France, des déficits et des problèmes de compétitivité
France, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi un peu moins compétitif que prévu
Le CICE devait doper le taux de marge des entreprises françaises au plus bas depuis plusieurs années. Si dans un premier temps, l’INSEE tablait sur un taux de marge supérieur à 30 %, dans une étude publiée le 2 octobre, l’institut statistique a ramené sa prévision à 29,4 % cette année. Le taux de marge des entreprises françaises était de 29,8 % en 2013. Cette correction à la baisse s’explique par la montée en puissance lente du CICE. Les montants effectivement demandés atteignent 8,7 milliards d’euros au lieu de 12 initialement prévus. La hausse des salaires réels a contribué à l’érosion des marges. La hausse a été de 1,2 % contre 0,9 % en 2013. Le processus de désinflation plus fort que prévue a pris de court les entreprises qui ont octroyé des hausses de salaires plus élevées que la progression de leurs prix de ventes de leurs biens et services. Néanmoins, l’INSEE espère que le CICE permettra la création de 60 000 emplois en 2014. Le point noir, c’est que l’investissement continue de recule.
Des déficits en France, des excédents en Allemagne…
Nous avons la même monnaie, des coûts pas si différents, des structures économiques assez semblables. Comment expliquer alors que les deux pays soient confrontés à des situations budgétaires opposées. Est-ce le fleuve, le Rhin qui nous sépare, est-ce la démographie, est-ce la culture ?
Ainsi, en Allemagne le projet de loi de finance pour 2015 devrait être adopté en équilibre de l’ensemble des finances publiques, ce qui sera la première fois depuis 1969. De ce fait, les émissions de titres de dette publique seront limitées aux seules tombées de dettes (emprunt arrivant à échéance). Il en résultera une baisse sensible du niveau de la dette publique allemande. La dette publique devrait passer de 78,4 % du PIB en 2013 à 70 % en 2017 avant de revenir à 60 % en 2023. Par ailleurs, cela pourrait profiter à la France, les investisseurs se rabattant sur le meilleur des deuxièmes choix en termes de placements.
Le budget de l’Etat fédéral devrait être excédentaire dès 2014 avec un solde positif de 1,1 à 1,4 %du PIB.
Le seul point noir de la situation budgétaire allemande est lié aux dépenses de retraite qui devraient augmenter avec les décisions d’abaisser l’âge de départ à la retraite à 63 ans pour ceux ayant cotisé 45 années et de revaloriser les pensions des mères de famille ayant élevé des enfants nés avant 1992.
France, et si tout s’expliquait par la productivité, la recherche et l’investissement ?
A partir des années 2000, la France décroche en matière de productivité par tête et de productivité horaire. Si notre pays faisait mieux que ses principaux concurrents jusque dans les années 80, l’écart en notre défaveur s’est accentué ces dix dernières années. L’investissement de modernisation s’est replié avec, en parallèle, une augmentation de l’investissement dans la construction en relation avec la croissance du secteur immobilier.
Cette évolution a conduit, depuis le début des années 2000, à une désindustrialisation rapide de la France. Ainsi, selon une étude très intéressante du Conseil d’Analyse Economique, « redresser la croissance potentielle de la France », entre 2000 et 2007, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée totale française a diminué de 6 %, à prix constants.
Les entreprises françaises ont perdu la bataille de l’investissement et surtout celle de la productivité. L’accumulation de capital productif en France est restée inférieure à celle enregistrée chez nos partenaires et cela depuis près de 40 ans.
La France a une intensité de Recherche et Développement mesurée par la part des dépenses intérieures de recherche et développement (DIRD) en pourcentage du PIB, plus faible que l’Allemagne et la Suède. Elle reste néanmoins plus élevée que celle de l’Italie ou de l’Espagne. Elle est supérieure à la moyenne européenne avec un taux de 2,26 % du PIB en 2012. Néanmoins, le nombre de brevets triadiques par million d’habitants est moins élevé en France qu’en Allemagne ou en Suède
Selon les enquêtes communautaires d’innovation, la proportion d’entreprises innovantes n’était que de 34 % en France en 2010, contre 64 % en Allemagne, 49 % en Suède, 40 % en Italie, 29 % en Espagne.
Le Conseil d’Analyse Economique est assez modeste dans ses propositions. En effet, il préconise le développement des formations par alternance et les filières d’enseignement professionnel, l’amélioration du crédit d’impôt recherche et une éventuelle refonte des dispositifs de capital risque.