C’est déjà hier – emploi – chômage – production industrielle – Corse
L’emploi, toujours en hausse en France
Malgré la stagnation du PIB au cours du premier trimestre, l’économie française a continué à créer des emplois. Les effectifs du secteur privé ont progressé, selon l’INSEE de 0,3 % entre fin décembre et fin mars, soit 66 100 postes supplémentaires. Le rythme de croissance de l’emploi a été divisé par deux entre le dernier trimestre 2021 et le premier de 2022.
L’emploi intérimaire s’est contracté après les fêtes de fin d’année de 1,4 %, soit -11.500 emplois. Cette diminution intervient après sept trimestres consécutifs de hausse. Le travail temporaire demeure au-dessus de son niveau d’avant crise, de 4,8 % (fin 2019), soit +37 500 emplois de plus.
Les créations d’emploi se poursuivent dans l’industrie. Au premier trimestre, l’emploi dans ce secteur a augmenté de 0,1 % soit +3 100 postes. L’augmentation en cours depuis la fin 2020 n’a pas permis de compenser la chute enregistrée au cœur de l’épidémie. Les effectifs sont inférieurs de 1,1 % par rapport à leur niveau d’avant crise, soit un déficit de 32 900 emplois.
Au premier trimestre, le secteur tertiaire marchand a continué de créer des emplois mais à un rythme moins soutenu qu’en 2021. Le nombre de postes créés, hors intérim, a progressé de 0,3 % après +0,5 % (soit +38 900 après +57 100 emplois). Le solde par rapport à l’avant crise est positif de 218 300.
Le tertiaire non marchand a connu, au cours du premier trimestre, une progression de 1,2 % de ses effectifs, soit 29 700 emplois de plus. Dans la construction, une hausse de 0,4 % a été enregistrée, soit 6 000 emplois de plus. L’emploi dans ce secteur dépasse de 0,8 % (+11 800 emplois) son niveau de mars 2021 et de +5,1 % (+73 600 emplois) son niveau de fin 2019.
Le taux de chômage à 6,8 % dans la zone euro
En mars, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était, selon Eurostat, de 6,8 %, en baisse par rapport au taux de 6,9 % enregistré en février 2022 et au taux de 8,2 % de mars 2021. Le taux de chômage de l’Union européenne était de 6,2 % en mars 2022, en baisse par rapport au taux de 6,3 % de février 2022 et au taux de 7,5 % enregistré en mars 2021.
Eurostat estime qu’en mars 2022, 13,374 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’Union, dont 11,274 millions dans la zone euro. Par rapport à février 2022, le nombre de chômeurs a diminué de 85 000 dans l’Union et de 76 000 dans la zone euro. Par rapport à mars 2021, le chômage a diminué de 2,359 millions dans l’Union et de 1,931 millions dans la zone euro.
En mars, le taux de chômage des femmes s’est établi à 6,6 % dans l’Union, un taux stable par rapport au taux de février. Le taux de chômage des hommes était quant à lui de 5,9 % en mars, en baisse par rapport au taux de 6,0 % en février. Dans la zone euro, le taux de chômage des femmes est passé de 7,3 % en février 2022 à 7,2 % en mars, tandis que le taux de chômage des hommes est resté stable à 6,5 % en mars.
La production industrielle, toujours en panne en France
En mars, la production a, selon l’INSEE, diminué de nouveau dans l’industrie manufacturière française (-0,3 % après -0,9 %) comme dans l’ensemble de l’industrie (-0,5 % après -1,2 %). Sur un an, une hausse est néanmoins enregistré. Elle est de 1,2 % pour l’industrie manufacturière et de 0,3 % pour l’ensemble de l’industrie (+0,3 %). La production industrielle française n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant pandémie en bute à des problèmes d’approvisionnement et à l’augmentation des coûts de production.
Sur un an, la production est en hausse pour les industries agro-alimentaires (+3,0 %) et les biens d’équipement (+1,7 %). Elle augmente très fortement dans la cokéfaction-raffinage (+34,2 %), en raison d’un niveau particulièrement bas il y a un an lié à des arrêts techniques importants. À l’opposé, la production est en nette baisse dans les industries extractives, énergie, eau (-4,3 %) et dans les matériels de transport (-6,0 %). Elle chute notamment dans l’industrie automobile (-16,6 %), lourdement affectée par les difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs et autres intrants.
Sur le seul mois de mars, la production baisse de nouveau dans les matériels de transport (-2,8 % après -1,5 %). Elle diminue nettement dans l’industrie automobile(-7,3 % après -5,4 %) tandis qu’elle est stable dans les autres matériels de transport (0,0 % après +1,2 %). Elle baisse aussi de nouveau dans les industries extractives, énergie, eau (-1,5 % après-2,7 %). Elle se replie dans les biens d’équipement (-0,7 %, après +1,0 %) ainsi que dans les industries agro-alimentaires (-0,3 % après +0,4 %). À l’opposé, la production rebondit légèrement dans les « autres industries » (+0,3 % après -1,6 %) et accélère dans la cokéfaction-raffinage (+1,1 % après +0,5 %).
