Le Coin des tendances – NTIC – santé connectée
La santé connectée, une révolution en marche
Avec la large diffusion des smartphones, chaque heureux possesseur crée chaque jour un nombre incalculable de données utilisées par des tiers. Ses déplacements, ses achats en cas de paiement par téléphone, son déambulement sur la toile, ses écoutes musicales ou ses visionnages de films, ses jeux vidéo constituent des mines d’information pour les entreprises à travers les données qu’ils génèrent. Les objets connectés comme les montres ou les smartphones fournissent également des données sur le corps et le mode de vie pouvant servir tout à la fois à la prévention et à l’industrie de la santé pour concevoir des produits ou des prestations. Depuis le début des années 2010, les objets connectés liés à la santé ou au sport se sont multipliés. Un des principaux objectifs de l’Apple Watch est de collecter des informations sur la santé et sur les comportements de ses propriétaires afin de les épauler dans la gestion de leur vie. La vente de ces objets représente un chiffre d’affaires de près de 30 milliards de dollars en 2021, soit plus de la moitié du montant dépensé en articles de sport. Aux États-Unis, la progression des ventes des montres connectées est rapide. En 2021, un Américain sur quatre possédait une. Le taux est identique au Royaume-Uni ou en Finlande. La possession des montres connectées est en nette progression en France et en Allemagne. En 2019, Apple a vendu plus de montres que toute l’industrie horlogère suisse. Quelque 400 millions d’appareils par an, toutes marques confondues, devraient être vendus dans le monde d’ici 2026, contre 200 millions en 2020.
La diffusion de ces montres et de tous les assistants de santé connectés changent l’équilibre des responsabilités entre les praticiens et les patients. Ces derniers deviennent des acteurs directs de leur santé en pouvant suivre en temps réel certaines données. Le praticien de son côté dispose de données qui peuvent l’épauler dans le diagnostic et dans les solutions à mettre en œuvre. Ces outils ont ainsi changé la vie de nombreux diabétiques qui peuvent gérer plus finement leur insuline. La crise sanitaire et les confinements qu’elle a imposée ont contribué au développement des assistants de santé connectés. De nombreuses personnes ont dû être surveillées à domicile pour des raisons de santé. Avec le développement de la téléconsultation, aux États-Unis et en Europe, des médecins récupèrent des informations générées par ces assistants ou par les montres. Les appareils portables peuvent surveiller les effets d’un médicament, prendre la température et mesurer le pouls vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En cas de problème, des signaux d’alerte peuvent être adressés aux patients, aux proches ou aux professionnels de santé. Le suivi des essais cliniques de nouveaux médicaments peut être réalisé grâce aux assistants portables connectés.
Pour mesurer leurs exercices physiques, de plus en plus de personnes recourent à leur smartphone. Ils les utilisent pour calculer le nombre de pas et pour établir des programmes d’entraînement. Une étude réalisée par des chercheurs au Danemark sur les trackers d’activité personnelle a conclu que le port des appareils incite leurs propriétaires à bouger davantage. Le gain serait, en moyenne, de 1 200 pas supplémentaires par jour et de 49 minutes supplémentaires d’exercices vigoureux par semaine. Le développement de l’obésité est un sujet d’inquiétude majeur au sein des pays occidentaux. L’activité physique est considérée comme le moyen de la réduire d’où la volonté des pouvoirs publics de la favoriser par tous les moyens. Des études ayant suivi des personnes pendant 4 à 10 ans ont montré que l’augmentation des pas de 1 000 pas supplémentaires par jour réduit la mortalité avec le plus grand impact chez les personnes les plus sédentaires. Ces résultats ont convaincu certains assureurs-maladie américains de doter leurs clients de trackers de fitness et de montres connectées. L’assureur UnitedHealthcare a souligné dans une étude que 59 % de ses assurés ayant accepté de porter la montre ont accru leur activité physique.
Dans les cinq prochaines années, le marché des appareils portables devrait se diviser en deux catégories : les appareils de qualité médicale approuvée par les régulateurs pour les personnes atteintes de maladies chroniques qui ont besoin d’un suivi avec plus de soin et de précision, et les appareils avec des fonctionnalités moins sophistiquées pour les personnes en bonne santé qui souhaitent surveiller un certain nombre de données dans un souci de prévention. Les principaux fabricants devraient proposer des appareils de plus en plus spécifiques destinés notamment aux enfants et aux seniors.
