C’est déjà hier – emploi – croissance – inflation – commerce international – création d’entreprise
Emploi, une année en enfer
L’année 2020 restera dans les annales en matière de destruction d’emplois. En effet, l’économie française a perdu, en net, 360 500 emplois salariés dans le secteur privé en un an (-1,8 %), retrouvant le niveau atteint à la fin du troisième trimestre 2018. 19,391 millions d’emplois salariés étaient dénombrés fin 2020 contre 19,752 millions un an auparavant. Cette diminution met un terme à cinq années consécutives de progression de l’emploi salarié en France.
L’emploi a épousé l’évolution de la croissance et de l’épidémie. L’année a été marquée par trois trimestres de baisse et un de hausse durant la période estivale. Après une hausse de 1,6 % au troisième trimestre (312 400 créations nettes), l’emploi salarié privé a diminué de 0,2 % au cours du dernier trimestre de l’année, soit 39 600 destructions nettes. Cette diminution est la conséquence du durcissement des mesures sanitaires prises en fin d’année.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Un chômage encore anesthésié
Au mois de décembre dernier, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était, selon Eurostat, de 8,3 %, inchangé par rapport à novembre. Il est en hausse de 0,9 point sur un an. Le taux de chômage de l’Union européenne s’élevait, en décembre à 7,5 %, également inchangé par rapport à novembre 2020 et en hausse d’un point sur un an.
Au mois de décembre 2020, 16 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’Union, dont 13,671 millions dans la zone euro. Par rapport à décembre 2019, le chômage a augmenté de 1,951 million dans l’Union et de 1,516 million dans la zone euro.
Du fait des aides mises en place par les pouvoirs publics, le taux de chômage évolue lentement depuis plusieurs mois malgré un nombre réduit d’embauches. Le recours au chômage partiel freine les licenciements quand les aides aux entreprises réduisent le nombre de liquidations. La faible progression du chômage est également imputable à la sortie de nombreuses personnes du marché du travail, personnes qui compte tenu du contexte ne recherchent plus d’emploi.
Cercle de l’Épargne – données Eurostat
Inflation, petite accélération de début d’année
Sur un an, selon l’INSEE, les prix à la consommation en France, augmenteraient de 0,6 % en janvier, après avoir été stables le mois précédent. Cette hausse de l’inflation résulterait d’une accélération des prix des services et de ceux du tabac, et d’un sursaut des prix des produits manufacturés, en lien avec le décalage des soldes d’hiver. La baisse des prix de l’énergie s’atténuerait dans le sillage de ceux des produits pétroliers. Les prix de l’alimentation progresseraient, sur un an, au même rythme que le mois dernier.
Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 0,2 %, comme en décembre. Les prix de l’alimentation rebondiraient et ceux du tabac progresseraient après avoir été stables le mois précédent. Les prix des produits manufacturés baisseraient moins que le mois dernier. Les prix de l’énergie croîtraient au même rythme que le mois précédent et ceux des services ralentiraient.
Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé progresserait de 0,8 % après avoir été stable en décembre. Sur un mois, il augmenterait de 0,3 % après +0,2 % le mois précédent.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Selon Eurostat, le taux d’inflation annuel de la zone euro est estimé à 0,9 % en janvier 2021, contre -0,3 % en décembre. S’agissant des principales composantes de l’inflation de la zone euro, l’alimentation, alcool & tabac devrait connaître le taux annuel le plus élevé en janvier (1,5 %), suivie des services (1,4 %), des biens industriels hors énergie (1,4 %).
