25 juin 2022

C’est déjà hier – climat des affaires – Internet et entreprises

L’inflation érode le moral des chefs d’entreprise

En juin le climat des affaires en France se détériore. L’indicateur de l’INSEE qui le synthétise, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchands, perd deux points. À 104, il demeure malgré tout au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Cette dégradation du climat des affaires résulte notamment du recul des soldes d’opinion prospectifs dans les services et dans le commerce de détail. La résurgence de l’inflation pèse, en effet, sur la consommation.

INSEE

Dans le commerce de détail, l’indicateur de climat des affaires se replie en juin, notamment sous l’effet de la dégradation des perspectives d’emploi et d’activité du secteur. Dans les services, le climat des affaires est légèrement moins favorable qu’en mai, pénalisé par le recul des soldes prospectifs d’activité. Dans le bâtiment, l’indicateur synthétique de climat des affaires augmente très légèrement. En revanche, les chefs d’entreprise du secteur sont moins optimistes sur leurs perspectives. Le climat des affaires s’améliore légèrement dans l’industrie avec une diminution des goulets d’étranglement.

Le climat de l’emploi se dégrade de nouveau en juin, pour le troisième mois consécutif. L’indicateur synthétique perd deux points et atteint 108. Il reste néanmoins nettement au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Cette dégradation résulte principalement du recul des soldes d’opinion relatifs à l’évolution prévue des effectifs dans les services (hors agences d’intérim), dans les agences d’intérim et dans le commerce de détail.

Les entreprises françaises toujours des retards en matière de e-business

En 2021, la quasi-totalité (99 %) des sociétés situées en France de plus de 10 personnes utilisent Internet. 63 % des salariés ont une pratique régulière d’Internet dans leur travail. Avec une progression de 18 points depuis 2012, l’usage d’Internet en entreprise s’est davantage intensifié en France que dans l’Union européenne (+14 points). En Autriche, Lituanie, Hongrie et Finlande, les progressions sont les plus fortes (+20 points). Les secteurs de l’information et communication, et des activités spécialisées, scientifiques et techniques se distinguent par une utilisation très répandue (plus de 90 % des employés). À l’inverse, dans l’hébergement et la restauration, seuls 37 % des employés utilisent Internet. Dans les très grandes sociétés, les employés y ont le plus souvent recours (70 %). Dans les sociétés de moins de 250 personnes, cette part est plus faible et peu dépendante de la taille des sociétés, de 52 % à 59 % pour les petites, moyennes et grandes sociétés.

Le progrès de la connectivité mobile

En 2021, 38 % des employés utilisent un appareil portable (smartphone, ordinateur portable, tablette) connecté à un réseau mobile fourni par leur entreprise, contre 15 % en 2012. Cette progression est plus forte que dans l’Union européenne, où 31 % des employés sont équipés en 2021, alors qu’ils étaient presque autant qu’en France en 2012 (14 %).

60 % des employés qui accèdent à Internet ont un appareil portable fourni par l’employeur, contre 32 % en 2012. La connectivité portable est particulièrement importante dans les secteurs où les employés sont les moins sédentaires, comme la construction (78 %) ou le transport et l’entreposage (73 %). Dans la construction, seules 7 % des sociétés de ce secteur équipent moins d’un employé sur 10 (contre 12 % tous secteurs confondus).

Un accès au très haut débit perfectible

En 2021, 95 % des sociétés sont équipées d’une connexion fixe à haut débit, contre 93 % en 2014. Le taux d’équipement dépasse 80 % dans tous les pays de l’Union européenne ; il est même supérieur à 90 % dans 21 d’entre eux.

Pour le très haut débit, au 31 décembre 2021, 33,2 millions de locaux sont éligibles au très haut débit filaire, d’après l’observatoire de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep). En 2021, 77 % des sociétés disposent d’un accès fixe au très haut débit. Elles sont 15 % à avoir accès aux débits les plus élevés (1 Gbit/s ou plus). La part de ces abonnements est inférieure à la moyenne européenne (81 %) pour les connexions à très haut débit mais supérieure pour la connexion aux débits les plus élevés, qui concerne 10 % des sociétés en moyenne en Europe. La Hongrie, la Grèce et la Croatie sont les pays dans lesquels les abonnements à très haut débit sont les moins fréquents (de 60 % à 62 %). En France, ces abonnements sont largement répandus dans les secteurs de l’information et communication, et réparation d’ordinateurs et d’équipements de communication (91 %), dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (88 %), ainsi qu’au sein des très grandes sociétés (92 %).

