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Le sport et les jeunes, un divorce ?
Entre 16 et 25 ans, un jeune sur quatre déclare, selon une étude du Credoc, pratiquer peu (moins de trois fois par mois) ou pas d’activités physiques ou sportives. 45 % des sondés mettent en avant le manque de temps. La pratique du sport entre en concurrence avec le travail, la vie familiale, les relations amicales et les écrans (Internet, vidéos, jeux). Pour 30 % des 16-25 ans, la pratique du sport serait onéreuse. Cette proportion atteint 45 % chez ceux issus des milieux les plus modestes. Un quart des jeunes évoque des problèmes de sociabilité comme le manque de partenaires pour faire du sport (24 %). 21 % des jeunes déclarent ne pas vouloir s’exposer en public et 7 % n’aiment pas l’esprit de compétition qui tourne autour de la pratique sportive. 23 % des jeunes déclarent ne pas aimer le sport quand 22 % indiquent ne pas pouvoir avoir accès à des installations adéquates à proximité de leur domicile. Seulement 16 % des jeunes estiment que la pratique sportive est importante pour se maintenir en bonne santé.
La crise sanitaire a conduit un nombre négligeable de jeunes à abandonner la pratique sportive. Avec le retour à la vie normale, ils sont nombreux à ne pas avoir repris leurs activités physiques passées. Selon le Crédoc, 75 % des jeunes non-pratiquants ou pratiquants très occasionnels étaient, par le passé, d’anciens sportifs (pratique régulière (au moins une fois par semaine en dehors du sport scolaire) ou étaient en club, participaient aux activités d’une association sportive. La fin des études, l’installation en couple ou une rupture s’accompagnent fréquemment de l’arrêt des activités sportives chez les 16/25 ans. La population réellement éloignée de toute pratique sportive est évaluée à 12 % chez les 16/25 ans.
Pour la pratique du sport, les jeunes plébiscitent le fitness, football, la natation, la course, le basketball et la danse. Le tennis ne figure plus parmi les sports privilégiés par les jeunes. Les jeunes actifs mettent en avant le fitness et la course quand les étudiants placent le football en haut de classement. La natation bénéficie d’un réel consensus que ce soit chez les pratiquants ou ceux qui souhaiteraient se remettre au sport. Que ce soit pour les jeunes que pour le reste de la population, le manque d’installations sportives ouvertes sur de larges créneaux freine l’activité sportive. Le succès des salles de sport s’explique par leur amplitude d’ouverture élevée permettant de caler des heures de sport assez facilement dans les agendas. A contrario, le faible nombre de piscines publiques ouvertes pèse sur la pratique de ce sport.
Le sport est aujourd’hui concurrencé par les réseaux sociaux ou les jeux vidéo. Les contraintes d’organisation qu’imposent la pratique sportive conduisent un certain nombre de personnes à y renoncer. La multiplication de l’offre sportive, une plus grande amplitude horaire d’ouverture, une convivialité accrue dans l’accueil des pratiquants sont autant de facteurs qui pourraient contribuer à un accroissement de l’activité sportive en France.
La Chine et le retour à l’autarcie
la Chine est devenue en quelques années la première puissance commerciale du monde mais, en interne, les dirigeants promeuvent un système devant vivre en autarcie. Champion de la mondialisation, l’Empire du Milieu est toujours tenté de renouer avec son isolationnisme commercial traditionnel. Dans un message adressé aux ingénieurs et chercheurs aérospatiaux chinois pour la « Journée de la jeunesse », au début du mois de mai, le président Xi Jinping a ainsi demandé aux jeunes travailleurs de contribuer à l’autonomie chinoise, en suivant les traces de leurs prédécesseurs qui ont développé une arme nucléaire, un missile et un satellite, avec peu d’aide de l’extérieur. Ce discours a de quoi surprendre pour un pays qui constitue premier partenaire économique de plus de 60 États. Depuis 1985, les exportations vers les seuls États-Unis ont été multipliées par 125. L’ouverture au monde a permis au PIB par habitant de croître entre 2001 et 2020 de plus de 8 % par an. Si Deng Xiaoping a opté à la fin des années 1970, pour une croissance tirée par les exportations, ce choix a été fait contraint et forcé. Le Parti communiste n’a jamais renoncé à son rôle dominant dans l’économie chinoise. Les autorités se sont inquiétées dès le début de l’ouverture du pays de l’infiltration au sein de la population des idées occidentales. Les capitaux et l’expertise étrangers ont été accueillis, courtisés et récompensés mais toujours avec circonspection. De nombreuses entreprises occidentales ont dû faire face à des obstacles juridiques, à des associés peu coopératifs du fait de décisions émanant des autorités chinoises.