PIB européen, fin d’année en creux dans le Sud
Au cours du quatrième trimestre 2020, le PIB corrigé des variations saisonnières dans l’Union européenne a, selon Eurostat, diminué de 0,7 % dans la zone euro et de 0,5 % par rapport au trimestre précédent. Ces reculs succèdent au fort rebond du troisième trimestre (+12,4 % dans la zone euro et +11,5 % dans l’Union) et aux importants reculs du deuxième trimestre (-11,7 % dans la zone euro et -11,4 % dans l’Union). Cette baisse au troisième trimestre est imputable aux mesures restrictives prises par plusieurs pays de l’Union (Allemagne, l’Irlande, la France, le Portugal, etc.). Les derniers confinements ont eu néanmoins des effets moins importants que les premiers intervenus au printemps. Ce sont les pays à vocation touristique et tertiaire qui ont été les plus touchés : la France, l’Espagne, l’Italie et l’Autriche. Parmi les États membres pour lesquels les données pour le quatrième trimestre 2020 sont disponibles, l’Autriche ( 4,3 %) a enregistré la baisse la plus importante par rapport au trimestre précédent. L’absence de tourisme lié au ski pénalise ce pays tout comme la France (-1,3 %). L’Italie qui est une destination touristique également l’hiver est également pénalisée (-2,0 %). La Lituanie (+1,2 %) et la Lettonie (+1,1 %) ont enregistré les hausses les plus importantes.
Cercle de l’Épargne – données Eurostat
Les taux de croissance par rapport à l’année précédente restent négatifs pour tous les pays. Le recul varie de 2,6 % pour la Suède à 9,1 % pour l’Espagne. Les pays ayant conservé une industrie importante ont mieux résisté que les pays à dominante tertiaire.
Selon une première estimation du taux de croissance annuel pour 2020, basée sur les données trimestrielles corrigées des variations saisonnières et des effets de calendrier, le PIB a diminué de 6,8 % dans la zone euro et de 6,4 % dans l’UE.
La France, pays de la création d’entreprise
En période de crise, les créations d’entreprise ont tendance à augmenter. En cas de perte d’emploi ou de sous-emploi, les Français créent leur activité dans l’attente de retrouver un poste fixe, pour pouvoir percevoir un complément de revenus ou pour changer de vie professionnelle. Depuis de nombreuses années, une part croissante des actifs souhaite monter leurs affaires, quitter les grandes structures, voire déménager des métropoles. Cette tentation a été renforcée avec l’épidémie de covid-19 et les confinements.
En 2020, 848 200 créations d’entreprise ont été enregistrées, soit une hausse de 4 % par rapport à 2019. Ce résultat a été obtenu malgré la fermeture des services de nombreux centres de formalités des entreprises entre le mois de mars et mai 2020.
La progression est imputable à l’essor des immatriculations d’entreprises individuelles sous le régime du micro-entrepreneur. Ces derniers ont augmenté de 9 % en 2020, soit 45 900 immatriculations supplémentaires, pour atteindre 547 900 créations représentant 64 % des entreprises créées en 2020, contre 62 % en 2019. Le nombre de créations d’entreprise classique diminue, en revanche, de 13 %, soit 12 600 créations de moins, pour un total de 82 200 créations. La création de sociétés représente 26 % du total des créations. Au sein de ces dernières, les sociétés par actions simplifiées (SAS) représentent désormais 67 % des créations et les sociétés à responsabilité limitée (SARL) 31 %.
Le secteur des transports et de l’entreposage est le premier contributeur à la hausse globale. Le nombre de créations y augmente fortement, +18 000 créations, soit +22 % en 2020 après +25 % en 2019. Avec 101 100 nouvelles entreprises en 2020, ce secteur génère 12 % de l’ensemble des créations. Les livraisons de repas et de course connaissent une forte progression.
Porté par la création de la vente à distance, le deuxième secteur contributeur à la hausse globale est celui du commerce qui connaît une hausse de 9 % des créations. Avec 130 300 nouvelles entreprises, ce secteur génère 15 % de l’ensemble des créations en 2020. Les structures dédiées à la vente à distance sur catalogue général ont connu une hausse de +50 % et les activités de vente à distance sur catalogue spécialisé +68 %.