Economie de la Corse, de la croissance mais un rattrapage insuffisant
Ces vingt dernières années, la Corse a connu, jusqu’à la crise sanitaire, une forte croissance en lien avec celle de la démographie. La population de la Corse est, en effet, passée de 260 152 en 1999 à 349 000 au 1er janvier 2022 (estimation). Le solde naturel de la Corse étant négatif, l’accroissement de la population ne se fait que par apports extérieurs. L’augmentation a été de 2013 à 2019, en moyenne de 1 % par an, soit près de trois fois plus qu’au niveau national (+0,4 %). Cette progression de la population a induit une forte croissance portée par la consommation et notamment les services domestiques.
En 2018, le Produit Intérieur Brut régional (PIB) s’élève à 9,39 milliards d’euros, soit 0,4 % de la richesse nationale. Entre 2019 et 2020, le PIB de la Corse a baissé de plus de 6 % en raison de l’épidémie de Covid-19. Le secteur de l’hébergement-restauration a connu une contraction de son activité de 35 % en 2020. Il a contribué à la moitié de la baisse du PIB régional en 2020. Les secteurs de la construction et du commerce expliquent également la contraction de la richesse, leur activité ayant baissé de 25 % et 16 % respectivement. À l’inverse, l’agriculture et l’administration publique ont traversé la crise sanitaire sans perte de valeur ajoutée. En 2021, le PIB de la Corse aurait augmenté un peu moins rapidement que la moyenne nationale du fait de la persistance des mesures sanitaires qui ont pénalisé l’activité touristique. A contrario, le rebond de l’activité du bâtiment a été rapide. Depuis un an, ce secteur souffre néanmoins de problèmes d’approvisionnement et du manque de main d’œuvre. Le taux de chômage qui a fortement augmenté en 2020 est revenu à 6,3 % fin 2021, contre 7,4 % pour l’ensemble de la France.
De 2000 à 2018, le PIB régional a augmenté en volume de 2,5 % en moyenne annuelle. La Corse a été ainsi la région connaissant la plus forte croissance parmi les régions françaises depuis le début du siècle (+1,1 %) devant l’Occitanie (+1,9 %). La croissance a été particulièrement vive entre 2000 et 2007 (croissance de +2,9 % en moyenne annuelle contre +1,9 % en province). La Corse a été moins touchée que les autres régions par la crise financière. Entre 2007 et 2009, la croissance régionale conserve un rythme élevé (+4,7 % par an) quand le PIB s’est contracté de1,5 % par an en France (hors région parisienne). Cette spécificité s’explique par la faible présence de l’industrie et par un tissu essentiellement composé par des PME moins exposés que les grandes entreprises à la crise financière. Son tissu économique est fortement tertiarisé et tourné vers la consommation locale.
Entre 2009 et 2018, la croissance a décliné mais est restée, en Corse, supérieure à la moyenne française (+1,7 % par an entre 2009 et 2018 contre +1,1 % en province). Une grande partie de cette croissance s’explique par l’accroissement démographique.
Un PIB par habitant qui demeure inférieur à la moyenne française
En 2018 en Corse, le PIB par habitant s’élève à 27 660 euros soit 2 460 euros de moins qu’en province (– 8 %). Cette valeur est la plus faible des régions, derrière les Hauts-de-France (27 700 euros).
Entre 2000 et 2018, le PIB par habitant en Corse augmente de +2,5 % par an, passant de 17 740 euros à 27 660 euros. Sa progression est plus rapide qu’en province (+2,0 % par an). L’écart est ainsi passé de -17 % en 2000 à -8 % en 2018. La crise sanitaire a entraîné une décrue de ce PIB par habitant, la Corse occupe désormais la dernière place au sein du classement des régions métropolitaines.
Le rattrapage a été réel avant 2012, depuis la réduction de l’écart s’est fortement ralentie. Cette évolution défavorable est liée à un manque de gains de productivité et à l’augmentation du nombre de retraités. La population active ne croit pas à la hauteur des besoins.
Les services aux entreprises, le principal moteur de la croissance corse après l’administration
L’administration publique continue d’être le premier moteur de la croissance en Corse. La croissance a été de +2,5 % par an, supérieur aux taux des régions françaises hors Île-de-France. Elle reste le premier secteur économique producteur de richesses en Corse avec une part dans le PIB régional supérieure à la moyenne de province et le premier contributeur à la croissance (31 % de la croissance de la valeur ajoutée).
