2 avril 2022

C’est déjà hier inflation – consommation – emploi – industrie – finances publiques

Vague d’inflation confirmée en zone euro

Avec le conflit ukrainien, l’ensemble des États membres enregistrent une nouvelle poussée inflationniste. En Allemagne, le taux d’inflation a atteint, en mars, 7,3 % sur un an, selon les premières estimations de l’Office fédérale de la statistique (Destatis). Le conseil économique des Sages anticipe cependant une inflexion cet automne permettant de limiter l’inflation à 6,1 % cette année. Sous l’effet du rattrapage des salaires, elle devrait atteindre à 3,4 % l’an prochain. Toujours selon les prévisions de ce conseil, en cas de rupture d’approvisionnement en gaz russe, les prix pourraient augmenter de 9 % en 2022. L’Allemagne doit s’habituer à vivre avec une inflation plus forte qu’auparavant. La réalisation d’investissements importants pour accélérer la transition énergétique devrait entraîner une hausse des prix à moyen terme. Dans ce contexte inflationniste, le Conseil des sages a réduit de près de deux tiers ses prévisions de croissance. Le produit intérieur brut ne devrait plus augmenter que de 1,8 % en 2022. En cas de rupture d’embargo sur le pétrole et le gaz russe, le PIB allemand pourrait encore être amputé de 3 à 5 points de pourcentage cette année par rapport aux prévisions, ce qui impliquerait un recul de -1,2 % à -3,2 % du PIB. Dans les autres pays de la zone euro, l’inflation est également en forte hausse. Elle a atteint 9,8 % sur un an en Espagne et 8,3 % en Belgique.

La France reste toujours en-deçà du fait de la mise en place du bouclier tarifaire. L’État prend en charge une partie de l’inflation générée par la hausse du cours du pétrole et du gaz. Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation augmenteraient, en France, de 4,5 % en mars 2022, après +3,6 % le mois précédent. Cette hausse marquée de l’inflation résulterait d’une accélération des prix de l’énergie, de l’alimentation et, dans une moindre mesure, des services. Les prix des produits manufacturés ralentiraient légèrement. La baisse des prix du tabac sur un an serait de même ampleur qu’en février. Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 1,4 %, après +0,8 % en février. Les prix de l’énergie accéléreraient en lien avec la hausse des prix des produits pétroliers. Ceux des produits manufacturés et de l’alimentation augmenteraient nettement. Les prix des services ralentiraient, notamment en raison du repli des prix des services de transports. Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 5,1 %, après +4,2 % en février.

INSEE

Avant la guerre en Ukraine, la consommation était en progression en France

En février, en France, la consommation des ménages en biens a augmenté en volume de 0,8 % après -2,0 % en janvier. Cette hausse est portée par le net rebond de la consommation en biens fabriqués (+2,2 % après -2,9 %). La consommation alimentaire diminue de nouveau mais à un rythme moindre (-0,2 % après -1,5 %). Il en est de même pour la consommation d’énergie (-0,3 % après -1,2 %).

INSEE

Finances publiques : 2021, une nouvelle année marquée par la crise sanitaire

Le déficit public pour 2021 s’est élevé à 160,9 milliards d’euros, soit 6,5 % du produit intérieur brut (PIB), après 8,9 % en 2020 et 3,1 % en 2019. La reprise économique a permis de réduire le déficit même si le niveau des dépenses est resté élevé du fait de la survenue de plusieurs vagues de covid. En 2021, les dépenses publiques ont représenté 59,2 % du PIB, après 61,4 % en 2020 et 55,4 % en 2019. Le taux de prélèvement obligatoire est resté de son côté quasi stable, à 44,5 %.

INSEE

Les dépenses publiques ont augmenté de 4 % en 2021

En 2021, les dépenses des administrations publiques ont progressé de 4,0 % après 5,1 % en 2020, en hausse de 57,1 milliards d’euros.  En hausse de 3,7 % après une progression de 2,0 % en 2020, les dépenses de fonctionnement accélèrent. Les rémunérations des agents publiques se sont accrues de +8,2 milliards d’euros, après +6,9 milliards d’euros 2020, avec notamment la première année pleine des revalorisations du « Ségur de la santé » ainsi que le dynamisme de la masse salariale des contractuels employés par les administrations locales.

Les prestations sociales ont connu une hausse, en 2021, de +1,2 % (soit +8,1  milliards d’euros) après avoir très fortement augmenté en 2020 (+7,7 %). Les transferts sociaux en nature augmentent vivement de 17,4 milliards d’euros, portés à la fois par les dépenses de santé liées à la crise sanitaire (vaccination, tests) et le rebond de l’activité libérale des professionnels de santé. En revanche, les prestations en espèces reculent avec le repli des mesures d’urgence face à la crise. Si les allocations d’activité partielle diminuent de 16,0 milliards d’euros en 2021 en comparaison avec 2020, leur repli est compensé en partie par la mise en place de l’« indemnité inflation » (3,8 milliards d’euros).

Les subventions et autres transferts, continuent de progresser, +12,6 % en 2021, après +12,2 % en 2020, portés notamment par les aides versées par le fonds de solidarité (+7,0 milliards d’euros) ainsi que par la montée en charge du plan de relance et du quatrième plan d’investissement d’avenir. La contribution au budget de l’Union européenne a augmenté de nouveau de 2,8 milliards d’euros en 2021, dont +1,2 milliard d’euros de contribution plastique (0,80 euro par kilogramme de déchets d’emballages plastiques non recyclés) au titre de la nouvelle ressource propre de l’Union européenne mise en place en 2021.

La charge d’intérêts de la dette qui était en constante baisse depuis plusieurs années est repartie à la hausse,  5 milliards d’euros, soit +15,0 %, contre −14,7 % en 2022. Cette augmentation est imputable aux obligations indexées sur l’inflation.