Malgré la fermeture des agences durant le premier confinement et l’arrêt des transactions, le secteur des activités immobilières est le troisième secteur contribuant le plus à la hausse globale des créations avec une hausse de 10 %. Au sein de ce secteur, l’accroissement le plus fort concerne les agences immobilières (+2 500 créations sur l’année).
En 2020, le nombre de créations diminue dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques. Néanmoins, avec 139 500 nouvelles entreprises en 2020, ce secteur reste le premier en nombre de créations et représente 16 % de l’ensemble des créations. Son repli est majoritairement le fait des activités de conseil pour les affaires et autres conseils de gestion, qui étaient en essor depuis 2016. Le nombre de créations décroît également dans l’enseignement (-8 %). Ce recul touche particulièrement les activités d’enseignement de disciplines sportives et d’activités de loisirs qui ont été touchées par l’épidémie.
En 2020, le troisième secteur en repli est celui des autres activités de services aux ménages, soit pour les créations, essentiellement les activités de coiffure, soins de beauté et autres services personnels non comptabilisés ailleurs (-1 % en 2020). Ce recul s’explique également par les effets des confinements.
Les créations d’entreprise augmentent dans la plupart des régions
L’Île-de-France reste la région contribuant le plus à la hausse globale en valeur absolue. Néanmoins, en valeur relative, la hausse est mesurée, +3 %. Dans cette région, le premier secteur contributeur à la hausse est celui des transports et de l’entreposage (+9 100 créations). 48 % des créations d’entreprises des transports et de l’entreposage ont lieu en Île-de-France. Le commerce y est le deuxième secteur contributeur à la hausse.
La plus forte progression en valeur relative est enregistrée à La Réunion (+19 %). Cette région est suivie par celles du Grand Est (+8 %), de la Normandie et de la Bourgogne-Franche-Comté (+7 %). À l’inverse, il se replie dans deux régions touristiques, dans le contexte de la crise sanitaire, la Corse (-7 %) et la Martinique (-1 %).
Moins d’emplois créés dans les nouvelles entreprises
Comme la proportion de micro-entreprises augmente, le nombre d’emplois induits par les créations tend à diminuer. Ainsi, l’année dernière, seulement 2 % des nouvelles entreprises emploient au moins un salarié au moment de leur création, contre 3 % en 2019. En excluant les micro-entrepreneurs, la part des entreprises employeuses à la création passe à 7 %. Ce taux est en hausse par rapport à 2019 (5 %). Les entreprises employeuses au moment de leur création démarrent leur activité avec 3 salariés en moyenne. Parmi celles-ci, l’effectif salarié moyen à la création est le plus élevé dans l’industrie (4,1), la construction et les transports et l’entreposage (3,9) et le plus bas dans les activités immobilières (2,0).
Un rajeunissement des créateurs d’entreprise
En 2020 comme en 2019, l’âge moyen des créateurs d’entreprise individuelle est de 36 ans. La part des moins de 30 ans est de 41 % en 2020, contre 38 % en 2019. Elle est plus élevée chez les micro-entrepreneurs (42 %) que chez les créateurs d’entreprises individuelles classiques (33 %).
Les créateurs sont plus jeunes dans les transports et l’entreposage (30 ans en moyenne et 62 % ont moins de 30 ans). Les services de livraison à domicile attirent de nombreux jeunes sans qualification qui y trouvent un débouché professionnel dans un contexte peu porteur.
Dans l’information et la communication, les créateurs sont également relativement jeunes (33 ans en moyenne). À l’inverse, ils sont généralement plus âgés dans l’industrie (40 ans en moyenne) et les activités de services administratifs et de soutien (39 ans en moyenne). Ces dernières créations exigent tout à la fois des compétences plus importantes et une surface financière plus élevée.
