29 janvier 2022

Le Coin des Tendances – digital – régions en croissance

Des GAFAM aux MAAMA, les stars du numérique investissent tous azimuts  

Avec la transformation de Facebook en Meta, les GAFAM sont devenus les MAAMA. Alphabet, Amazon, Apple, Meta et Microsoft continuent leur marche en avant. Au mois octobre dernier, Mark Zuckerberg a renommé Facebook en Meta en promettant à chacun de pouvoir vivre prochainement deux vies en une, l’une dans le réel et l’autre dans les mondes virtuels. Le 18 janvier de cette année, Microsoft dont la capitalisation dépasse 2 000 milliards de dollars, tout comme Apple, a décidé d’acquérir pour 69 milliards de dollars, Activision Blizzard, une société de jeux vidéo, dans le cadre de son plus gros achat de son histoire. Les MAAMA ont investi 280 milliards de dollars au cours de l’année écoulée, soit 9 % des investissements de toutes les entreprises américaines, contre 4 % il y a cinq ans. Les responsables antitrust regardent avec de plus en plus d’attention les politiques d’acquisition des entreprises du numérique. En 2020, la plus haute responsable antitrust américaine, Lina Khan, a recommandé d’interdire aux grandes entreprises technologiques de s’étendre dans les zones adjacentes. L’Europe pourrait adopter prochainement une loi sur les marchés numériques visant à les réglementer « ex ante », c’est-à-dire à agir en amont sur le comportement des entreprises en lieu et place d’actions « ex post ». Compte tenu de l’importance du secteur de la haute technologie, l’encadrement des politiques d’investissement sera délicat à mettre en œuvre. Les grandes entreprises du numérique sont devenues des acteurs économiques incontournables dont le montant des investissements a doublé en dix ans. Les MAAMA sont accusées de réduire la concurrence en achetant des start-up prometteuses. Les contradicteurs des grandes entreprises du numérique mettent l’accent sur la faible productivité de leur recherche. Apple n’aurait pas sorti d’innovations majeures depuis l’IPhone. Si Apple a amélioré les capacités de calcul ou l’autonomie de ses produits, les ruptures technologiques se font attendre. Les voitures autonomes ou volantes, les robots multitâches individuels restent pour le moment du domaine de la science-fiction. En 2020, un rapport d’un sous-comité antitrust du Congrès américain affirmait que la domination des grandes technologies avait « considérablement affaibli l’innovation ». Leur politique consiste avant tout dans la maîtrise de leur réseau afin de fidéliser leurs clients.  La concurrence serait amoindrie par un partage tacite du marché du digital par ses grands acteurs. Alphabet, Amazon, Apple, Meta et Microsoft ne s’affrontent pas frontalement. Google (Alphabet) domine sur les moteurs de recherche et la publicité, Amazon est devenu l’hypermarché en ligne du monde, Apple est tout à la fois un producteur de biens technologiques et un fournisseur de services avec les applications, Meta regroupe d’importants réseaux sociaux dont Facebook, et Microsoft est l’entreprise numéro un dans le domaine des logiciels professionnels et des ordinateurs individuels.

Les zones de friction existent mais sont gérés. Ainsi, Microsoft vend des ordinateurs et des smartphones mais il n’en fait pas son axe majeur de développement. Il est présent sur les réseaux avec LinkedIn mais l’objectif de ce réseau est centré avant tout sur la sphère professionnelle. Amazon concurrence Apple sur le streaming musical mais avec modération. Google a abandonné toute prétention en matière de musique en ligne et de réseaux. Les « Big Five » ont institué un oligopole qui les préserve des attaques et leur permet de bâtir, en toute tranquillité, leurs futurs produits ou services. Ayant elles-mêmes connu une croissance exponentielle, elles sont toutes bien conscientes que manquer le prochain changement transformateur pourrait les exclure du monde de demain.  

