Quand la BCE passe en mode attaque
Après quelques mois d’hésitation et d’amples discussions en interne, la BCE s’est engagée dans une nouvelle bataille, celle de la lutte contre la déflation. La diminution persistante de l’inflation a conduit la BCE à réagir dès les premiers jours de septembre. Le Conseil des Gouverneurs a décidé de réduire les taux directeurs de 10 points de base. Le taux refi est désormais fixé à 0,05 %, le plus bas niveau de son histoire. Le taux d’intérêt de la facilité de dépôt est de -0,20 % afin d’inciter les banques à moins laisser de liquidités sur les comptes de la BCE. Cette dernière a décidé, en outre, de prendre des mesures dites non conventionnelles visant à assouplir les conditions du crédit. Ces mesures ont été prises à l’unanimité mais les représentants allemands auraient fait de la résistance. La BCE est autorisée à racheter des ABS (Asset-Backed Securities) ou actifs adossés à des titres de créances (dont des RBMS) et lancer un troisième programme d’obligations garanties (Covered Bonds). Les deux programmes seront lancés au mois d’octobre.
La baisse des taux n’aura guère d’impact. Il s’agit, avant tout, d’une mesure psychologique. En revanche, l’achat de titres pourrait faciliter le financement des entreprises.
Ces décisions devraient amplifier le mouvement de dépréciation de l’euro qui a perdu près de 5 % depuis le mois de juin. Cette dépréciation pourrait faciliter les exportations en-dehors de la zone euro.
La BCE reste relativement confiante sur l’évolution du taux de croissance qui devrait atteindre, selon l’institution de Francfort, 1,6 % en 2015 et 1,9 % en 2016.
Si la croissance ne revient pas rapidement, la BCE sera contrainte d’engager un programme de rachat d’actifs avec l’acquisition de titres publics malgré l’opposition allemande.
Par ailleurs, il ne faut pas demander à la politique monétaire plus qu’elle ne peut offrir. Sans une politique économique européenne, les actions de la BCE risquent d’être insuffisantes. L’absence de convergence entre les différentes Etats membres est un frein à la poursuite de la construction européenne.