Entre 2009 et 2018, en Corse, avec l’augmentation de la population et par effet de rattrapage, la valeur ajoutée des activités scientifiques, techniques, des services administratifs et de soutien aux entreprises est en très forte croissance avec +4,7 % par an, en valeur, contre +2,4 % en moyenne nationale. Ce secteur représente 8,1 % du PIB régional (+1,5 point en 9 ans). Il a été le deuxième contributeur à la croissance régionale (14 % de l’augmentation de la valeur ajoutée). Les secteurs de l’industrie et de l’énergie ont également connu une belle croissance, +4,3 % par an, contre +2,6 points en moyenne nationale (hors Île-de-France). L’essor de l’industrie repose sur le dynamisme de la filière agro-alimentaire. Le secteur de l’industrie et de l’énergie a contribué à 11 % de la croissance régionale entre 2009 et 2018.
Avec une hausse de valeur ajoutée de 3,9 % par an, l’hébergement-restauration est également plus dynamique qu‘en moyenne régionale et qu’en province. Ces activités pèsent 8,4 % au sein du PIB régional, contre seulement 2,8 % en province. Leur dynamisme explique 13 % de l’augmentation de la valeur ajoutée régionale, une part bien supérieure à celle de province (5 %). Ce secteur est le troisième moteur du développement économique régional sur la période. Les activités financières et d’assurance ont connu une progression de 4,2 % par an en moyenne.
Le secteur de la construction est, en poids économique, un de plus importants de la région. Sur vingt ans, il a augmenté moins vite que l’ensemble de l’économie insulaire (+1,4 % par an), mais plus fortement qu’en province (+0,6 % par an). Son dynamisme s’est essentiellement concentré sur deux années avec +4,9 % par an entre 2009 et 2011. Ce secteur représente 9,6 % du PIB, soit 3,4 points de plus qu’en province, mais contribue seulement à 6 % de la variation de croissance sur ces vingt dernières années. Le manque de main d’œuvre qualifiée, la taille réduite des entreprises insulaires freinent son développement. Les activités immobilières ont connu depuis le début du siècle un réel essor (+2,1 % par an sur la période) et représentent 11,8 % de la valeur ajoutée régionale en 2018. Elles contribuent à 10 % de l’augmentation du PIB corse entre 2009 et 2018.
Le commerce se distingue par une croissance plus modérée (+1,2 % en Corse et +0,5 % en province entre 2009 et 2018). Sa part dans la richesse créée en Corse baisse ainsi de 1,5 point, même s’il garde en 2018 une place supérieure dans l’économie de l’île assurant 11,3 % du PIB régional contre 9,8 % en moyenne de province. Le développement de grands centres commerciaux à la fin de la dernière décennie, en particulier à Ajaccio, a dopé ce secteur ces dernières années.
Le transport-entreposage croît de 1,0 % par an depuis 2009. Il représente 3,4 % du PIB en 2018, une part proche de celle de province (4,3 %).
Le secteur de l’agriculture est le seul dont la valeur ajoutée reste atone en Corse depuis 2009 (– 0,4 % par an) quand elle augmente en province (+4,8 %). Ce secteur souffre d’un problème de renouvellement de la main d’œuvre. L’âge des chefs d’exploitation est élevé. L’agriculture insulaire, essentiellement en montagne, est peu intensive et est constituée de petites exploitations. La mise en place de filières autour des appellations contrôlées commence tarde à produire de réels effets sur la valeur ajoutée produite.
Un emploi concentré sur quelques secteurs
L’hébergement-restauration, la construction, le commerce, l’administration, et le transport-entreposage représentent 75 % de l’emploi en Corse, contre 62 % en province. Ces secteurs proposent des emplois à faible rémunération. La proportion de cadres au sein de la Corse est plus faible que dans les autres régions. Les secteurs à forte valeur ajoutée, tels l’industrie, l’information communication ou les activités financières et d’assurance, sont moins présents que dans le reste de la France (7 % contre 17 %).
La Corse qui comprend un grand nombre de retraités a un ratio emplois / habitant faible (38 % en 2018, soit 2 points de moins qu’en province). Le taux d’activité des femmes reste faible sur l’île, 67 % en 2018, soit 4 points de moins qu’en province. C’est le plus faible des régions métropolitaines.
Lors de ces deux dernières décennies, la croissance a bénéficié d’une réelle hausse mais celle-ci n’a pas permis de rattraper les autres régions. La persistance d’inégalités, les difficultés d’accès au logement, le nombre réduit d’emplois qualifiés, le problème des compétences et de la formation pèsent sur la croissance de l’économie insulaire et expliquent un niveau de vie inférieur à la moyenne. Des inégalités plus élevées que dans les autres régions est une source de tensions sociales. La dépendance aux secteurs du tourisme et de la construction est forte. La nécessité d’étaler la saison touristique et la diversification des activités demeurent des priorités.