Xi Jinping estime depuis plusieurs années que l’équilibre entre les risques et les avantages de la mondialisation a changé. Il pense que la Chine est devenue trop dépendante des démocraties libérales. Il juge les gouvernements de ces pays peu fiables sur le long terme. La crise de 2008/2009 et la pratique des sanctions commerciales de la part des Occidentaux ont été des révélateurs pour les Chinois des dangers du développement exclusif par les exportations.
Pour garantir l’indépendance économique de la Chine, son Président entend disposer d’une position dominante dans les industries stratégiques, la technologie et l’énergie en priorité. Il entend être moins dépendant de l’Occident en ce qui concerne les brevets et les approvisionnements de biens intermédiaires. Il souhaite disposer de circuits autonomes pour les livraisons de matières premières, de produits agricoles et d’énergie. Avec la nouvelle route de la soie, la Chine souhaite créer des liens spécifiques avec un certain nombre d’États et déconnecter ces derniers de l’influence américaine.
Selon une étude publiée par Goldman Sachs en 2020, la Chine réalise de réels progrès dans l’autosuffisance en produits de haute technologie. Les résultats sont notables en ce qui concerne les énergies renouvelables, en particulier pour le solaire. La Chine représente plus de 70 % de la production des matières premières utilisées pour fabriquer les cellules solaires. Cette domination concerne également la fabrication des cellules elles-mêmes et celle des modules sur lesquels elles sont assemblées. Cette suprématie s’applique par ailleurs à la réalisation des batteries. Selon plusieurs équipes américaines, l’avance de la Chine dans la technologie solaire est susceptible d’être irréversible. L’énergie éolienne est aussi devenue une spécialité chinoise. En 2021, le pays a couplé au réseau électrique une capacité éolienne offshore supplémentaire représentant celle que le reste du monde a développé au cours des cinq dernières années.
Au-delà de ces progrès, la Chine éprouve des difficultés plus importantes que prévues à se passer de l’Occident. La dépendance demeure élevée pour les composants électroniques les plus sophistiqués. L’Empire du Milieu a dépensé 2,6 % du PIB en composants importés pour l’électronique en 2020, contre 2,7 % en 2012. Taïwan reste incontournable pour la fourniture des microprocesseurs les plus puissants qui sont utilisés notamment dans les programmes spatiaux ou militaires. Les dépôts de brevets chinois augmentent mais ces derniers sont issus de travaux réalisés avec l’appui de chercheurs occidentaux. La part impliquant des étrangers dans ces dépôts est passée de 4,8 à 5,9 % de 2012 à 2020. Les scientifiques basés dans l’Union européenne, au Japon ou en Amérique du Nord participent de plus en plus aux programmes de recherche chinois. En 2020, la Chine était responsable de 8,4 % du total des paiements transfrontaliers mondiaux pour l’utilisation de la propriété intellectuelle, ce qui constitue un record mondial.
La Chine essaie d’exercer une influence croissante en Asie en essayant de détrôner les États-Unis. Elle a réussi à intégrer le Partenariat économique régional global. Cet accord commercial implique 15 pays asiatiques qui représentent près d’un tiers du PIB mondial. Elle a demandé à rejoindre le Partenariat transpacifique, un pacte commercial conçu par les États-Unis Amérique mais abandonné par ces derniers sur décision de Donald Trump. La Chine espère pouvoir drainer des capitaux en provenance des autres pays asiatiques mais, pour le moment, elle reste dépendante des investissements directs étrangers (IDE) occidentaux. Depuis dix ans, le stock d’IDE allemands en Chine a plus que doublé. Il en est de même pour ceux provenant d’Australie quand bien même les relations entre les deux pays sont assez dégradées. La part relative dans les IDE de la Russie et de l’Indonésie a tendance à diminuer.
Les industries d’exportation chinoises restent également fortement dépendantes de la demande occidentale pour leurs marchandises. Si de 2000 à 2010, la part des exportations chinoises de marchandises destinées à l’Union européenne, au Japon et aux États-Unis était passée de 50 % à 39 %, celle-ci est restée stable depuis. Les pays avec lesquels la Chine aimerait développer des relations commerciales n’ont ni la taille des zones occidentales ni la même solvabilité. Il est plus difficile de vendre aux pays d’Afrique ou d’Amérique latine des produits technologiques qu’à ceux d’Europe ou de l’Amérique du Nord. La Russie n’absorbe que 2 % des exportations chinoises.