Généralisation du passage par les applications pour les appels téléphoniques

Entre 2019 et 2021, la part des sociétés recourant à des applications d’appel via Internet (audio ou vidéo, par exemple Skype, WhatsApp, Teams, Zoom) a doublé : 56 % des sociétés utilisent ce type d’applications en 2021, contre 27 % en 2019. Ce développement concerne les sociétés de toute taille ou activité (de +22 points à +35 points), y compris celles déjà habituées aux appels via Internet. L’utilisation est presque généralisée (plus de 93 %) dans l’information et communication et la réparation d’ordinateurs, et dans les très grandes sociétés. Pour ces dernières, le recours était déjà élevé en 2019 (plus de 70 %). Les lignes fixes traditionnelles sont en train de disparaître au sein des entreprises au profit des smartphones avec le recours à des applications Internet.

Pour neuf sociétés sur dix qui utilisent des applications d’appel via Internet, les restrictions de déplacement liées à la crise sanitaire les ont incités à développer ou à intensifier l’usage. Le recours de façon permanente à ces outils a été décidé pour près de la moitié d’entre elles.

L’utilisation de médias sociaux en progrès

En huit ans, la part de sociétés de 10 personnes ou plus qui utilisent les médias sociaux a triplé, progressant de 20 % en 2013 à 61 % en 2021. Sur cette période, la France enregistre la plus forte progression, rattrapant son retard sur la moyenne de l’Union européenne, où le recours aux médias sociaux a progressé de 29 % à 59 %. L’utilisation des médias sociaux augmente pour les sociétés de toutes les tailles (de +39 %).

Pour 42 % des sociétés disposant d’un profil sur un média social en 2021, leur usage s’est intensifié à la suite de la crise sanitaire. Bien que cet usage ait plus évolué dans les très grandes entreprises que dans les petites, l’effet est plus souvent durable pour ces dernières. Si 49 % des grandes sociétés ont davantage utilisé leur profil à la suite de la crise sanitaire, dont un tiers de façon permanente, c’est le cas de 40 % des petites sociétés, dont la moitié de façon permanente.

Six sociétés sur dix utilisent des réseaux sociaux comme Facebook ou LinkedIn, soit trois fois plus qu’en 2013. Parmi les sociétés possédant un profil sur les médias sociaux, la quasi-totalité en possède un sur ce type de plateforme (97 %). Cette prédominance existait déjà en 2013, même si elle était moins marquée (89 %).

L’usage des médias sociaux de partage de contenu multimédia, comme YouTube, Instagram, Snapchat ou TikTok, s’est également fortement développé dans les sociétés : 23 % des sociétés ont un profil en 2021, soit 18 points de plus qu’en 2013. Cette progression est portée par les très grandes sociétés (54 % en 2021, après 35 % en 2013), notamment en raison d’un besoin plus important en ressources pour produire du contenu. La France est en retrait de 5 points sur l’usage de ce type de médias sociaux par rapport au niveau européen, et ce depuis 2013. Ce retard ne concerne pas néanmoins les très grandes sociétés, pour lesquelles le taux d’usage est le même que dans l’Union européenne.

Les blogs ou microblogs comme Twitter et les wikis sont moins souvent utilisés par les sociétés (respectivement 12 % et 4 %).

Les sites web moins utilisés en France que dans le reste de l’Europe

En 2021, sept sociétés sur dix implantées en France disposent d’un site web. Cette proportion augmente depuis 2010 (+12 points), mais à un rythme nettement ralenti ces dernières années (+1 point depuis 2018). Les sites web sont moins répandus en France qu’au niveau européen (78 %). La France se situe dans le dernier tiers des pays européens, avec la Roumanie et la Bulgarie où les parts dépassent à peine 50 %. Cette situation s’explique par le grand nombre de TPE et de PME en France. Le développement tardif de l’e-commerce a contribué également à ce retard. En Autriche, en Suède, aux Pays-Bas et en Finlande, plus de 90 % des sociétés ont un site web.

Eurostat

Les sociétés des activités spécialisées, scientifiques et techniques (82 %), et de l’information et communication (88 %) ont plus souvent un site web. À l’inverse, les sites web sont moins répandus dans les secteurs des transports et entreposage (55 %), de la construction (60 %) et du commerce de détail (65 %), ces deux derniers ayant déjà les parts parmi les plus faibles en 2010.

Une digitalisation en hausse avec la crise sanitaire

Depuis le début de la crise sanitaire, 21 % des sociétés ayant un site web l’ont fait évoluer. Huit fois sur dix, les évolutions ont porté soit sur la description ou le prix des biens ou des services, soit sur la commande ou la réservation en ligne, soit sur les deux. Les sociétés du commerce de détail (95 %), qui ont dû s’adapter pour pouvoir continuer à vendre leurs produits pendant les fermetures, sont les premières concernées. Elles sont par ailleurs celles qui ont le plus fait évoluer leur site web en raison de la crise sanitaire (40 %), même si elles n’envisagent pas plus souvent que les autres sociétés de pérenniser les évolutions apportées. À l’inverse, peu de sociétés dans la construction ont fait évoluer leur site web à la suite de la crise sanitaire (9 %).