Pour autant, en 2021, les Big Five ont dépensé 1 500 milliards de dollars en recherche et développement, soit environ un quart du total des dépenses publiques et privées américaines en la matière. Les moyens de financement des grandes entreprises du digital sont actuellement sans comparaison. Ils sont en phase avec leurs revenus qui ont atteint plus de 9 000 milliards de dollars, revenus qui ont presque triplé entre 2015 et 2020. Il est à souligner que les dépenses de R&D augmentent moins vite que les ventes, soit +25 %, contre +33 % lors de ces cinq dernières années. Une grande partie de ces dépenses a été consacrée au développement de produits. Ce poste a progressé de 2019 à 2021, de près de 40 %. Les dépenses d’investissement ont augmenté de 25 %. Chaque année, Apple est à la recherche d’innovations pour ses nouveaux IPhone dont le rythme de sortie est annuel. Elle investit également dans les casques audio et visio ainsi que dans l’automobile. Amazon essaie sans relâche d’améliorer l’efficacité de ses entrepôts et de son système de livraison. Meta est contrainte d’innover pour conserver son nombre d’adhérents à ses réseaux sociaux. La baisse d’attractivité de Facebook en particulier auprès des jeunes l’oblige à revoir en permanence son modèle. La chute en bourse de Netflix du fait de la stagnation du nombre de ses abonnés prouve la fragilité des positions économiques dans le secteur du numérique.  

Les chercheurs du Big Five sont devenus des acteurs clef de la recherche développement mais aussi de la recherche fondamentale dans de nombreux domaines (mathématiques, sciences comportementales, médecine, informatique, etc.). De 2015 à 2019, ils ont publié plus de 16 000 articles dans des revues scientifiques. Les chercheurs d’Amazon ont ainsi publié un article sur les moyens d’éviter les doublons dans les résultats de recherche. Les équipes de Google  Research rendent publics des travaux d’un niveau très élevé concernant la médecine. Alphabet se sert de sa politique de publication pour attirer les meilleurs chercheurs. Elle est ainsi devenue la quatrième entreprise la mieux classée dans l’édition actuelle de l’indice Nature, en ce qui concerne la recherche universitaire en sciences. Apple a contrario publie peu, en lien avec sa politique du secret qui lui est chère.  

Les analystes estiment qu’entre 5 % et 20 % des dépenses de R&D des géants de la technologie sont consacrées aux « technologies de pointe » : le métavers, les véhicules autonomes, les soins de santé, l’espace, la robotique, la fintech, les cryptoactifs, l’informatique quantique. Au cours des trois dernières années, les Big Five ont acquis plus de110 entreprises. Plus d’un quart des entreprises acquises sont spécialisées dans l’intelligence artificielle ou dans le traitement de vastes ensembles de données.  Microsoft est actuellement l’investisseurs le plus important. En avril 2021, il a acheté « Nuance Communications », un fournisseur de logiciels et de cloud spécialisé dans le domaine de la santé pour 19,7 milliards de dollars. Il a également acheté des startups qui facilitent les services  sur le cloud, telles que « Mover.io », qui aide les entreprises à transférer des données et « CloudKnox », une entreprise de cybersécurité. Google a acquis trois startups également spécialisées sur le cloud et des entreprises dans le secteur de la santé. Meta a investi essentiellement dans des entreprises qui travaillent dans la réalité augmentée. Apple a fait de même. La priorité pour cette dernière demeure l’intelligence artificielle. Sur ces 22 acquisitions depuis 2019, plus de la moitié ont été des startups intervenant sur ce créneau. Apple, qui a acquis Drive en 2019, une startup de voitures autonomes, entend se développer sur ce secteur. Son projet Titan vise à lancer un véhicule en 2025. Microsoft a rejoint la course, avec un investissement dans Wayve, une entreprise de voitures autonomes basée à Londres. Amazon a également renforcé ses positions dans ce secteur. Elle a pris des participations dans des entreprises de taille intermédiaire développant des solutions logicielles pour ce type de véhicules. Amazon est intéressée par les flottes de véhicules autonomes tant pour la gestion de ces entrepôts que pour les livraisons. Amazon est également très active dans le domaine de la robotique toujours avec un objectif d’automatisation de ses entrepôts. Google a également investi dans deux sociétés de voitures autonomes, Waymo, une société issue à l’origine de X, l’unité interne « moonshot » du géant de la technologie,  et Nuro, une entreprise de livraison autonome. 9 % des investissements réalisés par les grandes entreprises technologiques concernent les voitures et la mobilité. 