La devise chinoise n’a pas réussi à devenir la monnaie dominante en Asie ni à s’imposer comme monnaie de réserve. La part de la monnaie chinoise dans les paiements transfrontaliers enregistrés par Swift est d’environ 2 %. Le système bancaire chinois joue encore un rôle infime dans la finance mondiale par rapport à celui des Américains. Les marchés chinois sont plus influencés par les marchés financiers des économies du G7 que l’inverse. Pour modifier la donne, la Chine ouvre progressivement son marché obligataire aux investisseurs étrangers. Au début des années 2010, la banque centrale a commencé à signer des accords de swaps libellés en yuan avec d’autres banques centrales. À compter du 30 juin, La Chine a procédé à l’élargissement de l’accès à son marché obligataire « exchange » qui représente moins de 10 % des transactions sur les titres de dette cotée à l’échelle mondiale. Jusqu’à présent, ce segment était fermé aux investisseurs internationaux. Dans quelques semaines, les investisseurs pourront acheter l’ensemble des titres de dette émis en Chine. L’élargissement de l’accès ne lève pas tous les doutes qui pèsent sur le marché obligataire chinois. Les investisseurs sont méfiants face à l’absence de transparence du marché.
Le gouvernement chinois souhaite instaurer un système d’autosuffisance après avoir amplement participé à la mondialisation de l’économie et à l’éclatement des chaînes de valeurs. Le retour en arrière semble impossible, la richesse chinoise étant intimement liée à celle des pays occidentaux. Le renforcement de la puissance chinoise passe, par ailleurs, par le recours aux entreprises étrangères. Les banques américaines travaillent ainsi de concert avec celles de Chine pour développer l’espace financier de ce pays. Plus de 500 000 jeunes Chinois sont formés dans les meilleures universités américaines. Des laboratoires de recherche en Chine accueillent des chercheurs américains. L’indépendance dans l’interdépendance semble être la voie poursuivie par les autorités chinoises.
Internet, la fin de la liberté ?
Le gouvernement de Boris Johnson a présenté un projet de loi sur la sécurité en ligne, visant à réguler le secteur du numérique. Ce texte constitue une véritable rupture pour le Royaume-Uni dans le sens où il impose des règles peu libérales. Le gouvernement estime que les grandes plateformes sont incapables de s’auto-réguler et que seule la contrainte peut garantir les droits des Britanniques. En cas de non-respect des règles édictées, les entreprises concernées pourraient subir des amendes représentant jusqu’à 10 % de leurs chiffres d’affaires mondiaux ou être interdites d’exercer leurs activités sur le territoire britannique. Le champ du projet de loi est très large. Pourront donner lieu à des sanctions contre les hébergeurs, les plateformes, les réseaux sociaux, un grand nombre de contenus allant des menaces de mort aux thèses complotistes, en passant par les publicités frauduleuses. Certains contenus sont déjà considérés comme illégaux, d’autres seront placés dans une nouvelle catégorie regroupant des actes « légaux mais nuisibles ». La liste des actes, des propos, des textes concernés sera fixée par le gouvernement. Les entreprises du digital seront amenées supprimer par les moyens appropriés les contenus illégaux et ceux pouvant porter atteinte à la bonne réputation. Compte tenu de l’ampleur des sanctions potentielles, les entreprises seront incitées à bloquer tous les contenus controversés de manière automatique à charge aux auteurs de prouver leur légalité. Ces mesures présentent un risque d’arbitraire non négligeable. Ce texte comme ceux qui ont été adoptés au sein de l’Union européenne peuvent remettre en cause la liberté d’expression. Internet après avoir été un espace de liberté sans limite tend de plus en plus à être surréglementé. La régulation n’empêche pas des officines, des organisations mafieuses d’infiltrer la toile pour développer des thèses complotistes ou pour proposer des produits ou services illicites. Devenu le premier des médias et un lieu d’influence sans nul pareil, la question de sa réglementation préoccupe de plus en plus les autorités. L’épidémie de covid avec le développement des contenus anti-vaccination et la guerre en Ukraine mettant en lumière les pratiques de certaines organisations russes ne font qu’accentuer la pression sur les plateformes et réseaux pour contrôler et censurer. En parallèle, les autorités devraient veiller à faciliter les possibilités pour les Internautes de contester les décisions des entreprises numériques et de faire prévaloir également leurs droits quand ils font l’objet de propos calomnieux.