3 juillet 2021

C’est déjà hier – démographie – inflation – logements – chômage

Inflation en France : très légère accélération en juin

Le taux d’inflation en France retrouve son niveau d’avant crise. L’accélération demeure néanmoins faible. Les goulets d’étranglement en particulier dans le secteur du bâtiment ne se traduit pas encore pas des hausses de prix importantes.

Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation en France augmenteraient de 1,5 % en juin, après +1,4 % le mois précédent. Cette hausse de l’inflation résulterait d’un rebond des prix des produits manufacturés. La baisse des prix de l’alimentation se poursuivrait, sur un an, au même rythme qu’en mai. Les prix des services et ceux de l’énergie ralentiraient. Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 1,9 % après +1,8 % en mai. Sur un mois, il croîtrait de 0,2 % après +0,3 % le mois précédent.

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Au sein de la zone euro, le taux d’inflation annuel a été estimé à 1,9 % en juin, contre 2,0 % en mai. S’agissant des principales composantes de l’inflation de la zone euro, l’énergie devrait connaître le taux annuel le plus élevé en juin (12,5 %, comparé à 13,1 % en mai), suivie des biens industriels hors énergie (1,2 %, comparé à 0,7 % en mai), des services et de l’alimentation, alcool & tabac.

Rebond post confinement de la consommation

Les confinements se sont traduits par des entailles pour la consommation des ménages dont l’intensité a néanmoins été décroissante. A la levée des mesures sanitaires, le rebond a été franc avec un retour rapide à la normale. Les résultats du mois de mai publiés par l’INSEE confirment ceux des deux premiers déconfinements. Les dépenses de consommation des ménages en biens ont augmenté de 10,4 % en mai, après une forte baisse de 8,7 % en avril. Ce rebond est principalement porté par les achats de biens fabriqués (+26,0 %) avec la réouverture de l’ensemble des commerces le 19 mai, et dans une moindre mesure par les dépenses en énergie (+2,6 % après une stabilité) avec la fin des restrictions de déplacements début mai. La consommation alimentaire est quant à elle stable. Les dépenses en biens retrouvent ainsi en mai 2021 un niveau proche de leur niveau moyen du quatrième trimestre 2019 (–0,3 %).

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Parmi les hausses les plus importantes, il faut souligner celles des dépenses en habillement textile (+149,2 %). Les achats de biens d’équipement du logement ont fortement augmenté (+24,0 % après –17,1 %), portés par le fort rebond des achats de meubles et dans une moindre mesure des appareils électroménagers. Le rebond des achats d’autres biens durables, en particulier des articles d’horlogerie-bijouterie, est un peu moins marqué (+18,6 % après –22,7 %), et le niveau des dépenses reste nettement dégradé (–12,4 % par rapport au niveau moyen du quatrième trimestre 2019). Les achats de matériel de transport progressent plus lentement (+2,8 % après –2,9 %), après trois mois consécutifs de baisse.

Un chômage à 8 % en France

Au premier trimestre, le nombre de chômeurs au sens du Bureau International du Travail (BIT) a atteint 2,4 millions de personnes en France (hors Mayotte), en hausse de 18 000 personnes sur le trimestre. Le taux de chômage au sens du BIT a progressé de +0,1 point, à 8,1 % de la population active, après un recul de 1,1 point le trimestre précédent. Il se situe 0,3 point au-dessus de son niveau un an auparavant et retrouve son niveau de fin 2019, avant la crise sanitaire. Le fort niveau de chômage partiel rend difficile l’appréciation de l’évolution du chômage en France comme dans les autres pays de l’Union européenne.

Au premier trimestre 2021, le taux de chômage augmente pour les 15-24 ans (+1,2 point), est quasi stable pour les 25-49 ans (+0,1 point) et diminue pour les 50 ans ou plus (–0,3 point). Il se situe sous son niveau d’avant-crise (fin 2019) pour les jeunes (–0,3 point) et les seniors (–0,4 point) mais au-dessus pour les personnes d’âge intermédiaire (+0,2 point).

Parmi les personnes inactives au sens du BIT, 2,0 millions souhaitent un emploi sans être considérées au chômage, parce qu’elles ne recherchent pas d’emploi ou ne sont pas disponibles. Elles appartiennent au halo autour du chômage et cette situation concerne 4,8 % des 15-64 ans. Cette part est quasiment stable sur le trimestre et se maintient à un niveau légèrement supérieur à l’avant-crise (+0,1 point), mais très loin (–2,2 points) du pic du deuxième trimestre 2020.

Le taux de chômage de longue durée (plus d’un) s’établit à 2,5 % de la population active au premier trimestre 2021, en hausse de 0,4 point par rapport au trimestre précédent (+126 000 personnes). Cette forte augmentation, quand le taux de chômage est quasi stable. Les personnes sortis depuis de nombreux mois du marché de l’emploi peinent à retrouver un emploi.