En 2021, les filiales d’investissement d’Alphabet, d’Amazon et de Microsoft ont  conclu environ 400 transactions. Une centaine d’entre-elles concernaient des entreprises travaillant dans les sciences de la vie ou les soins de santé, un domaine que les entreprises technologiques considèrent comme attractif compte tenu du potentiel de croissance et du rôle croissant de l’intelligence artificielle dans la biologie. Les entreprises de technologie financière telles que Botkeeper, un service de comptabilité automatisé constituent également une priorité de ces filiales. Le secteur financier est également suivi de près par Apple qui a acquis Mobeewave, une startup de paiement, pour transformer les iPhones en terminaux mobiles de paiement sans contact. L’année dernière, Amazon a acheté Perpule, une société indienne de technologie financière, et travaille avec Goldman Sachs pour élargir l’offre de prêt aux entreprises. 

L’acquisition d’Activision Blizzard, un développeur de jeux vidéo, par Microsoft, est la plus importante dans l’histoire de ce groupe et, plus largement, de l’industrie du jeu vidéo. Elle a coûté plus deux fois le coût du rachat de LinkedIn en 2016. Cette acquisition s’inscrit dans la volonté de Microsoft de devenir incontournable dans l’univers du jeu. Ce secteur en pleine croissance représente près de 300 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Apple, Netflix et Amazon ont décidé de s’investir également dans le jeu vidéo qui offre des rentabilités élevées et qui permet de capter un public jeune. Avec notamment ses consoles, Microsoft est dans le secteur du jeu depuis deux décennies. Il gagne 15 milliards de dollars par an Microsoft devrait devenir la troisième plus grande entreprise de jeux vidéo en termes de chiffre d’affaires, derrière Tencent, une entreprise chinoise, et Sony connue pour sa Play Station. En tant que producteur de consoles vidéo, Microsoft a besoin de contenus pour capter un nombre croissant de joueurs. Activision Blizzard a dans son portefeuille de jeux entre autres, « Call of Duty », « Candy Crush », « Warcraft ». King, une division d’Activision Blizzard spécialisée sur le jeu sur mobile, compte 245 millions de joueurs. En ayant les droits sur « Call of Duty », Microsoft peut décider d’autoriser ou non sa diffusion sur d’autres consoles que les siennes. Il dispose d’une arme de négociation importante en particulier à l’encontre de Sony qui dépend des ventes des consoles Play Station. L’achat d’Activision Blizzard complète celui de ZeniMax Media une autre société de jeux. Réalisé en 2020, il avait alors coûté 7,5 milliards de dollar. Microsoft avait alors annoncé qu’elle respecterait les termes des accords d’édition existants entre ZeniMax et Sony, mais que l’accès de cette dernière aux nouveaux jeux de ZeniMax serait considéré « au cas par cas ». Les acquisitions de Microsoft visent à lui permettre d’être un acteur important du jeu au moment où l’essor du metavers pourrait modifier la donne. Microsoft espère utiliser sa force dans le cloud pour impose son système de jeux en ligne et devenir le « Netflix » du secteur. Le jeu en streaming via le cloud élimine le besoin de posséder une console ou un ordinateur puissant et coûteux. Même si d’autres entreprises, dont Sony, Amazon et Nvidia, proposent des services similaires, aucune ne semble aussi bien placée que Microsoft qui dispose d’un savoir-faire pour la gestion de logiciels en ligne et d’un nombre importants de clients.  

Les géants du digital investissent dans un grand nombre de pays. La France est ainsi une terre d’investissement majeure pour Microsoft. Avec le refroidissement des relations avec la Chine, l’Inde est aujourd’hui au cœur des attentions des Big Five. Ce pays est connu pour héberger de nombreuses start-up innovantes. Près du quart des acquisitions réalisées entre 2019 et 2021, par les star du digital proviennent d’Inde. Amazon a acquis une participation dans « BankBazaar ». En 2020, Google a annoncé sa volonté d’investir 10 milliards de dollars dans des entreprises technologiques indiennes au cours des cinq à sept prochaines années.  