Les algorithmes utilisés par les applications de santé sont de plus en plus sophistiqués permettant ainsi la réalisation de pré-diagnostics. Les applications fondées sur l’intelligence artificielle dispensent des conseils personnalisés aux détenteurs de montres tant en ce qui concerne leur alimentation que leur activité physique.
L’utilisation de données à but médical n’est pas sans poser quelques problèmes. Le premier d’entre eux est la confidentialité des données et leur exploitation à des fins notamment commerciales. Par ailleurs, le risque de discrimination doit être pris en compte. Les régulateurs tentent de trouver un équilibre entre protéger les consommateurs et ne pas supprimer l’innovation, tout en apprenant à réglementer un écosystème de santé numérique.
Avec le vieillissement de la population et le manque de médecins, l’essor de la santé numérique est incontournable. Cette dernière est un outil de prévention sachant qu’une grande partie des dépenses de santé est liée à des facteurs de vie. Le numérique facilite et accélère les diagnostics, et permet un meilleur suivi des patients.
Les Français « omni-connectés » mais pas toujours joignables
La téléphonie est devenue incontournable pour les ménages tant pour communiquer que pour régler de nombreux problèmes administratifs. Le niveau d’équipement en smartphone a progressé rapidement dans les années 2000 au point de s’être généralisé au sein de la population.
Les Français sont presque tous équipés
En 2021, 95 % de la population âgée de 15 ans ou plus déclarent, selon l’INSEE, être équipés d’un téléphone mobile. 77 % possèdent un smartphone, 21 % un autre type de téléphone. Plus de 99 % de la population sont équipés (personnellement ou via son foyer) d’un téléphone et 73 % disposent de deux types d’équipements.
Le taux d’équipement en téléphone mobile ou en smartphone croît avec la taille des unités urbaines. Pour le téléphone mobile, il passe de 94 % hors unité urbaine à 97 % dans l’unité urbaine de Paris et celui en smartphone de 70 % à 86 %. Dans les départements d’outre-mer, le taux d’équipement en smartphone est inférieur à celui de la France métropolitaine (67 % contre 77 %). 90 % de la population disposent d’un téléphone (fixe ou mobile) et d’une connexion internet à domicile. Une large part (75 %) dispose d’un smartphone et d’une connexion Internet fixe, 18 % disposent de l’un ou de l’autre. À l’opposé, 7 % sont dépourvus des deux avec à la clef des problèmes pour accéder à certains services notamment administratifs (impôts en particulier).
La téléphonie mobile est omniprésente parmi les 15-29 ans. 99 % ont un mobile et 94 % un smartphone. Les 75 ans ou plus ne sont que 80 % à posséder un téléphone mobile et 36 % à posséder un smartphone mais leur taux d’équipement progresse. Le taux d’équipement en téléphone mobile croît avec le niveau de diplôme dans la population générale. Il varie entre 87 % parmi les non-diplômés, 96 % parmi les détenteurs d’un diplôme inférieur au baccalauréat et dépasse 98 % dès le niveau du baccalauréat. Les écarts pour le smartphone sont plus marqués. Le taux d’équipement passe de 53 % à 92 % entre les moins et les plus diplômés.
Plus le niveau de vie augmente, plus les personnes sont équipées en téléphone mobile. Ainsi le taux d’équipement dépasse 99 % pour les 10 % de la population qui ont le niveau de vie le plus élevé. Pour les smartphones, le taux d’équipement varie de 65 % à 95 % selon les dixièmes de niveau de vie. Les personnes ayant le niveau de vie le plus faible ne sont pas les moins équipées (73 %), du fait de la surreprésentation de jeunes dans cette catégorie. Agriculteurs et retraités se distinguent par un faible taux d’équipement en smartphone (70 % et 53 %), loin derrière les employés et ouvriers (86 % et 84 %).
Les 75 ans ou plus prennent plus souvent les appels
De plus en plus de personnes filtrent ou rejettent les appels. 63 % de la population serait difficile ou impossible à joindre directement, soit parce qu’elle est dépourvue de téléphone (1 %), soit parce qu’elle ne décroche jamais (1 %), soit parce qu’elle filtre les appels. Les plus de 75 ans filtrent moins les appels que les jeunes (55 % contre 61 %). Le filtrage ou refus systématique des appels diminue globalement avec l’élévation du niveau de vie. Les femmes déclarent plus souvent que les hommes filtrer ou refuser systématiquement les appels (67 % contre 58 %).