En moyenne au premier trimestre 2021, le taux d’emploi des 15-64 ans est stable à 66,5 %, après une hausse de 0,6 point fin 2020. Il se situe 0,3 point sous son niveau un an auparavant, qui était aussi celui de fin 2019. Le taux d’emploi progresse de 0,2 point pour les jeunes et les seniors mais recule de 0,2 point pour les personnes d’âge intermédiaire. Par rapport à leurs niveaux respectifs d’avant-crise, le taux d’emploi des jeunes est quasiment le même (–0,1 point), celui des seniors est supérieur de 0,6 point

Au premier trimestre 2021, la part du sous-emploi dans l’emploi est stable à 8,1 %. Elle avait atteint un pic exceptionnel au deuxième trimestre 2020, à 15,7 % dont 10,6 % de personnes en situation de chômage technique ou partiel, puis s’était replié au troisième trimestre. Fin 2020, elle avait augmenté à nouveau légèrement en raison du deuxième confinement.

Début 2021, plus d’un participant au marché du travail sur cinq (personne active ou dans le halo autour du chômage) se trouve contraint dans son offre de travail, soit par l’absence d’emploi (au chômage ou dans le halo autour du chômage), soit en situation de sous-emploi. Cette part est stable sur le trimestre, à 20,9 %, soit 2,1 points au-dessus de son niveau de fin 2019 mais 7,9 points au-dessous de son pic du deuxième trimestre 2020.

Au premier trimestre 2021, le nombre moyen d’heures travaillées augmente de 1,0 %, à 31,0  heures par semaine (données corrigées des variations saisonnières). Après un creux inédit au deuxième trimestre 2020 (–12,9 %), le nombre moyen d’heures hebdomadaires travaillées par emploi avait rebondi (+20,3 %) dès le troisième trimestre. Début 2021, le nombre moyen d’heures travaillées par emploi se situe toutefois encore au-dessous de son niveau d’avant-crise (de 1,3 % par rapport à fin 2019).

Le taux d’emploi à temps complet s’établit à 54,7 % au premier trimestre 2021. Il recule de 0,3 point sur le trimestre et sur un an. En revanche, le taux d’emploi à temps partiel augmente sur le trimestre (+0,2 point) et retrouve quasiment son niveau de début 2020 (‒0,1 point). En conséquence, la proportion d’emploi à temps partiel est en hausse de 0,3 point sur le trimestre, à 18,3.

Le taux d’emploi en contrat à durée indéterminée (CDI) des 15-64 ans atteint 50,2 % au premier trimestre 2021. Il est quasi stable (– 0,1 point) après une hausse de 0,7 point le trimestre précédent. Il se situe 0,2 point au-dessus de son niveau de début 2020. Le taux d’emploi en contrat à durée déterminée (CDD) ou en intérim est, lui aussi, quasi stable sur le trimestre (–0,1 point). À 6,1 % début 2021, il se situe 1,2 point au-dessous de son plus haut niveau atteint fin 2017 et 0,7 point au-dessous de son niveau de début 2020.

Le taux d’activité des 15-64 ans est stable sur le trimestre, à 72,4 %. Il avait chuté de 2,3 points au deuxième trimestre 2020, lors du premier confinement, puis s’était redressé au troisième trimestre. Il avait à nouveau légèrement reculé fin 2020 (–0,2 point), lors du deuxième confinement. Au total, le taux d’activité se situe 0,4 point au-dessous de son niveau d’avant la crise sanitaire, fin 2019.

Début 2021, la part des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi ni en formation (NEET) augmente de 0,3 point, à 13,1 %. Elle demeure au-dessus de son niveau d’avant-crise, de 0,8 point ce trimestre.

Un baby krach avec le covid-19

Le premier confinement a eu un effet négatif sur la natalité. Neuf mois plus tard, en décembre 2020, il y a eu 7 % de nouveau-nés en moins qu’en décembre 2019. La baisse s’est poursuivie de façon bien plus prononcée en janvier 2021, avec 13 % de naissances de moins qu’en janvier 2020. En février, les naissances repartaient à la hausse, tout en restant nettement inférieures à celles observées un an auparavant (- 5 % en moyenne chaque jour). En mars, les naissances continuaient d’augmenter et dépassaient légèrement celles de mars 2020 (+ 1 %). La hausse s’est poursuivie en avril (+ 4 %). Avec la baisse constatée en mai 2021, soit -2 % par rapport à mai 2020, il semblerait que le deuxième ait des effets sur la natalité même s’ils sont moins importants que ceux constatés pour le premier.  En métropole, la baisse des naissances début 2021 a été particulièrement marquée dans la plupart des départements d’Île-de-France et des régions Grand-Est, Hauts-de-France et Bourgogne-Franche-Comté. Ce sont des régions qui ont été fortement touchés par la crise sanitaire.

