C’est déjà hier – inflation – production industrielle – TNS -consommation – confiance
Des écarts de revenus importants chez les indépendants
En 2019, selon l’INSEE, la France métropolitaine comptait plus de 3 millions d’indépendants, d’après les résultats de la dernière enquête sur les revenus fiscaux et sociaux (ERFS).
Pour plus d’un quart des indépendants (27 %), les revenus d’activité annuels sont inférieurs à la moitié du Smic rapporté à leur quotité de travail. L’INSEE classe ces dernier parmi les indépendants « gagnant très peu ». 18 % des indépendants ont, par ailleurs, un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté monétaire. Ces deux populations ne coïncident que partiellement : seuls 12 % des indépendants cumulent faibles revenus et pauvreté. Le niveau de vie prend en effet en compte l’ensemble des ressources du ménage et dépend de la composition familiale. Les indépendants ayant des revenus d’activité très faibles peuvent percevoir des revenus de remplacement : 21 % d’entre eux bénéficiant d’allocations chômage contre 11 % de l’ensemble des indépendants et 12 % perçoivent une pension de retraite contre 8 % des indépendants. Si le taux de pauvreté monétaire des indépendants est nettement plus élevé que celui des salariés, dans leur ensemble ils ne sont pas plus confrontés que les salariés aux privations matérielles et sociales.
La distribution des revenus des indépendants se distingue par son caractère plus inégalitaire. 13 % d’entre eux font partie des 10 % des ménages les plus pauvres contre 5 % des salariés et 25 % appartiennent aux 10 % des ménages les plus aisés contre 12 % des salariés. Les indépendants gagnant très peu ont des niveaux de vie très modestes, 60 % d’entre eux sont concentrés dans les trois premiers dixièmes de niveau de vie et 35 % ont un niveau de vie inférieur au premier décile. Les 40 % restant sont présents tout au long de la distribution des niveaux de vie. L’essor des micro-entrepreneurs explique les écarts importants au sein de la population des indépendants.
Parmi les indépendants ayant de faibles rémunérations figurent les représentants de l’information des arts et des spectacles (3 % de la population des indépendants). 51 % ont un revenu annuel inférieur à la moitié d’un Smic annuel et 28 % vivent dans un ménage en dessous du seuil de pauvreté. Dans cette catégorie figurent des journalistes indépendants, des auteurs, des animateurs de spectacles, etc. Les agriculteurs sont également très nombreux à avoir des revenus d’activité faibles. Parmi eux, 38 % gagnent moins de la moitié du SMIC et 26 % vivent sous le seuil de pauvreté.
36 % des commerçants gagnent moins de la moitié du SMIC, contre 29 % des artisans mais les premiers vivent un peu moins souvent sous le seuil de pauvreté (respectivement 21 % et 24 %). Les personnes exerçant une profession intermédiaire dans les domaines de la santé et du travail social qui représentent 8 % des indépendants sont moins nombreuses à être titulaires de faibles revenus. Elles peuvent être infirmiers libéraux, kinésithérapeutes ou orthophonistes. Seules 7 % ont des revenus inférieurs à la moitié du SMIC et 4 % sont sous le seuil de pauvreté. Il en est de même pour les chefs d’entreprises de 10 salariés ou plus ainsi que les professionnels libéraux. Ils sont respectivement 8 et 14 % à percevoir de faibles rémunérations.
Les femmes exerçant leur activité sous le statut d’indépendant perçoivent plus souvent de faibles revenus d’activité que les hommes (30 % gagnent moins que la moitié du Smic annuel contre 26 % pour les hommes). Parmi elles, 12 % exercent sous le statut d’aide familial, d’exploitant agricole ou de conjoint collaborateur d’artisan, de commerçant ou de professionnel libéral, soit six fois plus que les hommes (2 %).
