1982, la population agricole était plus féminine qu’aujourd’hui. Les hommes représentaient alors 61 % des agriculteurs, soit une proportion comparable à celle observée sur l’ensemble des personnes en emploi (59 %). Depuis, la part des hommes au sein des agriculteurs n’a cessé d’augmenter, alors que l’ensemble des emplois s’est féminisé. Le recul de la part des femmes au sein des personnes ayant un emploi principal d’agriculteur s’explique en premier lieu par le fait qu’il y a de moins en moins de conjointes d’agriculteurs qui sont elles aussi agricultrices. Ainsi, en 1982, près de 60 % des hommes agriculteurs avaient une conjointe agricultrice ; cette proportion n’est plus que de 19 % en 2019.
Une population vieillissante
En 2019, 55 % des agriculteurs ont 50 ans ou plus, soit 24 points de plus que pour l’ensemble des personnes en emploi (31 %). En particulier, 13 % des agriculteurs ont 60 ans ou plus, contre 3 % des personnes en emploi. Les agriculteurs constituent ainsi, et de loin, le groupe socioprofessionnel comportant proportionnellement le plus de seniors en activité. À l’inverse, seuls 1 % des agriculteurs ont moins de 25 ans, contre 8 % pour l’ensemble des personnes en emploi.
Au cours des quarante dernières années, la population des agriculteurs a vieilli : entre 1982 et 2019, la part des 50 ans ou plus y a augmenté de 7 points. Toutefois, son vieillissement est relativement moins marqué que pour l’ensemble des emplois, où la part des 50 ans ou plus a augmenté de 10 points sur la même période.
Une augmentation des compétences
En 2019, 26 % sont ainsi diplômés de l’enseignement supérieur, contre 43 % des personnes en emploi. Les agriculteurs sont en revanche plus fréquemment titulaires d’un BEP ou CAP (BEP ou CAP agricoles notamment), 34 % en 2019, contre 22 % en moyenne.
Le niveau de diplôme des agriculteurs s’est cependant fortement élevé ces dernières décennies. En 2019, seuls 14 % des agriculteurs n’ont aucun diplôme ou uniquement le brevet des collèges, soit une part comparable à celle observée sur l’ensemble des personnes en emploi. En 1982, ils étaient 82 % à n’avoir aucun diplôme ou seulement le brevet des collèges, contre 54 % pour l’ensemble des personnes en emploi.
Les agriculteurs, un rythme de travail important
En 2019, pour leur emploi principal, ils ont déclaré une durée habituelle hebdomadaire de travail de 55 heures en moyenne, contre 37 heures pour l’ensemble des personnes en emploi (+ 49 %). Leur durée annuelle effective excède de 65 % celle de l’ensemble des personnes en emploi du fait d’un nombre de jours de vacances réduit.
En 2019, 88 % des agriculteurs ont travaillé au moins un samedi au cours des quatre dernières semaines (contre 39 % de l’ensemble des personnes en emploi) et 71 % au moins un dimanche (contre 22 %). Par ailleurs, 15 % des agriculteurs ont, au cours des quatre dernières semaines, travaillé au moins une fois la nuit, entre minuit et 5 heures du matin, contre 10 % pour l’ensemble des personnes en emploi.
Un marché de l’emploi toujours sous oxygène
Après la forte dégradation en mars et avril, le nombre de demandeurs d’emploi (catégorie A) poursuit son mouvement de baisse engagé en mai dernier. Ce processus est alimenté par la signature de CDD et de missions d’intérim. L’analyse des chiffres de l’emploi reste toujours délicate à réaliser compte tenu de l’ampleur des mesures de soutien qui masque en partie la situation économique. Certains spécialistes de l’emploi annoncent une augmentation massive des licenciements qui pour le moment n’est pas intervenue. D’autres soulignent que l’arrêt des mesures de soutien doit être retardé. Avec les mesures liées à la seconde vague, cette question semble être réglée.
En moyenne au troisième trimestre 2020, en France métropolitaine, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi et tenues de rechercher un emploi (catégories A, B, C) s’élevait à 5 783 800. Parmi elles dont 3 673 400 personnes inscrites en catégorie A (sans emploi et en recherche active). Sur trois mois, la baisse est de 11,5 % (-475 900). Sur un an, la hausse est de 9,5 %.
Le nombre de personnes exerçant une activité réduite courte (catégorie B) augmente de 9,7 % par rapport au trimestre précédent et sur la même période celui des personnes en activité réduite longue (catégorie C) croît de 37,7 %. Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C a diminué de juillet à septembre de 0,5 % (-31 200). Sur un an, la hausse est de 4,7 % sur un an. Au troisième trimestre, 646 100 personnes inscrites à Pôle emploi ne sont pas tenues de rechercher un emploi. Elles sont soit non immédiatement disponibles et sans emploi (catégorie D, par exemple en formation ou en contrat de sécurisation professionnelle, maladie), soit pourvues d’un emploi (catégorie E, par exemple, création d’entreprise, contrat aidé). Sur ce trimestre, le nombre d’inscrits en catégorie D a augmenté de 14,5 % et celui des inscrits en catégorie E a baissé de 4,4 %.