Chaque année, en raison de la baisse tendancielle des naissances observée depuis six ans, il naît généralement moins d’enfants chaque mois d’une année par rapport au même mois de l’année précédente. La diminution des naissances observée au printemps a cependant été sans commune mesure avec les baisses qui ont pu être observées dans le passé. Pour retrouver une telle chute, il faut remonter à 1975, à la fin du baby-boom. Les naissances en septembre et octobre 1975 avaient en effet diminué de 14 % par rapport aux mêmes mois en 1974, et celles d’août et novembre de 10 %. Des baisses de natalité ont été également constatées lors des récessions, au début des années 1980 et de 1993, (- 10 % entre mars 1982 et 1983 comme entre avril 1982 et 1983, – 9 % entre février 1992 et 1993). Rien de tel n’avait en revanche été observé en lien avec la dernière crise économique de 2008-2009.

Un doublement des logements en 50 ans

Si la population française a augmenté de 30 % depuis 1968, la nombre de logements a presque doublé. Au 1er janvier 2018, la France métropolitaine comptait 35,3 millions de logements dont 29,0 millions de résidences principales, 3,5 millions de résidences secondaires ou occasionnelles et 2,8 millions de logements vacants.

En moyenne, depuis 1968, 341 000 logements supplémentaires ont été, chaque année, comptabilisés par an (+ 1,3 % par an). Sur la même période, le nombre de résidences principales a progressé en moyenne de 263 000 par an, soit un rythme annuel de + 1,2 %. Cette évolution résulte d’une part de la construction neuve et, d’autre part, de démolitions et du solde des transformations de logements en locaux non résidentiels. La progression plus rapide du nombre de logements que de celui de la population s’explique par la réduction de la taille des familles avec une mise en couple plus tardive et une augmentation des divorces. Le nombre moyen de personnes par ménage est passé de 3,1 en 1968 à 2,2 en 2018 en France métropolitaine. Par ailleurs, l’urbanisation de la France s’accompagnant d’un fort mouvement de désindustrialisation a conduit à des migrations de population nécessitant l’adaptation de l’offre de logements. Les résidences principales sont logiquement plus anciennes au sein des villes centres des agglomérations, 36 % ont été construites avant 1946, contre 22 % pour l’ensemble de la France métropolitaine. À l’inverse, dans les couronnes des agglomérations, les résidences principales sont plus récentes, 34 % ont été construites depuis 1991, contre 29 % pour l’ensemble de la France métropolitaine. Le problème de l’insalubrité des logements anciens pose dans plusieurs grandes villes, à Marseille, à Bordeaux ou à Paris notamment. Les frais d’entretien dépassent de plus en plus les possibilité des copropriétaires privés. Compte tenu du vieillissement du parc de logements, ce phénomène devrait s’accentuer dans les prochaines années. Paris est la ville où la part de logements anciens est la plus importante suivie par Bordeaux.

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En France métropolitaine, la part des petits logements diminue. Les familles ayant privilégié dans les années 1970 à 2000 les maisons individuelles, le nombre de pièces dont elles disposent a augmenté. En 1968, 59 % des résidences principales comptaient moins de 4 pièces, contre 40 % en 2018. La part des résidences principales de 5 pièces ou plus a en revanche doublé en cinquante ans, passant de 18 % en 1968 à 35 % en 2018. Cette évolution est portée par les couronnes et les communes hors attraction des villes.

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En France, désormais, presque toutes les résidences principales métropolitaines (99,6 %) disposent en 2018 d’une baignoire ou d’une douche, alors que seulement 47 % en disposaient en 1968. En 2018, la moitié des 120 000 résidences principales métropolitaines non encore équipées en baignoire ou douche ont été construites avant 1946 et un tiers entre 1946 et 1991. Elles sont plus fréquemment situées dans les pôles que dans les couronnes ou les communes hors attraction des villes. Dans la Creuse et à Paris, respectivement 1,2 % et 1,3 % des résidences principales ne sont toujours pas équipées de douche ou de baignoire.

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En 2018, 71 % des résidences principales métropolitaines sont chauffées avec une chaudière individuelle ou avec un équipement tout électrique, 18 % disposent d’un mode de chauffage collectif et 11 % d’un autre mode de chauffage (poêles, cheminées ou cuisinières). En 1968, seulement 20 % des résidences principales étaient équipées de chaudières individuelles. L’utilisation de poêles, cheminées ou cuisinières a fortement baissé en cinquante ans ; en 1975, elle concernait encore la moitié des résidences principales. En 2018, 70 % des résidences principales sont chauffées à l’électricité ou au gaz. En 1968, le chauffage électrique était presque inexistant. L’usage du fioul a progressé entre 1968 et 1975, de 19 % des résidences principales en 1968 à 34 % en 1975. Avec l’augmentation de son prix, sa part a diminué, il n’est plus consommé que dans 10 % des résidences principales en 2018 (2,9 millions). 20 % des résidences principales sont chauffées avec d’autres combustibles (bois, géothermie, solaire, etc.) en chauffage central ou par d’autres modes de chauffage (poêles, cheminées, etc.). La moitié des résidences principales chauffées au fioul sont situées dans les couronnes