Les indépendants les plus jeunes ont plus souvent des revenus d’activité très bas. Plus du tiers des indépendants de moins de 30 ans perçoivent de faibles revenus d’activité (35 %). Les indépendants de cet âge sont deux fois plus souvent micro-entrepreneurs que l’ensemble des indépendants (48 % contre 24 %). Les micro-entrepreneurs de moins de 30 ans sont le plus souvent artisans, catégorie qui inclut notamment les livreurs à domicile ou les chauffeurs de VTC (32 %). Ils exercent aussi une profession intermédiaire en dehors de la santé et du travail social (22 %) ou encore de commerçants (20 %). Ils peuvent travailler dans le domaine des arts graphiques ou des activités de services personnels comme la coiffure par exemple.
45 % des seniors de plus de 65 ans ou plus, indépendants, gagnent moins de la moitié du SMIC. Ces derniers sont, en revanche, moins exposés à la pauvreté (11 %) car 77 % bénéficient d’une pension de retraite.
Les prestations sociales corrigent la dispersion des situations chez les indépendants
Pour les salariés comme pour les indépendants, les dispositifs de redistribution sociale jouent un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté monétaire. Plus de la moitié des indépendants et des salariés bénéficient d’au moins une des cinq principales prestations sociales (revenu de solidarité active (RSA, la prime d’activité (PA), l’allocation adulte handicapé (AAH), les allocations logement (AL) ou les prestations familiales (PF)). 61 % des indépendants gagnant moins de 50 % du SMIC et 74 % de ceux se situant en-dessous du seuil de pauvreté bénéficient d’une prestation sociale de solidarité. Cette proportion est encore plus élevée pour les salariés en situation de pauvreté, 89 % perçoivent une ou plusieurs prestations sociales contre 57 % pour l’ensemble des salariés. Les prestations sociales comptent pour une part importante du revenu disponible moyen des indépendants gagnant très peu et des indépendants confrontés à la pauvreté. Elles représentent jusqu’à 27 % du revenu moyen des ménages ayant de faibles revenus d’activité et 36 % du revenu moyen des ménages vivant sous le seuil de pauvreté. Cette proportion est la même pour les salariés vivant sous le seuil de pauvreté.
L’inflation au plus haut au sein de la zone euro
En atteignant, sur un an, 5 % en décembre, le taux d’inflation dans la zone euro a, selon Eurostat, atteint son plus haut niveau en 25 ans. Jamais depuis 1997, la zone euro n’avait connu un tel taux. En novembre, l’inflation de la zone euro avait déjà battu un record, à 4,9 %. Pour la Banque centrale européenne, cette inflation est transitoire et devrait diminuer en 2023, après un pic atteint en 2022. L’envolée des prix ces derniers mois est liée à la hausse exceptionnelle des tarifs du pétrole, du gaz et de l’électricité. En décembre, l’augmentation annuelle des prix de l’énergie a atteint 26 %, loin devant les autres composantes. Les tarifs de l’alimentation, alcool et tabac ont néanmoins progressé de 3,2 %, devant ceux des biens industriels (2,9 %) et des services (2,4 %).
Parmi les grands pays, l’Espagne (6,7 %) et l’Allemagne (5,7 %) ont connu les plus fortes hausses le mois dernier, dépassant la moyenne européenne. À l’inverse, les prix sont restés plus sages en Italie (4,2 %) et surtout en France (3,4 %), selon les données européennes harmonisées calculées par Eurostat. Dans les autres pays, les taux d’inflation les plus élevés ont été constatés en Estonie (12 %) et en Lituanie (10,7 %). En revanche, les hausses des prix les plus faibles ont concerné Malte (2,6 %) et la Finlande (3,2 %).
En France, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation auraient augmenté de 2,8 % au mois de décembre 2021, comme le mois précédent. Les prix des produits manufacturés et de l’alimentation accéléreraient nettement. Les prix du tabac seraient stables comme en novembre et ceux de l’énergie et des services ralentiraient. Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 3,4 %, comme en novembre. Sur un mois, il croîtrait de 0,2 %, après +0,4 % le mois précédent.
Un ralentissement de l’inflation est attendu dans les prochains mois notamment par un effet base, la hausse des prix de l’énergie ayant été forte à la sortie de l’hiver 2021. En Europe, et en particulier en France, à la différence des États-Unis, la répercussion de la hausse des prix sur les salaires demeure faible limitant un effet de second tour.