Au vu des recherches et des acquisitions, le Yalta qui prédomine entre les grands du digital pourrait voler en éclats à moins qu’une nouvelle répartition des champs d’action s’établisse. Les domaines de la santé, de la fintech, des voitures autonomes et de l’informatique quantique les intéressent tous. La concurrence est pour le moment larvée mais pourrait bien prendre une autre forme si un des acteurs se trouvait à avoir un avantage comparatif certain. Avec le potentiel développement des véhicules autonomes, l’entreprise qui sera la première à maîtriser l’informatique quantique qui démultiplie le potentiel des ordinateurs serait en position de force. La possibilité d’imposer un monde virtuel, voie de passage obligée pour les achats en ligne et l’accès à certains services, pourrait également modifier en profondeur les frontières entre les acteurs du numériques.  

Les cartes rebattues du territoire après la crise sanitaire 

La crise sanitaire rebat les cartes concernant les régions et les agglomérations les plus dynamiques sur le terrain économique. Paris et la région capitale sont en perte de vitesse au profit des régions de l’Ouest de la France et d’Auvergne-Rhône- Alpes. La Collectivité de Corse attire également de nombreux jeunes actifs notamment à Ajaccio qui est une des villes les plus dynamiques de France pour la création d’emplois. Les régions les plus dynamiques et qui rebondissent le plus rapidement après la crise sont les Pays-de la Loire, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie suivies de la Bourgogne. Toutes ont doublé leur nombre d’offres d’emploi en CDI en un an. L’Île-de-France est en retrait.  

Au niveau des agglomérations de plus de 200 000 habitants, selon le site d’emploi Hellowork, Angers et Dijon ressortent gagnants en matière de création d’emplois. Figurent également la communauté urbaine de Tours, Annecy, Saint-Etienne, Valence-Romans et Caen. En Île-de-France, le cœur de la région se déplace. Autrefois situé à Paris et en première couronne, il se fragmente en deux zones : l’une autour du plateau de Saclay qui regroupe de nombreuses entreprises technologiques ; l’autre à Saint-Quentin en Yvelines. Marne-la-Vallée qui avait connu une forte expansion ces vingt dernières années connaît un ralentissement en lien avec la réduction du trafic aérien et la diminution du nombre de touristes internationaux (Eurodisney). 

L’Île-de-France pourrait connaître une véritable révolution avec la multiplication des salariés de passage. Avec le télétravail, les salariés dont le lieu de travail habituel est en région parisienne ne pourraient y passer que deux ou trois journées par semaine. Des actifs pourraient ainsi déménager à une heure ou deux de Paris à la recherche de logements plus grands et plus proches de la nature. Les entreprises pourraient revoir leur surface de bureaux voire leur localisation. Avec le Grand Paris, des villes au sein de l’agglomération parisienne se situant à des carrefours de transports comme Massy pourraient connaître un réel essor.  

L’économie des Pays de la Loire qui reposent sur une gamme diversifiée d’activités devrait poursuivre son développement même si les prix de l’immobilier commencent à augmenter fortement. La région bénéficie d’un réseau de villes de taille moyenne, Angers, Le Mans, Niort, la Roche-sur-Yon, Cholet ou Laval qui sont autant de relais de croissance pour Nantes. La région Centre est dans une situation plus contrastée. Ne disposant pas d’une métropole comme Nantes ou Bordeaux, la région entre dans les sphères d’influence de la région parisienne et des Pays de la Loire. Orléans comme Tours attirent un nombre croissant d’habitants originaires de la région parisienne.  

La Normandie se relève de plusieurs décennies de déclin provoqué par le recul des industries textile et automobile. L’absence de métropole importante et la proximité de Paris ont freiné son essor tout comme le manque d’infrastructures de transports notamment ferroviaires. Rouen comme Caen connaissent néanmoins depuis plusieurs années un léger renouveau. Le prix mesuré de l’immobilier constitue un atout pour ses agglomérations qui disposent d’une forte tradition industrielle et commerciale. Les villes d’Évreux, de Bernay ou de Lisieux attirent de plus en plus d’urbains en provenance de la région parisienne tout comme les franges de la Normandie (Vernon par exemple). Dans le premier cas, il s’agit de cadres, télétravailleurs et de retraités ; dans le second d’habitants de la grande périphérie d’Île-de-France à la recherche de logements à prix modestes.  