Un net rebond des recettes publiques

En 2021, les recettes des administrations publiques ont augmenté de 8,4 %, après une baisse de 4,8 % en 2020. Cette hausse s’explique par le redémarrage de l’activité et par le financement européen d’une partie du plan de relance via le dispositif de « facilité pour la reprise et la résilience ». Les impôts se sont accrus de 47,7 milliards d’euros, après une contraction de 31,4 milliards d’euros en 2020. Les recettes de TVA ont été particulièrement dynamiques avec une progression de 14,4 % (+23,3 milliards d’euros) en raison de la reprise de la consommation des ménages et des investissements des entreprises. Les impôts courants sur le revenu des personnes et des entreprises, ainsi que sur le patrimoine, ont progressé de 18,9 milliards d’euros en 2021, malgré la diminution de la taxe d’habitation (-3,1 milliards d’euros). Le dynamisme des transactions immobilières, en volume comme en prix, et des donations entre vifs stimule respectivement les droits de mutations à titre onéreux et gratuit (+7,4 milliards d’euros au total). Ces hausses sont atténuées par la diminution des impôts sur la production (-8,9 milliards d’euros résultant de la réforme fiscale mise en œuvre dans le cadre de France Relance.

Avec l’amélioration sensible de la situation de l’emploi, les recettes de cotisations sociales effectives ont augmenté de 7,4 %, soit 25,9 milliards d’euros, après une baisse de 4,3 % en 2020.

Un déficit qui reste élevé

Après avoir atteint près de 9 % du PIB en 2020, un record en période de paix, 

le déficit a diminué de 2,4 points en 2021 pour revenir à 6,5 %.

Le déficit de l’État est passé de 2020 à 2021 de 180,2 à 143,8 milliards d’euros, en baisse de 36,4 milliards d’euros. Après neutralisation de la reprise de la dette de la SNCF intervenue en 2020, la baisse du déficit n’est que de 11 milliards d’euros.

Le déficit des administrations de sécurité sociale (Asso) est passé de 2020 à 2021 de 46 à 16,9 milliards d’euros, soit une diminution de 29,2 milliards d’euros, en lien avec la levée progressive des mesures d’urgence et le rebond de la croissance qui stimule les recettes. Toutefois les prestations sociales en nature demeurent très dynamiques (+16,2 milliards d’euros) sous l’effet notamment du financement des campagnes de dépistage et de vaccination.

Le déficit des administrations publiques locales s’est amélioré (0,6 milliard d’euros après 3,5 milliards d’euros en 2020). Les collectivités locales affichent un excédent de 4,7 milliards d’euros en 2021. Elles ont bénéficié d’un fort dynamisme des droits de mutation à titre onéreux, tandis que le déficit des organismes divers d’administration locale (tels que la Société du Grand Paris ou Île-de-France Mobilité) a augmenté.

L’endettement public de la France près des 113 % du PIB en 2021

À la fin du quatrième trimestre 2021, la dette publique de la France au sens de Maastricht s’élevait à 2 813,1 milliards d’euros, soit 112,9 % du PIB, contre 114,6 % un an auparavant. En 2021, la hausse du PIB a permis la réduction en valeur relative de la dette publique. La dette nette a augmenté l’année dernière de de 4,0 milliards d’euros pour s’établir à 2 522,5 milliards d’euros, soit 101,2 % du PIB.

INSEE

Poursuite de la baisse du taux de chômage en zone euro

En février 2022, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro s’est, selon Eurostat, élevé à 6,8 %, en baisse par rapport au taux de 6,9 % enregistré en janvier et au taux de 8,2 % de février 2021. Le taux de chômage de l’Union européenne (UE) était de 6,2 % en février, en baisse par rapport au taux de 6,3 % de janvier 2022 et au taux de 7,5 % enregistré en février 2021.

Eurostat estime qu’en février 2022, 13,267 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’UE, dont 11,155 millions dans la zone euro. Par rapport à janvier 2022, le nombre de chômeurs a diminué de 221 000 dans l’UE et de 181 000 dans la zone euro. Par rapport à février 2021, le chômage a diminué de 2,568 millions dans l’UE et de 2,150 millions dans la zone euro.

Avec le retour au plein emploi dans un certain nombre de pays de l’Union et le conflit ukrainien, la baisse du chômage devrait se ralentir dans les prochains mois.

Eurostat

Le chiffre d’affaires de l’industrie en hausse du fait de l’inflation

Sous l’effet pour l’essentiel des fortes hausses de prix à la production, le chiffre d’affaires des trois derniers mois (novembre à janvier) a augmenté de 12,4 % par rapport à celui des trois mêmes mois de l’année précédente, dans l’industrie manufacturière et de 18,8 % dans l’ensemble de l’industrie (+18,8 %). La hausse concerne tous les grands secteurs. Sur un an, elle est très vive dans les industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution (+47,2 %) et dans la cokéfaction et raffinage (+75,4 %), avec des effets prix très importants. La hausse est également forte dans les « autres industries » (+14,3 %), et dans les industries agro-alimentaires (+9,3 %). Le chiffre d’affaires augmente également sur un an dans les biens d’équipement (+4,9 %) et dans les matériels de transport (+3,0 %), bien que l’automobile soit en baisse (-5,0 %). En janvier 2022, le chiffre d’affaires ralentit nettement dans l’industrie manufacturière (+0,3 % après +2,4 % en décembre) mais reste en croissance dans l’ensemble de l’industrie (+1,7 % après +2,3 % en décembre). Le chiffre d’affaires à l’exportation poursuit sa hausse en janvier (+2,0 % après +3,8 % en décembre).

INSEE