Les Français en mode optimiste malgré omicron
La résurgence de l’épidémie et les tensions inflationnistes, au mois de décembre dernier, n’ont pas pesé sur le moral des Français qui, selon l’indice calculé par l’INSEE, a augmenté de deux points pour retrouver sa moyenne de longue période.
En décembre, les ménages estimaient majoritairement que leur situation financière passée s’était améliorée. L’indice de l’INSEE a augmenté de deux points, et demeure au-dessus de sa moyenne de longue période. Celui relatif à leur situation financière personnelle future est stable et reste, en revanche, en dessous de sa moyenne.
Préférence donnée à la consommation
La proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants progresse, le solde correspondant se redresse de trois points et repasse au-dessus de sa moyenne de longue période. La préférence donnée à la consommation a pour conséquence une diminution des capacités d’épargne. En décembre, le solde d’opinion des ménages relatif sur ce dernier diminue de trois points après une forte hausse en novembre. Celui relatif à leur capacité d’épargne actuelle est stable pour le deuxième mois consécutif. Le solde d’opinion des ménages concernant l’opportunité d’épargner diminue de deux points. Ces trois soldes restent bien au-dessus de leur moyenne de longue période.
Pas de dramatisation de l’inflation
La part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France s’est amélioré au cours des douze derniers mois augmente de nouveau. Le solde correspondant gagne trois points mais reste en-dessous de sa moyenne de longue période. Par ailleurs, plus de Français en décembre qu’en novembre pensent que le niveau de vie s’améliorera dans les douze prochains mois. Le solde de l’indice correspondant gagne deux points tout en restant en-dessous de sa moyenne. En décembre, la part des ménages qui considèrent que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois continue à progresser après la très forte hausse de novembre. À l’inverse, la part des ménages estimant que les prix vont augmenter au cours des douze prochains mois continue de diminuer.
Chômage, légère remontée des craintes
En décembre, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage augmentent après une baisse de deux mois consécutifs. Le solde correspondant gagne cinq points mais demeure en-dessous de sa moyenne de longue période.
Les ménages en mode consommation avant les fêtes
Au mois de novembre dernier, selon l’INSEE, les ménages ont accru leurs achats de biens de 0,8 %. Cette hausse compense la baisse de 0,6 % du mois d’octobre.
L’augmentation des dépenses de consommation provient principalement d’un rebond dans la consommation en biens fabriqués (+1,5 %). La consommation en produits alimentaires augmente de nouveau (+0,3 %), tout comme celle en énergie (+0,5 %).
La production industrielle française toujours en retrait
En novembre 2021, la production de l’industrie manufacturière s’est, selon l’INSEE, contractée de -0,6 % après +1,1 % en octobre comme dans l’ensemble de l’industrie (-0,4 % après +0,9 %). La production industrielle française souffre toujours de problèmes d’approvisionnement. La faiblesse de la demande en automobiles et la remontée progressive de la production de l’industrie aéronautique expliquent également les difficultés à retrouver le niveau d’avant crise. Par rapport à février 2020 (dernier mois avant le début du premier confinement), la production reste en net retrait dans l’industrie manufacturière (-5,8 %) ainsi que dans l’ensemble de l’industrie (-5,0 %).
La production des trois derniers mois (septembre à novembre) est inférieure à celle des trois mêmes mois de l’année précédente dans l’industrie manufacturière (-0,4 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (-0,2 %). Sur cette période, la production est en nette baisse dans les matériels de transport (-13,8 %), notamment dans l’industrie automobile (-26,0 %) lourdement affectée par la pénurie de semi-conducteurs. Elle diminue moins fortement dans la cokéfaction-raffinage (-3,7 %). À l’opposé, elle augmente dans les biens d’équipement (+3,6 %), les industries agro-alimentaires (+2,9 %), les « autres industries » (+0,6 %) et dans les industries extractives, énergie, eau (+1,2 %).