Au mois de septembre dernier, la région Hauts-de-France a retrouvé sur le plan économique son niveau de 2019. La région est pénalisée par les difficultés d’approvisionnement qui frappent l’industrie notamment automobile. Si Lille figure parmi les agglomérations les plus attractives, notamment pour les Parisiens, la situation est plus difficile pour les autres villes de la région.  

La Bretagne confirme sa bonne santé sur le plan économique. Le taux de chômage, à  6,5 % est le plus faible de France. Tout comme les Pays de la Loire, les entreprises n’arrivent pas à recruter. En 2021, le secteur du tourisme qui dépend essentiellement des résidents français a presque récupéré le nombre de nuitées de 2019 (-4 % contre -18 % pour l’ensemble de la France). Le secteur agro-alimentaire et le développement des entreprises de pointe à Rennes constituent des vecteurs de croissance pour la région qui peut compter sur un réseau de villes moyennes compétitives (Saint Brieux, Brest, Quimper, Vannes, etc.). Après des années difficiles, Le bassin de Lannion connaît une légère embellie grâce au développement des résidences secondaires le long des Côtes d’Armor.  

La Nouvelle Aquitaine est très dépendante de sa métropole Bordeaux qui dépend elle-même du secteur viticole, du tourisme et de l’aéronautique. La forte croissance de l’agglomération provoque des tensions sociales en lien avec l’augmentation des prix de l’immobilier. La région ne bénéficie pas du même tissu économique que les Pays de la Loire, ce qui la rend plus sensible aux aléas conjoncturels. La situation de la région Occitanie est un peu identique, Toulouse dépendant par nature d’Airbus. La reprise des commandes devrait conduire à un rebond rapide de la métropole toulousaine qui doit pouvoir diffuser les fruits de sa croissance sur les autres grandes villes de la région, Montpellier, Perpignan, Tarbes ou Lourdes.  

Le Grand Est qui est confronté à une diminution de sa population et au déclin de l’industrie pourrait profiter de la crise sanitaire pour inverser ces tendances. Les relocalisations et la transition énergétique remettent la lumière sur les biens industriels produits en France. Du fait de sa longue tradition en la matière, la région Grand Est comme la Bourgogne-Franche-Comté connaissent un réel frémissement en matière de créations d’emplois. Besançon, Dijon ou Mulhouse bénéficient d’un regain d’intérêt d’autant plus que les prix de l’immobiliers y sont plus faibles qu’ailleurs. L’existence de lignes de TGV est également un facteur déterminant dans l’installation de jeunes ménages.  

La région Sud (ancienne région PACA) connaît une évolution contrastée. Marseille accueille de nombreux urbains en provenance de la région parisienne à la recherche d’une meilleure qualité de vie et de logements moins chers. Le télétravail permet cette délocalisation. Marseille attire également une population de jeunes gravitant dans le secteur de la création artistique. Même si la saison estivale de 2021 a été relativement correcte, l’absence des touristes internationaux est ressentie sur les villes de taille intermédiaire comme Cannes ou Nice. Dans cette ville, plus de 40 % de la population active travaille pour le tourisme. 

La Corse, du fait du poids du tourisme dans son PIB, a été une des régions les plus touchées par la crise sanitaire. Elle connaît un rebond mesuré grâce au dynamisme de ses deux grands bassins d’emplois que sont Ajaccio et Bastia. L’augmentation de la population résultant d’un solde migratoire positif, le plus élevé de France, contribue à l’essor des activités de services. En 2021, le chômage y a baissé de 5,4 %, soit deux fois moins vite que dans l’ensemble de la France métropolitaine. La région attire les jeunes retraités et les télétravailleurs. Elle dispose d’un réel potentiel de croissance, ce qui suppose néanmoins une diversification de son économie.  

Les cartes du territoire bougeaient avant même la crise sanitaire. Celle-ci semble accélérer les mutations avec la confirmation de l’essor de l’ouest de la France et le recul relatif d’une partie de la région parisienne qui est de moins en moins homogène. Les nouveautés figurent du côté de la Bourgogne qui pourrait transformer sa faiblesse en atout, à savoir être située entre l’Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.