La reprise semblait en septembre avoir des effets réels sur l’emploi. En effet, sur ce seul mois de septembre, le nombre d’inscrits à Pôle emploi avait baissé dans les trois catégories par rapport au mois d’août. Il avait ainsi reculé de 0,4 % dans la catégorie A et de 1,8 % dans les catégories B et C. Pour ces deux dernières catégories, il s’agissait de la première baisse enregistrée depuis mai.
Toutes les catégories d’âge ont bénéficié de la baisse. Le nombre d’inscrits en catégorie A a diminué de 15,2 % pour les moins de 25 ans, -12 % pour les 25-49 ans et près de – 8 % pour les personnes ayant au moins 50 ans.
Dans l’ensemble de la France (y compris les départements-régions d’outre-mer, hors Mayotte), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 924 100 pour la catégorie A. Il diminue de 11,0 % sur le trimestre (+8,8 % sur un an). Pour les catégories A, B, C ce nombre s’établit à 6 086 100. Il diminue de 0,5 % sur ce trimestre et croît de 4,4 % sur un an. Cette baisse après le pic du deuxième trimestre s’explique par la reprise qui a permis le retour des CDD et des missions d’intérim. Le maintien des dispositifs d’aide aux entreprises (PGE et chômage partiel) limite pour le moment la progression des inscriptions.
Cercle de ‘Épargne – DARES
L’INSEE craint la destruction de plus de 800 000 emplois sur l’ensemble de l’année 2020 avec un taux de chômage qui se rapprocherait de 10 %.
23 000 euros, le revenu moyen annuel d’activité en France
En 2017, le revenu d’activité s’établit en moyenne à 22 930 euros par an. Cette moyenne varie selon le statut (salarié ou non) et, pour les salariés, selon que leur employeur relève du secteur public ou du privé. Les personnes dont la majorité des revenus provient d’une activité non salariée (les « non-salariés ») perçoivent, en moyenne, un revenu supérieur de 66 % à ceux dont la majorité des revenus provient d’une activité salariée dans le secteur privé, et de 52 % à celui des personnes principalement salariées de la fonction publique.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Un revenu qui augmente avec l’âge
Le revenu d’activité augmente avec l’âge jusqu’à 60 ans. Celui des 55-59 ans est ainsi en moyenne 3,8 fois supérieur à celui des moins de 25 ans. Il croît aussi avec le niveau de diplôme : les diplômés de niveau Bac+3 ou plus gagnent 2,3 fois plus que les actifs n’ayant pas le Bac. Les femmes gagnent en moyenne un tiers de moins que les hommes.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Un revenu fonction logique du temps de travail
Le revenu d’activité dépend du niveau de revenu par unité de travail et du volume de travail réalisé au cours de l’année. Presque un tiers de l’écart de revenu salarial moyen entre femmes et hommes s’explique notamment par des différences de volume de travail (privé et public confondus). La croissance des revenus d’activité avec l’âge traduit l’expérience professionnelle, mais reflète aussi des inégalités de recours au temps partiel et de temps de travail dans l’année. Les jeunes sont souvent embauchés à temps partiel, ou en CDD avec des périodes d’inactivité durant l’année. De même, les départs en retraite en cours d’année ainsi que le maintien partiel d’activités professionnelles cumulées avec la retraite expliquent que les personnes de 60 ans ou plus ont des revenus d’activité plus faibles que les actifs de 55-59 ans.
Une dispersion des revenus d’activité importante notamment chez les non-salariés
Un actif sur dix gagne moins de 2 700 euros par an (1ᵉʳ décile, D1) et un sur dix plus de 41 570 euros (9ème décile). Les mieux rémunérés perçoivent donc au moins 15 fois plus que les moins rémunérés (rapport interdécile D9/D1) avant impôt et redistribution sociale. La dispersion diminue fortement avec l’âge.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Un non-salarié sur dix gagne moins de 1 510 euros par an (D1) et un sur dix plus de 82 850 euros (D9). La dispersion des revenus d’activité est ainsi bien plus marquée pour les non-salariés, que pour les salariés du secteur privé et de la fonction publique (8). Cette dispersion 3,7 fois plus élevée parmi les non-salariés que parmi les salariés s’explique par des situations professionnelles plus hétérogènes, notamment entre micro-entrepreneurs à faibles revenus – dont le régime impose des plafonds de chiffre d’affaires – et non-salariés classiques exerçant les métiers parmi les plus rémunérateurs (médecins, dentistes, juristes, comptables …).
Depuis dix ans, la dispersion des revenus d’activité des non-salariés a très fortement augmenté, surtout parmi les plus faibles revenus (rapport interdécile D5/D1 de 13 en 2017 contre 5 en 2007), principalement du fait du développement des micro-entreprises ; elle reste stable parmi les salariés (rapport D5/D1 de 7 pour les salariés du privé et 4 pour les salariés de la fonction publique). Pour ces derniers, la dispersion (rapport D9/D1) est deux fois plus faible dans le public que dans le privé, où le volume de travail sur l’année (pour les revenus les plus faibles) et, dans une moindre mesure, le salaire par unité de travail (pour les niveaux les plus élevés) sont plus hétérogènes.