Une augmentation du nombre des créatrices d’entreprise
En 2020, les femmes ont créé 39 % des nouvelles entreprises individuelles, contre 33 % en 2000 et 29 % en 1987. Néanmoins, depuis 2015, ce ratio n’évolue plus. La proportion des hommes est la plus élevée dans la construction (98 %), les transports et l’entreposage (92 %) ainsi que l’information et la communication (74 %). À l’opposé, les femmes sont majoritaires dans la santé humaine et l’action sociale (74 %), les autres services aux ménages (71 %), l’industrie (58 %) et l’enseignement (52 %).
Commerce international, la France en souffrance
Selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le commerce international de marchandises se serait stabilisé en 2020 quand il était annoncé en baisse de 9,6 % en octobre 2020. Si entre avril et juin derniers, une baisse de plus de 12 % a été enregistrée par rapport au début de l’année, les échanges ont été portés par les exportations chinoises en produits de santé ainsi qu’en matériel électronique et informatique.
Les échanges de services sont évidemment en forte baisse du fait de l’arrêt de l’activité touristique. Dans son rapport de fin janvier, l’OMC évalue leur baisse à 24 % au troisième trimestre en glissement annuel, après un recul de 30 % entre avril et juin. Les voyages se sont contractés de 68 % à l’échelle mondiale. À la différence des marchandises qui peuvent être stockées, une bonne partie des pertes de revenus liées aux annulations de voyages et de vacances, à l’arrêt des sorties culturelles et à la fermeture des restaurants, est irréversible. Pour l’année 2021, une croissance du commerce international de près de 7 % est attendue.
Une détérioration des comptes extérieurs de la France
Si la situation du commerce international au regard de la situation sanitaire et économique apparaît relativement bonne, la France n’en a pas profité. Notre pays a enregistré le deuxième déficit le plus élevé de son histoire après celui de 2012. Il a atteint 65,2 milliards d’euros en 2020, soit huit milliards d’euros de plus qu’en 2019. La France a été confrontée à une forte baisse de ses exportations et à une augmentation des importations de matériels destinés à lutter contre la pandémie. Le pays a importé pour 126 000 tonnes de masques de protection, soit 32 milliards de masques, l’année dernière, pour un coût de 6 milliards d’euros. En 2020, la France a, par ailleurs, perdu 82 milliards d’euros d’exportations, dont 35 milliards pour les seuls matériels de transport. Avec l’arrêt des livraisons d’avion, le solde commercial en matériel de transports est passé d’un excédent de 14 milliards à un déficit de 2 milliards d’euros. Les exportations qui étaient inexistantes durant le premier confinement s’élevaient en fin d’année à 93 % de leur niveau d’avant crise. Les exportations françaises ont reculé de 16 % l’an passé quand celles des pays de la zone euro ont chuté de 11 %, entraînant une diminution des parts de marché. Les exportations françaises ne représentent plus que 12,8 % des exportations européennes, ce qui constitue un point historiquement bas. La forte exposition de la France aux ventes d’avions explique en partie cette baisse. La France se distingue de ses grands partenaires comme l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie qui ont conservé leurs parts de marché.
Le déficit commercial des produits manufacturés s’est établi à 54 milliards d’euros, soit deux fois plus qu’en 2019. Avec la faiblesse des activités touristiques et des salons, l’excédent pour les services est passé de 21 milliards d’euros en 2019 à 8 milliards d’euros en 2020. L’arrêt des activités touristiques a entrainé une perte au niveau de la balance des paiements courants de plus 25 milliards d’euros en 2020, soit une chute de 40 % en un an. Cette dégradation du solde industriel et des services a été, en partie, compensée par un allègement de 17 milliards d’euros de la facture énergétique.
Pour 2021, une amélioration du solde commercial est espérée avec une augmentation de la demande adressée à la France qui pourrait atteindre 60 milliards d’euros. Cependant, le retour à la normale pour le secteur du tourisme sera long, ce qui devrait peser tant sur les exportations aéronautiques.